Pallbearer – Foundations of Burden

C'est un fait, les États-Unis regorgent de formations doom. J'ignore si la vie y est particulièrement déprimante, mais ce pays semble être un terreau fertile quant à la naissance de groupes pratiquant ce genre musical. Sans y omettre la qualité, qui plus est! Pentagram, Acid King, Jex Thoth, Saint Vitus, Subrosa, Witch Mountain, YOB, Earth, Sleep, tant d'exemples illustrant mon propos. Mais quant à faire, ajoutons un nouveau combo à cette interminable liste. Celui-ci se nomme Pallbearer, quatuor fêtant ses six années avec la sortie d'un second méfait, intitulé Foundations of Burden. Toujours présent sur l'écurie Profound Lore Records, l'offrande porte la lourde tâche sur ses épaules de confirmer les espoirs d'un premier disque à la réception enthousiaste, offrant même aux quatre hommes un passage vers le prestigieux Hellfest l'an passé. Alors, nouvelles compositions appréciables ou déclin rapide?

Pour le coup, ce n'est pas l'originalité qui nous frappe à l'écoute de cette galette mais plutôt la lourdeur des titres, aux guitares massives, aux riffs lents, aux ambiances prenantes qui se développent au sein de longues plages qui se succèdent parfaitement. Rien de bien nouveau dans le petit monde angoissant du doom mais la maîtrise dont Pallbearer fait preuve permet au combo de laisser l'auditeur se prendre au jeu très rapidement. La grande force du disque, ce sont ses ambiances captivantes. Le talent pour instaurer ces atmosphères est palpable et l'opener « Worlds Apart », du haut de ses dix minutes, parvient à envoûter dès les premières secondes. La formule y est simple mais Ô combien efficace : écrire un titre répondant aux codes du genre, mais, à ceux-ci, greffer divers éléments percutants et un chant au diapason et le tour est dans le sac. Dans le cas présent, la section rythmique se contente de faire ce travail et, de cette façon, les Américains livrent une pièce savamment écrite, diversifiée mais solide de bout en bout.

Le reste du disque ne se contente pas de suivre cette première mise en bouche sans briller. Bien au contraire, au fur et à mesure de l'avancée, les morceaux gardent cette même constance, cette cohérence qui permet à l'auditoire de se maintenir en éveil sans perdre une miette de la galette. Pourtant, le chant déroutant de Brett Campbell pourrait être un motif de discorde auprès de certains, sa voix étant plutôt haut-perchée. Nul doute qu'il ne s'agit pas là du type de timbre qui fera l'unanimité. Malgré tout, force est de reconnaître une belle maîtrise de l'instrument vocal, contribuant aux ambiances grâce à une mélancolie très naturelle, presque douce. Pas ou peu d'incartades vers des registres extrêmes ou ténébreux, seulement des lignes de chant berçantes, accompagnant dans les dédales des pièces de Foundations of Burden. Une approche intéressante, et, ici, bien maîtrisée, voilà ce que l'on retient. C'est notamment le cas dans « Foundations », piste qui ne se dispense pas de quelques légères longueurs mais maintient tout de même le cap, notamment grâce au frontman et à sa belle interprétation.

Cette offrande n'est pas épargnée par de rares instants de faiblesse mais ceux-ci sont, heureusement, rattrapés par les nombreuses qualités citées plus haut. L'exemple d'un « The Ghost I Used to Be » n'est pas inopportun au moment de parler des grandes réussites de ce disque. Le groupe, pendant une dizaine de minutes, fait étalage de sa tristesse mais n'hésite pas à accélérer le rythme, et même à écorcher légèrement la voix afin d'y faire régner davantage d'intensité. On regrettera malgré tout une fin un peu longuette, qui aurait pu facilement être amputée. De ce fait, la conclusion « Vanished » apparaît comme plus mature, mieux écrite, même si les deux morceaux brillent et s'écoutent avec grand plaisir. Ce dernier titre utilise plusieurs facettes de Pallbearer, tantôt léger et lointain, tantôt lourd et prenant aux tripes, s'inscrivant de ce fait comme une synthèse de ce que le quatuor est capable de faire de mieux. Une piste s'extirpe de toutes les autres, tant elle diffère : la ballade « Ashes », très douce, rêveuse, apporte une petite échappée rafraîchissante et l'idée des Américains d'insérer cette pause de trois minutes est excellente. Petite déception concernant le chant de Brett, parfois vacillant.

Pallbearer

Ils n'ont pas l'air malheureux, finalement

Vous l'aurez compris, Foundations of Burden est une offrande de belle facture, qui donne à Pallbearer de belles opportunités pour prétendre à rentrer dans le panthéon des espoirs du doom. Quelques petites erreurs viendront encore entacher le tableau, mais dans l'ensemble, le quartette Américain s'en tire avec les honneurs et mérite que l'on pose une oreille attentive sur ce travail. Une œuvre de plus à ranger dans le tiroir des belles découvertes, même si, avouons-le, d'autres ont fait mieux cette année, l'opus s'épuisant un tantinet au fur et à mesure des écoutes. Ce qui n'est pas une raison pour bouder son plaisir.

Note finale : 7,5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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