Rising Sunset – Equinox

Pas facile d'éviter la comparaison quand on joue dans le registre du metal symphonique / power et qu'une ribambelle de groupes sont passés avant. Forcément, les aînés ont laissés une trace, sont devenus des références, que les suiveurs tentent au mieux d'égaler. D'autres parviennent à briser les codes, avec une musique à l'identité affirmée. Mais certains, comme Rising Sunset, suivent le mouvement paisiblement, s’efforçant en premier lieu de poser leurs bases avant de s'essayer aux expérimentations et essais pour sortir des sentiers battus. Au fond, la démarche est louable, pour acquérir une première base de fans, et prendre confiance. Les maltais vont donc prouver qu'ils savent où ils vont, et tenter de convaincre qu'ils peuvent s'imposer avec un premier opus, Equinox.

D'emblée, on ne peut s'empêcher de froncer les sourcils sur une production qui ne sied absolument pas à la musique proposée par le quintet. Elle n'est pas particulièrement mauvaise à proprement parler, mais nécessite encore des améliorations qui ne peuvent que présenter des avantages pour la suite de la carrière du groupe. Premièrement, le mixage des guitares et de la batterie est un peu trop en retrait par rapport au chant, ce qui est un peu dommage car ces deux instruments s'évertuent pourtant dans parties instrumentales rudement intéressantes, qui offrent de l'attrait à l'opus. Ensuite, le chant est un peu trop placé sur le dessus, contribuant à une omniprésence qui peut s'avérer lassante. Heureusement, il est tout à fait possible de passer outre les défauts de ce son compressé, pour savourer l'essence même de leur musique, et non pas s'arrêter sur l'apparence. Tant mieux, car Equinox est loin d'être inintéressant.

Le combo évolue pourtant dans un registre on ne peut plus classique, et ne bouleversera jamais les codes établis dans le genre. Un manque de prise de risque, certes, mais les bases sont suffisamment solides pour ne pas sombrer dans la banalité et le manque d'intérêt. Si les structures des pistes souffrent d'une certaine homogénéité qui laisse ainsi planer une certaine difficulté pour les unes ou les autres à se distinguer de leurs consœurs, l'apport du violon porte parfois la section instrumentale à un autre niveau, en offrant une touche mélancolique et originale à des compositions restant parfois un peu trop classiques. L'utilisation de cet instrument est intelligente, mis à contribution pour forger des ambiances qui permettront d'effectuer cette différenciation entre les divers morceaux. De plus, celui-ci n'est pas présent à outrance, donnant une certaine aération aux titres, qui ne se reposent pas uniquement sur la prestation de la violoniste pour parvenir à convaincre. La guitare effectue un travail plutôt bon sur l'ensemble, très appréciable sur « Hidden Voice » notamment. Ce qui semble ainsi, au départ, plutôt sobre, voir médiocre, révèle au final quelque chose de plus complexe qu'il n'y paraît.

Rising Sunset

Mais au-delà de ces bonnes idées, on regrettera tout simplement une légère tendance à tourner en rond un peu trop facilement, et, ainsi, peiner à captiver du début à la fin du brûlot. Tournant parfois au fourre-tout, les titres semblent souvent linéaires par le manque de changements dans les schémas, répétant un archétype déjà bien défini, où le refrain sert de pierre angulaire pour satisfaire et combler les moments où le manque d'inspiration se fait ressentir. Pourtant, quelques rafraîchissements apparaissent en court de route : l'instrumentale « Opus VII » passe relativement bien et permet un peu de diversité, quoique le titre n'évite pas toujours l'écueil du démonstratif et soit affligé de quelques longueurs gênantes. De même, « Journey Into the Woods » est plutôt bien construite, et se démarque très clairement des quatre premiers morceaux du brûlot, par une approche plus basée sur la lourdeur des guitares que sur le duo chant / violon, souvent considéré par les maltais comme proue du navire. Ces quelques oasis évitent de sombrer entièrement dans la linéarité, et ces idées sont définitivement des points à creuser davantage pour Rising Sunset qui y montre l'étendue de son talent.

D'autant plus que le chant de Christa Calamatta est loin d'être mauvais, mais lasse sur la longueur. Techniquement parlant, la jeune femme possède des atouts indéniables : un lyrique maîtrisé et à la justesse impeccable, qui ne manque pas nuances quand elle le souhaite, comme sur le passage plus power, vers la fin de « Crux Sacra Sit Mihi Lux », où elle diversifie ses lignes de chant, et nous dévoile un potentiel qu'elle ne développe pas assez dans le reste de l'opus. Car la demoiselle se coltine bien trop souvent à un chant haut-perché qui, s'il est parfaitement réussi, gêne. Son manque de modulations sur le reste du brûlot en devient pesant, et la belle laisse perplexe. Il est évident que la maltaise est une bonne chanteuse, et prétendre le contraire serait, d'un point de vue technique, faux. Seulement, elle chante d'une façon bien trop régulière et, tout comme la musique, ne se laisse pas assez aller vers des tentatives plus aventureuses. Rester dans les hautes sphères n'est pas forcément une bonne initiative, et cela peut desservir l'interprétation générale pourtant honnête de Christa.

Alors forcément, ça laisse perplexe quant aux titres. Les même idées sont elles trop souvent exploitées, et le chant reste globalement trop coincé dans des lignes de chant similaires. Mais à notre grand bonheur, une partie des morceaux reste, quant à la qualité de la composition, de bonne tenue. On ne pourra ainsi reprocher à « Hidden Voice » d'être terriblement accrocheuse avec ses relents power affirmés, ou à « Parousia » sa section rythmique travaillée et efficace, avec un violon raffiné, tout en restant sobre (bien que l'on reprochera au titre en question trop d'évocations à la période Wishmaster de Nightwish). C'est bien encore le problème, les influences sont parfois un peu trop visibles et l'aura des finlandais plane, son ombre se laissant entrevoir par-ci, par-là, sans toutefois que ça n'en devienne outrancier. Et cette inspiration sur les aînés n'enlève rien à la qualité intrinsèque de morceaux du calibre de « Crux Sacra Sit Mihi Lux », piste la plus variée et prenante sur la durée, ou encore à l'opener « Human Frailty », qui est un bon condensé de la suite des événements, par son refrain prenant et sa guitare aiguisée. Voilà qui aide à remonter la pente, car « Emperor of the North » et « Immortal Devotion » sont beaucoup trop banales et peinent cruellement à être captivantes.

Rising Sunset livre avec Equinox un brûlot fort honnête, et qui met déjà en valeur de bonnes idées. Malheureusement, l'exécution manque parfois de finesse et de maturité, et la production n'aide pas à se concentrer pleinement sur les points les plus positifs des maltais. Et pourtant, il y a vraiment quelque chose d'intéressant dans cet opus. Après tout, moult formations sont déjà passées par des premiers albums loin d'atteindre des sommets, et ont enchaînés avec de belles œuvres. Encore une fois, ce destin nous fait penser à Nightwish. Alors pourquoi pas eux, après tout ? Les musiciens sont ici talentueux, la chanteuse compétente, et il est fort à parier que le quintet (suite au départ de la violoniste) est capable de passer à l'étape supérieure. Ne manque plus qu'à corriger les quelques faiblesses, et à prouver que le potentiel entrevu n'est pas illusoire. Et les capacités sont là ! Un groupe à surveiller.
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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