Andromeda – Manifest Tyranny

Trois ans après un The Immunity Zone qui, marquant un virage dans la carrière du quintet suédois, en avait déçu beaucoup (« le meilleur de leur carrière est derrière eux » etc…), Andromeda nous est revenu, en novembre dernier, avec un Manifest Tyranny, paru chez Inner Wounds Records, qui persiste et signe dans la voie ouverte par son prédécesseur. Et, franchement, il n’y a pas de quoi partir en courant, loin de là !

Question ambiance, on n’est ni au pays de Bambi (sauf peut-être le passage où la mère-biche se fait buter par le chasseur, et encore !), ni dans un voyage à dos de dragon par delà les vertes collines et les vallées verdoyantes pour retrouver le Médaillon d’Axnëfzïr qui permet de cuire les nouilles en dix secondes chrono, ni même dans l’euphorie déjantée du mythique « Chameleon’s Carnival ». On retrouve l’engagement politique des cinq Suédois, déjà révélé dans leur dernier album. C’est particulièrement le cas à l’occasion d’un « False Flag » au cours duquel on entend une petite compilation de toutes les occurrences du mot « war » dans un discours de Barack Obama. Des sonorités sombres ou nostalgiques imprègnent tout l’album, de « Play Dead » au très mélodique « Lies 'r' Us ».

 

Malgré une entrée en matière plutôt violente avec « Preemptive Strike », petite claque de 2 : 32 mn – un record de brièveté pour un groupe de prog’ – l’album est, dans son ensemble, plutôt planant. C’est en particulier le cas de la magnifique balade « Go Back to Sleep » et ses notes égrenées tantôt au piano, tantôt à la guitare, soutenant un chant mené de main de maître, comme à l’accoutumée, par le grand David Fremberg. On se laissera encore hypnotiser par la deuxième partie du puissant « Stay unaware », toute en tension avec un Fremberg dans les graves, finissant ses phrases dans un souffle, et un Johan Reinholdz pinçant des arpèges lancinants et envoûtants. La similtude est troublante avec l’excellente introduction du titre « The Cold » de Flotsam & Jetsam. Après cet interlude, le clavier de Martin Hedin réhausse le niveau sonore de plusieurs dizaines de décibels avec l’un de ces soli dont lui seul a le secret.

D’une manière générale, puisqu’on parle de soli, il faut bien dire ce qui relève de l’évidence : du point de vue technique, Andromeda n’a plus rien à prouver. On retrouve, sans avoir à chercher, la finesse et la haute volée auxquelles les Suédois nous ont habitués, que ce soit à la guitare (« Play Dead », « False Flag », « Asylum »), au clavier ou au chant. Nulle déception à ce niveau, au contraire, c’est toujours un plaisir. De même, on appréciera l’indépendance stylistique du groupe, bien que quelques passages nous évoquent forcément les maîtres de Dream Theater, notamment sur l’ultime morceau de l’album, « Antidote ». Celui-ci est, au demeurant, la plus belle perle de l’album. Une introduction complexe proposant un véritable dialogue entre guitare et clavier, des gammes diminuées et un son de clavier très métallique rappelant immanquablement le « Dance of Eternity » des génies sus-cités, un refrain efficace, mélodiquement exceptionnel avec les petites montées en voix de tête d’un Fremberg très en forme.

 

En revanche, le doublé « Chosen by God »/« Asylum », expérimental jusqu’à l’excès, laisse un peu sceptique. Des partis électro omniprésentes, un tas de voix plus ou moins bizarres qui viennent raconter leur vie en plein milieu du morceau et des changements de rythmes permanents rendent finalement un ensemble assez décousu. Et ce, même si elles donnent au batteur Thomas Lejon l’occasion de livrer une impressionnante performance. 

C’est, plus largement, le seul point noir de cet album peut-être : l’accessibilité. C’est le problème du genre en général, mais en l’occurrence il faut réellement plusieurs écoutes attentives pour en arriver à apprécier un album complexe, mais regorgeant de très belles mélodies, d’émotions en tous genres et de montées en puissance rondement menées.

Un peu de courage donc, ô toi, lecteur souhaitant faire tienne cette galette comme peu en paraissent sur la scène métal. Une fois apprivoisé, Manifest Tyranny fera ton ravissement. Et quoi que disent les mauvaises langues à propos du virage machin-chose, les groupes comme Andromeda, ça se compte avec les doigts, non mais !
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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