The Chant – New Haven

Ils sont beaux, ils sont jeunes et très joyeux, ce sont les sept finlandais de The Chant qui reviennent avec une quatrième livraison de power metal à la Freedom Call intitulée New Haven … non, en fait, c'est faux. Du moins, en partie. Les informations quant au patronyme de la formation et de l'album sont vraies, mais ce n'est pas au même public que les gais lurons allemands que la musique des nordiques est destinée. Dans le cas présent, il faut plutôt aimer les dernières moutures de Katatonia, par exemple, pour entrer dans la ligne de mire de ces finlandais. Ou être simplement un curieux. Mais est-ce suffisant d'officier dans ce genre là pour faire preuve d'intérêt ? L'écoute de ce disque est-elle conseillée ?

La première piste, « Earthen », est définitivement pleine d'espoirs : bien composée et interprétée, porteuse d'une réelle ambiance proche d'un Katatonia récent, le refrain mélancolique nous permet de s'immerger au cœur de cette atmosphère touchante. Voilà qui est positif. Aurait-on trouvé un rival aux fameux suédois ? Ne faisons pas languir plus longtemps, la réponse est évidemment non. La musique pratiquée par The Chant a beau se rapprocher de grands noms déjà bien connus, on ne peut s'empêcher de rester placide face à cet élève studieux mais désespérément trop sage, ayant bien appris ses leçons mais se contentant bêtement de les appliquer sans y apporter ne serait-ce qu'une touche de personnalité. Bref, les jeunes finlandais ne sont pas mauvais, mais ne sont pas brillants non plus. Bien au contraire, ils tombent dans le pire scénario possible : celui d'une formation qui tente de faire de son mieux, mais sans jamais vraiment être à la hauteur.

Résultat, l'ennui prend le dessus très rapidement et l'émotion, pourtant présente lors de la première piste, disparaît immédiatement. Le disque se veut triste, émouvant mais les morceaux utilisent des ficelles et des codes tellement identiques et interchangeables qu'ils n'arrivent plus à procurer la moindre sensation, si ce n'est de la lassitude. La désagréable impression d'avoir fait le tour de la question gagne l'auditeur au fur et à mesure que ce New Haven déploie ses complaintes tristement banales, déjà entendues ailleurs, et souvent en beaucoup mieux. Se lancer dans le sillon d'un Anathema récent en plus lourd ou d'un Ghost Brigade n'est pas forcément une mauvaise chose, encore faut-il être bon musicien et savoir trouver cette identité si particulière pour construire des ambiances uniques. Hélas, ce n'est pas avec un « Playwright » pénible et poussif que The Chant parviendra à la hauteur des formations pré-citées. Se vautrant de longues minutes durant dans un spleen pénible, ce titre aurait certainement gagné en efficacité à être raccourci. Malheureusement, cette piste est à l'image de la galette : traînante et sans saveur. Et ce n'est pas la performance au micro d'Ilpo Paasela qui changera quoi que ce soit. Son chant est agréable, mais guère plus. Le bonhomme est compétent, mais n'y met pas ses tripes. Rien de bien exceptionnel, en somme.

The Chant

Comme on le dit si bien : (The) Chant comme la pluie.

Il y a pourtant de jolies choses là-dedans. Quelques titres arrivent à miraculeusement s'extirper de la platitude ambiante pour chatouiller l'oreille. L'opener mis à part, « Until We Witness » et « Come to Pass » s'en tirent avec les honneurs, sortant du lot par des mélodies plus inspirées, un chant qui s'y fait plus profond, plus touchant … et pourtant, les sept finlandais ne réussissent pas à complètement envoûter leur auditoire. La faute, une fois de plus, à un criant manque d'identité. A force de singer ce que les autres autour d'eux font, de regarder sur la copie pour voir ce qu'a écrit le voisin, The Chant est à présent capable de répéter avec application les mélodies touchantes des autres, mais sans jamais comprendre d'où vient la magie de ses camarades. Être en mesure de reproduire des morceaux inspirés ne signifie pas l'être soi-même, et c'est un point qu'il serait temps d'enfin intégrer pour le combo qui reste encore confiné dans une certaine confidentialité là où bon nombre de ceux jouant dans la même cour bénéficient d'une renommée internationale. Il y a des raisons à cela, et l'écoute de New Haven est très explicite sur le sujet.

Cette quatrième livraison du combo finlandais manque cruellement de nombreux éléments : de l'inspiration, de l'énergie, de la sincérité, de la personnalité, et la liste est longue. Jamais vraiment mauvaise, cette offrande ne convainc pas non plus, tant l'ensemble y est déjà vu et entendu des dizaines de fois, mais en mieux. A ce compte là, il serait peut-être tant pour The Chant de procéder à une remise en question. Continuer dans cette voie, pourquoi pas, mais pas de cette façon. Sinon, à eux de courir le risque de ne jamais parvenir à atteindre le stade supérieur.

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NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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