A Nameless Ghoul du groupe Ghost, entretien démasqué à  Paris

C'est lors d'une journée du lundi 18 novembre fort chargée, entre un entretien exclusif avec Carcass et un gros show de ces derniers + Amon Amarth à l'Olympia, que La Grosse Radio s'est rendue dans un bar parisien afin d'interviewer un des Nameless Ghouls du désormais mythique groupe suédois Ghost.

Quelle ne fut pas notre surprise en tombant nez à nez avec la "bête" de découvrir un être humain, démasqué donc, répondre à nos questions et se présentant sous son vrai nom. Ou quand le mystère se pare d'un visage, le récit de cette entrevue n'en devient que plus (oc)culte...

La Grosse Radio : Bonjour ****** (NDLR : Parce que le mystère se doit d'être maintenu, na !), bienvenue à Paris ! Es-tu venu souvent dans la capitale française ?

A Nameless Ghoul : Bonjour et merci. On a déjà joué une fois avec Ghost, ensuite entre quelques festivals on a fait quelques passages par Paris et puis je suis aussi venu étant enfant en tant que touriste, on avait fait un passage sur la tombe de Jim Morrison avec mes parents.

7 mois après votre second album Infestissumam, vous avez décidé de sortir un EP de covers intitulé If You Have Ghost. Pour quelle raison ?

C'est un peu une décision logique car depuis que nous avons fait "Here Comes the Sun" (NDLR : reprise des Beatles en bonus du premier album), nous nous sommes pris d'une passion pour les reprises. Cela nous permet d'améliorer notre identité sans aller au-delà des thèmes que nous nous imposons sur album ! Ca permet aussi à Papa Emeritus de se libérer un peu, de sortir de son prêche. Au moment d'enregistrer l'album, nous avons mis le doigts sur cinq reprises qu'on pensait d'abord sortir en B-sides... Puis Dave Grohl est entré en jeu, alors on en a fait un EP. Les chansons qui le composent sont différentes de nos créations, certaines plus légères et dénuées de côté "sale" comme "If You Have Ghosts", sans cette touche sombre qui fait qu'on ne peut être considéré comme "mainstream". Mais en contrepartie, tu as "Waiting for the Night" de Depeche Mode, plus obscure que jamais...

Ghost n'est pas un groupe de radio, nous avons une identité propre qui fait que l'on reste assez spécial, et nous construisons nos albums sur ce point. Sur cet EP, on se démarque un peu, et le fait de travailler avec Dave Grohl ouvre quelques portes "mainstream" qui ne sont pas habituellement celles du groupe. Ainsi on se permet cela sans trahir ce que nous sommes, puisque les albums resteront toujours du vrai Ghost sans concession. Cet EP n'est qu'un bonus, s'il marche très bien tant mieux mais peu importe.

On remarque que "Here Comes the Sun" n'est pas sur l'EP, pourquoi donc ?

Juste une question de droits. Elle fait partie du catalogue Rise Above, notre ancien label, et nous n'avons pas eu les autorisations nécessaires pour la ressortir ici. C'est vraiment dommage.

Pourquoi avoir choisi ces chansons en particulier ? Avez-vous hésité ?

Parce que nous les aimons beaucoup. Oui, bien sûr nous avons du choisir entre une dizaine d'idées, certaines ne verront certainement jamais le jour du coup ou d'autres seront gardées pour plus tard. Pour Army of Lovers par exemple, on a hésité entre "Crucified" et "Obsession", mais finalement on a opté pour la première. Nous écoutons beaucoup de musique de différents styles, et il était important pour nous de reprendre des morceaux assez éloignés de la sphère rock metal. Quel intérêt sinon, au fond ? Nous n'ajouterions pas suffisamment notre touche personnelle dessus.

Pourtant cela pourrait être drôle et intéressant de reprendre des titres de metal extrême et les "calmer" à la sauce Ghost, du Cannibal Corpse ou Morbid Angel par exemple !

Oui... enfin je ne sais pas, dans ce style les chansons ont déjà une existence forte, prenons par exemple ce groupe peu connu appelé Necrovore : c'est sublime pour moi. Prends leur chanson "Divus de Mortuus" et transforme-la en morceau acoustique, ça pourrait marcher mais le souci serait au niveau des paroles, ça ne collerait pas vraiment disons... c'est un peu ça le problème avec le metal extrême, c'est génial mais il faut vraiment trouver la bonne chanson qui collerait vraiment à l'atmosphère qu'on voudrait lui donner.

Est-ce que le groupe prévoit de jouer ces chansons en live ?

Oui, en fait nous jouons déjà "If You Have Ghosts" depuis peu, bien sûr nous avons déjà joué "Here Comes the Sun" par le passé. Pour les autres, je ne suis pas encore sûr... "Waiting for the Night" est un peu trop sombre et lente, dans certains festivals ce serait bien mais il faut savoir où la situer dans la setlist, elle ralentirait peut-être trop le rythme. Bien sûr il y aurait des fans qui adoreraient, mais après il faut que ça marche... Cependant qui sait, il ne faut jamais dire jamais.

Ghost A Nameless Ghoul, interview Paris 2013, La Grosse Radio, Hellfest

Puisqu'on parle de live, nous avons entendu dire que Ghost pourrait faire son retour en France vers mars ?

Oui, c'est l'idée, nous travaillons en ce sens. Mars parait loin et certains ne comprennent pas qu'on n'enchaine pas avec la France après nos shows en Allemagne etc, mais c'est une stratégie de tournée bien précise qui nous oblige à repasser par la Suède et d'aller en Australie à un certain moment et pas un autre. Et on doit ensuite regrouper certains pays, par exemple en mars en plus de la France on devrait passer par la Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Italie, etc.

On a hâte de jouer en tête d'affiche en France, certes il y a eu le Hellfest mais c'est à part et un peu inattendu, sinon nous n'avons joué qu'en première partie que ce soit à l'Olympia ou au Sonisphere. On veut monter quelque chose de complet, avec de vrais décors et un visuel précis afin que le culte soit total.

Parlons justement de votre prestation au Hellfest, vous avez été propulsés en quasi tête d'affiche en le concluant. Qu'avez-vous ressenti ?

C'était cool, jouer de nuit nous convient mieux pour ainsi dire. Au Sonisphere la foule était géniale mais on n'aime pas vraiment jouer de jour, ça ne colle pas à l'esprit du groupe, même si parfois c'est nécessaire et qu'on n'a pas le choix. Au Hellfest, on ne s'y attendait pas, et c'est vraiment dommage qu'on n'ait pas su ça ne serait-ce qu'un jour avant, on aurait ramené plus d'effets lumières et un décor plus fourni. On était heureux de cette opportunité mais on aurait pu encore faire plus, faire mieux. On fait partie de ces groupes pour qui le visuel est très important, un peu comme Rammstein par exemple.

Ghost ne fait pas que jouer des chansons sur scène, nous avons pour but de proposer un show préparé qui nécessite certains éléments. Du coup au Hellfest nous n'avons pas eu tous ces éléments, même si l'instant fut quand même très agréable. C'était spécial, en un sens.

Infestissumam est sorti il y a sept mois maintenant. Que penses-tu des réactions qu'il a suscitées auprès des fans et des média ?

Je suis content que nous ayons pu faire un album comme celui-ci, nous avons pu prouver que nous n'étions pas juste une "mode" mais bel et bien un vrai groupe. Pas mal de gens n'y croyaient pas, et pourtant cet album a été très bien accueilli ! Nous n'avons suivi aucune règle, aucun conseil, nous avons réalisé un disque honnête avec ce que nous voulions y mettre. Beaucoup voulaient qu'il soit plus metal, d'autres plus pop... au final, c'est du Ghost, nous avons fait ce que nous voulions. Et preuve que sept mois plus tard que cela a plutôt bien marché.

Quid du futur troisième album ?

Disons que le processus est très bien engagé, nous avons très bien avancé. L'écriture et le concept de l'album sont quasi terminés, nous avons déjà le titre et nous savons quels thèmes seront abordés. Mieux, nous avons même des idées sur quel sera le concept du quatrième opus, car nous savons très bien quoi faire et quoi ne pas faire sur le troisième. Du coup certaines choses sont gardées pour le quatrième. Je ne peux pas dire s'ils seront meilleurs que les précédents, bien évidemment, mais je peux t'assurer que nous ne nous répèterons pas vraiment, tout sera diversifé. Chaque album proposera un Ghost différent, et c'est d'autant plus excitant au niveau du processus créatif lorsque les idées fusent et se mettent en place. En tant que groupe, je pense que nous devons prendre du plaisir à écrire, et c'est vraiment le cas pour Ghost.

Ghost, Papa Emeritus Hellfest 2013, interview Paris, La Grosse Radio

Ce qui arrive à Ghost est en tout cas extraordinaire. Devenir l'un des groupes préférés de James Hetfield ou Duff McKagan, travailler avec Dave Grohl... un rêve éveillé ?

C'est difficile à dire si on rêve ou non, parce que jamais on n'aurait imaginé cela et nous sommes encore personnellement de très grands fans de groupes comme Metallica. Rien n'a changé à ce niveau. Par exemple je collectionne toujours les goodies Metallica, du coup je fais presque la différence et pas forcément le rapport entre "le Metallica que j'aime" et ce Metallica qu'on a rencontré. Idem avec Dave et Duff, ce dernier en vrai a l'air différent de celui qu'on voit dans les vidéos cultes de Guns n' Roses...

Une anecdote à ce sujet, l'autre jour on parlait de sons de basse, l'un de mes préférés est pour moi celui de Appetite of Destrution des Guns. J'étais là et je cherchais comment ils avaient pu obtenir un tel son... puis d'un seul coup je me suis rendu compte que je pouvais directement demander à Duff (rires) ! Tu vois, je n'arrive pas encore à faire le lien tant parfois cela parait irréel. Jamais je n'aurais imaginé que je rencontrerais ces légendes, et cela s'est fait naturellement au final.

Question amusante pour terminer, on sait que Papa Emeritus I a du laisser sa place à Papa Emeritus II sur le second album. Penses-tu que Papa Emeritus II laissera aussi facilement sa place à un Papa Emeritus III pour le prochain ? (rires)

Je pense que Papa II sera plus difficile à évincer mais il est conscient que ses jours sont comptés, Papa III se prépare tranquillement à prendre sa succession. On changera à chaque album de toute façon, cela fait partie du concept.

On te laisse les derniers mots pour les fans français.

Nous avons hâte d'être de retour en France au moins de mars. Sans trop faire dans le mélodramatique, je peux vous dire que nous sommes sincèrement désolés de ne pas être revenu plus tôt, mais cela ne dépend pas toujours forcément de nous.

Entretien mené par Vyuuse et Ju de Melon

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Quelques heures après cet entretien, se déroulait au Hard Rock Café une conférence de presse avec le gratin des média metal français ainsi que quelques personnalités comme Raphaël Mercier de Mass Hysteria ou Laurent Karila le désormais célèbre addictologue.

A Nameless Ghoul à  Paris, Ghost, 18 novembre 2013, Hard Rock Café

Notre cher Tfaaon y représentait La Grosse Radio, voici les informations complémentaires qu'il a pu receuillir en vrac suites aux questions posées à notre "plus si mystérieux" invité du jour (mais à nouveau masqué en public) :

- La collaboration avec Dave Grohl était un peu iréelle au départ, au final il s'agit d'une personne à la fois symapthique et très créative, quelqu'un qui garde les pieds sur terre.
- A la question pourquoi jouer avec des costumes sombres alors que la musique est plutôt pop, A Nameless Ghoul a répondu qu'en blanc ils ressembleraient trop au Ku Klux Klan.
- Le prochain album sera différent, il ne faut pas croire qu'il sera plus accrocheur en se basant sur l'EP.
- Ghost envisage un jour de faire une musique plus complexe, plus atmosphérique, plus axée sur l'instru et moins sur les voix.

Photos Live : © Hellfest 2013 / Nidhal Marzouk  / Yog Photography
Photo conférence de presse : © 2013 Antoine Tfaaon

Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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