Seven Kingdoms – The Fire is Mine

Il y a des groupes, comme ça, qui viennent te foutre un coup magistral à la trogne dès l'écoute de leur opus entamée. Oui ce début d'introduction a un air de déjà vu, mais c'est un grand classique pour vous présenter une formation qui, dans votre petite vie bien rangée de chroniqueur, vous a un jour lancé un bon brûlot, là, sans qu'on s'en rende compte. Et croyez-bien que la mémoire fonctionne, et que le nom de ce combo, lui, va rester. Réitérer une prouesse n'est pourtant pas une chose aisée (sauf dans le mauvais, là avec The Murder of My Sweet par exemple, on a des champions pour cette catégorie), et les fails ça existe. Preuve en est avec nos bon amis de Pologne, Crystal Viper, qui avec leur Crimen Excepta avaient brisés tous les espoirs placés en eux. C'est tragique, mais c'est comme ça.

Dans ceux qui avaient été parmi les plaisantes surprises de La Grosse Radio, il y a un groupe américain. Oui, ce pays est vaste, et les formations peuplant cette terre d'outre-Atlantique font légion. Mais une fois qu'un nom sera posé, tout s'éclaircira : Seven Kingdoms. Oui, rappelez vous de « Somewhere Far Away » qui tourne sur les ondes et avait fait la joie de tous les amateurs de power / heavy, et en particulier de notre bon rédacteur en chef Ju de Melon qui n'avait pas hésité à placer quelques espoirs dans les mains de ce quintet mené de front par … une femme. Voilà, donc il faut lire la (courte) chronique de leur précédente offrande, éponyme, pour vous rendre compte d'un fait qui arrive de temps en temps : c'était de la balle. Et deux ans plus tard, ils sont de retour ! Le nouveau bébé, lui, c'est The Fire is Mine, avec une pochette moins laide et un contenu qui a l'air, vu comme ça, similaire. Le line-up est toujours le même ou presque avec un changement de bassiste (donc, amis misogynes, on a toujours un bipède de sexe féminin derrière le micro), voilà qui augure du bon. Ou de la déception ? Un paramètre qu'il faut toujours prendre en compte. Alors voyons ce qu'il en retourne de ce nouvel opus de nos compères de Floride.

Une introduction avec du … vent. Oui, on commence donc l'entrée en matière par du vent, ce qui est, évidemment, annonciateur de la tempête qui va arriver. Et paf, c'est le cas dès un « After the Fall » très prenant et puissant, fonctionnait sur la même recette que « Somewhere Far Away » dans l'offrande d'il y a deux ans. Qu'est-ce qu'on entend par là ? Une guitare solide, avec une partition variée et placée judicieusement en avant, incisive comme il faut pour montrer que chez Seven Kingdoms, on ne se base pas que sur sa frontwoman pour appâter le chaland qui passe par-là. Et, une fois de plus, le groupe affirme sa volonté de jouer dans une musique assez traditionnelle dans le power metal, ne reniant pas quelques influences disséminées par-ci par-là (Iced Earth en premier lieu), mais brouillant les pistes par quelques sympathiques chœurs et, bien sûr, le chant de la belle blonde. Et ce refrain en apothéose arrive à point nommé. Voilà un groupe qui sait où il va, et ne fera pas dans le chichi, ni dans le symphonique à donzelles, genre décrié. Le quintet sera donc bien plus à rapprocher des grands noms du heavy / power que de Nightwish ou Within Temptation, et ce même avec la présence d'une dame.

Seven Kingdoms

Plus photogénique qu'Anette Olzon, non ?

A ce propos, parlons donc de Sabrina Valentine. La première chose qu'on peut lui dire, c'est tout simplement MERCI ! Car voyez-vous, mesdames et messieurs, dans ce genre qu'est le power / heavy à chanteuse, on retrouve deux catégories se battant en duel : les clones de Tarja, et les clones de Doro. Et ce, en dépit de leur qualité intrinsèque bien sûr. Si elles comptent parfois sur leur maîtrise, le manque d'identité dans leur voix peut être un désavantage. Et bien sûr, Sabrina est une chanteuse intelligente qui a tout compris sur la façon de faire du bon power. Plutôt que d'aller se ranger dans un tiroir pré-défini comme le font moult consœurs, la belle a l'excellente idée de verser dans un registre beaucoup plus personnel, dans un chant qui sied à sa voix, à elle et à elle seule : on reconnaît tout de suite qui chante, sans passer son temps à se demander qui elle singera pour se donner un semblant de crédibilité. Et non seulement elle a une belle voix, notre chanteuse, mais en plus, elle est techniquement imparable : à l'aise dans les aigus comme dans les graves (ce qu'elle n'hésite pas à prouver en variant régulièrement), poignante lors de la ballade « Kardia » où elle est accompagnée du chanteur Matt Smith (Theocracy), et l'un comme l'autre excellent dans cet exercice. Donc que dire ? Tout bêtement que Sabrina se classe parmi les meilleures voix du genre, hommes et femmes confondus.

L'inspiration est, une fois de plus, une constante au sein de The Fire is Mine. Le brûlot de 2010, Seven Kingdoms, était déjà très bon, mais celui-ci propulse la formation encore au-delà, ce qui est déjà beaucoup. Imaginez donc des compositions finement taillées, solidement ciselées entre un power / speed où la guitare n'hésite pas à balancer des riffs puissants et des solos inspirés (comme sur « Fragile Minds Collapse »), prenant la part du lion le plus possible, et tout cela soutenu par une production excellente. A cela, vous ajoutez une pincée de heavy metal dans les influences (Iron Maiden, Iced Earth, et tout le tralala …) pour faire gagner encore en puissance des titres qui, pourtant, n'en manquent pas. Le genre de formation qui n'a pas peur, non plus, de continuer à balancer des incursions rapides même quand le chant revient, pour montrer d'une qu'ils en ont dans les tripes, et de deux que leur chanteuse se paye le luxe de savoir envoyer quand c'est nécessaire. Dans cette démarche intéressante, Seven Kingdoms s'éloigne ainsi de la ligne bien définie du « metal à chanteuse » que tout le monde connaît pour forger sa propre musique mais, surtout, trouver une place où les postes sont vacants : faire du heavy / power traditionnel, à chant féminin (le registre étant souvent dominé par les hommes). Et on ne peut qu'encourager le quintet dans cette démarche, tant la qualité est au rendez-vous.

Le groupe abat donc une carte particulièrement stratégique sur la table. En se rangeant dans un créneau où peu osent s'aventurer en ayant une voix féminine, préférant se contenter de faire dans l'Oceanborn de Nightwish ou les vieux Warlock, nos cinq américains se démarquent. Et si on fait un bref résumé, nous avons pour le moment une chanteuse plus que compétente, une guitare qui n'est pas timorée, un single bien torché (« After the Fall »), une jolie ballade avec une belle montée en puissance où le frontman de Theocracy pose sa voix (« Kardia »), et une petite dose de personnalité. Qu'est-ce qu'il manque à tout ça ? Une analyse du reste des pistes du brûlot, bien sûr. Et pour compléter tout cela, il faut un titre long. Et dans le cahier des charges, cette case est cochée une fois de plus avec la cohérente « The King of the North », qui alterne entre passages musclés, refrain entêtant et moments plus aériens et intimistes. Et ce durant presque 8 minutes, qui passent assez rapidement pour en redemander et, surtout, pousser à la réécoute dans le but de comprendre toutes les subtilités de ce titre. Mais dans le très bon, ce n'est pas un cas isolé, ce morceau. On retrouve également le doublé « Fragile Minds Collapse » et « In the Twisted Twilight », comptant toutes les deux sur une recette similaire : c'est musclé et agressif, avec un refrain puissant dans le premier cas, et dans le second, quelque chose de plus léger, où Sabrina joue grandement sur le contraste. Et la réussite est là. Saluons aussi la très directe « Flame of Olympus », le refrain de l'éponyme « The Fire is Mine », ou encore cette pause douceur avec « Kardia ».


 

Si on devait donc faire un reproche à Seven Kingdoms, c'est celui d'un début d'opus qui n'est, finalement, peut-être pas aussi fort que sa fin, bien que restant très bon tout de même. Mais ce détail mis à part, le bilan s'avère plus que positif. Un album très varié, intelligent, puissant et où le chant et la guitare sont les maîtres des lieux, bien que les autres hôtes ne vous laisseront pas sur votre faim eux non plus. The Fire is Mine est un album réellement convaincant, avec ses petites touches entre Iced Earth, Iron Maiden, Hammerfall mais se traçant tout de même sa propre voie, voix, et nom. Notre quintet des États-Unis nous fait donc là une excellente surprise, là où ils étaient attendus au tournant avec un précédent album déjà pas mal du tout. Et réussir à se renouveler tout en conservant la qualité, ça mérite les honneurs. Bien joué, Seven Kingdoms !

Note finale : 8,5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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