While Heaven Wept – Fear of Infinity

En terme de productivité, on ne peut pas vraiment dire que While Heaven Wept soit un modèle, un exemple. En 21 ans, le groupe n'a pu réaliser que 4 opus, ce qui, comparativement à une bonne masse des autres formations établies depuis autant d'années, est vraiment très peu. Mais comme le veux la tradition, la qualité compte bien plus que la quantité et, de ce côté, les américains n'ont pas à se plaindre, livrant des brûlots de doom metal touchants et sincères, suffisamment pour que le groupe puisse acquérir une fan base bien établie. De fil en aiguille, le sextette n'a cessé de s'améliorer, même si Vast Oceans Lachrymose, offrande de qualité s'il en est, divisa quelques peu les fans, certains considérant cet album comme un véritable chef d'oeuvre, la pièce maîtresse et centrale de la discographie du combo, tandis que d'autres, s'ils continuent à louer la qualité de ce dernier, considèrent qu'il s'agit du moins bon, le doom n'ayant été relégué qu'à un rang moindre et l'arrivé d'un nouveau chanteur, Rain Irving, au sein de la grande famille, n'a pas plu à chacun.

 

Bonne nouvelle cependant pour le combo d'outre-Atlantique, c'est un changement de label, passant de Cruz del Sur au plus connu dans nos contrées Nuclear Blast, autant dire une occasion plus importante de briller en promotion. Fear of Infinity, dont la sortie est programmée le 22 Avril 2011 est un moyen pour While Heaven Wept de prouver qu'ils peuvent faire à nouveau l'unanimité et révéler au grand jour leur talent. Ou alors, prendre la direction de la galette précédente et, à nouveau, ne pas réussir à satisfaire tous les fans mécontents.

 

Première chose qui frappe, c'est la courte durée de l'opus, qui ne s'étendra que sur 38 minutes, autant dire une distance plutôt courte pour un groupe de doom, se décrivant comme épique. Et, effectivement, les atmosphères sont riches en émotions, remplies d'une puissance et d'une intensité à en faire frémir, le tout enrobé de ce côté triste et lancinant qui ressort également dans les concepts abordés. Un condensé brut de pures sensations, voilà qui décrit bien ce que les américains s'évertuent à créer au fil des 7 pistes qui constituent cette nouvelle oeuvre, et par la quantité d'émotions qui se dégagent, les différents titres peuvent tous se démarquer les uns des autres et emballer l'auditeur sans l'ennuyer une seule seconde, car ici, aucune place à la longueur ou au superflu.

 

De plus, élément parfaitement bien intégré et bienvenu dans la musique du combo, c'est une très forte influence progressive qui est audible de bout en bout. Les avantages de cette nouvelle source d'inspiration sont multiples, car non seulement, ils accordent une bonne part de surprise à l'ensemble, tant il est difficile de trouver une quelconque ligne prévisible ou déjà vue à de nombreuses reprises, mais en plus, la mouture se voit garnie d'une magnifique dose de diversité supplémentaire, évitant toute redondance ou linéarité, un point qui aurait pu être à craindre si nos six membres ne possédaient pas autant d'expérience et un sens musical si aiguisé, de telle sorte que l'on se délecte de chaque morceau, en particulier de l'excellent « Finality », titre modulé à souhait et proposant maintes ambiances successives mais qui s'entremêlent avec grâce, tant l'incorporation de chaque détail est réussi (entre la guitare acoustique donnant une belle sensation de calme, le ton dramatique des refrains, les solos, la beauté des vocaux ou le dynamisme, on ne peut rester sur sa faim, tant tout est réuni pour plaire).

 

Dans le rayon des compliments, Rain Irving n'a plus qu'à se servir car sa prestation est assez remarquable et les nostalgiques du chant de Tom Phillips pourraient bien eux aussi être séduits par la voix du frontman. Bien évidemment, la première de ses qualités, c'est d'avoir un chant très expressif, capable de s'adapter totalement à la musique, d'être en osmose avec elle, et de ce fait variant les émotions que l'on peut ressentir à l'écoute de Fear of Infinity. Aucune fausse note n'est à relever, tant est si bien qu'il impressionne par une admirable maîtrise, qu'il démontre encore par sa capacité à pouvoir moduler à souhait sa voix et ainsi offrir diversité et aisance. De ce fait, on peut dire sans aucun mal que While Heaven Wept vient de trouver l'homme qui sied de manière idéale au poste de chanteur, tant le nombre de reproches à faire à Rain est minime, voir complètement infime. Pas de doute possible, voilà l'un des meilleurs points du groupe, et surtout, une base solide pour l'avenir.

 

Les pistes, elles, sont des joyaux, ciselés au maximum pour donner un sentiment de réussite, qui serait d'ailleurs réellement légitime. Synthèse parfaite entre doom et prog, la beauté de la lenteur d'un côté et la technique, la surprise et la diversité musicale de l'autre, il sera conseillé de prendre le temps de savourer chaque morceau comme il se doit. « To Grieve Forever » est touchant par ses envolées à tomber, à en faire pleurer les pierres, et la guitare acoustique du début est probablement l'un des meilleurs signes de la qualité. La ballade « Unplenitude » en est remplie, de cette guitare, qui crée un fond musical propice à ce que le vocaliste puisse s'exprimer et toucher sa cible en plein centre, et l'objectif est réussi. « Hour of Reprisal », « Destroyer of Solace » et « Obsessions Now Effigies » forment toutes les 3 une suite logique, qui s'écoute d'une traite sans aucun problème, tout comme elles peuvent être dégustées séparément. Mention spéciale à « Destroyer of Solace », extrêmement directe, entêtante et se dénotant ainsi du reste de Fear of Infinity, avec un refrain accrocheur et mémorisable très simplement. « Saturn and Sacrifice » est agréable également, possédant une sympathique lancée plus speed en plein milieu du titre, qui surprend et prend le contrepied de beaucoup de formations de doom, qui ont tendance à ralentir la cadence. Inattendu est le mot qui correspond pour définir cet effet, et la conclusion est plus que positive.

 

Sur le plan de la production, là encore c'est un sans faute qui nous est offert, pour le plus grand plaisir des cages à miel. Point d'erreurs de mixage, chaque instrument ayant une place suffisante et un espace nécessaire afin d'apporter un peu du sien à l'édifice et se faire entendre, parfois plus discrètement mais toujours aussi efficacement. Le son, lui, est très clair et fluide, ce qui n'a rien d'étonnant au vu de la notoriété et du label, mais voilà qui reste quand même très rassurant, un point qui, dans la communication des émotions, peut s'avérer primordial.

 

Voilà donc un Fear of Infinity réussi du début à la fin et qui tire son épingle du jeu pour se propulser dans le rang des meilleures sorties de l'année. Surtout, n'hésitez pas et, que vous soyez un fan du style ou non, jetez-vous immédiatement sur ce quatrième album des américains de While Heaven Wept. Entre doom metal, épique et progressif, symbiose parfaite des genres réalisée tant le talent des musiciens est grand et la marge de progression de ce sextette plutôt impressionnante, ajoutez à cela le fait qu'aucun morceau dispensable, voir même en dessous du lot ne fait son apparition, mélangez le tout avec une véritable dose de charme, un chant d'un raffinement et d'une délicatesse qui ne laissent pas insensible, que de qualités qui se retrouvent ici réunies pour former un opus à la pointe de la beauté et de l'émerveillement. Le 5e album sera vraiment à surveiller de très près car, s'il est de la même qualité que celui-ci, ce qui va être difficile tant la barre a été placée à une hauteur vertigineuse, nous aurions alors à faire à une référence incontournable et incontestable du genre, et c'est tout le mal que l'on souhaite à While Heaven Wept.

 

 

Note finale : 9/10

Interview avec Tom Phillips sur La Grosse Radio
While Heaven Wept sur La Grosse Radio

Site officiel de While Heaven Wept

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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