Jeremy Widerman, guitariste de Monster Truck


« On voulait juste un nom marrant, qui sonnait bien, et qui faisait bien sur une pochette de disque. On n'y a pas réfléchi pendant des heures. »


Après deux excellents EPs et un premier album, Furiosity, les canadiens de Monster Truck s'apprêtent à sortir une nouvelle galette : Sittin’ Heavy. Toujours aussi rentre-dedans et arborant un hard rock aux sonorités 70’s, le quatuor n'a visiblement pas fini de nous régaler. Nous avons rencontré le guitariste Jeremy Widerman, qui nous parle de la conception de ce nouvel album, fidèle aux valeurs du groupe.

Bonjour Jeremy, merci de nous accorder cette interview. Comment vas-tu ?

Jeremy : Fatigué, mais vraiment content de pouvoir faire toutes ces interviews ici à Paris. J’ai hâte qu’on revienne ici l’année prochaine, pour donner un bon concert.

Comment te sens-tu à l'approche de la sortie de ce nouvel album Sittin' Heavy ?

Un peu anxieux, mais aussi très heureux. Nous attendons ça depuis un an, donc être aussi proche de la sortie de l'album, ça a vraiment quelque chose d’excitant. Le single passe déjà à la radio au Canada et pour nous, c'est stimulant. On a vraiment hâte que le public puisse écouter cet album.

Peux-tu nous présenter cet album ?

Ce nouvel album se rapproche de Furiosity et c'est ce que nous recherchions. Mais en même temps, on va plus loin, il y a de nouveaux sons. Evidemment les éléments rock et des riffs hard rock sont toujours présents, c'est ce qui le rapproche de Furiosity. Mais il y a des côtés plus bluesy, avec des morceaux plus profonds. C'est un album plus nuancé, un peu en montagne russe. On a d’un coup une chanson très hard rock, puis on redescend vers quelque chose de plus blues... Puis on remonte. On a rajouté du piano électrique, ce genre de choses, on a essayé de traverser plusieurs genres musicaux.

Certains morceaux sont même plus rentre-dedans que sur Furiosity

Complètement, c'est ce que nous voulions.

Tu peux nous parler de la pochette ?

Bien sûr ! (Il brandit la veste) Voilà ! (rires) C'est une idée de notre chanteur, Jon. On a cherché des idées ensemble afin de faire un patch pour chaque morceau de l'album. D'ailleurs, on en a fait quelques-uns nous-mêmes. C'était assez long, le temps de recevoir tous les patchs, de les mettre sur la veste, de se demander qui allait la porter et finalement prendre la photo. Bref, c'était tout un processus pour faire le visuel de cet album, mais on adore vraiment le rendu final. J'aime l'idée qu'on puisse vendre ça auprès de nos fans, je pense que c'est quelque chose qu'ils aimeront, et surtout qu'ils aimeront porter.

jon harvey, 2015, sittin' heavy, monster truck

Donc après le prochain concert, on pourra mettre les patchs sur nos vestes en jeans ?

Je l'espère oui ! Pour l'instant on ne peut se procurer que la veste entière, mais bientôt il sera également possible d'acheter les patchs individuellement.

Comment se déroule le processus d'écriture dans Monster Truck ? Tout le monde participe ?

Oui, par exemple un morceau peut venir d'un ou deux riffs que je vais montrer à Jon puis qu'on va développer ensemble. Ou alors il va arriver avec un bout de refrain, voire une chanson entière ! Généralement, un morceau s'élabore en plusieurs étapes, tout le monde va venir y apporter quelque chose. Notre producteur nous aide également à arranger les morceaux.

Vous écrivez pendant les tournées ?

Oui, mais on peut dire qu'avec cet album, on a tout fait ! On a écrit pendant la tournée, puis une fois rentrés, on a aussi écrit avec notre producteur... On a aussi continué de composer après avoir commencé à enregistrer l'album. Il faut écrire constamment, je pense que c'est la clef. D'ailleurs, on écrit déjà pour le prochain album ! On reste toujours productifs.

Eric Ratz est toujours votre producteur pour cet album ?

Oui, c'est un peu devenu le cinquième membre du groupe. C'est un type génial, c'est vraiment devenu notre ami. Il a beaucoup de bonnes idées, on arrive toujours à s'entendre avec lui. C'est important pour nous de pouvoir travailler avec lui.

Monster Truck est proche de tout ce qui touche au hockey tu peux nous parler de ça ? Je pense notamment au morceau « The Enforcer ».

On est tous fans de hockey et on voulait faire quelque chose qui puisse être utilisé dans les arènas. Certains de nos précédents titres ont été utilisés par des équipes de hockey par exemple. Et on voulait vraiment écrire un morceau qui pourrait retranscrire toute la passion qu'on porte à ce sport. Le morceau « The Enforcer » a déjà été utilisé pour des émissions à la télévision, et on a eu des retours positifs de la part des fans de hockey.

Une chanson préférée sur cet album ?

Evidemment, les morceaux qui viennent de mes idées de riffs sont particuliers pour moi. Je les aime énormément. « She's a Witch » est certainement mon morceau préféré. Mais « For The People », et « New Soul », aussi. Il y a vraiment quelque chose de spécial en chaque morceau, c’est ce qui fait que j'adore les jouer. Même dans un morceau comme « To The Flame ». Je n'ai écrit aucun riff pour ce morceau, j'ai ajouté un bout de solo, tout au plus. C'est un morceau entièrement écrit par Jon, mais je prends beaucoup de plaisir à le jouer.

Concernant le morceau « Don't Tell Me How To Live », est-il adressé à quelqu'un en particulier ?

On m'a expliqué l'histoire, oui. Et puisque Jon n'est pas là, je vais te la raconter. Tous les matins, quand il se lève, il allume un joint et il prend sa guitare acoustique. Au tout début de sa relation avec sa copine, elle descendait le voir et le voyait faire ça chaque jour. Puis elle lui a demandé s'il allait, à un moment, faire quelque chose d'autre de ses journées que fumer des joints et faire de la musique. Et il lui a répondu quelque chose comme « Mais c'est mon job, c'est ce que je fais, j'écris de la musique ! Ne me dit pas comment je dois vivre. » Il bossait au même moment sur ce morceau, il a trouvé que c'était une bonne idée.

Tu utilises beaucoup les réseaux sociaux, tu postes assez régulièrement des vidéos en live sur Facebook, par exemple. Tu peux nous parler de ça ?

C'est vraiment important pour nous d'entretenir le lien avec les fans, je pense que c'est aussi un moyen non-négligeable de les faire participer à notre aventure. Surtout au moment de la sortie d'un album, ça a quelque chose d’excitant. C'est quelquefois un peu compliqué de faire ces vidéos, c'est quelque chose que je ne peux pas remettre à plus tard. Parfois c'est le manager qui me dit de faire une vidéo, et ça arrive que je ne sois pas vraiment dans l'ambiance. Si je viens de me disputer avec ma copine par exemple. Il me pousse à les faire, il me motive à fond, même si je lui dis que ce ne sera pas possible aujourd'hui, que je ne peux juste pas le faire. Au final, je reprends toujours mes esprits en me disant que c'est important, qu'il faut le faire et que ça fait vraiment partie de notre job. Encore une fois, surtout avec un nouvel album à venir. On veut que les gens soient au courant tout de suite de ce qu'il se passe pour le groupe, qu’il s’agisse d’un nouveau single, d’un nouveau clip, du merch, d’une nouvelle date, ou de billets mis en vente pour la prochaine tournée... C'est important de pouvoir faire circuler toutes ces informations en 2015, surtout avec cette nouvelle version de Facebook qui nous permet tout ça.

Monster Truck a tourné avec beaucoup de groupes, et notamment de grands noms comme Alice In Chains, Slash... Est-ce qu'ils vous influencent ou vous ont influencé dans la manière d'écrire ce nouvel album ?

Oui, tout-à-fait ! Partir en tournée avec des groupes comme Alice In Chains ou Slash, c'est toujours quelque chose d’important pour nous. Ils jouent depuis longtemps et ils sont très bons. Ils ont de l'expérience, leur vision des choses… Côté musique ou business, ce sont de vrais professionnels. On essaye des s'en imprégner au maximum quand on est avec eux, en adaptant tout ça à notre façon, à la façon Monster Truck. Mais c'est toujours très inspirant et ils ont toujours quelque chose à nous apprendre.

Il y a encore un groupe en particulier avec lequel tu aimerais tourner ?

Oui, avec Rival Sons. D'ailleurs c'est un groupe avec lequel on a déjà tourné, mais j'adorerais que ça se reproduise. Ils sont juste... vraiment énormes. Je pense qu’on se complète bien. On se ressemble tout en étant complètement différents. Durant un concert, ils offrent quelque chose de spécial, et nous aussi. Et je trouve que ça va très bien ensemble. Il n'y a aucune rivalité avec ce groupe, on n'essaye pas d'être meilleur qu'eux, on est juste différents. Bref, ce serait sympa de refaire une tournée avec eux.

On peut se procurer vos deux premiers EPs gratuitement sur votre site. Pourquoi ce choix ?

On ne peut pas se faire beaucoup d'argent en vendant des disques. Ce qu'on peut vendre, ce sont les concerts. On ne vend pas de disques en Amérique du Sud, ou en Russie. Il y a toujours des endroits où tes disques ne seront pas vendus. Donc je pense que c'est important de donner accès à notre musique et ça nous permet d'être présents un peu partout sans forcément y tourner. De toute façon, beaucoup de gens téléchargent... Après c'est un choix personnel. C'est notre choix, mais je respecte aussi les groupes qui veulent vendre leurs disques et gagner de l'argent après avoir durement travaillé. C'est tout à fait compréhensible et ça se défend. Nous, on veut juste gagner en visibilité, que tout le monde puisse avoir accès à notre musique. Si on donne l’occasion aux gens d’avoir accès à notre musique, ils viendront plus facilement nous voir en live.

D'où vient votre slogan « Don't Fuck With The Truck »?

La plupart des choses que nous faisons commencent par une blague... et c'est précisément le cas pour cette phrase. On a trouvé ça marrant, on s'est dit qu'on allait en faire des t-shirts. On l’a fait et tout s'est vendu très rapidement. À partir de ça on s'est dit qu'on allait garder ce slogan et ces t-shirts. Notre public a joué le jeu. C'est un t-shirt marrant, on le gardera, c'est sûr. C'est un truc sympa à crier pour le public lorsque nous sommes sur scène.

Et concernant Sittin’ Heavy, le titre de ce nouvel album ?

C'est un peu la même histoire, il n'y a pas de signification profonde. C'est venu comme ça, un peu comme une blague, « ce serait marrant comme titre d'album ! ». Pareil pour le nom de notre groupe, Monster Truck... On trouvait que ça sonnait bien, et que ça collait bien à notre musique. On est un groupe de rock assez basique, on voulait juste un nom marrant, qui sonnait bien, et qui faisait bien sur une pochette de disque. On n'y a pas réfléchi pendant des heures.

Vous avez déjà prévu une tournée européenne ?

On est en train de programmer ça, oui. On essaye aussi de jouer dans un maximum de festivals pour cet été, donc on se focalise là-dessus en ce moment. On espère que ce sera encore une grosse année pour Monster Truck, avec de gros concerts... L'Europe et la Grande Bretagne sont de grandes priorités pour nous. On aime beaucoup y jouer, mais il faut travailler dur pour venir faire des tournées ici. Quoiqu'il en soit je n'ai pas encore les détails sur ces dates, mais ça devrait arriver.

Parlons de toi. En tant que guitariste, quelles sont tes plus grandes influences ?

Ma plus grosse influence est sans aucun doute Mark Farner de Grand Funk Railroad. Je l'écoutais lorsque j'étais gamin et j'adorais son style, son écriture, ses solos. J'ai également beaucoup été influencé par Angus Young d'AC/DC... Ce n'est même pas une influence, c'est quelque chose d'autre. Je me sens vraiment connecté à lui, j'ai le même genre d'énergie en moi. Je sais que c'est en moi et que ça ne demande qu'à sortir à chaque concert. Quand je le vois courir partout sur scène, je sais ce que ça fait. J'ai aussi beaucoup appris de Tom Morello… toute cette puissance qu'on peut avoir avec une note, ou une corde. Il a un style très direct. Tu peux faire tellement avec un seul riff, ça peut être vraiment puissant.

Quels sont les groupes que tu écoutes en ce moment ?

C'est marrant parce que je n'écoute pas vraiment de rock en ce moment. J'écoute un peu de hip-hop. Il y a aussi cette artiste que j’adore, qui s'appelle Agnès Obel. Je ne sais plus d'où elle vient mais elle est fantastique. C'est une chanteuse solo, avec un piano. C’est une musique très triste, mais habitée. Je trouve ça marrant d'écouter ça avant d'aller se défouler sur scène. Mais j'aime évidemment écouter du rock, comme l'album Great Western Valkyrie des Rival Sons, ou les classiques comme Led Zeppelin ou Grand Funk Railroad.

Un dernier message pour nos lecteurs ?

On aime Paris. La première fois qu'on est venu on savait que c'était un endroit où on avait vraiment envie d'être. On s'y amuse beaucoup, on a hâte d'y jouer à nouveau et de faire quelques festivals dans le coin l’année prochaine.

Merci beaucoup !

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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