Tobias Sammet, leader d’Avantasia

Tobias Sammet, artiste hors du temps ?

Tête pensante d'Avantasia, Tobias Sammet a accordé quelques minutes à La Grosse Radio pour parler du nouvel album de son projet d'opéra metal, intitulé The Mystery of Time. Invités, passion et tournée sont évoqués par cet artiste qui n'oublie pas son côté fan et son engagement dans la musique metal.

D’où vient le titre The Mystery of Time ?

C’était le titre qui correspondait le mieux au concept de l’album. Il parle de notre temps, de la manière dont il nous fuit, et de notre manière de fuir, de courir sans arrêt, si bien que nous en oublions même la raison pour laquelle on court, et dans quelle direction on va. Nous vivons dans une époque folle dans laquelle tout le monde est pressé et donne une place trop importante à des choses matérielle sans réelle importance, si bien que notre sens de la spiritualité se perd. Le concept parle donc de la perception individuelle de chacun concernant le temps. Au départ je voulais l’appeler A Brief Mystery of Time, en référence à A Brief History Of Time de Steven Hawkins.

Est-ce que le concept est exprimé comme dans les précédents albums d’Avantasia, avec une histoire et des personnages joués par chaque chanteur ?

Oui, c’est un vrai opéra metal cette fois, plus que dans la trilogie précédente. The Scarecrow, The Wicked Symphony et Angel Of Babylon formaient un vrai concept, mais, quand je regarde les livrets, cela ressemble à un album solo du style « Tobias Sammet & friends ». Cette fois, j’ai fait attention à ce que chaque détail de l’album fasse partie du concept. J’ai fait en sorte que chacun des huit personnages ait une personnalité bien définie, j’ai fait attention à bien indiquer qui chantait quoi, comme dans les deux premiers albums d’Avantasia. De cette manière, The Mystery of Time ressemble plus à un opéra metal que les précédents albums.

Il y a quelques chanteurs qui n’avaient jamais chanté pour Avantasia, comme Biff Byford ou Ronnie Atkins. Qu’est-ce qui a guidé ton choix ?

Dans le cas de Biff Byford, c’était évident que je devais le prendre. Cela fait longtemps qu’on se connait, c’est un excellent chanteur, c’est une légende, l’une des figures de proue de la New Wave of British Heavy Metal. Concernant Ronnie Atkins, je le voulais depuis The Metal Opera, mais il avait refusé à l’époque. 13 ans après, j’ai réussi à l’avoir, c’est comme un rêve qui se réalise, j’ai toujours été fan de Pretty Maids. Concernant les autres chanteurs, c’est dur de dire pourquoi je les ai choisis. Michael Kiske et Bob Catley font partie de la famille Avantasia. Quand j’ai écrit le refrain de "When Clock Hands Freeze", dans ma tête, c’était déjà Michael Kiske qui chantait. D’autres fois, quand j’écris une chanson, je n’ai pas nécessairement un nom qui me vient à l’esprit, mais j’imagine déjà un type de voix qui colle. La plupart du temps, j’associe des voix qui sont dans ma collection de disques, parce que je suis un fan avant d’être un musicien. Ainsi, mes choix sont guidés par le fan qui est en moi.

Tobias Sammet

Quels sont les invités que tu aurais voulu avoir qui ne sont pas sur l’album ?

J’aurais voulu avoir Jack Black (Tenacious D), mais son management n’a pas répondu, cela aurait été un passage marrant. J’aurais aussi voulu avoir Bruce Dickinson, mais cette fois je n’ai même pas essayé, parce que je connaissais déjà la réponse ! Je ne lui demande plus, peut-être que je réessaierai un jour. Cependant, quand j’écoute l’album maintenant, je ne pourrais pas imaginer avoir quelqu’un d’autre à la place des invités présents. Tous ces chanteurs sont à leur place et permettent tous le bon fonctionnement du concept, ce qui est la chose la plus importante, je pense.

Comment le concept s’exprime, musicalement parlant ?

Quand tu écoutes toutes les chansons d’affilée, il y a un courant continu que je ne saurais exprimer précisément, mais quand tu prends l’album en entier et te concentres sur l’écoute, tu voyages, c’est une aventure qui te prend et qui te permet de t’échapper vers un autre monde. Je suis vraiment fier de ça. Je ne sais pas comment la musique te transporte, mais je sais qu’elle le fait. Quand tu écoutes la chanson "Spectres", je ne vais pas rentrer dans les détails, mais elle parle d’une machine effrayante qui reflète l’accélération du temps, la déshumanisation qu’elle provoque sur l’ensemble des gens. Dans cette première chanson, tu as une partie très mécanique qui exprime cette idée d’époque robotisée que nous vivons à l’heure actuelle.

Quel choix t’a guidé vers le single de cet album, "Sleepwalking" ?

Il se trouve que, quand tu regardes les durées des chansons, c’est la seule qui dure moins de 4’30 ! Sur The Mystery of Time, tu as des chansons qui durent 10 minutes, 7 minutes, 6 minutes… Donc en termes de durée, celle-ci collait. En plus de ça, elle est plus accessible de par son côté mid-tempo. Ce n’est pas non plus une ballade, mais elle a un aspect pop qui dénote par rapport à l’aspect trop heavy des autres titres, donc c’était la seule qui pouvait servir de single. On a aussi fait une version edit d’ "Invoke The Machine", le rendu est pas mal, que ceux qui veulent la passer en radio le fasse, d’habitude, mes chansons ne passent pas en radio, mais bon…

Du côté des musiciens invités, Arjen Lucassen est dans le casting pour la première fois dans Avantasia.  Cela veut-il dire que tu seras dans le prochain Ayreon, actuellement en préparation ?

Il ne m’a pas encore demandé, tant mieux parce que j’ai un planning très serré en ce moment, mais s’il me demande, je lui ferais une petite place !

Comment as-tu choisi la pochette de l’album ?

Après avoir fini l’album, j’ai trouvé la musique si pure, si artisanale, si organique, qu’il me fallait absolument une pochette faite à la main. Pas de pochette par ordinateur, il le fallait une œuvre painte, de l’art véritable. Au moment de choisir l’artiste qui devait s’en occuper, je me suis souvenu que mes pochettes préférées étaient peintes par Rodney Matthews, un peintre fantasy britannique. Il a travaillé pour des groupes comme Magnum, Nazareth, Diamond Head… Donc je lui ai demandé s’il voulait me faire une pochette et il a dit oui ! Donc l’artwork n’est pas moderne, ni à la mode, je sais qu’il est très old-school et très fantasy pour un album d’Avantasia, mais c’est comme ça que je le voulais. Le label voulait quelque chose de plus artificiel, de plus moderne, mais j’ai voulu garder le contrôle sur mon propre album. Les fans peuvent dire ce qu’ils veulent, peu m’importe. Je suis mon plus grand fan, j’ai voulu me faire plaisir et je trouve cette pochette magnifique.

Mystery Of Time

Cet album est le premier album d’Avantasia enregistré avec le German Film Orchestra. Qu’est-ce que ça a fait de travailler avec eux ?

J’ai déjà travaillé avec eux pour l’album Hellfire Club d’Edguy. De nos jours, tu peux avoir de bons sons de clavier, qui peuvent sonner comme un orchestre. Même si je suis le seul à entendre la différence, je voulais, pour moi, qu’un vrai orchestre travaille sur mon disque. J’y ai pensé dès que j’écrivais la chanson "Black Orchid". L’enregistrement a coûté de l’argent, mais c’est une expérience unique. Quand tu es dans ton studio et que tu vois 60 personnes qui ont fait des études de musique classique qui jouent la mélodie que tu as écrite, c’est un instant sacré. Le son que cela donne quand tu assiste à cela en directe est plus puissant que n’importe quelle guitare électrique. De plus, un vrai orchestre va très bien avec la musique d’Avantasia.

Quand tu écris une chanson, comment sais-tu si elle ira à Edguy ou à Avantasia ?

La plupart du temps, j’écris pour Edguy, parce que ce groupe occupe bien plus de place dans mon planning qu’Avantasia, à 95%. Quand je travaille pour l’un des deux groupes, je le fais à 100%. Je ne garde jamais une chanson pour la recycler ensuite. J’ai juste besoin de me mettre dans l’état d’esprit adéquat pour ensuite me mettre au travail.

Parlons maintenant de la prochaine tournée, au cours de laquelle Avantasia va donner son premier concert en France. Pourquoi cela a pris autant de temps ?

Nos deux tournées précédentes étaient assez réduites. La première qui a eu lieu en 2008, ne s’arrêtait qu’aux festivals, et l’autre, en 2010, était une petite tournée de trois semaines. Nous devions caler des concerts, en Europe, en Asie et en Amérique du Sud. C’était un pari risqué, mais ça a marché. On ne peut pas jouer dans tous les clubs, il faut trouver un promoteur qui croit en nous et qui peut nous donner une scène suffisamment grande et nous proposer une offre assez intéressante pour financer ces concerts. Cela ne marche pas comme un groupe avec quatre musiciens. Pour un projet comme Avantasia, plein de personnes sont impliquées, c’est donc très dur de trouver une période pour tous les réunir. C’est une chance inouïe que tout le monde soit libre aussi longtemps cette année, nous allons faire 30 concerts pour cette tournée et je ne sais pas si cela arrivera à nouveau un jour, parce que c’est vraiment compliqué.

Tobias Sammet

Puisque le Hellfest sera votre unique date et que tu y es revenu avec Edguy l’année dernière, j’imagine que tu es réconcilié avec le festival, après les problèmes que tu as eu en 2007.

Oui, on nous a convaincus de revenir, on nous a dit que l’organisation s’était bien améliorée, ce qu’on a pu vérifier l’année dernière. Je n’ai rien à redire sur le festival, alors qu’en 2007, on a joué sous la pluie, sur une scène toute pourrie, Megadeth jouait juste à côté, si bien qu’on n’entendait même pas ce qu’on jouait. Mais maintenant c’est oublié, on a donné une seconde chance au festival, ça a marché, et nous sommes très heureux de revenir.

Que penses-tu des fans de Guns N’Roses qui t’ont hué au Hellfest suite à tes plaisanteries ?

Je m’en fous ! Certains devraient se décoincer et avoir un peu d’humour. Nous avons tourné avec Slash en Amérique du Sud, c’est un mec adorable. Je ne voulais insulter personne, mais quand même, Axl Rose arrive trois heures en retard exprès ! Les gens attendent, il n’est pas à l’heure comme le TGV ! (rires)

Il se trouve que, cette fois, Guns N’Roses sont arrivés pile à l’heure.

C’est vrai ? Mince alors, peut-être qu’ils voulaient me narguer ! (rires)

Qu’en est-il du prochain album d’Edguy ? Avez-vous commencé à en parler ?

Oui, j’en ai parlé à Jens [Ludwig, guitariste] à la fin du mois de février. Nous allons nous réunir pour répéter vers la fin de l’été, mais je n’ai aucune idée de quand il sortira, pour l’instant, j’ai l’esprit à Avantasia et au nouvel album qu’on se prépare à sortir. Peut-être qu’il sortira à la mi-2014.

Un dernier mot pour les fans ?

Merci du soutien et j’espère que vous adorerez The Mystery Of Time, j’y ai mis beaucoup d’énergie, et maintenant qu’on est de retour, j’espère que vous le serez aussi !

 

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