Tuomas Rounakari, violoniste de Korpiklaani, au Hellfest 2013

Interviewer un violiniste dans le cadre d'un entretien metal, ce n'est pas banal... sauf si bien sûr on baigne dans le folk ! Et si on vous dit Korpiklaani, vous ne serez peut-être pas surpris. A l'heure de donner quelques entretiens avant leur prestation sur la Temple du Hellfest 2013, les leaders Jonne Järvelä ou Cane préfèrent se reposer et se concentrer, c'est donc le (relativement nouveau) violoniste du groupe qui s'approche de nous - un peu à la surprise générale. Le chamanique finlandais s'avère cependant fort sympathique et très concerné le temps de cette conversation quelque peu inattendue.

Interview réalisée par Ju de Melon, Thomas Orlanth et Lionel Born 666

Ju de Melon : Parlons tout d'abord du premier album que t'as enregistré avec le groupe, Manala, sorti l'an passé. Beaucoup de gens l'ont considéré l'album le plus "sérieux" de Korpiklaani en l'absence de véritables "chansons en boire", es-tu d'accord ?

Tuomas Rounakari : Oui plutôt. Manala est de loin le meilleur album de Korpiklaani pour moi ! Au niveau du style, on se rapproche plus des premiers albums, mais avec un son bien plus soigné et une écriture plus mûre. Manala est très influencé par la mythologie finlandaise avec des textes inspirés de poèmes traditionnels, un aspect qui a toujours été important pour le groupe. Mais il se voit ici renforcé, il n'y a en effet plus vraiment de "chansons à boire" comme avant, de toute façon elles ne représentent pas forcément l'esprit du groupe. A la place, nous avons repris cette vieille chanson polka ("Ievan Polkka") pour le côté fun, mais pour autant il reste pas mal de chansons "joyeuses" dans ce disque.

Justement, petite parenthèse sur ces chansons à boire, à quand un morceau sur un alcool français tel que "Red Wine" ou "Cognac" ? (rires)

(rires) Comment puis-je répondre à ça... disons que quand tu vois les chansons qu'on a faites sur ce thème, "Vodka" ou "Tequila", tu te rends compte que l'alcool français est bien plus noble, il se déguste plus ! Tu n'as aucune envie de vomir et terminer à l'envers après avoir bu un bon vin (rires) ! C'est donc pas trop le même style d'alcool... (rires)

Tuomas Rounakari, violon, Korpiklaani, interview, Hellfest 2013, La Grosse Radio

Tuomas, tu as rejoint le groupe l'an passé, comment t'es-tu intégré depuis ?

Jonne Järvela était un grand fan de mon projet Shamanviolin, ça fait des années maintenant qu'il cherche à me faire venir dans le groupe. Et je ne savais même pas car il n'a jamais osé demander jusque là, surtout par respect pour mon prédécesseur. L'an passé il a enfin demandé, à une époque où il voulait un vrai changement dans le groupe, et j'ai accepté sans hésiter. Je connaissais bien Korpiklaani, et quand un tel groupe qui a obtenu un tel succès sur 10 années te proposes et bien tu n'hésites pas ! D'autant plus que je suis assez libre avec eux, je ne suis par exemple pas obligé de boire comme ils le font parfois, chacun vit sa vie paisiblement quand on est sur la route. Je ne ressens aucune pression et ça me va très bien comme ça, il y a suffisamment d'expérience dans ce groupe pour que je m'y sente bien.

Et tu n'es même pas le membre le plus récent du groupe...

En effet l'accordéoniste Sami Perttula nous a rejoint cette année, Juho Kauppinen était simplement exténué par le rythme et les longues tournées du groupe. Sami a amené un style plus folk dans son jeu, et je suis persuadé que sur les prochains albums il apportera cette touche plus traditionnelle dans les morceaux de Korpiklaani. Et ce n'est pas pour me déplaire.

Thomas Orlanth : J'ai lu que tu étais un ethnomusicologue spécialisé dans la musique rituelle locale mais aussi dans les populations plus arctiques. Penses-tu faire évoluer la musique du groupe avec tes influences et ta science ?

Oui, je pense que ça sera intéressant, Korpiklaani en parlait déjà pas mal dans ses chansons et je pense que ça ne demande qu'à être développé à l'avenir. Jonne avait envie de s'entourer de quelqu'un comme moi car il n'est pas forcément un spécialiste de ces sujets, et je crois que ça le passionne. De belles discussions sont déjà en cours.

Es-tu impliqué dans certaines reconstructions historiques de cette époque ?

Pas spécialement mais au niveau musical déjà je me remets dans ce contexte très chamanique, avec une approche très différente de la musique d'aujourd'hui. Il y a dans ce style une liberté plus grande au niveau des rythmes ou des intonations par exemple, tu joues un peu seul dans ton univers et tu t'appropries parfaitement chaque morceau.

C'est donc la garantie que Korpiklaani restera dans cette tonalité folk traditionnelle...

Oui, plus que jamais, ce sont nos racines et notre style. Mais tu sais, même ce côté fou ou heavy vient de là, pas uniquement de Lemmy... (rires)

Tuomas Rounakari, Korpiklaani, Hellfest 2013, interview La Grosse Radio

Ju de Melon : En parlant du dernier album, le dernier morceau "Sumussa Hämärän Aamun" était très sombre et influencé Black Sabbath. Est-ce que cela annonce d'autres morceaux plus sombres et heavy comme celui-ci à l'avenir ?

Pas trop, du moins pas dans une majorité ! Ce titre a été écrit par notre bassiste Jarkko Aaltonen, un grand fan de Black Sabbath en effet ! D'ailleurs, j'ai une anecdote à ce sujet, les gars ont  écouté le nouveau Black Sab il y a quelques jours, et Jarkko était choqué car une des chansons ressemble vraiment à une de ses démos écrites l'an passé ! Il a tellement été influencé... que même rétroactivement dans l'autre sens ça s'entend (rires) ! D'ailleurs nous jouerons aussi tout à l'heure le morceau "Uni" également issu du précédent album et écrit par notre bassiste. Mais au final Jonne écrit la plupart des chansons et il porte l'esprit de Korpiklaani dans ses compos, cependant quand Jarkko écrit c'est toujours un peu différent. Et c'est sympathique à jouer sur scène, donc je pense qu'il y en aura d'autres.

Korpiklaani réalise presque un album par an. Mais cette année apparemment il n'y a rien de prévu à ce niveau, du moins pour l'instant...

Il faut dire qu'on est pas mal sur la route cette année, un peu partout dans le monde y compris en Chine et en Australie ! On pense entrer en studio en janvier 2014, donc il n'y aura pas d'album cette année mais l'an prochain pour sûr. Pas mal de démos sont déjà prêtes, il est juste difficile de trouver du temps cette année ! On aura dépassé les 150 shows en 2013 je pense.

Aujourd'hui, c'est le Hellfest ! Avec un set plus court que d'habitude, forcément... dur de choisir les chansons dans ce contexte ?

Non, pas vraiment. Il y a toujours quelques titres qu'on doit laisser de côté à regret mais on a tellement de bonnes chansons taillées pour le live qu'au final on sait qu'on ne risque pas trop de décevoir nos fans.

As-tu eu le temps de recontrer des groupes amis sur place ?

Pas trop, mais nous sommes arrivés hier juste à temps pour voir une partie de Kiss sur scène et boire quelques verres avec des potes.

Tuomas Rounakari, violoniste, Korpiklaani, interview, Hellfest, La Grosse Radio

Thomas Orlanth : Le dernier album a été enregistré en finnois... et en anglais ! Que penses-tu de cela ?

C'était une expérience que nous voulions tenter. Notre priorité est bien sûr le finnois et nous ne changerons pas cela à l'avenir. Mais chacun sait que les chansons en anglais sont plus fédératrices, notamment pour les fans du monde entier ! On a donc voulu tenter et voir si ça ferait une vraie différence au final, si les fans accepteraient plus la version anglaise ou finnoise. Histoire aussi que les fans comprennent plus facilement nos paroles ! Par contre, c'était beaucoup de travail, et je ne pense pas qu'à l'avenir nous referons cela. Mais j'ai personnellement pris du plaisir à enregistrer ces deux versions, car nous avons pas mal appris au final. Et c'était bien plus compliqué que prévu !

Lionel / Born 666 : L'an dernier vous étiez en Slovénie avec le groupe pour le Metalcamp, l'un de tes premiers shows avec Korpiklaani. Qu'en retiens-tu ?

C'était énorme, le cadre était splendide et il y avait un monde fou ! Un festival vraiment à part que je conseille à tous.

Merci à Valérie et Isabelle de Nuclear Blast pour l'organisation de cette interview.
 

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