« Intéressant, étrange, aaliens… »
Décidemment, les Français de Psygnosis ne peuvent rien faire comme tout le monde.
En général, un groupe qui perd son chanteur prend un peu de recul le temps d’en trouver un nouveau, éventuellement engage un mercenaire pour jouer sur scène lors de quelques dates, compose un peu entre temps si l’inspiration est présente, et sort un album histoire de présenter le nouveau vocaliste.
Psygnosis n’a pas tout à fait procédé de la sorte.
En effet, s’il y a bien eu des tentatives pour trouver un remplaçant à Yohan, mais elles n’ont pas abouties, la réflexion a été différente.
En effet, les membres de Psygnosis se sont tout simplement dit qu’ils allaient se passer de chant et sortir un EP pour marquer le coup !
Il est vrai que cela peut sembler être une démarche quelque peu curieuse. Mais après tout, pour un groupe qui a déjà intégré un violoncelliste en début d’année, et qui se retrouve donc avec deux guitares, une basse et un violoncelle, pourquoi ne pas aller au bout de la logique ?
Psygnosis est donc désormais un groupe instrumental.
A l’écoute d’Aaliens, j’avoue que j’étais quelque peu sceptique. En effet, la voix me semble tout de même un élément important si ce n’est essentiel d’une musique. D’autant plus que le précédent chanteur était plutôt doué dans son genre, c’est le moins que l’on puisse dire, car l’alternance entre un chant atmosphérique parfois même doux, avec des hurlements dignes d’un malade mental lors de brutales accélérations n’est pas à la portée de tout le monde.
(Psygnosis au Festival de Chair et d'Acier 2014)
Imaginez simplement un « The Trooper », un « Nothing Else Matters » voire un « South of Heaven » sans chant… Vous en connaissez beaucoup de morceaux instrumentaux célèbres ? Bon, OK, il y a bien Apocalyptica qui s’en sort pas trop mal. Mais avouez tout de même qu’il s’agit plutôt d’une exception…
Mais peu importe, si Psygnosis avait pour objectif de devenir célèbre et d’être riche, ils s’y seraient pris autrement dès le départ. Ce qui compte, c’est le plaisir de leur musique.
En passant, l’album est en téléchargement gratuit (et je parle bien de leur site officiel) ici.
Un des indicateurs de plaisir maximal semble être l’excellent morceau « Fiix » et ses différentes versions.
Aaliens en contient une, portant le numéro 3.0. Cet arrangement est évidemment sans chant et avec violoncelle tant qu’à faire.
A cela s’ajoute un morceau inédit, « Man Ov Steel » qui est plutôt percutant et promet un prochain album intéressant. Le violoncelle est très mis en avant, prenant presque l’espace laissé libre par la voix.
Intéressant, c’est le terme qui me vient à l’esprit quand j’essaie de trouver un mot qui pourrait résumer cet EP instrumental.
En ce qui concerne la notation, j’avoue être un peu embêté. Personnellement, je regrette grandement le chant. D’un autre côté, on ne peut qu’être admiratif devant la démarche courageuse du groupe qui assume pleinement sa transformation, et ce d’autant plus que la musique de Psygnosis a toujours été très orientée vers l’instrumental. Il faut voir un de leur concert pour le comprendre, l’ambiance est particulière et ils ressortent toujours du lot, quelle que soit la thématique musicale dominante de la soirée, ils sont toujours quelque peu étrangers, aaliens donc. Aussi bizarre que soit ce dernier EP, on ne peut pas nier sa qualité intrinsèque.
Le mieux est sans doute de l’écouter par vous-même et de mettre votre propre note.
En plus, c’est gratuit, pourquoi se priver de découvrir le genre de musique qui rend optimiste sur l’avenir de la scène française ?
Tracklist :
1. Fiix 3.0 (11:44)
2. Man Ov Steel (9:13)
Total : 20:57
Aaliens, sortie le 13 septembre en format numérique (autoproduction). Existe aussi en vinyle.
Thomas Orlanth
![Psygnosis – Human Be[ing]](https://cdn1.lagrosseradio.com/wp-content/uploads/2020/12/8796.jpg)
