CITY WOODPECKERS

Pour vingt ans de plus... Ou étiez-vous en 1995 ? Les CITY WOODPECKERS, pour leur part, voyaient leurs chemins se séparer. Formé en 1989 dans le Roussillonnais, le groupe avait pourtant permis à ses quatre membres de trimbaler leur rock à travers la France, jouant au Printemps de Bourges, branchant leurs amplis dans de grandes salles, en première partie de Elmer Food Beat, Axel Bauer, Pigalle, ou encore Dr Feelgood. Au total, le groupe foulera les planches plus de 200 fois durant cette période. Et puis, les aléas de l'existence auront raison de cette formation prometteuse. Le même genre de hasard qui a donné envie aux quatre rockers de donner une nouvelle chance à leur formation musicale en 2015, vingt ans après avoir mis la clé sous la porte. Pour le bonheur de tous, les CITY WOODPECKERS sont revenus à leurs premières amours : le rock, le vrai, celui qui voit une six-cordes affûtée crier sa rage et sa hargne, celui qui voit basse et batterie vrombir au service d'une énergie brute qui ne connaît pas la tiédeur, le tout servi par un chant écorché. Et oui, il y a encore de la vie dans les CITY !

Comme pour le prouver, et pour faire attendre son public avant la sortie prochaine d'un album studio, le groupe propose en ce début d'année le témoignage d'un concert récemment capté au Satellite Café de Roanne. Son nom, Satellite of Live, se fait autant une référence au nom de la salle de concert qu'à la célèbre chanson « Satellite of Love » de Lou Reed, les CITY se réclamant de son influence. Les 12 titres ici présentés et parfaitement mis en valeur par un mixage clair et équilibré signé Richard Nury sont une ode à un rock débridé et bariolé, rien de moins. Il y a ici la fraîcheur de quatre amis encore fringants et le savoir faire d'un groupe qui, mine de rien, approche de la trentaine ! Tout cela se ressent au fil du concert, et le groupe se voit bien aidé par un public visiblement conquis et participatif.

Musicalement très en place, les quatre CITY WOODPECKERS ont les épaules suffisamment solides pour s'embarquer dans une interprétation tour à tour festive ou plus sérieuse de leurs meilleurs morceaux. Si chacun maîtrise parfaitement son instrument, c'est bien entendu la guitare solo qui nous bluffe le plus, tant la virtuosité et le sens mélodique sont ici appréciables. Ceci est particulièrement le cas sur le solo final de « Trouble in My Mind » ou sur l'hispanisant « No Soy Un Tonto », sur lequel la six-cordes se fait flamboyante. Mais tous les morceaux sont prétextes à de splendides envolées dignes des plus grands guitar-heros de notre temps. Ce Bruno Emeriat est ébouriffant de talent ! Les titres se font porteurs d'ambiances variées qui confèrent au concert une véritable substance et une belle durée de vie dans les esgourdes de l'auditeur. Je reconnais une préférence toute personnelle pour le titre « Sois Beau Sois Fort », seul morceau du répertoire du groupe interprété en français. L'émotion dégagée par ce titre, qui démarre comme une ballade avant de se transformer en un rock moderne et rageur, est bouleversante. Plus qu'un bon titre, il s'agit là d'un Grand morceau dans lequel le groupe a mis toutes ses tripes, ce qui se ressent dans son interprétation.

Il y a un peu de Springsteen, d'ostensibles influences du rock des années 70 et 80. Les énergiques « You Change All The Time » (basse et batterie s'accordent à merveille sur ce titre emballant) ou l'introductif « Baby Open The Door » en témoignent : les CITY ne prétendent pas réinventer la roue, il se font plutôt les passeurs d'un genre musical indémodable et qui n'a jamais été autant actuel qu'entre les huit bras de ces gaillards inspirés. Les trois quarts d'heure de ce concert passent ainsi sans que l'on s'en rende compte. Moins d'une heure de musique, c'est bien trop peu pour rattraper vingt ans d'absence ! En studio et en live, il faut, c'est une évidence, que les CITY continuent de propager leur rock à l'énergie communicative. Pas pour nous faire oublier le temps qui passe, mais pour nous aider à le supporter avec de la bonne musique dans les oreilles !

Guillaume Gaguet, auteur d'une biographie de Scorpions

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