Adrana – The Ancient Realms

A la lettre A, je demande Adrana ! Rapide présentation : groupe de power metal symphonique nous arrivant de Tours et formé en 2004, le premier jet des français, Perturbatio, est paru en 2008, auto-produit. Quelques temps plus tard, c'est en 2011 qu'ils nous reviennent sur le label Brennus avec une toute nouvelle galette, intitulée The Ancient Realms. Si la précédente pochette nous présentait des protagonistes de l'histoire contée par le combo, celle-ci nous laisse entrevoir deux royaumes qui semblent opposés l'un à l'autre, une pochette riche en évocation. Et le concept de notre troupe, c'est de nous présenter l'histoire de la princesse Adrana, qui doit reconquérir son royaume, aidée d'alliés précieux (notamment le célèbre ours-garou Saneday). A travers cette nouvelle livraison, de nouvelles péripéties nous sont révélées. Mais qu'en est-il de la musique ?

Brisons le suspens immédiatement : oui, ce nouvel album correspond tout à fait à ce que l'on pouvait attendre de la part du groupe français, qui, enfin, vient d'atteindre la maturité nécessaire pour accomplir une œuvre de grande qualité et dotée d'une véritable puissance. Et le premier point qui frappe, c'est une production cette fois-ci beaucoup moins brouillonne et amateure que ce que l'on pouvait observer sur Perturbatio, rendant optimal l'écoute, chaque élément se voyant ici rehaussé en terme de valeur. Visiblement, le Drudenhaus Studio a fait des miracles. Et à l'écoute des pistes, on se rend compte que sur ce point, les tourangeaux ne trompent pas sur la marchandise, collant encore une fois au concept de la princesse Adrana et de son aventure. Pour faire simple, l'opus est divisé en deux parties, la première où notre héroïne, toujours interprétée par Anaé, s'aventure dans le royaume de glace (des titres comme « The Frozen Path » ou « Fall of an Iced Dusk » mettent la puce à l'oreille quant au concept), puis, dans la seconde moitié, change pour le royaume de feu. Et là encore, on peut effectuer une autre division, la première partie ayant un rythme plus soutenu que la seconde. Un power metal symphonique de haute volée, avec, certes, quelques échos d'Oceanborn de Nightwish, mais terriblement efficace et vraiment digne d'intérêt. Des pistes telles « The Grey Princess » sont des hits en puissance. Et puis, en explorant le feu, le tempo est différent, toujours avec ce côté power, certes, mais une tendance progressive très intéressante (vraiment marquée sur « Obsidian Collapses ») se développe pour varier le ton et briser ce qui aurait pu donner de la monotonie.

Sauf que chez Adrana, rien n'est laissé au hasard, et cela passe par des petits éléments qui confèrent un certain charme au combo français. Premièrement, l'apport de différents langages, qui peut se révéler discrète, n'est pas un point négligeable. Même si l'anglais est la langue usuelle et principale, un choix judicieux leur octroyant une plus grande capacité d'exportation, on appréciera cependant un peu de latin et même de néerlandais par-ci, par-là (« The Old Guardian »). De plus, ce qui pourra également démarquer Adrana par rapport à la masse des « groupes à chanteuses », c'est son énergie qui fait vivement headbanguer son auditeur, sans oublier de l'agrémenter de changements de structure au sein même des titres. Ainsi, sans casser le rythme, le quintette inclut un peu de diversité dans sa musique. De même, ces riffs puissants mettent convenablement en valeur des refrains bien plus marqués et efficaces que sur l'opus qui précède. Les superbes orchestrations que l'on peut entendre sur « Over the Past » sont encore un point qui mérite d'être mentionné par leur beauté et par leur rôle, soutenant le titre sans être omniprésentes ou trop en avant. Qu'il a grandi, ce combo français, et des titres tels « Revelation » ou « Obsidian Collapses » sont le signe d'un groupe ayant mit la main à la pâte, et nous offrant des hymnes de power metal sympho. La guitare se taille une belle part du gâteau et, il faut l'avouer, est partie intégrante de la réussite de ce The Ancient Realms, donnant le ton et libérant cette folle cavalcade qui fait du bien par où elle passe. Les autres instruments ne sont pas en reste dans la réussite, mais il va falloir féliciter le clavier de Grhyll, certes plutôt discret, mais diffusant des ambiances et des touches qui ne sont pas muettes, agrémentant la musique d'une multitude de petits effets des plus agréables. Sans en faire de trop, il trouve très justement sa place et soutient la musique avec la mesure qu'il faut, et pour cela, Adrana vient de trouver la bonne formule.

Mais il est un point qui permet à moult formations de rivaliser les unes entre les autres, devenant un avantage pour certaines, un fardeau pour d'autres. A l'instar d'un Crysalys ou d'un Amberian Dawn, autant dire tout de suite que pour Adrana, ce n'est certainement pas le chant qui handicapera le groupe, bien au contraire. La performance vocale d'Anaé est tout simplement remarquable, une chanteuse lyrique dotée d'un organe lui permettant pléthore de variations et d'expérimentations en tout genre. Cherchant dans les plus hautes sphères, ou jouant de ses registres plus graves, la frontwoman impressionne de bout en bout et, si elle était déjà excellente sur le précédent opus, elle est éblouissante ici, les progrès accomplis sont, tout comme la musique, impressionnants. Mais tout n'est pas parfait, et si elle est en mesure d'insuffler beaucoup d'émotions, elle ne suffit pas toujours à rattraper quelques titres manquant d'attrait. Enfin, il n'en est qu'un, la ballade « Prison of Memories » qui est, sans être mauvaise, plus dispensable. Mais elle a au moins l'avantage de pouvoir mettre en valeur la voix de la chanteuse. Sur « Obsidian Collapses », elle se voit accompagnée d'un chant extrême, celui de Lori Adou, chanteur norvégien, qui fait son boulot correctement, apportant un beau contraste avec la voix plus lyrique de la jeune frontwoman.

La musique d'Adrana, si elle est efficace et truffée de bonnes idées, n'est pas spécialement originale, même si l'apport d'éléments progressifs leur confère une certaine dose de personnalité et d'inventivité. Seulement, dur de renouveler le style tant tout semble souvent avoir déjà été dit. Et ça tombe très bien car les français ne prétendent pas chambouler le power/sympho, et ainsi, la musique s'apprécie à sa juste valeur. D'autant plus que quelques pistes ont le don pour s'incruster dans notre mémoire et ne plus en sortir, par leur efficacité très prononcée.  C'est le cas de « Revelation », le tube de l'opus, mais aussi de la direct « The Frozen Path » qui ferait un très bon single, ou encore de « Burning Horizon » qui utilise intelligemment les chœurs, qui ont le mérite d'avoir été enregistrés par de vrais choristes. Les trois compères se remarquent aussi par un travail de fond sur « Obsidian Collapses », très accomplie et piste phare à l'avenir. Progressive et épique à souhait avec un passage typé « belle et la bête », c'est une réelle réussite. Les autres morceaux ne sont pas en reste mais peut-être un peu moins marquants, même si « The Old Guardian » est vraiment colossal aussi. Le tout reste baigné dans une cuve d'homogénéité, comprenant qualité de composition et qualité du chant. De plus, Adrana ne tombe pas dans le piège de l'hyper-démonstration, ni dans celui de la traditionnelle structure couplet/refrains, son aspect prog veillant au grain.

Les treize pistes terminées, le sentiment qui domine est celui de tenir là un potentiel grand du genre. Débordant de talent et de créativité, le groupe en provenance de Tours n'a pas fait dans la dentelle et accouche d'une superbe nouvelle offrande, qui, on l'espère, sera placée sous le signe du succès. N'y allons pas par quatre chemins, The Ancient Realms est une agréable surprise, une confirmation d'un potentiel déjà bien amorcé sur l'album d'antan. Compositions efficaces et rudement bien ficelées, taillées pour la scène, lignes de chant n'étant pas laissées au hasard, cette galette a tout pour plaire aux amateurs du genre, et, on l'espère, s'imposer à l'étranger. Alors prenez votre baluchon, votre équipement, des victuailles, et rejoignez la princesse Adrana dans son épopée. Vous ne le regretterez pas.

Note finale: 8,5/10

Adrana

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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