Edu Falaschi, chanteur du groupe Angra

27 février 2011, quelques minutes avant la prestation d'Angra sur la scène parisienne de l'Elysée Montmartre, nous avons pu nous entretenir quelques minutes avec son chanteur Edu Falaschi. Remplaçant au pied levé André Matos il y a de cela une dizaine d'année, c'est un Eduardo un peu fatigué mais de bonne humeur qui a répondu à nos questions.

Ju de Melon : Bonjour Edu, bienvenue à Paris ! Comment te sens-tu et quel est ton état d'esprit actuel ?

Edu Falaschi : Tout d'abord "merci beaucoup" [en français dans le texte], c'est vraiment cool de revenir ici 4 ans après notre dernier show. Il n'a pas été simple de revenir avec ce nouvel album l'an passé car nous avons dû fournir beaucoup de travail afin de résoudre quelques problèmes au niveau du manager etc... Aqua est donc né dans la douleur mais nous sommes heureux de revenir ici défendre cet album, les fans français ont toujours été importants pour nous.

Ju de Melon : Justement, quel est ton lien privilégié avec la France ?

Edu Falaschi : En France nous avons probablement le meilleur public européen, de même qu'en Italie. Les fans ici sont totalement en harmonie avec notre musique, ils chantent avec nous et sont heureux ensemble avec le groupe. Bien sûr, tous nos fans en Europe comptent beaucoup pour nous, mais ici l'enthousiasme est si naturel que ça nous rend encore plus heureux de jouer. C'est un peu comme au Brésil, nos fans y sont si enjoués que tous les groupes adorent jouer là-bas.

Edu & Ju (Paris 2011)

Ju de Melon : Comment se passe la tournée Aqua jusque là ?

Edu Falaschi : Nous sommes à peu près au milieu de celle-ci, l'album est sorti en septembre 2010 et nous avons ensuite fait quelques concerts en Amérique du Sud, au Brésil bien sûr. En janvier nous avons joué aux Etats-Unis avec Sepultura, et nous voici ici en Europe depuis un bon mois... Là, après ce soir, on se repose un mois au Brésil et on recommencera en mai avec quelques shows locaux, puis en juillet on se retrouvera encore au Japon où nous avons pas mal de fans. Après, il sera temps de se préparer pour le Rock in Rio en septembre où nous allons jouer avec Tarja Turunen, l'ex-chanteuse de Nightwish. Je pense que nous continuerons les shows jusqu'en octobre et après nous pourrons réfléchir à l'avenir.

Ju de Melon : Revenons sur Aqua, le dernier opus à date. Es-tu satisfait des différentes réactions ?

Edu Falaschi : Oui mais c'était un moment difficile. Un peu comme à l'époque de Rebirth où il fallait prouver beaucoup de choses après le départ d'André Matos, mon premier album avec le groupe. Et ça a bien marché car les chroniques étaient bonnes, ce qui nous a amené à faire un très bon Temple of Shadows en 2004. Cependant, après cet album, nous avons eu quelques soucis et fait Aurora Consurgens en 2006, qui selon moi n'est pas le meilleur de nos opus. Loin de là. Je préfère largement Rebirth et Temple of Shadows. Du coup, nous étions dans l'obligation de faire un très bon CD. On en avait vraiment besoin ! Aurora Consurgens n'a pas été très bien accueilli au Brésil ou au Japon, mieux en Europe cependant... Du coup, Aqua est devenu un défi, mais nous ne voulions pas nous répéter ou copier nos meilleurs succès. Du coup, on a repris quelques éléments du passé, d'où le retour de Ricardo Confessori derrière les fûts, avec un style plus brésilien, tout en incorporant de nouvelles choses. Là nous sommes très satisfaits du résultat final, vraiment.

Ju de Melon : Et ta chanson préférée sur Aqua avec plus de recul ?

Edu Falaschi : Ce n'est pas facile à dire mais j'adore "Lease of Life". Car j'ai commencé à écrire cette chanson en jouant la mélodie au piano et elle m'a de suite inspiré. Après quelques jours de réflexion et de composition, elle était prête, mais je m'imaginais mal l'utiliser pour un album d'Angra. Elle était plus prévue pour Almah à la base. Mais les gars du groupe ont vraiment adoré quand ils l'ont écoutée, elle a malgré tout cette atmosphère Angra quand on y pense.

Ju de Melon : Au fait, dans "Awake from Darkness", une petite partie piano rappelle "The Show Must Go On" de Queen non ? Une simple coïncidence ou un hommage ?

Edu Falaschi : Je vois de quoi tu veux parler (rires), c'est vrai que ça y ressemble pas mal. Je crois que c'est Kiko Loureiro qui s'est occupé de cette partie, quand il l'a composée il ne pensait pas véritablement à Queen, c'est venu comme ça. En tout cas le reste de la chanson est totalement différente.  

Ju de Melon : Parlons du concept et des paroles, l'album étant basé sur La Tempête, une pièce de William Shakespeare... As-tu pris part à l'écriture des textes d'ailleurs ?

Edu Falaschi : Oui, j'ai écrit 4 chansons au niveau des paroles. Après, en ce qui concerne le concept, c'est un peu venu grâce à un ami qui travaille sur des mangas. Il m'a montré quelques uns de ses travaux basés sur certaines histoires de Shakespeare, il m'a fait voir quelques dessins et j'ai beaucoup aimé. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de La Tempête et j'ai adoré, c'est très "heavy metal" comme thématique je trouve avec les éléments qui se déchaîne, cette idée de vengeance, etc. C'est une histoire très puissante. Et après en avoir parlé avec les gars du groupe, on s'est dit que c'était une vraie et belle coïncidence, car Angra est un peu passé par ce genre de troubles ces dernières années, en pleine tempête en quelque sorte (rires). Tout le monde s'est mis à lire l'histoire et on s'est rendu compte qu'il fallait construire l'album autour, avec notamment cette thématique de l'eau, très présente dans l'histoire, en tant qu'élément de renouveau. Voici pourquoi nous avons appelé l'album Aqua et non The Tempest par exemple. Cet album est un peu donc le renouveau du groupe.

Ju de Melon : Avec le temps, quel serait ton album préféré de Angra ?

Edu Falaschi : Hmmm... Disons que j'adore vraiment Rebirth, qui musicalement atteint une certaine maturité. Mais là aussi je pourrais dire Temple of Shadows et Holy Land qui me marquent beaucoup. Je pense qu'objectivement ce sont les meilleurs du groupe.

Ju de Melon : Et au niveau des chansons en général ?

Edu Falaschi : Je vais avoir du mal à en choisir... "Wishing Well" que j'aime beaucoup, pourquoi pas, mais je peux aussi te dire "Angels and Demons", "Carolina IV" qui est vraiment une chanson merveilleuse. Pourquoi pas "Make Believe" aussi... Je pourrais t'en dire une dizaine, désolé ! (rires)

Ju de Melon : Que pouvons-nous attendre du futur pour Angra au-delà de cette tournée ?

Edu Falaschi : Tu sais, nous n'avons toujours pas trouvé un manager en tant que tel. Il y a une fille qu'on connait bien au Brésil et qui travaille aussi avec Sepultura, on aimerait que ce soit elle car elle est super sympa, mais je ne sais pas si elle aura le temps. Il faut trouver quelqu'un en tout cas, car Kiko-Rafael-Felipe et moi on aimerait bien se concentrer uniquement sur la musique. Là nous sommes obligés de tout organiser nous même et nous ne sommes pas les meilleurs pour ça ! Après avoir trouvé cette personne, on pourra enfin réfléchir au nouvel album, ou à un DVD par exemple (qui devrait normalement sortir cette année)... En ce qui concerne l'album, on aimerait vraiment le faire pour 2012.

Edu Falaschi & Ju (Paris 2011)

Ju de Melon : Parlons de ton projet Almah, bientôt le 3ème album ?

Edu Falaschi : Oui, nous sommes en train d'écrire et de peaufiner ce projet, on devrait rentrer en studio au mois de mai. Ce sera quelque chose de totalement différent comparé à Angra, ce CD sera plus moderne en quelque sorte. Il ressemblera plus à des trucs comme Pain of Salvation, plus heavy, pas forcément progressif mais différent. Ca je peux te l'affirmer. Puis j'ai envie de chanter de manière plus agressive, moins dans les aigus, un peu comme sur "Hollow" par exemple sur le dernier Angra. En tout cas, on compte sortir l'album d'ici la fin de l'année, ça me parait largement faisable.

Ju de Melon : Quelques personnes m'ont fait remarqué que sur le nouvel album tu avais tendance à plus "forcer" ta voix, est-ce vrai ?

Edu Falaschi : En fait... *hésitation* ... non, je n'ai pas vraiment forcé. Quelques mélodies sont un peu... Disons que je n'ai pas eu beaucoup de temps pour enregistrer, on avait réservé l'album et tout devait être fait en un espace de temps prédéterminé. Je me souviens d'avoir un peu pris froid à cette époque, mais je devais quand même passer derrière le micro. Du coup, c'est vrai, certaines notes sont un peu forcées ou étranges, mais le résultat final me plait tout de même. Parfois cela rend même mieux l'émotion. Ma voix est ainsi plus directe, plus naturelle, et pas passée ou affinée derrière un ordinateur... Je n'ai d'ailleurs pas voulu ré-engistrer quelques parties après m'être rendu compte de tout ça, j'assume et j'aime bien la "vérité" du son de ma voix au final. C'est différent de Rebirth et Temple of Shadows à ce niveau. Ca me rappelle ce que certaines personnes ont dit en écoutant le chant de Bruce Dickinson sur No Prayer for the Dying d'Iron Maiden, beaucoup n'avaient pas trop aimé. Et pourtant, je crois que c'est son préféré de Maiden, il adore sa voix dessus...

Ju de Melon : As-tu quelques liens personnels avec ton prédécesseur André Matos ?

Edu Falaschi : Non, pas du tout. Je l'ai rencontré deux fois, vite fait, je ne lui ai jamais véritablement parlé. Disons qu'il aurait pu mais je crois qu'il n'était pas à l'aise avec l'idée, un sentiment étrange de sa part sûrement. Nous ne sommes pas amis et n'avons aucun contact.

Ju de Melon : Ton point de vue sur la scène metal ? Avec ces légendes qui sont appelées à disparaître, vois-tu un bel avenir ou un déclin ?

Edu Falaschi : A vrai dire je me pose souvent cette question. De nos jours, il y a de moins en moins de labels, et ceux qui résistent n'ont pratiquement plus d'argent. Du coup, ils n'ont plus trop le pouvoir de rendre certains groupes très gros à coup de grosse promotion. Dans le passé, chaque label prenait deux ou trois groupes et les propulsait vers les sommets. De nos jours, ils préfèrent prendre 100 groupes, et chacun de ces groupes vend à peine 1000 CD et puis on en reparle presque plus. A l'avenir, les fans resteront mais la scène metal risque d'être plus éparpillée encore, je ne pense pas que nous aurons de nouvealles icônes du genre désormais. Les monstres du rock appartiennent au passé.

Ju de Melon : Et la scène brésilienne alors ? Elle semble avoir de beaux restes, des groupes comme Hibria par exemple, ou des jeunes comme Kriver, Hydria ou Caravellus...

Edu Falaschi : Hibria commence à devenir grand par exemple oui. J'ai vu les charts japonais et leur nouvel album s'est classé n°8, dans un classement national tous styles confondus ! C'est quand même assez énorme quand on y pense. Nous avons aussi Kattah, des jeunes qui débutent que nous avons amené avec nous sur cette tournée. Bien sûr, il y a Almah ou Shaman, sans oublier les Sepultura, Krisiun ou Dr. Sin. Pas mal donc.

Ju de Melon : Il y a Shadowside aussi je crois...

Edu Falaschi : Oui, c'est un groupe qui devient important mais pas trop au Brésil. Car c'est une chanteuse et tu sais, nous sommes un pays très latin, un peu macho, donc... (rires) ! Du coup ça marchera mieux en Europe ou aux Etats-Unis je pense. Un groupe sympa en tout cas.

Edu Falaschi & Ju (Paris 2011)

Ju de Melon : Quelques derniers mots pour les fans français ?

Edu Falaschi : Je voulais les remercier de leur fidélité, d'être toujours là après toutes ces années. Je voulais aussi passer un coucou à Mike, le président du fan club en France, qui nous a suivi sur toute la tournée. C'est quelqu'un de très important pour nous, merci à toi mec ! Puis merci aussi à ceux qui ont continué à nous soutenir après le départ d'André, certains sont même devenus fans après... Bon, nous en avons aussi perdu en route, mais c'est le jeu ! Au final, tout le monde y trouve son compte. Puis j'aime bien ce public français qui fait attention aux paroles et aux mélodies, qui ne pense pas qu'à bouger la tête sans réfléchir etc, et ça c'est cool. Les français sont des gens intelligents.

Ju de Melon : Merci pour eux, merci pour nous (rires) !

Edu Falaschi : Merci à toi, à bientôt !

Et c'est à cet instant qu'Edu partit se préparer pour son show, dont le Live Report est disponible ici. Un personnage sympathique que nous avons en tout cas interviewé avec plaisir, en attendant la prochaine que ce soit pour Angra ou son projet Almah...

Angra sur La Grosse Radio Metal
Almah sur La Grosse Radio Metal

Live Report du Show d'Angra à Paris (27 février 2011)

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