Klone – Here Comes the Sun

Pour leur cinquième album, les talentueux poitevins ont décidé de mettre en retrait (mais pas en retraite) la fée électricité pour proposer des morceaux calmes, à  dominante acoustique et aux ambiances cotonneuses. Le résultat est convaincant et Here Comes The Sun est une agréable invitation à profiter musicalement du printemps naissant. 

Prendre des risques c'est cela qui distingue parfois les grands groupes des autres. Expérimenter, essayer d'autres choses, c'est au moins prouver que l'on ne cherche pas à  appliquer la même formule encore et encore, que l'on se laisse porter par l'inspiration. Parfois ça passe, parfois moins, demandez à un fan de Megadeth ce qu'il pense de Risk par  exemple ou à un admirateur de Paradise Lost son avissur Host (que j'aime beaucoup  personnellement)...

Les français de Klone ont su le prendre ce risque en proposant avec sa nouvelle production  des titres presque entièrement acoustiques. Après quatre disques de Metal à tendance  progressive et, déjà, parfois aventureux, Klone a donc décidé de débrancher les amplis ou en  tout cas de ne pas pousser les potards à fond. Here Comes The Sun, à la sortie programmée  le 6 avril 2015 sur  Klonosphere, regroupe 9 titres originaux plus une reprise où le mot  d'ordre semble être calme et sérénité. 

Le groupe affirme avoir hésité à prendre cette direction et pensait proposer ces morceaux  sous la forme d'un projet parallèle avant de décider de les enregistrer de façon « officielle », trouvant que ces compositions se situaient dans la continuité de son style. Et nous pouvons affirmer que leur mise en danger en valait la chandelle.

Here Comes The Sun est un album très agréable à écouter le matin lorsque le soleil se  montre. L'ambiance générale y est introspective, parfois mélancolique (le justement  brouillardeux « Fog » et « Grim Dance », « Gone Up In Flames » possèdent une certaine  tristesse latente en eux), nostalgique (« Fog » encore), colérique même (la fin de «The Last  Experience » avec cette batterie qui arrive subitement pour conclure le morceau).

Il y a de très bonnes choses sur ce nouvel opus, à commencer par une richesse d'écriture qui se traduit par des morceaux comme « Immersion » qui après une intro planante nous fait  bourlinguer loin et possède un gros feeling..Citons aussi « Gone Up In Flames » qui possède un refrain irrésistible, qualité que l'on retrouve aussi sur « Nebulous » et « Grim Dance » qui ont tout du parfait single.

Chaque instrument semble être en parfaite harmonie, que ce soit la section rythmique plutôt mixée en retrait, cela ne gomme pas cependant son efficacité, ou la voix de Yann Ligier très bien exploitée. Le vocaliste fait des merveilles en modulant son chant que je ne peux  m'empêcher de décrire comme un croisement, tout à fait réussi, entre Chris Cornell et  Sting

Klone a aussi soigné ses arrangements en faisant de nouveau appel au saxophoniste  Matthieu Metzger qui s'illustre brillamment et discrètement, car aucun son n'envahit la  trame sonore d'origine. Sur « Immersion » et « Summertime » nous pouvons entendre du  saxophone par exemple ainsi que des nappes de clavier sur « The Drifter » et «Nebulous ». Citons aussi les sonorités un peu orientales de « The Last Experience » tout à fait  charmantes. 

Bien sûr nous sommes tentés d'apposer des comparaisons en écoutant ces dix titres mais le groupe est suffisamment talentueux pour ne pas  tomber dans le copié/collé facile  d'influences. Pour situer, si vous aimez le Soundgarden période Down On The Upside  vous apprécierez « Fog » (le break un peu jazzy de ce morceau rappelle aussi Radiohead), « Gone Up In Flame » et « Grim Dance ». Si vous aimez vous relaxer en  écoutant la face acoustique de Led Zeppelin III  vous apprécierez alors (le côté blues en  moins) « The Drifter ». Le très bon « The Last Experience » quant à lui et ses faux airs de  « Kashmir » construit sur un mid-tempo rampant et un crescendo irrésistible, qui s'achève  dans un entremêlement furieux de tous les instruments, évoque aussi le grand dirigeable.

De même les fans d'Alice In Chains période Sap/Jar Of Flies se délecteront de « Gleaming », un instrumental qui sert d'intermède construit en deux parties : une rythmée et une autre plus calme qui conclut le morceau. L'esprit de la bande à Jerry Cantrell est aussi évoqué sur « Come Undone' », un titre pop folk efficace mais peut-être un peu moins bon que les autres.

Mais si nous devions comparer Klone à un autre groupe ce serait Anathema, on y retrouve la même volonté de sortir du cadre, peut-être trop restrictif, du metal pour évoluer vers des  contrées plus atmosphériques et aventureuses. Musicalement cependant la musique des  poitevins se montre un peu plus « ensoleillée » justement que celle des natifs de Liverpool,  même si on pense un peu aux frères Cavanagh sur « Nebulous » (qui possède un  petit côté  Porcupine Tree aussi) et « Grim Dance ». Nous pouvons aussi rapprocher Here Comes The  Sun des travaux en solo de Steven Wilson par ses recherches soniques et ce songwritting soigné. 

Enfin, évoquons la seule composition non signée du groupe, « Summertime » est une reprise  du célèbre thème composé par George Gershwin pour son opéra jazz Porgy and Bess et notamment popularisé par une version dantesque de Big Brother And The Holding  Company avec Janis Joplin au chant. Ce titre fait un peu office de bonus à Here Comes  The Sun car semblant « coupé » de l'ensemble. Il n'en reste pas moins une agréable façon de  conclure l'album, l'atmosphère jazzy de l'original étant respectée (on y entend encore  Matthieu Metzger au saxophone) et Yann livre une bonne prestation au chant remplie de  feeling et sans chercher à en faire trop, posant sa voix juste comme il faut.

Ce cinquième album de Klone a tout pour plaire aux metalheads les plus ouverts, ceux qui aiment reposer un peu leurs oreilles entre deux décharges furieuses en décibels. Les autres ne lui donneront pas forcément la chance qu'il mérite, une certaine linéarité (seul petit défaut  peut-être à relever) dans le déroulement des titres, construits souvent sur le même tempo et  le même schéma, peut rebuter aux premières écoutes. Here Comes The Sun n'en reste pas moins une des belles surprises de ce printemps 2015. Ceux qui peuvent être heureux en  tout cas ce sont les fans du groupe qui ont aidé au financement de l'enregistrement du  disque en participant à une campagne de crownfunding organisée par les musiciens. Ils se sont acheté un rayon de soleil. 

Note : 8,5/10

Liste des morceaux :

 1 « Immersion »
 2 « Fog »
 3 « Gone Up In Flames »
 4 « The Drifter »
 5 « Nebulous »
 6 « Gleaming »
 7 « Grim Dance »
 8 « Come Undone »
 9 « The Last Experience »
 10 « Summertime » 
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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