Entretien avec Excrementory Grindfuckers au Motocultor 2013

En ce deuxième jour de festival, les allemands d'Excrementory Grindfuckers, après avoir livré un splendide show deux heures auparavant, nous accordent une interview où il sera question d'alcool et de linguistique (entre autre).

Avec : Rob (guitariste), Mao (chanteur), Christus (batteur), Mike (clavieriste & chanteur), ND (bassiste), une bouteille aux piments et un bout de poireau.

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Thomas : Je ne vous connaissais pas du tout auparavant, mais j'ai vu votre vidéo.

Mao: How to make grind.

Thomas : Oui, ce fût décisif. Je me suis dis "je dois les voir en concert". Et pendant le concert, il y avait plein de gens totalement fous. J'étais dans la foule en délire. Les gens se sont couchés à plus de 50 et se sont mis à slammer, mais au sol ! C'était un mouvement spontané. Vous étiez les premiers de cette après-midi qui ont réellement fait bouger le public.

ND: On nous dit toujours qu'on a une mauvaise influence sur les gens.

 

Thomas : Le challenge, c'était de faire bouger des gens qui ne vous connaissaient probablement même pas, en plus avec des textes en allemand. C'était risqué tout de même, non ? Vous n'avez jamais joué en France, pourquoi ici et maintenant ? Comptez-vous aller en vacances en Bretagne ?

(rires)

Mao: C'était plus le hasard en fait.

Christus: L'an passé, l'équipe du Motocultor voulait nous avoir pour remplacer un groupe qui avait annulé. Mais nous ne pouvions pas jouer ici, car nous étions en même temps au Summer Breeze en Allemagne. Du coup, je leur ai demandé si on pouvait jouer cette année.

Thomas : Tout simplement !

 

Qu'avez-vous pensé de votre concert, du point de vue des musiciens que vous êtes ?

Mike: Avant le concert, ou pendant ?

Thomas: Avant et pendant.

ND: C'était risqué. On venait avec nos textes en allemands. A l'étranger, avec des textes en anglais, c'est pas si difficile, les gens comprennent. Premier concert en France, on était un peu tendu, enfin plutôt curieux de voir comment les gens allaient percevoir le concert, s'il y allait avoir de l'action devant la scène, si les gens allaient kiffer. Au final, on était là de toute façon pour faire la fête. Le public avait envie également et 1+1=2, du coup, il y a eu la fête.

Rob: Je crois que les gens s'en foutaient quels textes nous faisions ou de quoi parlaient nos chansons. Les gens voyaient qu'il y avait des types sur la scène, qui voulaient s'amuser et faire de la musique. L'énergie qui en résulte, le plaisir et l'envie de bruit et de brutalité. Tout ça déteint. On a pas besoin de grandes paroles, les gens le voient, remarque l'énergie et ça passe. Je crois que ça n'a rien avoir avec des paroles ou des textes.

Mao: Personnellement, je ne m'attendais à rien du tout. Je ne savais pas s'il allait même y avoir quelqu'un devant la scène. Je ne savais pas s'il allait y avoir quoi que ce soit devant la scène. Je me suis juste dis qu'on allait faire notre show et point. J'étais très agréablement surpris que le public ait si bien participé à la fête et qu'on était si bien accepté avec notre langue étrangère. En tant qu'allemand, c'est pas évident en France. Avec la langue allemande, on atteint très peu de monde ici.

ND: Présente toi, en ouvrant ta braguette ! (rires, pendant que Rob fait mine de masturber un poireau).

Mao: (essayant de terminer sa phrase sérieusement, pendant que le dit poireau lui est jeté dessus)... Mais cette fois, ça a bien fonctionné !

 

 

Thomas : Dans cette chanson où vous avez sorti des panneaux...

Mao: Ist aber nicht ! (qu'on pourrait traduire par "et ben c'est pas !")

Thomas : Exact. C'était fait spécialement pour le public français afin que le public comprenne un peu la chanson ?

Mao: J'ai imprimé les panneaux à la maison, et je les ai collé ensemble avec l'aide de quelqu'un de l'équipe du Motocultor parce que je voulais que les gens ici sachent à quoi ça ressemble, comment on le prononce, comment ça sonne, pour qu'ils puissent participer ! C'est si fréquent dans la chanson, ça se répète, "ist aber nicht! Ist aber nicht !" Je voulais pouvoir établir une sorte de communication avec le public. Et ça a fonctionné !

Thomas : Oui, c'était vraiment une bonne idée !

Mike : Il y a eu étonnement beaucoup de gens qui ont participé. Et dans cette chanson, il y a quelques pièges intégrés. On a envie de le crier ce "ist aber nicht !" à des moments où il n'y a rien en fait. Les gens ont kiffé.

Tous: Oui, c'était chouette.

Mike : Et j'ai aussi kiffé quand le public a tout le temps regardé sur la bite de Rob.

Rob : Elle est pas spécialement grosse, mais par contre elle est bien épaisse.

 

Thomas : Nous sommes dans la thématique de la théorie des langues, de la linguistique. Continuons donc dans cette direction. Vous avez du schnaps. Il y avait une chanson qui s'appelle Schnaps. Je dois dire que cela m'a choqué. Vous avez montré au public du whisky en disant que c'était du schnaps. Mais pourquoi ne pas avoir montré du véritable schnaps ? On est bien d'accord que le schnaps, c'est normalement un alcool blanc de céréales non ?

Tous : Oui !

Thomas : Mais alors pourquoi du whisky ? Si vous voulez vraiment apprendre correctement au public l'allemand, pourquoi faire de telles erreurs ?!

ND: Pourquoi pas du Doppelkorn ?

Mao: Là je dois rajouter quelque chose. J'ai acheté exprès deux bouteilles de Jack Daniels. J'en ai bu une hier, avec les autres.

Mike: Non, tu l'as bu tout seul.

Mao: Non, c'est faux.

Rob: à 90 %. Tu l'as bu à 90% !

Mao: Si déjà nous buvons du schnaps, alors nous voulons boire du schnaps de grande qualité et pas de la merde.

ND: Il existe aussi du Korn de grande qualité, mais le Korn a un goût de merde et le whisky c'est meilleur !

Mike: Le Korn ça a vraiment un goût de merde. Beaucoup de choses que les gens croient être typiquement allemands ne sont pas du tout typiquement allemands. Nous trouvons nous mêmes que c'est de la merde, et le Korn en fait parti. Bref, c'est une boisson typiquement allemande, mais ça veut pas dire qu'on trouve ça bon !

Mao : La boisson typiquement allemande est en fait Sodbrand (en tendant une bouteille) (NDLR: En fait, Sodbrand signifie aigreur d'estomac). C'est un schnaps sans alcool (NDLR: pour l'avoir goûté, il s'agit d'un mélange immonde de piments qui m'a brûlé la langue une demi-heure).

Thomas : Non merci, j'en ai déjà bu avant l'interview. J'en souffre encore. Je le montre pas, mais je souffre énormément.

Mike: (me proposant un peu d'eau) Tiens...

Thomas: (me saisissant d'une bouteille de vodka) A vrai dire, je préfère grandement ceci.

Rob: C'est plutôt polonais. Je suis d'ailleurs à moitié polonais.

Mao: (profitant de l'occasion pour en boire). Elle est bonne. Délicieux !

ND: En polonais, ça s'appelle Zubrowka. Zubr, ça veut dire bison. Regarde, c'est marqué "premium" dessus. C'est pour que les allemands pensent que c'est mieux, qu'ils reçoivent un truc meilleur alors que les polonais boivent le produit de base.

Rob: Alors que c'est la même merde.

ND: Exactement. On lui fait croire qu'il a un truc particulier (tout en buvant).

Thomas: On va s'éloigner un peu du thème de l'alcool. Des mineurs pourraient lire l'interview.

Mao: Ah OK. Chatte. Cul.

Tous: (s'en suit une série de grossièretés qu'on pourrait traduire globalement par bite-cul-chatte, mais mon niveau d'allemand ne permet pas de faire ici une retranscription fidèle...)

Rob: (tendant le mélange de piments) Je dois ajouter que ce schnaps sans alcool convient également aux enfants de moins de 18 ans. Et surtout, quand j'ai pas de CD des Grindfuckers sur moi, je fais goûter ça et je dis, tu vois, le goût de ça c'est comme ça qu'on sonne.

Thomas: Bon, sérieusement...

Rob: Sérieusement (rires) ??? Elle était bonne celle-là !
 


Thomas : Avez-vous un nouveau CD ?

Rob: Oui, on a.

Thomas: Et comment il s'appelle ?

Rob: Ohne Kostet Extra ("sans, ça coûte en extra").

Thomas: Ce qui signifie ?

Rob: Rien de spécial, ça sonne juste extrêmement bien !

Mao: Si, ça a un sens. Ca a un double sens. Ca fait référence aux prostituées qui disent que sans capote, ça coûte plus cher.

Thomas: J'aurais jamais trouvé ça tout seul.

Rob: Notre musique est un peu comme ça, quand on enlève des trucs, c'est plus risqué, et ça coûte donc plus cher.

Thomas: Maintenant que vous êtes en France, ça vous a donné envie de sortir davantage de vos frontières ?

Rob: En fait, on a commencé vers 2007/2008 de jouer de plus en plus à l'étranger. On existe déjà depuis 12 ans et on a déjà joué à peu près dans tous les festivals en Allemagne. Je crois qu'il n'existe aucune région en Allemagne où on a pas joué ! Si on veut garder l'intérêt pour le groupe, si on veut s'amuser, on doit sortir. Du coup, on joue de plus en plus, et chaque année, on ajoute un pays où on était pas encore. L'an passé, c'était l'Espagne et le Canada, et cette année, c'était la France. Et qui sait, l'année prochaine on jouera peut-être en...

Mike: Ethiopie.

Rob: Oui !
 

Excrementory Motocultor 2013

Thomas: Voulez-vous dire quelque chose au public français?

Tous: Merci !

ND: Et j'espère qu'on se reverra un jour au Hellfest.

Thomas: Ca serait chouette. Mais là, vous jouerez à 11h du matin.

Mao: Non, à 19h sur la scène principale.

Mike: En tout cas, ça m'a bien surpris ici.

Thomas: Il y a beaucoup de groupes de grind ici. Par exemple, Gronibard.

ND: Green Reaper ?

Thomas: Non, Gronibard, ça veut dire "gros nibard".

Mao: Ah OK !

Profitant de l'irruption d'un inconnu (un roadie d'un autre groupe si j'ai bien suivi) fan du groupe, ils lui ont fait évidement goûter leur horrible mélange aux piments. S'en suit ensuite une discussion intranscriptible sur les vertus de cette boisson dans le désert et bien d'autres choses...

ND:  Je vais juste ajouter un truc sur les français. Tout le monde est super sympa ici, l'ambiance est super et tout le monde veut faire la fête.

Thomas: C'est normal, c'est le Motocultor ici.

ND: C'est très familial, pas trop gros, on sent que tout le monde se sent bien ici.

Mike: Et le public a vraiment super bien participé.

Rob: Oui, quand on est accueilli comme ça, c'est génial !

 

Excrementory Motocultor 2013

Thomas: Oui, c'est parce qu'ici c'est le Motocultor, c'est la Bretagne, c'est particulier.
Dernière question pour vous, je termine toujours par une question de merde.

Mike: Quelle heure est-il ?

Thomas: Non, mais pas si merdique que ça non plus !
Pour vous...

Rob: Oui, c'était une question de merde !

Thomas : Pour vous, comment pourriez-vous résumer en un seul mot Excrementory Grindfuckers en 2013 ?

Christus: arrrrhhhhhh!!!!!!
Mao : grrrrrrrrrrrrooooooooooooo !!!
Mike: Ale.
ND: Schnaps.
Rob:  Schnaps. Indubitablement schnaps.
Tous: Définitivement schnaps.
 

Thomas Orlanth

 

Photos : © 2013 Thomas Orlanth  - site internet: www.thomasorlanth.com
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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