Entretien avec Frost de Satyricon au Fall of Summer

Frost arrive de sa démarche sûre, n’a de regard pour personne et marche au travers de la nuit et des tentes de l’espace VIP du Fall of Summer. Ce soir Satyricon va jouer en entier l’album qui a peut-être changé sa carrière à jamais…

Lionel / Born 666 : Ce soir vous allez jouer Nemesis Divina. Votre troisième album que vous rééditez 20 ans après sa sortie en 1996. Avez-vous des souvenirs concernant la sortie de cet album à l’époque ?

Frost : Je ne peux que m’en rappeler car c’était un moment très particulier dans l’histoire de Satyricon pour plusieurs raisons. Tout d’abord, après avoir créé nos deux premiers albums, nous avons commencé à introduire de nouvelles choses : de nouveaux instruments, des voix parlées plus progressives. Satyr est devenu à cette époque bien meilleur compositeur qu’à nos tout débuts. Il a apporté de nouvelles lignes de guitare plus élaborées. A chaque fois que j’allais répéter avec lui, je savais que j’allais être ébahi par ses nouvelles trouvailles, que je ne serais jamais insatisfait.

Et puis on a gagné en d’assurance. On s’est senti plus libre. On a eu la sensation que l’on pouvait aller bien plus loin. C’est un sentiment incroyable quand on est jeune musicien de se rendre compte qu’on a su s’améliorer, gagner en compétence. On a commencé à sentir ces progrès en 1995 lorsqu’on a commencé à travailler sur Nemesis Divina. C’est vraiment quelque chose qui nous a ouvert plein de portes.

Satyricon


Lionel : Oui, beaucoup diront qu’il y avait « un avant » et « un après » Nemesis Divina. Cet album est spécial. Il a donné un tournant plus atmosphérique à votre musique. C’est du black metal, certes, mais pas comme on pouvait l’entendre avant. Il y a beaucoup de choses qui vous démarquent dans cet album. Êtes-vous d’accord avec cela ?

Frost : Beaucoup de choses peuvent être dites à ce sujet, mais tous ces changements, c’est un peu tout ce que représente Nemesis Divina. Je vous ai parlé des progrès que nous avions faits, mais il y a encore autre chose. Un autre membre s’est intégré au groupe. Nocturno Culto (Darkthrone) a rejoint le groupe à cette période.

Lionel : Sera-t-il sur scène ?

Frost : On aurait vraiment adoré qu’il soit là mais nos plannings respectifs ont fait que c’est impossible. C’est vraiment dommage. Mais à l’époque il partageait vraiment le même esprit que nous. Il avait déménagé dans un endroit lointain bien au Nord et on a découvert qu’il était devenu un grand fan de Satyricon. Et quand on a pris contact, on a découvert qu’il avait vraiment très envie de rejoindre le groupe. C’était vraiment fantastique. C’est un très bon musicien et nous avions déjà un grand respect pour lui. On avait la possibilité de répéter avec plein d’autres guitaristes mais c’est lui qui nous a le plus apporté. Il a très vite trouvé sa place dans le groupe. Avoir un guitariste en plus a apporté une dynamique différente, et je pense que cela a apporté beaucoup de chose à notre musique et à l’esprit de Nemesis Divina. Son arrivée dans le groupe est sûrement l’une des raisons pour laquelle on a pu aller bien plus loin avec ce troisième album à l’époque. Cela a apporté plus de complexité à nos compositions, plus de vitesse, mais aussi des améliorations qui nous promettaient un bel avenir.

Satyricon


Lionel : Est-il difficile pour un musicien de retourner dans le passé ?

Frost : Cette période est très particulière pour nous. Tant de choses se sont passées. C’est le moment où nous avons trouvé l’esprit du groupe. Je me rappelle avoir vu Nocturno Culto il y a un ou deux ans. En reparlant de cette période, il m’a dit qu’il se remémorait ces moments avec beaucoup de tendresse. La création de Nemesis Divina est un moment qui nous a tous marqués dans notre carrière musicale. Il avait l’impression que ce que nous faisions ensemble avait du sens. Avec cet album Satyricon a su montrer sa force.

Lionel : Est-ce que votre façon de jouer de la batterie a changé entre cet album et aujourd’hui ?

Frost : J’ai toujours cherché à améliorer et développer mes compétences. C’est un peu l’esprit de Satyricon. C’est aussi ce que je recherche en tant que musicien. Satyricon a toujours eu la volonté de s’étendre, d’évoluer. On apprend toujours de nouvelles choses. Si nous étions arrivés à un tournant de notre carrière où tous nos albums se ressemblaient, cela aurait été la fin de Satyricon. Ce groupe existe du moment qu’il y a de nouveaux endroits où aller, des choses à apprendre, à améliorer. Certains groupes tournent en rond car ils font les choses qu’ils savent faire et ne cherchent pas à aller plus loin. Ce n’est pas le cas de Satyricon, donc ma façon de jouer de la batterie continuera d’évoluer tant que je jouerai avec Satyricon.

Lionel : Pareil avec 1349 ?

Frost : 1349 est un autre projet, totalement différent.

Lionel : Pour vous, c’est quoi le plus compliqué : jouer avec Satyricon ou 1349 ?

Frost : Je me donne à 100% dans les deux groupes. Je donne le meilleur de moi-même. Je n’en garde pas sous le pied. Mais je pense que 1349 m’en demande plus physiquement parlant, alors que Satyricon en demande plus au côté mental.

Lionel : J’ai lu que vous étudiez les mathématiques. Est-ce que le fait d’être mathématicien influence votre façon de jouer ?

Frost : Oui j’ai étudié les mathématiques à l’université, et j’ai aussi suivi des cours d’ingénierie mais c’était il y a longtemps. Je pense avoir un esprit analytique, mais jouer de la batterie est tout pour moi. Je ne pense pas du tout jouer de façon mathématique.

Lionel : Est-ce que vous comptez rééditer Rebel Extravaganza dans trois ans ?

Frost : Non ! Notre intention n’est pas de faire que des albums rétrospectifs. Nous avons décidé de faire un pack anniversaire avec la réédition de Nemesis Divina car cet album signifie beaucoup de choses pour Satyr et moi. C’est un symbole fort de l’esprit de Satyricon. Pour nous, rééditer cet album, c’était célébrer un anniversaire qui a du sens pour nous. Et puis, c’était le moment de le faire pour nous. On ne sait pas si l’on sera encore là dans dix ans. Et c’était vraiment une chose essentielle à faire pour nous et à offrir à nos fans. Mais ce sera probablement le seul album anniversaire.

Frost de Satyricon


Lionel : Avec qui aimeriez-vous jouer sur scène ?

Frost : C’est une question difficile. On a joué avec Cronos (Venom) qui était monté avec nous sur scène en Ecosse. Cela m’a semblait tellement irréel. Avec 1349, j’ai aussi joué avec Tom G. Warrior (Triptykon, ex Celtic Frost) sur scène. On a déjà eu tellement de rencontres incroyables sur scène avec des légendes de la musique. Je ne pourrais pas citer quelqu’un en particulier.

Photographies : © Thomas Orlanth 2016
Toute reproduction interdite sans l'autorisation du photographe.

A nouveau que dire si ce n'est un TRES GRAND MERCI à ELOÏSE MORISSE de notre Grosse radio Préférée pour son aide si précieuse sur la traduction de l’interview…
 

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