Dødheimsgard – A Umbra Omega

Black metal ?
 

En 21 ans d'existence, Dødheimsgard a voyagé entre les genres et les différentes formes d'expression musicale, en gardant toujours des liens avec le black metal. Cependant, avec A Umbra Omega, nouvel album du groupe, la formation garde un esprit qui peut être apparenté au genre, mais le résultat mène l'auditeur vers des contrées inconnues, où l'expérimentation et le mélange sont rois. Il en résulte une œuvre multiple et alambiquée.

Certains voyages sont éprouvants, notamment lorsqu'on s'aventure hors des sentiers battus. C'est ce qu'on ressent lorsqu'on arrive au bout des 67 minutes qui composent A Umbra Omega, nouvelle œuvre de Dødheimsgard. Au cours des six pistes aux stuctures alambiquées et aux repères si bien dissimulés qu'ils semblent inexistants, les musiciens prennent du malin plaisir à perdre l'auditeur pour mieux le guider dans les ténèbres musicales.

Connu pour avoir pratiqué un black metal relativement classique à ses débuts, le groupe norvégien a su se parer d'éléments divers et variés, pour en arriver aujourd'hui à une musique progressive et avant-gardiste, se débarrassant peu à peu des éléments les plus visibles qu'on apparente au metal noir. Ainsi, on retrouve un riff nerveux accompagné d'un blast-beat perdu au milieu d'arpèges torturés sur "Aphelion Void", ainsi qu'un plan du même type en intro de "God Protocol Axiom", pour enchaîner tout de go sur un plan jazzy délirant.

Car oui, Vicotnik, guitariste et tête pensante du groupe, n'hésite pas à incorporer des idées différentes et disparates au sein de ses chansons. Le "voyage musical", comme il qualifie cet opus, qu'il propose est tortueux et imprévisible, tant n'importe quelle idée peut surgir à tout moment, comme un riff chaotique qui vient interrompre des choeurs mortuaires à la fin d'"Architect of Darkness". Les ambiances établies sont constamment détruites pour précipiter l'auditeur vers de nouvelles étapes de ce fameux voyage.

Hormis certains plans typiquement black metal, qui sont les riffs chaotiques et les blast-beats évoqués plus haut, ce qui subsiste du genre dans A Umbra Omega, c'est avant tout l'ambiance sombre et torturée, qui est le seul fil d'Ariane qui peut guider l'auditeur dans ce dédale musical. L'apparence black metal est effacée, mais l'esprit subsiste, ce qui démontre à quel point le groupe reste fidèle à ses racines, malgré ses envies progressives.

Dødheimsgard

Même le chant d'Aldrahn, qui marque son retour avec cet album, s'éloigne des habitudes du black metal. Hormis quelques growls aigrelets sur "Blue Moon Duel", le chanteur use principalement de sa voix claire. Il a ainsi recours à une large palette d'émotion, voyageant, par exemple, entre la folie, la détresse ou encore la brutalité malsaine sur "The Unlocking".

Avec cet album, Dødheimsgard s'éloigne donc encore plus des genres musicaux, si bien que tenter de classer l'oeuvre revient à passer à côté. A Umbra Omega est un flux discontinu et semé d'embûches dans lequel l'auditeur doit se laisser emporter, en ayant bien pris soin de laisser de côté ses a prioris et ses références, tant les Norvégiens mélangent tout dans un joyeux bazar, si bien qu'on ignore par moments si cela relève de la folie pure ou du génie créatif.

A moins que cela ne soit les deux à la fois.

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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