Mr. Lordi, chanteur de Lordi

Interview : Tomi Petteri Putansuu / Mr Lordi

Lordi revient avec un huitième album. Il sortira le 16 septembre prochain. Nous avons eu une petite discussion avec Tomi Petteri Putansuu, plus connu sous le nom de Mr Lordi. Cet artiste complet à la fois auteur-compositeur, illustrateur de comics et créateur de costumes et de masques nous révèle quelques secrets sur Monstereophonic, ainsi que sur quelques projets à venir.

Votre huitième album Monstereophic sort le 16 septembre prochain. Cet album est composé de 14 chansons et divisé en deux parties : Theaterror où l’on retrouve un peu les origines de Lordi avec un son hardrock qu’on vous connait bien ; et Demonarchy qui révèle des chansons plus agressives s’approchant plus du thrash metal. Pourquoi avoir choisi de créer ces deux univers différents ?

Il y a plusieurs réponses à cette question. Tout d’abord, d’un point du vue personnel je préfère la partie plus metal, plus morderne, mais on n’a pas vraiment eu l’occasion d’exploiter cette facette de Lordi avant.

Sur cet album, les sept premiers morceaux sont vraiment du Lordi « classique », c’est le genre de musique que notre public attend. Les sept chansons suivantes sont plus modernes, plus metal. J’ai toujours écrit ce genre de morceaux parce que c’est vraiment la musique que j’aime, mais je ne suis pas seul dans le groupe et jusqu’à ce nouvel album, nous avons toujours eu peur de changer l’essence même de Lordi. C’est dur d’apporter quelque chose de nouveau tout en gardant l’identité première du groupe. Ce que je veux dire par là c’est qu’un groupe comme AC/DC ne fera jamais un album disco parce que ce n’est pas ce qu’on attend d’eux, même si au fond ils en auraient vraiment envie [rire].

Mis à part cette petite peur du changement, ce qui nous a empêché de créer des compositions plus metal, c’est de ne pas avoir trouvé de batteur étant capable de jouer ces compositions. Notre batteur Kita était bien plus hardrock que metal. Et même si Kiss et Twisted Sister font partie de nos groupes préférés et plus grandes influences, on a aussi toujours aimé des groupes comme Judas Priest et eu l’envie d’avoir un son plus agressif. On a eu beaucoup d’espoir avec Otus, mais il est malheureusement décédé en 2012. Ce n’est que quand Mana a pris le relais en 2013 qu’on a pu commencer à créer des morceaux bien plus metal.
 


Et puis finalement, on s’est dit que parmi nos fans il y avait des gens et des familles qui nous ont découvert via l’Eurovision qui aiment le Lordi plus classique et d’autres férus de metal qui aiment une musique un peu plus extrême donc pourquoi ne pas faire un album avec ces deux influences ? Même s’il y a une très nette différence entre les sept premiers et les sept derniers morceaux, qu’est-ce que ça peut faire ? Avant, on n’avait pas les couilles de faire ce qui nous bottait le plus, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas.

En plus, cela fait dix ans qu’on nous demande de faire un album un peu plus prog, ou un concept album, c’est fait aujourd’hui. Demonarchy est un concept album avec une histoire, et la musique est bien plus prog que ce que l’on a pu faire avant. Il suffisait de tenter l’expérience.

Quelle est votre partie préférée dans la création d’un album : composer, enregistrer, créer les art-works, les costumes et les masques pour réinventer l’image du groupe, ou être sur scène ?

Pour moi c’est composer et enregistrer. Après ces deux phases l’album est prêt et déjà vieux pour moi. Monter sur scène, c’est jouer de vieilles chansons à répétition. Un simple exemple : j’ai fini d’écrire les chansons de cet album il y a déjà un an ! Être sur scène est vraiment la partie que j’aime le moins car le processus de création est terminé.
 


Je pense que neuf musiciens sur dix vous dirons qu’ils préfèrent jouer sur scène. Mais je ne me considère pas comme un musicien. Je suis un créatif, un « artiste » entre guillemets, même si je n’aime pas trop ce mot. J’aime créer. Monter sur scène et répéter le même show tous les soirs en tournée c’est ennuyeux. Enfin, c’est ennuyeux comparé à tout le processus de création qui est bien plus satisfaisant pour moi. J’ai toujours besoin de créer quelque chose de nouveau. Mon cerveau n’est jamais sur pause. C’est une vraie locomotive. Il foisonne toujours de nouvelles idées.

En parlant de nouvelles idées, est-ce que vous avez d’autres projets en cours mis à part cet album et les tournées avec Lordi ? On sait que vous créez également des comics et que vous avez sorti un film d’horreur, Dark Floors en 2008. Est-ce que d’autres projets de cet ordre sont en cours ?

Eh bien oui. Comme je l’ai dit, Demonarchy est un concept album avec une histoire. Je suis en train de créer le comics qui retrace l’histoire contenu dans cette partie de l’album. Il sera vendu sur le merch’ de la tournée.

On m’a également appelé cette semaine pour me parler d’un projet de film.

Vous avez prévu une grosse tournée Européenne pour octobre et novembre 2016 avec 35 dates, voire d’autres à venir, ainsi qu’une tournée au Canada et aux USA pour février et Mars 2017. C’est une énorme tournée promotionnelle pour votre nouvel album, (surtout pour quelqu’un qui n’aime pas trop le live), mais j’ai vu que vous n’aviez qu’une date en France le 4 novembre au Zénith de Nancy. Pourquoi ?

Il faudrait poser cette question aux tourneurs français ! En fait, je pense que n’importe quel groupe est prêt à jouer n’importe où, mais tout est une question de logistique. On ne peut pas jouer là où on le voudrait. Soit la salle est déjà bookée pour un autre concert, soit on joue ailleurs au moment où la salle est libre. Et puis les tourneurs en France n’avaient pas l’air spécialement intéressés ou rien ne collait au niveau logistique. Ce ne sont que des raisons fortuites. Normalement on aime jouer au moins une date sur Paris, mais ça n’a pas été possible cette fois à notre grand regret.

Quelle serait la chose le plus folle que vous aimeriez faire sur scène ?

Si on avait vraiment les moyens et l’espace pour je crois qu’on ferait un truc d’enfer du style avoir un énorme décor représentant un château ou une montagne. Ou alors une armée de zombies qui attaquerait le public  et ferait faire des slams aux gens ! Il y aurait des effets spéciaux à la David Copperfield ! Voire une bataille de monstres sur scène. Mais bon, tout ça reste du domaine du rêve, surtout quand on voit les contraintes que l’on peut avoir en tournée et les tailles des clubs rock et metal. Lorsqu’on est en tournée, on évolue sur différents types de scènes plus ou moins grandes et il faut faire en sorte que nos décors soient adaptés. Mais cela pose pas mal de problèmes. Par exemples sur nos derniers shows on avait un avion en forme de requin ou un crâne géant qui s’élevaient sur la scène juste derrière le batteur mais la plupart du temps les racks de lumières étaient trop bas et on ne pouvait pas avoir notre décor. Pour donner un ordre d’idée je pense que l’on peut jouer notre show au complet comme on l’avait prévu dans seulement 30% des cas. Pour les 70% restant, on manque toujours de place. C’est assez rageant parce que l’on voudrait pouvoir montrer l’intégralité du show que l’on réserve à chacun de nos fans, sans exception.

Pouvez-vous me donner un seul mot pour définir Lordi ?

Divertissement. Il faut d’abord que ce que je fais me divertisse et que ça divertisse le public. Lordi me divertit dans le sens où j’aime ce que je fais. Je crée la musique que je veux entendre et j’ai envie que les gens prennent autant de plaisir à l’écouter que j’en ai à la composer. J’ai envie de divertir les gens que ce soit pendant 2h de show ou sur les 3 minutes d’un morceau.
 


Pour moi le divertissement est de l’art. On peut dire qu’une création a du succès lorsqu’elle divertit. Nous ne sommes pas tous divertis par les mêmes choses. Par exemple, regarder un tableau est divertissant mais nous ne sommes pas tous touchés par les mêmes peintures. Idem pour la musique, je ne supporte pas le rap. Je ne trouve pas que cette musique soit divertissante, mais elle l’est pour plein de monde et c’est pareil pour Lordi. Le fait de divertir notre public est une grande satisfaction. Mais je me divertis d’abord, en composant la musique, en créer les costumes et les masques et ensuite seulement je divertis mon public.

Question plus personnelle, et qui va peut-être paraître incongrue… Est-ce que vous pensez que Lordi a inspiré Hevisaurus ?

Pour ceux qui ne connaissent pas Hevisaurus, c’est un groupe de metal finlandais pour les enfants. Le groupe compose des chansons pour enfants en version metal et joue costumé en dinosaures ! Ça vaut vraiment le détour ! Je vous laisse découvrir un morceau ici:
 


[Eclat de rire] Eh bien, cette question est loin d’être bête ! En fait, je ne crois pas, JE SAIS que Lordi a été la principale source d’inspiration pour Hevisaurus. Je connais très bien le père de ces dinosaures. Pour tout avouer, lorsqu’on a enregistré Deadache en 2008, les musiciens de Hevisaurus enregistraient dans le même studio. Le concept du groupe était seulement en train de germer dans leur tête. On en a beaucoup discuté. En fait, ils ont étaient marqué par le succès que Lordi pouvait avoir auprès des enfants après l’Eurovision, et ils ont eu envie de créer un groupe de heavy metal pour les enfants car Lordi n’est définitivement pas un groupe pour les petits. Ça leur posait problème à eux comme à nous que des enfants puissent aimer Lordi et que les parents les laissent écouter notre groupe alors qu’on ne parle que de cul et de choses bien crades dans nos chansons. Les gens ne comprennent peut-être pas, mais ce n’est pas une raison. Lordi n’est pas un groupe destiné aux enfants, mais les enfants ont le droit d’aimer le metal et l’idée de créer un groupe de metal leur étant dédié avec des paroles en finnois qu’ils peuvent comprendre était vraiment une super idée !

Et je vais vous confier deux secrets qui montrent le lien très fort que nos deux groupes ont tissé. Le premier, c’est que quand Otus est mort, le batteur de Hevisaurus a failli venir jouer avec nous et le deuxième, c’est que j’ai créé les masques que portent les musiciens.

Dernière question. Avez-vous quelque chose à dire à vos fans en France ?

Oui, je voudrais leur dire merci. Nous avons vraiment de très grands fans en France qui nous suivent depuis 2004, date à laquelle nous avons fait notre premier concert en France.

Quand on a dit à notre entourage qu’on allait jouer en France pour la première fois, la plupart des gens nous ont dit que les Français n’aimaient pas trop les groupes finlandais. Mais vous nous avez prouvé le contraire alors un grand merci et on espère que Lordi continuera à divertir les Français pendant encore un bon bout de temps.

 

Interview : Eloïse Morisse

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