Le groupe Symakya

Après leur excellent premier album, j'ai décidé de me pencher sur les français de Symakya. Les trois membres de la formation ont acceptés de répondre à mes questions :


Sanguine_Sky : Bonjour à vous et merci de m'accorder cette interview ! Pouvez-vous présenter Symakya, des débuts jusqu'à aujourd'hui ?


Matthieu : Je crois qu’on peut dire que Symakya est finalement né sur les cendres encore chaudes d’Elvaron et de Seyminhol. En fait plus j’y pense et plus je me dis que c’était couru d’avance que Kevin et moi bosserions un jour ensemble. Nous avons ressenti les prémices de cela lorsqu’il est venu prêter sa voix sur Gravitation Control System, le dernier album d’Elvaron. Nous sommes restés en contact après ça et avons décidé de travailler à l’écriture d’un album. J’ai contacté Thomas un peu par hasard car nous nous sommes rencontrés par le biais d’un ami commun lors d’un concert d’Angra et il a dit « Banco ». Nicolas Colnot était également dans le projet au départ. Nous avons pas mal cherché notre style, jeté quelques morceaux à la poubelle pour mieux recommencer. Une fois la direction musicale décidée, nous avons peaufiné les compositions et j’ai fait un gros travail sur les arrangements et les orchestrations. Thomas a apporté son expertise sur les structures et a imaginé toutes ses parties batterie. Par défaut j’ai dû me charger de la basse pour l’enregistrement car Nico n’a pas souhaité continuer avec nous pour d’autres raisons que purement musicales. Kevin a ensuite travaillé et enregistré ses lignes de chant. Nous avons la chance d’avoir pu entrer en contact avec Simon Oberender et Sascha Paeth par l’intermédiaire d’Ad Sluijter d’Epica que Thomas connaît bien.


Sanguine_Sky : Le concept de l'album n'est pas commun. Pourquoi avoir choisi l'ufologie ?


Matthieu : C’est une passion commune que nous nous sommes découverte. Kevin avait déjà cette idée depuis quelques temps, même avant de commencer ce projet je pense. Quand il nous a présenté le concept, Thomas et moi avons adhéré tout de suite parce que ça nous semblait parlant et parfaitement exploitable pour une base d’album.

Kevin : Généralement, lorsque l’on joue du metal symphonique et progressif, les sujets tournent autour de l’heroic fantasy et de l’histoire. Je pense que cette thématique « extra-terrestre » est un atout et que peu de groupes proposent ce genre d’aventure. J’aime à croire que nous ne sommes pas les seuls dans l’univers et qu’il existe d’autres sociétés, d’autres civilisations. On sait aujourd’hui que des exo-planètes existent par centaines et que la vie est possible ailleurs, quelque part dans d’autres galaxies. L’idée de départ du concept, c’est la terre et les hommes qui y vivent. Chaque civilisation a appréhendé le ciel, les étoiles, l’astronomie dans un sens large avec intérêt et acuité. Pour les chrétiens, une des clefs c’est la bible : des êtres divins viennent du ciel. Pour moi, ce n’est pas le ciel au dessus de nos têtes, mais l’espace. Si l’on suit attentivement certaines descriptions de ce livre, ce dieu qui aide les Juifs, cette entité céleste, est douée d’un pouvoir prodigieux dans la bataille, il se manifeste comme s’il utilisait des machines. Le fameux Deus ex machina ? Qui d’autre sinon un extra-terrestre ! En partant de cela, j’explique la vision de la religion vue par les différentes cultures historiques (Juive, chrétienne, musulmane), j’envisage également la mythologie (grecque et égyptienne) et les origines mythiques de l’humanité (Atlantide) et je place l’homme au centre de l’intrigue en m’intéressant à sa propension à devenir un dieu. La science, utilisée pour créer ou pour détruire, est aussi le leitmotiv de ce concept. Bref, c’est de l’ufologie religieuse en quelque sorte.


Sanguine_Sky : Parlons dès à présent de l'opus. Est-ce que chacun de vous à un morceau favori ? Si oui, lequel et pourquoi ?


Matthieu : Human God ? est mon morceau préféré. Je trouve que c’est celui qui représente le mieux le style de Symakya et je suis particulièrement fier du travail d’orchestration que j’ai fourni dessus. Il y a des parties qui me transcendent vraiment comme la partie centrale entièrement instrumentale, le refrain et la fin qui me donne des frissons à chaque écoute.

Thomas: J'aime vraiment tous les morceaux, mais les refrains de Human God? Et de The Inner Control me prennent vraiment aux trippes ! Mais si je ne devais en choisir qu'un... Human God?

Kevin : Bien sûr, mais c’est vraiment difficile de choisir. Je pense d’emblée à « Supervision code 1945 » qui fait très Maiden dans l’approche. J’aime aussi « Human God » et « Messenger of the verb ». En fait, je trouve que tous les morceaux de ce disque sont réussis à l’exception de quelques narrations et d’une ou deux introductions. Je suis vraiment très fier de cet album.


Sanguine_Sky : Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'opus ?


Matthieu : Thomas a d’abord enregistré ses parties batterie, j’ai ensuite enregistré mes guitares et la basse. Les séquences orchestrales ont été virtuellement dirigées par Nicolas Soulat d’Outcast qui nous a filé un énorme coup de main en nous faisons profiter de son expérience et de ses stations de production orchestrales. Kevin a ensuite enregistré son chant sous la direction de Thomas. J’ai plutôt la réputation d’être assez dur et exigeant lorsque je m’occupe du travail de production, Alain Germonville, le chanteur d’AkromA pourra en attester !! C’est pour cela que Kevin a préféré travailler sous la direction de Thomas pour l’enregistrement et finalement le résultat est excellent. Parallèlement aux prises chant j’ai donc pu me consacrer davantage de temps sur l’écriture et l’enregistrement de mes soli. Comme tu peux le constater nous sommes totalement autonomes sur les prises de son mais au final c’est bien sûr le mixage qui fait la différence.

Kevin : De manière très sereine et très décontractée. Je travaillais avec Tom, dans son studio. Un bonheur de pouvoir enregistrer à mon rythme, dans de bonnes conditions et surtout, sans aucune contrainte de temps.


Sanguine_Sky : Vous avez fait mixer et masteriser cet album par des professionnels comme Sascha Paeth ou Simon Oberender. Comment êtes-vous entrés en contact avec eux ?


Matthieu : C’est Thomas qui s’est chargé de tout le relationnel avec eux.

Thomas : Je suis en très bon contact avec Ad Sluijter (ex Epica) et on avait projeté de lui laisser mixer l'album. Mais suite à une incompatibilité d'emploi du temps, il a proposé de nous mettre en contact avec Simon Oberender avec qui il a travaillé sur les albums d'Epica. Le courant est tout de suite passé avec Simon, et il a su faire sortir le meilleur de notre musique. Ensuite Simon nous a tout naturellement proposé de faire le mastering avec Sascha Paeth car il travaille avec lui au Gate Studio (Wolfsburg, Allemagne). Nous avons bien évidemment accepté et nous sommes ravis du résultat.


Sanguine_Sky : D'habitude, lorsque l'on dit "metal symphonique", beaucoup pensent tout de suite à un groupe avec une chanteuse, or vous avez fait le choix d'une voix masculine. Que pensez-vous de cela ? Pourquoi avec choisi un chanteur ?


Matthieu : En fait la démarche a été plutôt à l’inverse, nous avions le groupe et c’est le style qui nous a trouvé !! Mais le métal symphonique est pour moi une étiquette qui est sensée évoquer un metal avec des séquences orchestrales, pas forcément du chant féminin… il n’y a qu’à écouter « Jeanne d’Arc » de Thy Majesty pour comprendre ce que je veux dire.


Sanguine_Sky : Maintenant que l'album est disponible, quels sont vos impressions et sentiments ?


Matthieu : pour l’instant les médias sont assez unanimes sur la qualité du disque donc nous sommes contents et confiants. Nous espérons sincèrement que nous trouverons notre public.

Thomas: Nous sommes très heureux, nous avons passé environ deux ans et demi sur cet album et nous avons beaucoup travaillé dessus. Nous sommes enfin arrivés au bout et avec la qualité que nous souhaitions donc ça nous apporte beaucoup de plaisir de pouvoir enfin le partager avec le public.

Kevin : Comme je le disais, à l’exception de deux trois bricoles, je suis pleinement satisfait de ce disque. Il n’est pas redondant, passe en revue presque 25 ans de l’histoire du heavy metal. On y trouve du speed, du heavy traditionnel, du power, du prog, du symphonique. C’est vraiment très varié et riche. Et puis je n’ai pas l’impression d’avoir copié qui que ce soit. Le feeling est bien passé entre nous. Nous avions envie de nous surpasser et de proposer quelque chose d’original et de puissant. Le son excellent de Simon et Sascha y est pour beaucoup.


Sanguine_Sky : On retrouve beaucoup d'influences progressives, et même de power metal parfois ? Est-ce dû à vos goûts personnels ?


Matthieu : Oui c’est indéniable. On peut penser à Symphony X, Opeth, Dream Theater autant qu’à Nevermore ou même Pantera. Au niveau vocal, le timbre de Kevin se rapproche de celui de Bruce Dickinson, cela apporte la touche heavy. Le côté symphonique peut rappeler Thy Majesty, Dark Moor, Epica, Within Temptation, Nightwish


Sanguine_Sky : D'ailleurs, en parlant de cela, quelles sont vos influences, ainsi que les groupes que vous affectionnez ?


Matthieu : Je suis un fan ultime de Rush. Les groupes précités sont parmi ceux que j’affectionne le plus mais la liste pourrait s’allonger avec Overkill, Testament, Iron Maiden, Metallica, Cradle Of Filth, Dimmu Borgir et plus récemment la grosse claque que j’ai pris avec Psychotic Waltz.

Thomas: J'aime beaucoup de styles différents (classique, variété, pop, rock, métal...), donc pour faire court je vais rester focalisé sur le métal. Mes vraies vieilles influences sont : Ugly Kid Joe, Metallica, Megadeth, Testament sinon j'aime beaucoup Symphony X, Dream Theater, Death...

Kevin : J’aime énormément de groupes et de styles, du rock traditionnel au metal extrême. Si je devais citer quelques références ce serait pour commencer Iron Maiden (Seventh son of a seventh son), Gamma Ray (Sign no more), Dream Theater (Awake), Empyrium (Songs of moor and misty field), Motley Crue (Sola), Pain of Salvation (Be), Cradle of Filth (Dusk and her embrace) et un peu de rock gothique et atmosphérique. Je crois qu’il est important d’avoir une grande ouverture musicale : le hard rock et ses nombreux dérivés le permettent parfaitement.


Sanguine_Sky : Kevin, sur un plan vocal, quelles sont tes influences ? As-tu quelques grands chanteurs, de la scène metal ou non, qui t'inspirent ?


Kevin : J’ai voulu chanter parce que j’adore Elvis Presley. C’est peu banal. Après, c’est surtout Bruce Dickinson et Klaus Meine qui m’ont inspiré. J’ai beaucoup aimé ce que faisait Sebastian Bach dans Skid Row aussi et j’ai trouvé très original le chant de Fabio Lione dans Rhapsody. Mais sans conteste, Dickinson, dans les eighties, restera ma référence en matière de metal. Quant à ma voix, je crois qu’elle est assez atypique et bien éloignée des chants super aigus qu’on rencontre dans cette musique. J’essaye de faire passer une émotion, de m’adapter à chaque ambiance. Après on accroche ou pas. Tous les goûts sont dans la nature.


Sanguine_Sky : Qui compose dans le groupe, et comment procédez-vous ?


Matthieu : Je fais le plus gros du travail de composition, d’écriture des riffs, des structures et des orchestrations. Thomas se charge ensuite de tous les aspects rythmiques et son expertise sur mon travail est primordiale. Kevin écrit les textes ainsi que toutes ses mélodies vocales, nous lui laissons carte blanche.


Sanguine_Sky : Pensez-vous faire une petite série de concerts pour promouvoir votre premier opus ?


Matthieu : Nous espérons que quelques dates vont se concrétiser avant l’été.


Sanguine_Sky : Si vous pouviez partir avec le groupe de votre choix en tournée, lequel serait-ce et pourquoi ?


Matthieu : Symphony X car je pense que c’est un groupe dont nous nous sentons assez proche niveau du style et de l’approche générale de notre musique.

Thomas: J'aimerais bien tourner avec Sonata Arctica car j'aime vraiment ce qu'ils font. Sinon ce serait un plaisir de tourner avec Manigance car leur musique est excellente et humainement ils sont vraiment très sympas.

Kevin : Scorpions parce que c’est l’un des derniers géants du hard qui vient de réaliser un excellent disque. Sinon, plus dans nos cordes, Nightwish ou Kamelot me plairaient pas mal.


Sanguine_Sky : Quelle est votre opinion sur la scène française actuelle et ses perspectives d'avenir ?


Matthieu : Je trouve qu’elle n’est plus aussi présente qu’avant sur les plateaux internationaux comme ça pouvait être le cas dans les années 90. Le business est tel que les groupes prévoient leurs tournées en France avec un tour support déjà établit et qu’il est presque impossible de sa caler sur ces concerts pour des groupes français… Mais il y a un vivier c’est évident, mais les risques financiers liés à la production de concerts sont un frein.

Thomas : La scène française actuelle a pas mal de bon groupe (avec Manigance et Gojira notamment) mais elle a du mal à s'imposer à l'étranger (et même déjà en France). C'est très dur pour un groupe français d'arriver à se mettre sur la tournée d'un grand groupe européen, et encore plus d'arriver à tourner à l'étranger. Donc je suis un peu perplexe sur les perspectives d'avenir de la scène française... mais je garde espoir et j'espère pouvoir défendre cet album sur les plus belles scènes françaises et européennes.

Kevin : Je suis plutôt pessimiste. Honnêtement, l’avenir de la musique en France n’est pas radieux. On ne peut réellement rien espérer chez nous en termes de medias, de promotion et de culture rock d’une manière générale. Depuis Trust, qui a explosé à la fin des années soixante dix, qui a vendu beaucoup d’album dans ce style ? Personne. C’est vraiment une anomalie pour la France et je crois sincèrement qu’avec la crise du disque, les téléchargements, les nouvelles habitudes de consommation des jeunes générations, c’est vraiment illusoire d’espérer gravir la moindre marche et de croire à l’avenir de ce style dans notre pays. Je fais de la musique par plaisir aujourd’hui, je n’espère plus rien en terme de notoriété et de ventes d’albums. C’est une passion, voilà tout, un exutoire. Mais les nouvelles technologies et un revirement complet d’attitude pourraient inverser la tendance même si j’y crois très peu.


Sanguine_Sky : Merci pour vos réponses ! Un dernier mot pour nos lecteurs ?


Matthieu : Merci à tous ceux qui nous soutiennent et croient en Symakya et merci de nous avoir lu… jusqu’au bout !

Kevin : Soyez passionnés, défendez vos groupes du mieux que vous le pouvez. Le reste a peu d’importance.


Voilà donc un nouveau talent à soutenir. Vous êtes prévenus, achetez donc leur premier opus et venez les voir sur scène, vous ne le regretterez pas.

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Site Officiel de Symakya
Page LGR de Symakya

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