Timo Kotipelto, chanteur de Stratovarius

"Chanter sur scène pour les fans est la chose la plus importante"
 

A l'occasion de la sortie d'Eternal, 16e album de Stratovarius, La Grosse Radio s'est entretenue avec Timo Kotipelto, qui a passé plus de 20 ans à tenir le micro. Dans sa bonne humeur naturelle, le chanteur explique la génèse du disque, les changements qui ont été faits par le groupe et n'a pas hésité à revenir sur certains points-clé de sa carrière.

Bonjour Timo et merci de nous accorder cette interview. Lors de la dernière interview que tu nous as accordée, tu trouvais intéressant que plusieurs albums de Stratovarius aient des titres à sept lettres. Il se trouve qu'Eternal est le septième album à comporter sept lettres, qu'en penses-tu ?

Ah, tu les as comptés ! Je pense que c'est un genre de malédiction chez nous. Mais cela correspond à une approche des titres qu'on a. Pourtant, on a tenté de faire autrement cette-fois-ci, puisqu'on a trouvé le titre après avoir vu la pochette. D'ailleurs, la moitié des chansons n'était pas écrite quand nous avons eu la pochette, c'est une toute autre méthode de travail qu'on a adoptée cette fois-ci. Je pense que cette pochette nous a d'ailleurs inspirée pour écrire certaines des chansons. Quand est venu le moment de décider du titre, on en a tous proposé un différent et il a fallu choisir celui qui avait sept lettres ! Peut-être qu'on en aura huit sur le prochain et neuf sur celui d'après… [rires]

On retrouve d'ailleurs l'étoile polaire au centre de la pochette, qui avait disparu sur Nemesis. Parle-nous de ce que représente ce symbole pour vous, depuis que vous l'avez adopté sur Polaris.

On peut le voir comme une étoile, mais aussi comme un instrument de direction. Nous avions adopté ce symbole parce qu'on ne voulait plus utiliser la fleur de lys, on l'a laissée à Timo Tolkki après son départ. Vu qu'on vient du nord et que le titre de l'album, Polaris, avait déjà été choisi, nous avons décidé de changer le logo et de l'actualiser. Il n'y a pas de raison plus profonde à l'utilisation de ce symbole.

Stratovarius Eternal

On ressent une volonté de faire de l'épique dans Eternal. Est-ce intentionnel ?

Quand on fait un album, on ne sait pas comment les gens vont réagir, on est dedans pendant trois mois avec l'enregistrement et le mix. Ensuite, on l'a assez entendu, donc on le laisse de côté pendant deux semaines. Il est vrai qu'il y a des passages épiques dans cet album, sur plusieurs chansons, mais surtout dans "Lost Saga", qui est une de mes préférées de l'album, alors que je ne suis pas spécialement fan des chansons longues ["Lost Saga" dure plus de dix minutes]. Mais quand on compose, on ne se donne pas de ligne directrice, on le fait et c'est aux fans d'interpréter notre musique. J'ai trouvé qu'il y avait aussi un mélange entre des chansons power metal du passé et d'autres ayant une vision plus actuelle du genre.

J'ai aussi trouvé qu'il y avait une certaine variété dans les compos et qu'elles avaient leur identité.

C'est probablement dû au fait que nous avons cinq compositeurs dans le groupe : Mattias Kupiainen [guitare], Jens Johansson [clavier], Lauri Porra [basse] et j'ai composé trois chansons avec Jani Liimatainen [ex-guitariste de Sonata Arctica] : "Shine in the Dark", "In my Line of Work" et "Few are Those". Cette dernière n'aurait pas dû se retrouver sur l'album, au début quand j'ai présenté les premières idées, Mattias ne les trouvait pas assez abouties. Mais quand le moment est venu d'enregistrer la batterie j'ai demandé à Rolf [Pilve] d'utiliser certains patterns et, ensuite, on a continué la compo avec Jani. On a renvoyé la compo à Mattias et, après avoir changé le refrain, on a décidé de la garder. 

Du coup, Rolf est le seul à ne pas composer dans le groupe.

Non, il ne compose pas, mais il participe aux arrangements. C'est un peu le même rôle qu'il avait dans Nemesis. Il est resté en studio trois semaines avec Mattias pour écrire la base rythmique des chansons et a bien participé à la pré-production. Son travail est en fait très proche de celui de compositeurs, même s'il n'y a pas de travail sur les thèmes et les mélodies.

Cette fois-ci, la répartition est plus équitable entre les membres pour la composition, qu'en penses-tu ?

Pour moi, peu importe qui écrit quoi, tant qu'on garde les meilleures chansons à la fin sur l'album. Maintenant, on est plusieurs à la composition sur Stratovarius, ce qui donne ce sentiment de variété dont tu parlais. Il y a 15 ans, il n'y avait qu'un seul compositeur.

Concernant les chansons que tu as composées avec Jani, étaient-elles destinées à Cain's Offering ?

Deux des chansons ont été composées il y a un an. Nous n'avions pas tout de suite prévu où les ranger, puis nous nous sommes dits qu'elles correspondraient bien à Stratovarius. Il se trouve que je n'ai écrit qu'une seule chanson pour le dernier album de Cain's Offering, et c'est une chanson qui est inspirée d'une mélodie que j'avais en tête depuis sept ou huit ans. Jusque là, je n'avais jamais réussi à en faire une chanson. Maintenant, elle m'est sortie de la tête.

Ca t'arrive souvent d'avoir des idées coincées en tête comme ça ?

Il m'arrive régulièrement d'avoir une mélodie ou une punchline qui traine. J'essaie d'en faire une démo où je la compile avec d'autres idées. Mais tu ne sais jamais quand ce sera jamais assez mûre, il faut que le moment te vienne de lui-même.

Stratovarius

Jens a dit que vous avez pris une pause avant d'enregistrer Eternal. Penses-tu que cela vous a été bénéfique ?

A l'origine, nous devions enregistrer l'album un an plus tôt. Mais nous avions été plusieurs à penser qu'il nous fallait du temps pour nous. De plus, il y a un an, nous avions que quelques chansons, dont deux qui ont fini sur l'album. Parfois, ça prend plus de temps, surtout quand on compare à notre rythme à la fin des années 90, où nous sortions un album en moins de deux ans. Je pense que ça dépend de l'état des groupes, en ce moment il nous faut deux ans et demi entre deux albums, ça va encore. Nous ne sommes pas aussi gros que Metallica, il faut qu'on bosse plus régulièrement en studio, si on sortait un album tous les quatre ou cinq ans, ce serait compliqué de revenir.

Vous avez récemment joué l'album Visions en entier au cours d'une tournée en Finlande. Comment cela s'est-il passé ?

En fait, j'étais surpris qu'autant de monde vienne assister à l'événement ! C'était la première fois qu'on faisait une telle tournée. A la sortie d'Elements pt.1, nous avions essayé de le jouer en entier sur les trois premières dates de la tournée, mais nous nous sommes rendus compte que cela n'était pas une si bonne idée. En fait, nous avions décidé de jouer Visions en entier parce que nous avions envie de jouer en Finlande, nous y jouons pas assez, mais nous n'avions pas de nouvel album de prêt. J'ai donc soumis l'idée à notre booker Nous n'avons pas prévu de le jouer sur d'autres dates, maintenant que nous devons tourner pour promouvoir Eternal.

Parlons justement de cette tournée. Prévoyez-vous de jouer beaucoup de titres d'Eternal, comme vous l'aviez fait avec Nemesis ?

Notre label serait très content, en plus, il y a plein de bonnes chansons dans cet album qui fonctionneraient bien sur scène. Mais c'est notre 16e album, donc le choix est difficile étant donné que nous avons un répertoire conséquent. Il faut qu'on joue les vieux classiques. Au moins, cette fois, nous aurons plus de temps de jeu, puisque nous serons la seule tête d'affiche. Je me souviens, à Paris, nous avions dû retirer quelques chansons du rappel à cause du temps de jeu qui nous restait. Nous avons fait voter le public. C'est dommage quand ça arrive, mais je suis content que les fans aient compris ce qu'il se passait.

Du coup, vous êtes parés pour la prochaine tournée ?

Oui, c'est probablement la tournée européenne la plus longue qu'on ait faite, il y a plein de concerts et plein de villes dans lesquelles nous sommes jamais venus, surtout en Allemagne, du coup, nous sommes contents. Et nous avons deux concerts en France ! Nous risquons aussi d'enchaîner avec l'Amérique du Sud, ça nous fait beaucoup de concerts en perspective.

Cela fait plus de 20 ans que tu es dans Stratovarius. Quelle est la chose la plus importante que tu en as retirée ?

Chanter sur scène pour les fans est la chose la plus importante. Quand je vois les fans plein d'énergie et gonflés à bloc quand ils quittent la salle de concert, ça me rappelle pourquoi je fais tout ça. Si je peux rendre quelques personnes heureuses ou leur faire oublier leurs problèmes, je suis satisfait. C'est la chose la plus importante que je retiens dans tout ça. Tu l'apprends aussi quand des fans viennent te voir et te disent que certaines chansons les ont aidé à des moments critiques de leur vie. Quand on te dit ça, tout ce qui se passe à côté est secondaire. Cela te permet de sortir de ta bulle et de voir la vraie réaction des gens de l'extérieur.

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