Kamelot – Poetry for the Poisoned

*Voici la première chronique de Goeth, un petit nouveau. N'ayant pas encore les droits de postage, il ne peut la mettre en ligne lui-même. Nous lui souhaitons la bienvenue dans la team La Grosse Radio Metal !*

Peu de groupes, dans l’histoire du metal, ont réalisé la carrière parfaite. Un album médiocre, des fans qui n’accrochent pas, bref, un échec est parfois arrivé aux meilleurs. Annonçons la couleur d’entrée : avec sa dernière galette, Kamelot ne déroge pas à la règle. Mais cette fois, le coup de moins bien est tout de même sérieux, et la déception risque d’être rude pour les fans de la formation floridienne. Pourtant, après une belle série de trois albums conjointement acclamés par la critique et le public (Epica (2003), The Black Halo (2005) et Ghost Opera (2007)), on était en droit d’attendre beaucoup de ce Poetry for the Poisoned, dernier né du groupe, qui sortira le 10 septembre chez Edel/EarMusic. Et surtout, cet album semblait pourtant tout avoir pour poursuivre la success story : le retour au sein du groupe de Sean Tibbetts, bassiste des origines (exilé depuis 1992), un reste de line-up inchangé, efficace et stable depuis 2005, le tout associé pour l’occasion à une batterie de guests prestigieux, parmi lesquels Simone Simons (chanteuse d’Epica) et Björn « Speed » Strid (leader de Soilwork). Alors, comment expliquer que Thomas Youngblood et ses comparses aient pu accoucher d’un nouvel opus si peu engageant ?

Poetry for the Poisoned s'ouvre sur le titre retenu comme single, "The Great Pandemonium". Et, déjà, on a de bonnes raisons de s'inquiéter pour la suite de l’album, lorsqu’après un riff d’intro intéressant, le morceau bascule dans le kitch et le déjà vu : mélodie basique, sonorités électro pour des bridges sans éclat, interventions vocales de Björn Strid à la pertinence contestable, envolées lyriques de Roy Khan reniflant la retouche par ordinateur, donnent au final plus de quatre longues minutes banales et sans énergie... Seul un bon solo du fidèle Thomas Youngblood nous rappelle que nous sommes, officiellement, en train d’écouter un album de Power Metal. Pas brillant, certes, mais ce n’est que le premier morceau, se dit-on... Malheureusement, il s’avère très rapidement représentatif de l’ensemble de la production. "If Tomorrow Came" verse définitivement dans le gélatineux artificiel, "Dear Editor" (un interlude) et "The Zodiac" (malgré l'excellent Jon Oliva) passent inaperçus, et il faut attendre l’excellente prestation guitaristique de Gus G. (Firewind, Ozzy Osbourne), virtuose et énergique, dans "Hunter’s Season" pour voir le niveau s’améliorer... Ephémèrement hélas, car le morceau enchaîne sur "House on a Hill", chanté en duo par Roy Khan et Simone Simons (Epica). Ici encore, on attend notre dose de frissons et d’envoûtements, mais l’espoir retombe comme un soufflet en entendant une ambiance musicale digne d’une comédie musicale de Luc Plamondon ! Autant faut-il être bouché à l’émeri pour ne pas reconnaître les qualités vocales des deux chanteurs, autant les apprécier dans un remix de Roméo et Juliette peut devenir compliqué...

Kamelot 2010

A ce stade de l’écoute, il ne reste plus qu'à placer ses derniers espoirs dans la pièce thématique de l’album (qui lui a donné son nom), un morceau divisée en quatre parties, directement enchaînées entre elles pour un total d’une petite dizaine de minutes, qu’on espère plus réussie que le reste. Les premier et dernier actes, "Incubus" et "Dissection", assez insipides, passent sans aggraver ni améliorer l’impression générale ; en revanche, malgré la persistance d’un romantisme un peu dégoulinant, on apprécie cette fois la seconde intervention de Simone Simons dans le deuxième volet, "So Long", ainsi que celle en choeurs d’Amanda Somerville, et ce même s’il est dommage de penser qu’il faut attendre un guest pour relever le niveau du groupe. Enfin, la troisième partie "All Is Over" offre à l’auditeur une petite minute de patate, bienvenue !

Après cette pièce centrale au bilan mitigé, l’album s’achève (enfin !) sur un "Once Upon a Time" au cours duquel Roy Khan scande un amusant « I wait for the storm »... Ben oui mon petit Roy, nous aussi, ça fait même quatorze morceaux qu’on l’attend, la tempête !

Vous l’aurez compris, la mollesse et la banalité mais surtout la mièvrerie persistante de Poetry for the Poisoned créent une ambiance étouffante, presque désagréable, et surtout infiniment décevante... Restent heureusement, pour les fans du shred, quelques bons, voire très bon solos de Youngblood, dont le talent n’est plus à prouver ("All Is Over", "The Great Pandemonium"). Force est également de reconnaître la qualité de la plupart des interventions des invités (Jon Oliva, Gus G., Amanda Somerville, Simone Simons), mais qui interviennent dans un contexte si médiocre que l’on peut s’interroger sur les motivations d’un Kamelot en mal d’inspiration… Et surtout, un peu rageant, LA pépite de cet opus : "Thespian Drama", un morceau instrumental véritablement excellent, travaillé et plein de virtuosité... disponible uniquement sur le vinyle et la version japonaise de l’album ! Un morceau qui vaut néanmoins le détour, ne serait-ce que pour se rassurer sur le talent, toujours existant, de la formation américaine, et se permettre d’espérer que cette piteuse galette demeurera un accident certes regrettable, mais isolé...

Note finale : 3.5/10

Goeth

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NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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