Etienne Sarthou, batteur du groupe AqME

Etienne Sarthou, batteur et membre fondateur du groupe de métal parisien AqME nous a accordé une nouvelle interview avant de reprendre la route pour défendre le nouvel album, Dévisager Dieu.

Salut Etienne,
On vous a régulièrement interviewés et chroniqués sur le webzine métal de la radio, mais cette fois-ci, j’aimerais bien aborder un autre angle d’interview, sans forcément reprendre votre parcours, vos changements de line-up, etc… Alors ce que je te propose pour commencer, c’est de faire parler un peu l’inconscient, ou en tout cas l’instinct d’AqME, en te balaçant des mots (qui ne seront bien sûr pas choisis au hasard mais en rapport avec vos textes et votre univers), et tu me dis ce que chacun de ces mots t’évoque, ça te dit ?

Etienne : avec grand plaisir, vas-y !!

C’est parti !

Dévisager Dieu, nouvel album, 2014

- Dieu

Ça m’évoque un sacré bordel en ce moment… On fait tout et n’importe quoi en son nom, c’est vrai que c’est un peu triste puisqu’à la base c’est censé être une source de bien-être pour les gens et pour l’humanité et au final ça se retourne souvent complètement contre les gens. Pour ma part, je suis un athée convaincu, mais vraiment convaincu quoi ! Pour les autres, je ne sais pas trop mais c’est vrai que dans notre dernier disque, il y a pas mal de vocabulaire qui tourne autour de la religion et de Dieu, etc… C’était, je pense, une manière pour Vincent de toucher tout le monde parce que la religion, qu’on soit athée ou croyant, ça fait partie de notre inconscient collectif et donc c’est une manière de parler à tous et de trouver des images fortes. Donc oui, Dieu ça me parle... mais Satan aussi me parle (il rit)…

- Frères

Ça, c’est quelque chose de très fort pour Vincent et pour moi, pour des raisons différentes… Vincent parce qu’il a un jumeau et moi parce que j’ai perdu mon frère il y a quelques années… Donc c’est vrai que « Avant le Jour » c’est un texte qui nous tient tous les deux très très à cœur, c’est Vincent qui l’a écrit mais il savait que ce texte-là aurait une portée aussi pour moi… C’est un texte qu’on aime beaucoup qui, je pense, touche les gens puisque tout le monde peut se l’approprier et c’est quelque chose de très important pour nous. Le frère qu’on a, ou qu’on a perdu, c’est quelque chose de fondamental.

- Le pardon

Oui. C’est vrai… Moi j’ai toujours beaucoup pardonné, je le fais un peu moins maintenant… Ce n’est pas bien. Il vaut mieux pardonner aux gens que de rester rancunier. Le pardon et l’absolution, c’est savoir reconnaître ses fautes et c’est demander aussi aux gens d’accepter qu’on leur demande pardon. Je trouve que les gens ont souvent du mal à demander pardon mais ils ont aussi du mal à accepter de pardonner, hors c’est vrai que c’est faire preuve d’une belle grandeur d’âme que de pouvoir le faire. Je m’énerve beaucoup mais j’essaye de ne pas être rancunier, je pense qu’on est comme ça dans AqME globalement.

- Le silence

Quel emmerdement ! (rire)
Le silence c’est l’ennui. Ca peut être aussi le repos, l’apaisement, la réflexion sur soi-même, etc… mais c’est vrai que le silence, ça m’emmerde. On aime bien faire du bruit. Même quand on est assez tranquille, moi j’aime bien avoir de la musique autour de moi, que ce soit de la musique calme ou de la musique énervée… Je n’aime pas tellement le silence. C’est le vide. Après, dans certaines circonstances, il peut être assez extraordinaire, dans certains endroits de beaux paysages, etc… avoir une espèce de silence apaisant, c’est très agréable, mais généralement je préfère avoir un peu d’agitation autour de moi.

- Le don de soi

Vaste sujet… Certains, aujourd’hui, le poussent un peu jusqu’au bout, ça rejoint ce qu’on disait au début sur Dieu. Je pense que le don de soi aveugle c’est un peu de la connerie pure et dure. Mais oui, faire don de soi… par exemple, on a quelqu’un de très proche du groupe, qui est fan du groupe et qui est prêtre depuis 15 ans, le type est authentiquement prêtre et authentiquement fan de métal…

Ah ça c’est pas mal comme anecdote !

Voilà ! Et quand on me parle de don de soi, je pense surtout à lui parce que certaines personnes évoluent dans la religion et on oublie qu’il y en a certains qui sont là pour faire le bien autour d’eux. Et un type comme lui donne effectivement de lui-même pour aider les autres. Je ne peux pas forcément en dire autant. Nous, à notre petit niveau, on espère en tant que musiciens qu’on apporte une espèce de plaisir aux gens… Je n’ose pas dire bonheur, mais en tout cas plaisir.
Hey, au fait ! On en revient toujours à la religion, c’est fou !..

Ouais, le titre de l’album était bien choisi !

Ben franchement, c’était d’actualité funeste sans qu’on l’ait fait exprès hein, on ne pouvait pas savoir… On est tristement d’actualité, sans le vouloir…

- Parle-nous du verbe « rêver »

Je pense que, dans l’esprit de Vincent, c’est garder une part d’illusions et d’imaginaire que les difficultés de la vie ne nous ont pas enlevé. Si on fait de la musique c’est aussi pour garder une part de rêve. Ca n’empêche pas d’avoir les pieds sur terre. Mais avoir une espèce d’exutoire qui permet de s’évader, c’est hyper important pour nous, comme pour les gens qui nous écoutent… Ca nous apporte du plaisir, comme on disait tout à l’heure, et des bons moments. Donc c’est assez fondamental dans la vie que de rêver…

Charlotte, Julien, Vincent, Etienne

Charlotte, Julien, Vincent et Etienne

- La route

Ah ben c’est très important ! C’est très long mais c’est très important ! C’est parfois dur de faire des centaines de km juste pour jouer quelques dizaines de minutes, ou demi-heure, ou heure… mais c’est vrai que c’est quand-même la raison d’être du groupe. Faire des disques, créer des morceaux, les défendre sur scène et partager ça avec les gens qui viennent nous voir, c’est fondamental. Ces derniers temps on recommence à faire pas mal de concerts, on a pas mal de dates à venir jusqu’à cet été... Et ça se passe super bien avec Vincent, les gens ont accepté notre nouveau chanteur et ça se passe vraiment merveilleusement bien. Il y a une ambiance dans les concerts encore plus forte. Ca c’est chouette.

- La colère

Elle est sous-jacente en permanence. On a cette colère, cette énergie qui fait qu’on fait ce style de musique et pas un autre ! On a ça en nous, je ne saurais pas vraiment t’expliquer pourquoi, il faudrait faire une psychanalyse plus poussée… Mais ouais on a ça, on a envie de faire du bruit, on a envie de crier mais dans AqME on a aussi envie d’apaisement par moments… Tu vois, notre musique n’est pas uniquement débordante de colère. Il y aussi de la mélancolie, de la tristesse, sans aucun doute de la contemplation, il y a tout plein de sentiments qui ne sont pas toujours acceptés par certains d’ailleurs… Dans notre style de musique, il y a des gens qui n’acceptent que la rage. Nous on n’est pas que colériques ! On a aussi plein d’autres sentiments à exprimer parce qu’on considère qu’il n’y a pas que la colère dans nos vies, il y a aussi plein de choses bien ! Mais oui, elle est tout de même en filigrane derrière tout ça, on a envie de faire cette musique pour exorciser cette colère-là. On transforme cette énergie négative en énergie positive.

- Ca rejoint le mot suivant : catharsis

Oui c’est la même chose, mais effectivement ça va un peu plus loin. Nous, on exprime vraiment notre fort intérieur dans notre musique. Aujourd’hui, beaucoup de musiciens ne le font pas. Ils te racontent une histoire… Nous on est totalement en accord avec nous-mêmes donc quand on a envie d’être doux et gentils, on est doux et gentils et quand on a envie d’être très énervés, on est très énervés. Nos sentiments ne sont pas que d’un seul tenant.

- La langue française (vous êtes tout de même un des rares groupes de métal à chanter dans cette langue)

Oui c’est vrai. C’est fondamental aujourd’hui pour AqME. Qui plus est, si on se mettait à changer au bout du 7ème ou 8ème disque ce serait absurde. C’est une partie intégrante de notre personnalité et c’est venu comme ça… C’est rigolo parce qu’il y a 15 ans, quand on démarrait, il ne fallait absolument pas chanter en français et maintenant c’est plutôt l’inverse. Donc le meilleur choix c’est de s’en foutre ! Et les carrières des groupes qui chantent en anglais et de ceux qui chantent en anglais sont différentes. C’est sûr que les groupes comme Mass Hystéria, nous, Lofofora, on a plus de mal à s’exporter mais en même temps, on parle à beaucoup de gens en France. Et c’est important parce que le nombre de groupes qui chantent en français a plutôt réduit ces dernières années donc ceux qui restent, je pense, valent cher dans le cœur des français pour qui la langue est importante. Il y a quand-même beaucoup de français qui se reconnaissent plus dans des textes en français qu’en anglais ! Et je pense qu’aujourd’hui c’est aussi une facilité de chanter en anglais parce qu’on fait moins gaffe… Quand on parle en français on s’expose à beaucoup plus de critiques de la part de ceux qui écoutent. Il y en aura toujours pour dire « en français c’est chiant ! », oui, parce que d’un coup ils comprennent ce qu’ils écoutent (rire) ! En anglais, beaucoup de gens ne comprennent rien. De toute façon, ça fait partie de nous donc ça, on ne lâchera pas !

- La justice

Pour moi, il y a du positif comme du négatif. Aucun système n’est parfait. Maintenant pour ce qui est des petites injustices au jour le jour, c’est plus du civisme entre les gens et c’est vrai que beaucoup de gens oublient que pour bien vivre ensemble il faut savoir respecter les autres et ne pas passer son temps à ne penser qu’à sa gueule. Du bon sens… Entre nous, on essaye toujours d’être fair-play, déjà à notre petit niveau… Justes, justement, dans le groupe et avec les gens autour de nous. Plus positifs que négatifs quoi, tout simplement…

- La séparation

Ca nous évoque tous des traumatismes divers et variés, qui partent de la plus tendre enfance à des évènements plus récents. Ça a été des épisodes douloureux ces dernières années. Que j’ai du mal à pardonner, mais j’essaye… C’était difficile pour nous d’imaginer qu’on allait en tirer quelque chose de positif mais aujourd’hui, avec le recul, c’est tellement positif pour le groupe et pour nous en tant que personnes d’avoir rencontré Vincent et de l’avoir à nos côtés, que tout le reste est oublié. Aujourd’hui AqME a sans aucun doute évolué mais ça reste le même groupe avec du renouveau et en même temps des bases solides. C’était dur il y a trois ans, quand Thomas nous a quittés, de savoir que ça allait être aussi positif pour nous. On a accusé le coup, ça a été vraiment dur à l’époque mais au final quel bonheur d’avoir Vincent dans le groupe, ça a tout changé ou presque… Dans la cohésion du groupe, dans l’échange, dans l’envie, le dynamisme… Et puis artistiquement ça nous a ouvert des portes. C’est ultra positif ! C’est probablement la meilleure chose qui nous soit arrivée…

- La résurrection

Ouais, c’est exactement ça. Au fur et à mesure de l’album, on a pris le temps de renaitre de la bonne manière. Pour rester AqME tout en continuant d’évoluer. On ne voulait pas devenir un autre groupe et à chaque fois qu’un nouveau membre entre dans le groupe, il faut qu’il y ait une bouffée d’air frais, tout en gardant notre personnalité. Donc ouais, c’est clairement une résurrection. Bien qu’on n’ait jamais été morts, on a été blessés… Beaucoup… On va dire une guérison et un renforcement du coup.

- Un dernier petit mot… L’avenir ?

Avec Vincent, on est plus tournés vers l’avenir qu’avant. C’est quelqu’un de très positif, il a vraiment insufflé ça au groupe. On est donc dans une phase beaucoup plus positive, dans l’état d’esprit et, clairement, il y est pour beaucoup. Nous-mêmes, il nous change !

AqME, photo de groupe, nouveau chanteur

Merci Etienne. Bon bien sûr j’ai quand-même quelques questions sur ce nouvel album qui est sorti en novembre dernier, tout d’abord comment a-t-il été reçu par votre public et par la presse ?

Il a été extrêmement bien reçu ! Mieux encore que le précédent. Franchement, on n’a jamais eu autant de bonnes chroniques et de bons retours… Les anciens fans sont contents qu’on ait retrouvé plus de mélodie. On s’en était un peu éloignés sur l’album précédent et avec l’arrivée de Vincent, on voulait réaffirmer notre côté mélodique. Nous, on est super contents de ce disque-là et les gens sont hyper heureux de nous retrouver.

Vous partez toujours de la musique, Julien (guitariste) et toi, pour ensuite y ajouter les mots ou avec Vincent dans l’équipe ça s’est passé différemment ?

Ça se passe toujours comme ça oui. C’est en fonction de la musique que Vincent va écrire ses textes... A partir de ce que la mélodie, les rythmes vont lui faire ressentir… Mais c'est souvent comme ça dans le métal, ça part de ce que le chanteur va ressentir en écoutant la musique... Il va poser sa voix et ses mots dessus et après on retravaille le tout pour que ça sonne le mieux possible. Demande à tous les producteurs de la planète, tu verras que la plupart des chanteurs arrivent en studio et ils sont en train de terminer les textes (rire) alors que la musique est prête depuis longtemps.

Qu’est-ce qui nourrit votre musique aujourd’hui ? Est-ce que ce sont d’autres groupes ou vos influences viennent d’ailleurs, de la photographie, du cinéma..?

Ça vient de notre bagage. Ca fait tellement longtemps qu’on fait de la musique qu’il n’y a pas de nouveau groupe qui d’un seul coup nous donne envie de faire la même chose. Ça c’est quelque chose qu’on fait quand on est un peu plus jeune, qu’on est très proche de ses influences et que ça nous permet d’avoir des points de repères. Nous, aujourd’hui, on écoute tellement de trucs différents que tout ça nous nourrit, ça va de la pop aux musiques ambiantes ou au death métal le plus énervé, tout ce que tu veux ! Tout ça se retrouve dans notre musique et je pense que ça se ressent. C’est pour ça qu’elle est aussi variée. On en est au 7ème disque et donc j’espère qu’on vole aussi de nos propres ailes. Il y a plein de trucs qui nous nourrissent au jour le jour mais dans les derniers disques que j’ai achetés, ça ne nous influence pas en grand-chose sur cet album. On n’est plus en train de se poser des questions sur nos influences, ça sort un peu tout seul, selon l’instant. Après, quand tu écoutes un super disque, ça peut t’apporter un sentiment, une envie et te déclencher de nouvelles idées, sans pour autant avoir envie de faire la même chose. Mais les portes restent toujours ouvertes.

Tout à l’heure, tu parlais de musique calme… Quelle serait la musique que tu écoutes chez toi et qui serait la plus éloignée de ce que vous proposez avec AqME ?

Ben pas grand-chose parce que quand je parlais de musique calme, je pensais à Interpol.

Pas de musique classique par exemple ?

Ah non ! Mais tu sais, dans l’opéra ou la musique classique, il peut y avoir des choses très énervées ! Il y a de la colère partout ! Dans tous les styles de musique tu peux exprimer de la rage mais de manières différentes. Et pour en revenir à Interpol, dans notre musique il y a des choses qui peuvent aussi s’en rapprocher… Tout ce qu’on écoute peut se retrouver dans notre musique.

Aucune musique, même quand tu étais ado, qui serait susceptible de te gêner aujourd’hui ? Je n’arriverai pas à te piége ?.. 😉

Ah, un peu gêné, ça c’est autre chose mais non... Non, aucune musique, même ado, dont je serais gêné. J’ai commencé avec Dire Straits et Supertramp donc non, je n’en ai pas honte, je trouve toujours ça très bien !

Etienne Sarthou, live, photo

Effectivement…
Bon et vos textes sont bien sûr très sombres, on s’refait pas, mais au quotidien, vous êtes plutôt des personnes torturées ou au contraire joyeuses et optimistes ?

On l’est beaucoup plus aujourd’hui. On a une certaine propension à se retrouver dans les sentiments un peu sombres, c’est certain mais on exprime ça en musique comme ça ils sortent de notre système et puis après on profite de la vie comme tout le monde. On n’est pas plus dark, on ne dort pas dans des cercueils, au contraire on est plutôt de bons vivants et on ne se gêne pas pour rigoler des trucs.
Dans la musique on aime bien le voyage d’introspection et se retrouver un peu face à soi-même avec les choses difficiles qu’on a envie d’affronter… La joie c’est quelque chose qui se vit, ce n’est pas quelque chose qui se réfléchit alors que les choses qui te torturent, c’est intéressant de se pencher dessus. C’est une démarche qui fait partie de nous et qui est tout à fait inconsciente et naturelle, en tout cas non-réfléchie.

C’est important pour vous le contact avec votre public ?

Ouais, bien sûr ! D’abord on a envie qu’ils aiment nos morceaux ! Que les gens qui nous suivent depuis longtemps nous disent qu’on continue à faire de bons disques et pour l’instant, c’est le cas, donc tant mieux. Et quand les gens continuent de venir nous voir en concert, c’est agréable, ils savent qu’on va tous passer un bon moment, qu’ensuite on va pouvoir boire une bière ensemble tranquillou pour discuter, ça a un côté vraiment sympa qu’on apprécie nous et que les gens apprécient aussi donc ouais, c’est super important.

A l’heure où tout passe par le web, vous avez quel rapport avec les réseaux sociaux ?

Plutôt positif. C’est bien tant que c’est utilisé comme un outil. Après c’est vrai que ça a un peu tout chamboulé dans la musique, mais c’est comme ça et pour le coup ça ne va pas changer, ou plutôt continuer et s’accélérer. Mais ça permet de préserver un contact au jour le jour avec les gens, une interactivité… Après c’est aussi la porte ouverte à ce que tout plein de crétins passent leur temps à écrire n’importe quoi avec des fautes d’orthographe catastrophiques et pour le coup, là, ça ne tire pas les gens vers le haut. Mais en même temps ça démocratise un échange, un peu déshumanisé, certes, mais un échange quand-même… Voilà, un avis partagé donc, il y a du bon et du moins bon…

Selon toi, où en est l’industrie du disque et quel est le rôle des médias et des festivals dans tout ça ?

Oui clairement, je pense que ça passe plus que jamais par la scène d’exister en tant que groupe ! Les médias ont leur importance… Ça a aidé à ce que l’information passe plus facilement… Après ça ne veut pas dire qu’elle est mieux traitée, cette information… Mais plus rapidement relayée, donc pour les groupes, t’as la possibilité d’être vu beaucoup plus vite ! Mais comme tout le monde a accès à ça, c’est aussi un peu noyé dans la masse donc c’est très dur, pour des jeunes groupes, d’arriver à exister. Mine de rien, le bon vieux bouche à oreilles avait du bon aussi…
C’est quelque chose de mystérieux pour moi internet, j’ai 35 ans, je fais partie des « vieux » donc c’est quelque chose qu’on a appris à connaître… En tout cas, ça peut permettre de découvrir plein de choses, plein de jeunes groupes, encore faut-il savoir où chercher… Avant pour acheter un disque, tu pouvais discuter avec un vendeur…
En revanche, maintenant, ça permet aussi plein d’échanges avec d’autres groupes internationaux, avec des fans du monde entier. Il y a 10 ou 15 ans, les fans d’Amérique du Sud auraient eu du mal à connaître AqME. Et aujourd’hui, même sans être distribué en dehors des pays francophones, il y a des gens du monde entier qui nous écoutent, c’est plutôt rigolo !

Avec AqME vous alternez sans souffler les phases de studio et de tournée depuis 1999, ce n’est pas trop dur de tenir le rythme ?

Si, surtout quand on a tous des activités à côté mais tu vois, de la même façon que certains ont passé des heures de leur vie à faire du tennis ou du golf, nous on fait de la musique. C’est à la fois notre passion, notre hobby, notre raison d’être, on ne peut pas s’en passer...

Et toi, c’est quelle phase que tu préfères, celle de création ou bien le live?

Moi c’est le processus de création, en toute honnêteté. J’aime le live mais ce que je préfère c’est créer de nouveaux morceaux. Je préfère créer et découvrir de nouvelles sensations plutôt que les concerts où tu fais plusieurs fois la même chose de la même manière. Au bout d’un moment c’est un peu aliénant mais, en même temps, tu prends un tel plaisir avec les gens que tu y trouves ton compte. Mais écrire les morceaux, c’est ce que je préfère par-dessus tout. Ça me rend hyperactif et j’adore ça.

Est-ce qu’il y a un souvenir de scène qui dépasse tous les autres ?

Oui, clairement, c’est l’Olympia. Mais le problème c’est que c’était tellement intense que j’en ai très peu de souvenirs… Tellement de peur, d’appréhension, de nervosité que tu fais ton concert comme un robot et puis t’arrives à la fin et t’as tellement eu la trouille que t’as un peu tout oublié quoi ! Après il y a des concerts qui marquent, je pense à une toute petite salle à Nantes, archi blindée, une ambiance de folie, il faisait chaud, c’était un truc de dingue. Le Divan du Monde en décembre dernier c’était vraiment un super concert aussi !
Après avec les années, tu te rends compte que, d’abord t’en oublies certains, ce n’est pas de la sénilité mais on commence à avoir fait pas mal de concerts et je suis plus enclin à réfléchir aux futurs bons concerts qu’à penser à ceux qui sont passés… Il va y avoir plein de belles dates ce printemps et je suis assez impatient de les faire !

Et pour finir, ton rêve le plus fou ?

Continuer à vivre de ma passion, tout bêtement…
Et puis je suis en train de monter mon studio d’enregistrement donc mon objectif c’est que cette petite affaire, au bout d’un moment, tourne et que les gens viennent me voir pour enregistrer leurs disques. J’ai réalisé le dernier d’AqME, je commence à faire de plus en plus de prod’, voilà, c’est ce que je veux faire en plus de mes projets musicaux.
Et pour AqME, tout simplement continuer de faire de bons morceaux et de bons disques.
Si on continue de faire ça, les gens continueront de nous écouter 🙂

Merci Etienne.

Flora Doin

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