Entretien avec Betraying The Martyrs


Deux semaines avant la sortie de The Resilient, c'est dans les locaux de Warner Music France que nous nous dirigeons afin de passer du temps avec Betraying The Martyrs. Suite au désistement d'un confrère rédacteur, c'est avec le groupe au complet (soit six membres) que nous allons discuter de ce nouvel opus, de sa genèse, des thèmes abordés et des plans prévus en 2017 pour le troisième plus gros groupe français de la scène !

Deux ans et demi après la sortie de Phantom, vous êtes de retour avec votre troisième opus qui s'intitule "The Resilient". Est-ce que vous pouvez nous détailler la genèse de cet album ?

Victor Guillet (claviers/chant clair) : Notre idée dès le départ était d'écrire des morceaux qui soient plus digeste et plus concis pour l'auditeur, c'est un point sur lequel on s'est beaucoup concentré lors de nos sessions d'écritures et de compositions. C'est aussi la première fois que l'on part à l'étranger pour enregistrer un album, on a passé un mois loin de chez nous à Londres pour la batterie puis à Reading à travailler avec Justin Hill (Polar, Heart of a Coward, Bury Tomorrow, etc) donc c'est vraiment une nouvelle étape. Et puis quand on est rentré, c'est Lucas (guitare) qui s'est occupé du mixage.

Lucas D'Angelo (guitare) : On a voulu avoir une approche différente en matière de son par rapport à Phantom pour lequel on avait eu tendance à empiler des couches et des couches entre du blast beat, des riffs ultra rapides et beaucoup de synthé par exemple. Là, on a beaucoup plus travaillé les morceaux pour les rendre plus simple à comprendre et à appréhender en quelque sorte. Quand on avait un riff ultra fort et bien on l'a mis au centre de tout au lieu de forcément l'entourer d'une nappe de clavier par exemple. Même chose pour les voix où les lignes de chant d'Aaron devaient être mise plus en avant à certains moments pour avoir une meilleure harmonie. Quand au mixage, on a tellement travaillé en pré-production que dans l'enregistrement, cela m'a facilité la tâche.

Boris Le Gal (batterie) : Et l'album a été masterisé par Ermin Hamidovic qui a notamment bossé récemment avec Devin Townsend, Periphery ou Animals As Leaders.
 


Boris, parles-nous un peu de ton arrivée dans le groupe justement ? Pour restituer, tu remplaces Mark Mironov pour qui les soucis de visas était devenu trop compliqué à gérer.

Boris : La transition s'est faîte assez facilement parce que j'avais déjà joué avec les gars en 2013 sur une tournée en Europe de l'Est. Je connaissais déjà les morceaux et ils m'avaient fait écouter les pré-productions de l'album. Pour t'expliquer un peu comment ça s'est passé plus en détails, j'ai reçu un coup de fil d'un des gars me demandant de venir avec eux pour cette tournée parce que Mark n'avait pas pu avoir son visa, je revenais tout juste d'une tournée avec Periphery. On a répété ensemble à Paris pendant deux-trois jours d'affilé puis le lendemain on répète quatre heures jusqu'à vingt heures puis à vingt et une heures, on était en partance pour Budapest où on jouait le lendemain.

Comment vous composez dans Betraying The Martyrs ? Est-ce qu'il y a un membre plus actif que les autres ? Est-ce que le schéma se répète ou alors c'est fluctuant selon les titres ?

Victor : On est plutôt de l'école qui se réunit en séance de composition, chacun amène ses idées et on commence à construire autour de cela sachant que ça peut-être un riff, une ligne de chant ou trois notes de clavier.

Baptiste Vigier (guitare) : Tout le monde compose dans Betraying The Martyrs à l'inverse de beaucoup de groupes qui fonctionnent soit en solo ou alors en binôme. C'est ce qui nous différencie du reste je pense.

Lucas : Chaque personne autour de cette table a participé à la composition d'au minimum un titre.

Victor : Même Aaron est présent en séance de composition, il nous chantonne des riffs qui lui passent par la tête par exemple. (rire général)

Au fur et à mesure des interviews que j'ai pu réaliser, j'ai entendu pas mal de groupes me dire que des morceaux naissaient lors de séances de répètes ou alors en tournée, est-ce que cela vous arrive ?

Baptiste : On jammait à l'époque de notre premier EP (ndlr, The Hurt the Divine the Light) mais plus maintenant.

Valentin Hauser (basse) : Phantom a par exemple été enregistré quasiment en tournée.

Baptiste : C'est vraiment pas simple surtout quand tu n'es pas un immense groupe et que tu vis dans un van. Donc quand tu es au beau milieu de la campagne aux USA et que tu dois sortir ton ordinateur et câler ta guitare sur les genoux, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Après on est obligé de fonctionner quand même comme cela parce que l'on passe le plus clair de notre temps en tournée.

Lucas : Comme disait Valentin, Phantom a été quasiment complètement enregistré en tournée et au final on a compris que ce n'était pas une manière de faire qui collait à notre envie. On a eu plusieurs mois off entre des dates et des tournées entre 2015 et 2016 qui nous ont permis de composer à la maison, chacun dans son environnement et je pense que cela se ressent dans The Resilient.
 


On dit souvent que le troisième album est le plus stressant, est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation ?

Boris : Je ne sais pas si c'est le plus stressant mais c'est en tout cas un album hyper déterminant pour la carrière du groupe. C'est l'opus qui doit nous faire franchir un palier et atteindre le niveau supérieur.

Lucas : A mon sens ce n'est pas le plus stressant parce qu'on est confiant, plus confiant qu'à la sortie de Phantom qui avait été écrit un peu dans le rush, là on a pu prendre le temps qu'il nous fallait.

A l'écoute de l'album ce qui ressort de manière forte c'est l'évolution proposée par les parties de clavier qui sont mises en avant quand il faut et apporte une véritable ambiance et un cachet supérieur à The Resilient. Quelles sont tes influences Victor ? 

Victor : Au clavier mes influences ne sont pas très metal pour le coup. Je m'inspire énormément de musique classique notamment de Vivaldi dans la manière de composer des parties de violon. J'ai aussi été pas mal influencé par cette nouvelle vague de groupe notamment chez Rise Records avec The Devil Wears Prada qui ont remis du clavier dans une musique hyper violente. 

On y retrouve, à mon sens, un petit côté Make Them Suffer dans l'utilisation parfois parcimoniques du clavier pour en faire un élément planant.

Baptiste : Les parties planantes comme tu dis justement étaient présentes sur Phantom mais elles étaient noyées tellement il y avait d'éléments à assimiler et à prendre en compte.

Victor : Ce qu'on a décidé de faire pour The Resilient, c'est de regarder au fur et à mesure de la construction des morceaux et de se dire "okay alors à ce moment-là, il y a de la place donc on va la laisser aux claviers, en faire le moment d'expression". Pareil quand il y a une partie de guitare hyper chiadée, je ne vais pas aller prendre de la place de manière inutile et contre productive.

Le deathcore n'est pas le style le plus simple à sonoriser en live que ce soit en festival ou en salle, est-ce que vous avez votre ingé son attitré ?

Baptiste : C'est de la musique extrême effectivement et nous on y ajoute du clavier donc c'est parfois compliqué à gérer.

Lucas : On a notre ingé son attitré depuis deux ans qui s'appelle Camille Bechet et qui fait un travail incroyable, un travail reconnu à l'international puisque depuis qu'il est avec nous, il a pu aller faire des tournées avec des grands groupes. Cet été il a fait trois mois aux USA pour le Vans Warped Tour avec The Word Alive et I See Stars.
 


On a parlé des guitares et du clavier, j'aimerais maintenant que l'on parle du chant que ce soit les parties criées de Aaron ou les parties claires de Victor. Concernant le chant clair, il y a une véritable évolution par rapport à Breathe In Life et Phantom avec une modulation selon les morceaux. Qu'est-ce qui t'a motivé à changer un peu ta manière d'appréhender le chant pour The Resilient ?

Victor : Je pense que j'ai voulu réadapter ma voix à la violence de la musique et à ce que nous faisons sur cet album. Au tout début du groupe, on était très dans cette dualité des couplets avec un chant très typé deathcore et des refrains portés par une voix angélique et assez haut perché. En grandissant et en prenant de la maturité par la musique, on a voulu atténuer un peu ce contraste et proposer quelque chose de plus cohérent au final. Sur The Resilient, j'ai essayé différentes choses qui font que le public ne sera pas complètement désorienté par ma manière de chanter comme on peut le voir sur "The Great Desillusion" tout en proposant des sonorités moins pop sur d'autres t

Et concernant les textes, est-ce que vous vous partagez la tâche ou c'est toi Aaron qui t'en occupe ?

Victor : C'est Aaron qui s'occupe des textes dans quatre-vingt dix pourcents des cas.

Aaron : On travaille de la manière suivante en fait, si quelqu'un a une idée d'un thème ou déjà quelques phrases comme c'est souvent le cas pour Victor et Valentin, la personne me l'envoie et je construit le texte.

Hormis "Won't Back Down" sur lequel on reviendra un peu plus tard, est-ce qu'il y a des thèmes en particulier sur The Resilient ?

Aaron : Tout à fait, par exemple Victor est venu me voir pour le morceau qui s'appelle "Ghost" et pour lequel cela lui tenait à coeur d'en parler.

Victor : Cela s'est toujours déroulé de la même manière dans le groupe, on a tous eu à un moment donné quelque chose qui nous tenait à coeur et on est allé voir Aaron qui dans ce cas-là s'occupe d'écrire le texte en y incorporant tout son vocabulaire de natif.

Parlons maintenant de "Won't Back Down" qui est un titre fort et phare de cet opus. La motivation je pense que tout le monde la connait mais est-ce que vous pouvez aller plus en détail pour nous ?

Boris : Ce titre nous est venu bien sûr après les évènements du Bataclan et pour ma part j'étais en tournée en Europe avec mon autre groupe Neonfly en première partie de Gamma Ray quand c'est arrivé et ça m'a vraiment retourné. Et puis dès le lendemain, je savais qu'on allait faire un morceau "hommage" pour le prochain album parce qu'en tant qu'artiste c'est notre moyen à nous d'en parler. J'en ai parlé aux gars et on a travaillé à partir d'un titre qui était déjà presque terminé sur le plan musical.

Baptiste : Etant français et parisiens, c'est une salle dans lequel on a passé une partie de notre jeunesse à voir les groupes avec lesquels on a grandit donc c'était important pour nous.

Lucas : Hormis rester avec nos familles et prendre soin d'eux, c'est effectivement je pense notre devoir en tant que musiciens et artistes d'en parler.

Aaron : On peut aussi citer "Lost For Words" qui parle en grande partie de ce qu'il s'est passé chez Charlie Hebdo.
 


Concernant la tracklist, est-ce que le choix a été compliqué ou finalement cela n'a pas été un casse-tête ?

Valentin : On a eu des discussions avec le label qui avait ses idées pendant qu'on avait les nôtres. Chacun a fait des compromis pour arriver au résultat final que tu connais aujourd'hui.

Lucas : Même entre nous d'ailleurs il y avait pas mal de différences. Comme toujours on essaye quand même de respecter une certaine équité, mettre des titres forts pour commencer et mettre l'auditeur tout de suite dans le bain sans pour autant tout miser sur le début et avoir une fin d'album moins prenante. On a placé "Ghost" quasiment à la fin alors que c'est un morceau phare à notre sens de cet album.

Sur cet album il y a deux titres qui se démarquent sur le plan des solos, il s'agit de "Dying To Live" et "(Dis)connected", avec des sonorités différentes de ce que vous nous aviez proposés sur Phantom par exemple.

Lucas : J'ai toujours bien aimé proposer des solos même dans notre ancien groupe avec Baptiste même si en revanche je ne suis pas du tout un fan de guitar hero et de shredder fous parce que cela ne m'intéresse pas. Je ne suis pas un grand technicien à la guitare donc je travaille plus sur les mélodies dans BTM. Et d'ailleurs pour écrire mes solos, je vais avoir tendance à les chanter.

(A ce moment là, Aaron imite Lucas qui "chante" ses solos ce qui déclenche un fou rire générale dans l'assemblée NLDR).

Lucas : Je trouve des appuis mélodiques sur lesquels j'ajoute des transitions par exemple, c'est ma manière de bosser plutôt que d'improviser sur des gammes hyper rapides. Mon guitariste préféré est Ritchie Blackmore et je me souviens sur le Live in Japan de Deep Purple avoir été soufflé par ce qu'il était capable de proposer. J'aime beaucoup Jeff Loomis notamment sur son dernier projet Conquering Dystopia, il reste un énorme technicien mais il sait travailler sur l'aspect mélodique pour offrir un solo qui reste en tête limite comme un refrain.

Vous partez en tournée dans très peu de temps avec Chelsea Grin notamment ainsi que Make Them Suffer. Est-ce qu'on peut s'attendre à une tournée en tête d'affiche pour la fin d'année par exemple ?

Lucas : On travaille dessus. Rien d'officiel pour le moment mais cela devrait se faire pour la fin d'année effectivement. En attendant, nous avons trois dates avec Chelsea Grin : 11 février à Paris (Petit Bain), 12 février à Montpellier (Secret Place) et 15 février à Lyon (Marché Gare).

Victor : On fait aussi une date en tête d'affiche à Auxerre le 21 janvier à La Laiterie.


Parlons maintenant un peu de vous et de vos goûts messieurs. Si vous pouviez faire une tournée en première partie du groupe de vos rêves, ça serait qui ?

Baptiste : Gojira

Victor : Slipknot

Valentin : Meshuggah

Boris : Gojira ou Meshuggah

Lucas : KoRn

Aaron : Eminem

Si vous aviez la possibilité d'emmener un groupe que vous aimez sur une tournée pour qu'ils fassent votre première partie ?

Baptiste : Prométhée

Aaron : Une reformation de As They Burn.

Boris : Hacktivist

Valentin : Toutes les options que j'ai en tête sont beaucoup trop mauvaises pour mon foie alors je préfère ne rien te dire. (rires) Pour être sérieux, j'adorerai partir en tournée avec Trepalium parce que ce sont des phénomènes.

Si vous décidiez d'un jour faire un concept-album sur une série TV, un film ou un livre, quel serait votre choix ?

Victor : J'adorerai faire quelque chose en rapport avec Fight Club.

Aaron : Je ne regarde pas mais un concept-album sur Game of Thrones au niveau des claviers notamment pourrait être intéressant.

Boris : Plus classique mais sur Star Wars aussi.

Quel est le dernier album que vous ayiez acheté ou alors ajouter à votre bibliothèque Spotify/Deezer ?

Victor : Marilyn Manson - Born To Villain en vinyle.

Baptiste : Gojira - Magma et Jason Richardson - I (ex-guitariste de Born of Osiris et Chelsea Grin notamment)

Aaron : After The Burial - Dig Deep

Boris : KoRn - The Serenity of Suffering

Je vous remercie pour ce moment messieurs et à très bientôt à Paris puis au Hellfest ! 

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