Zacky Vengeance (guitare) d’Avenged Sevenfold

Sans conteste la plus grosse surprise de 2016, The Stage le nouvel opus d'Avenged Sevenfold est en plus de cela un véritable chef d'oeuvre. Qui dit surprise et donc sortie en secret de l'album, implique forcément une promotion de ce dernier en retard et c'est donc quasiment deux mois après avoir mis la main sur cet opus que nous pouvons enfin en discuter avec Zacky Vengeance (guitare) qui nous en dit plus sur sa conception, le but que les musiciens s'étaient fixés, l'arrivée de Brooks Wackerman et pleins d'autres choses. Bonne lecture !

Bonjour Zacky et bienvenue sur La Grosse Radio, c'est un immense honneur que de pouvoir parler avec toi. Avenged Sevenfold a pris le monde par surprise avec la sortie de The Stage, comment avez vous réussit à garder tout cela secret au vu de votre notoriété ?

Ce fut dûr, très dûr. Mais nous voulions garder tout secret dès le début de l'écriture et de la composition de The Stage. On pensait que c'était important que nos fans soient les premiers à pouvoir écouter l'album et ne pas languir pendant trois mois sur plusieurs singles, des bouts d'articles dans des magazines ou sur internet qui peuvent mettre une certaine "hype" sur le contenu. A l'heure actuelle tous les groupes, et nous les premiers sur nos sorties précédentes, qui sont sur un label doivent suivre un agenda bien précis qui est souvent le même : annonce de l'album, sortie du premier single et du clip qui va avec puis deux mois plus tard un deuxième titre, voir un troisième et enfin l'album. Il peut se passer quasiment six mois souvent et nous ne voulions pas de cela. Je pense que travailler avec un nouveau label (ndlr, Capitol Records) nous a permit cela.

The Stage fait suite à Hail To The King sortit en 2013 et c'est un changement massif en terme de son comme nous en avons l'habitude avec vous. Comment faîtes-vous pour vous réinventer après chaque cycle d'album ? Est-ce parce que vos goûts évoluent ?

Non pas vraiment, nous voulons juste faire des albums très différents à chaque fois parce que chaque album est une étape, un moment de notre vie qui n'est pas reproduisible en l'étant trois ans plus tard. Et puis si on ressortait sensiblement le même album deux fois de suite, on s'ennuirait pendant la composition, l'enregistrement, ça serait l'enfer pour nous comme pour les fans. Il y a tellement de nouveaux groupes, de nouveaux artistes chaque jour que de ressortir encore et encore la même chose serait un désastre. Surtout dans le monde du metal où le public est passionné et en même temps très critique.
 


Peu de groupes de votre notoriété prennent autant de risque que vous, quel est la recette magique d'Avenged Sevenfold pour arriver à offrir un nouveau son, une nouvelle approche à chaque album ?

Quand un cycle complet d'album est terminé, c'est à dire écriture, enregistrement, sortie puis tournée, chacun rentre chez soi et passe du temps avec sa famille. Puis on se regroupe, on passe du temps à écouter de la musique ensemble en allant piocher dans tous les styles et souvent on trouve des influences à ces moments-là et qui sont donc fluctuant en fonction de ce qu'on écoute. Avant de commencer à écrire on met en place un plan de ce que l'on veut accomplir, ce peut-être par rapport au thème des textes, à la longueur des morceaux, à l'utilisation de tel ou tel instrument, etc. Dès que l'on a réfléchit ensemble à cela, alors seulement commence la création de l'album.

Si on prend Hail To The King, nous n'avons pas du tout utilisé cette formule. Dès le départ nous voulions sortir un album en hommage à tous ces groupes de metal qui nous ont forgés tout en faisant une musique beaucoup moins folle et beaucoup moins "Avenged Sevenfold" en quelque sorte. C'était un challenge de devoir écrire des morceaux plus courts, plus "straight to the point" que ce qu'on avait fait juste avant avec Nightmare.

The Stage est un album très difficile à appréhender au contraire de Hail To The King ou même n'importe lequel de vos précédents opus. Pour être honnête avec toi j'ai détesté l'album lors de mes trois premières écoutes et c'est maintenant à mon sens votre meilleur album mais en plus un des plus importants de cette décennie. Il était important pour vous d'apporter de la confusion chez les fans après Hail To The King ?

Merci de ton honnêteté, j’apprécie ce que tu dis parce que c’est ce que nous avions à l’esprit à l’écriture de l’album, faire de cet opus un virage à 180% par rapport à Hail To The King. Il se passe beaucoup de choses dans l’album, il y a beaucoup de couches de musique et il est donc difficile de rentrer dedans. Aujourd’hui beaucoup d’albums qui sortent sont facile d’accès, on tape du pied dès le début, on reconnaît vite les paroles mais au final la lassitude apparaît et au bout de quelques temps on passe à autre chose. Quand tu dis que tu n’as pas aimé l’album au début en tant que fan, je te laisse imaginer ce que moi j’ai pu ressentir quand on composait. J’étais parfois très perplexe face à ce qui ressortait de nos séances d’écriture, c’était complexe, très créatif certes mais compliqué à retranscrire. Si même moi je suis un peu perdu, qu’est-ce que ce sera pour l’auditeur. Surtout quand tu sais à quel point il y a des centaines de nouveaux albums chaque semaine qui sortent, est-ce que les gens vont vraiment prendre le temps d’aller au-delà de cette première écoute ? Et puis au fur et à mesure que l’écriture avançait, j’ai pris la mesure du potentiel de cet album et je suis fier de ce que l’on a réalisé.

Lors de l’écriture de l’album, on a beaucoup étudié la discographie de Pink Floyd en tentant de se remettre dans l’état d’esprit que nous avions lors de la découverte du groupe et des albums. C’est une musique complexe et en même temps plus tu l’écoutes et plus tu découvres des éléments incroyables qui en font un groupe à part entière dans l’histoire.

Dans une des dernières vidéos mises en ligne sur YouTube, M. Shadows expliquait à quel point le titre The Stage était important en tant que premier single grâce à ces éléments que l’on connaît de votre musique ainsi que ces éléments nouveaux. Qu’est-ce que vous nous réservez comme deuxième single ?

Effectivement, The Stage a des éléments très habituels d’Avenged Sevenfold dans sa conception parce que nous ne voulions pas non plus désœuvré complètement le public. On a déjà pris énormément de risque en faisant un album long, très différent, qui sort à la surprise général alors nous avons dû quand même ne pas faire peur à nos fans. Sortir en single un titre de plus de huit minutes est déjà une prise de risque que peu de groupes tentent et effectivement avec ce mélange entre éléments connus et éléments nouveaux, c’est la meilleure porte d’entrée possible sur l’album complet en lui-même.

Pour le prochain single et prochain clip tiré de l’album, nous voulons prendre le contrepied de "The Stage" qui est un titre très long en mettant en avant "God Damn" qui est le titre le plus court de l’album. C’est un titre puissant, rapide et qui contient un refrain qui reste en tête. En plus de cela nous avons pas mal d’idées déjà sur la teneur du clip.
 


On se prend à penser à City of Evil dans beaucoup de morceaux de The Stage notamment à cause du côté très bordélique auquel cet opus nous avait habitué. Est-ce que vous mettez quand même des limites dans votre écriture ?

Généralement nous ne nous mettons aucune limite et je pense que ça ressent sur tous nos albums. La seule fois où nous avons décidés de nous en mettre fut pour Hail To The King puisque comme je disais auparavant c’est un album hommage, un album d’Avenged Sevenfold très à part dans notre discographie. Ce fut un véritable challenge d’ailleurs que de se limiter créativement par rapport à notre manière habituelle d’écrire.

Pour The Stage et City of Evil, nous ne nous sommes mis aucune barrière dans notre créativité et notre écriture. Je pense aussi que notre arrivée chez Capitol Records nous a permis cela puisqu’on a choisi ce label dans cette optique par rapport à d’autres offres que nous avions. Donc c’est plus simple pour nous de faire ce que nous connaissons, c’est-a-dire des choses folles et barrées, c’est ce qui fait notre succès.

En quoi l'arrivée de Brooks Wackerman au poste de batteur à permis à Avenged Sevenfold d'évoluer musicalement et humainement ?

Brooks est un batteur incroyable, tellement talentueux. Dans notre groupe, chaque instrument a une importance capitale et encore plus pour la batterie qui est l’épine dorsale de notre musique. Très souvent dans la musique actuelle, on se retrouve avec des plans bateaux, entendus des centaines de fois avec les mêmes blast-beat, one-two beat sur des hard rock, etc. A l’image de The Rev qui était capable de sortir des plans alambiqués alors qu’on était sur le refrain du morceau, Brooks est aussi dans ce moule des batteurs capable de vraiment tout faire. D’autant plus que comme quand nous avons eu Mike Portnoy avec nous sur Nightmare, Brooks était un modèle pour The Rev donc pour nous ça revêtait une importance capitale.

Je pense aussi que l’expérience de Brooks est un élément qui a été important dans notre choix. Il a joué pour Bad Religion, Suicidal Tendencies, il a enregistré les parties de batterie sur des albums de punk que j’écoutais au lycée. Il a un vécu dans l’industrie musicale mais aussi dans des styles différents qui apportent une maturité au son Avenged Sevenfold. Avec Arin (ndlr : Ilejay, ancien batteur du groupe), c’était la chose qui lui manquait le plus, cette maturité pour écrire des parties qui sont uniques et qui sautent tout de suite à l’oreille des gens avertis.

Est-ce que tu penses que vos différents de goûts musicaux est une des recettes de votre succès ?

Je pense que c’est la chose la plus importante pour n’importe quel groupe ou artiste. Il faut aller chercher l’inspiration dans toutes les formes de musique et de culture qui existe sous peine de ne plus avoir d’inspiration en tant que tel mais aussi de ressortir encore et encore les mêmes morceaux. Je ne m’imagine pas être dans un groupe avec quatre mecs qui écoutent du punk-rock comme moi, c’est impensable et ça serait surtout ennuyant au possible. 
 


Parlons maintenant un peu de toi, si tu devais choisir deux groupes avec qui partir en tournée ?

J’adorerai partir en tournée avec Gojira parce que c’est un des groupes le plus incroyable de notre génération, Magma étant une véritable pépite. En deuxième je voudrai avoir avec nous Mastodon tout simplement parce que je me suis remis dans leur discographie récemment et que je me suis souvenu pourquoi je les aimais tant.

Si vous écriviez un jour un concept-album sur un livre, un film ou une série ?

Il y a un livre que j’ai lu quand j’étais au lycée et que j’ai relu récemment qui s’appelle The Rise and Fall of the 3rd Reich. C’est un livre assez imposant (ndlr : 1250 pages !) qui raconte la montée du nazisme en Allemagne du putsch de Hitler à son emprisonnement, à son arrivée au pouvoir et la Seconde Guerre Mondiale. Même si c’était il y a soixante-dix ans, écrire un album sur ce livre à notre époque ne serait pas une mauvaise chose pour faire comprendre aux gens que tout peut très vite rebasculer, nous ne sommes pas à l’abri d’un évènement pareil.

Si tu pouvais jouer de la guitare dans un autre groupe ?

Si je devais en choisir un seul, ce serait forcément Metallica !

Si tu étais malade, qui aimerais-tu voir jouer à ta place dans Avenged Sevenfold ?

Mon rêve serait de voir Tony Iommi de Black Sabbath jouer mes parties de guitare, où est-ce que l’on signe pour que cela arrive ? (rires)

Quel est le dernier album que tu aies achetés ?

Absolument pas un album metal puisque c’était AM de Arctic Monkeys.

Quel livre lis-tu actuellement ?

En ce moment le bouquin s’intitule Welcome to the Universe: An Astrophysical Tour qui comme tu peux le voir sur l’album nous a beaucoup inspiré.

Quels sont les derniers groupes que tu as découvert et que tu apprécies en ce moment ?

J’ai toujours apprécié Thrice par exemple mais leur dernier album m’a mis en extase, c’est celui de 2016 que j’ai le plus écouté. Je me suis mis aussi à un groupe assez éloigné de ce que j’écoute habituellement : twenty one pilots. Ah et j’allais oublier l’album d’un groupe avec qui nous avons déjà pas mal tournée ces dernières années, Avatar avec Feathers & Flesh. Je conseille à tout le monde de monter dans le train de la hype car il sera trop tard quand ils seront tête d’affiche de festivals.

C'est tout pour nous Zacky, merci de nous avoir accordé de ton temps ! On se voit au printemps à Paris et à Lille.

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