Marduk – Frontschwein

La pochette nous montre le buste d’un soldat allemand avec sa cartouchière en train de ranger une de ses grenades, mais savez-vous pourquoi les grenades allemandes avaient-elles cette forme ? Les Allemands créèrent la Stielhandgranate (« grenade à main à manche »), constituée d'une charge explosive contenue dans une boîte métallique montée sur un manche en bois creux. Son manche lui permettait d'augmenter sa distance de lancer de 15 %.

Retour aux sources pour les Suédois, celle de la guerre : la Deuxième Guerre Mondiale. Abomination, violence, haine. En 70, Black Sabbath parlait de « War Pigs », chanson antimilitariste. En 2015 Marduk parle de « Frontschwein », littéralement le front des porcs « Front Pig » pour dénoncer le statut de chaire à canon pour les soldats, peu importe leur nationalité depuis la Première Guerre Mondiale, il fallait qu’ils aillent au front pour se faire déchiqueter. La voix de Mortuus est impactante tel le son de la mitraille sous les raids aériens de la guitare de Morgan. Bienvenue en première ligne avec le titre éponyme !
 

Marduk


Les ambiances lourdes et pesantes que Marduk sait traiter en y mettant tout son poids dans des mid-tempo bien épais et gluants sont bien présentes. Sur « Blond Beast », la voix est travaillée, les riffs vicieux foncent sur un contretemps. On a l’impression de faire une marche forcée sans garantie de retour au campement. On se délecte de la production épaisse comme le sang chaud coulant d’une plaie béante et chaude comme un lance-flamme. The « Blond Beast » était le surnom donné à Reinhard Tristan Eugen Heydrich, officier allemand, criminel de guerre nazi, SS - Obergruppenführer, directeur du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et Protecteur adjoint du Reich en Bohême-Moravie. Adjoint direct de Heinrich Himmler, il joue un rôle important dans l'organisation de l'appareil répressif nazi et lors de l'élimination des SA (Sturm Abteilung = Sections d'Assaut) en tant que force politique, principalement lors de la Nuit des Longs Couteaux.

Il en est de même sur « Wartheland » où l’on retrouve un mid-tempo guerrier (le titre désigne, pour les nazis, le territoire de la Grande-Pologne occupé puis annexé au Troisième Reich après la défaite de l'armée polonaise en 1939). Le rythme très rond et lancinant roule comme des chenilles d’un char lancé à vive allure… « Com’on » nous lance un Mortuus possédé.
 

Marduk


Même impression de lourdeur avec « Nebelwerfer » (lanceurs de brouillard, un nom de code utilisé pour cacher la vraie nature de ces engins qui étaient en fait des lance-roquettes multiples montés sur trépied et qui tiraient en rafale). Mortuus y roule les « R ». Morceau poignant, ça sent la souffrance des soldats qui ont du mal à transporter une arme lourde dans de la boue jusqu’aux genoux.

Mais Marduk sait accélérer le rythme tout en maîtrisant l’art du riff. L’armée de Rommel est en route. Les Afrika Korps ne feront pas de prisonniers. Ça sent la tempête de sable et le gasoil des tanks. Rapidité, puissance. Mortuus est implacable sur « Afrika ». Arghhhh !!!

Sur « Rope of Regret » : On charge son arme et on décharge les balles comme une salve de haine. L’intensité est palpable. Chaque instrument s’attribue le peu d’oxygène qui nous reste. Le débit du chanteur appelle le respect.

La Poche de Falaise, c’est la grande bataille de La Seconde Guerre Mondiale, la plus meurtrière de tous les temps. Avec « Falaise: Cauldron of Blood », ça blaste, on ressent l’urgence. Pas de temps à perdre. On fonce, on tire et on essaye de survivre derrière un mur effondré. La batterie pilonne comme le feu des canons ou des bombes lâchées par milliers par les bombardiers sur des villes en ruine.

L’ambiance monte doucement mais sûrement sur « Doomsday Elite », on entend au loin un discours en allemand pas très rassurant. On sait de toute façon que ça va faire mal. L’agressivité, la violence est au rendez-vous tout en gardant une sagesse de la maîtrise des riffs. Telles des tripes à l’air libre la putréfaction est au rendez-vous. Titre le plus long de l’album, on ne s’ennui pas un instant.
 

Marduk


Avec « 503 », le plus connu et le plus décoré des bataillons de chars Tigre allemands, c’est fou comment ils arrivent à nous scotcher contre les murs comme des fusilliers qui n’ont plus rien à dire. Ils en imposent en nous regardant de haut, nous, pauvres mécréants, à peine bon pour devenir de la chair à canon. Le son ressemble à celui de chaînes que l’on traine.

La musique de Marduk est un mur ! Que dis-je ? Une avalanche d’impacts, une mitraille de riffs, hommage aux hommes tombés pour la liberté et pour « rien » aussi.

Parfois il y a des albums comme ça, qui s’enchaînent parfaitement bien. Ça coule de source comme le sang dans les sillons d’un champ de bataille. Un an après les hommages aux deux guerres, celle de 14-18 et celle de 39-45, Marduk maîtrise encore l’art de la guerre en nous sortant la bande-son de la partie la plus sombre de notre histoire. Hail !
 

Lionel / Born 666

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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