Smash Hit Combo – Playmore

Du « brutal rapcore », ça vous branche ? Si l’expression n’évoque qu’un vague souvenir d’un Limp Bizkit des années 2000, il va falloir sérieusement se mettre à la page avec ce nouvel album de Smash Hit Combo. Le groupe qui a autrefois été sous l’influence de grands noms français du rap/metal comme Pleymo ou Enhancer, est aujourd’hui plus proche de groupes comme Hacktivist en ajoutant à son propos de grosses parties djent et deathcore qui renouvellent un genre en panne d’idées depuis quelques années.

Playmore, nouvel opus des Alsaciens, nous arrive donc en ce printemps 2015, avec la ferme intention de se faire une vraie place sur la scène française. Le combo en est déjà à son 4ème album et a pu se créer un univers bien particulier façonné à coup de punchlines en français et de références aux jeux vidéo en tout genre. Univers qui, au fil du temps et des albums, a gagné en sérieux et en noirceur.

Évidemment, le style pratiqué par les alsaciens aura beaucoup de mal à fédérer une large partie de la communauté metal et il est facile d’imaginer pourquoi. Mais, avec un peu d’ouverture d’esprit, il est facile de se laisser séduire par cet album qui montre un groupe arrivé à maturité, qui a (presque) abandonné les breakdowns un peu faciles et qui met du cœur à l’ouvrage, en studio comme en live.

En revanche, pour les allergiques au djent, mieux vaut tout de suite aller voir ailleurs, dès l’introduction « In Game », ça groove déjà sec et les guitares à 8 cordes de Baptiste et Anthony envoient des riffs encore plus déstructurés que ceux qu’on pouvait déjà trouver sur Reset, le précédent disques du groupe. Le SHC donne le ton sur ce titre d’ouverture qui contient des références en pagailles (en plus d’un clip magnifique) et qui rassurera au moins les anciens fans : même si la musique évolue, les textes resteront résolument geeks.

On sent en effet deux chanteurs totalement investis par ce qu’ils clament, notamment Paul, le MC principal qui, tout au long de l’album, nous dévoile sa vie et ses angoisses de gamer fraîchement trentenaire qui se sent vieillir inéluctablement. Le tout agrémenté comme toujours d’innombrables références à la culture geek et manga (la chanson « Baka » rappellera de beaux souvenirs à beaucoup d’entre nous) cela donne des textes singuliers, véritable identité et âme de Smash Hit Combo.

Aujourd’hui en tout cas, le temps qui passe est au cœur des inquiétudes du groupe et de l’album, avec tous les problèmes qu’il engendre : passer de l’adolescence à l’âge adulte, fonder une famille ou même le décalage entre l’époque bénie des consoles de salon et les nouvelles technologies qui se développent aujourd’hui à grande vitesse. Un sentiment de mal-être qu’on perçoit de plus en plus dans les textes et qu’on retrouve ici dans « Sous Pression », « Quart de siècle » ou « Irréversible ».

Depuis Reset, sur le plan musical, Smash Hit Combo nous habitue à alterner entre chansons bourrines, avec riffs déstructurés et chant hyper agressif et titres plus calmes où le phrasé se fait plus fluide, soutenu par le groove imparable de la basse de Matthieu. C’est encore le cas ici ou l’on peut placer dans la première catégorie « In Game », « Animal Nocturne » ou « Le vrai du faux » tandis que « Sous Pression », « Quart de Siècle » ou « Déphasé » rentrent dans la seconde. La principale rupture avec l’album précédent est sans conteste l’apport du chant clair de Max, petit nouveau dans le groupe mais qui offre de nouvelles possibilités parfaitement exploitées sur les refrains, comme celui d’ « Irréversible ».

Au niveau des points noirs de cet album, on peut noter dans les textes un petit abus des comparaisons qui se remarque parfois un peu trop, ainsi que quelques breaks redondants qui semblent placés un peu par défaut, mais rien de rédhibitoire puisque la musique et les compositions de Playmore ont tout de même été énormément étoffées par rapport aux précédentes.

Le travail sur les guitares est notamment remarquable sur « Sous Pression » ou « Animal Nocturne », cette dernière dotée d’un refrain tout bonnement imparable. La basse claquante permet à "Time Attack" de décoller, enfin surprise : « 48H », une chanson en anglais avec le rappeur NLJ en featuring, véritable ovni dans la discographie du groupe, mais malgré tout bien appréciable à écouter.

Ce nouvel opus de Smash Hit Combo valide donc encore une fois la montée en puissance du groupe qui est à présent fin prêt pour être l’une des vraies têtes d’affiche de la scène française avec un son plus moderne et des morceaux toujours plus groovy, organisés autour du talentueux bassiste, élément aussi discret que primordial dans la musique des alsaciens. En attendant l’annonce d’une véritable tournée française, cette sortie est déjà décisive pour Smash Hit Combo et leur permet de voir le futur sereinement.

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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