Necrobutcher, co-fondateur et bassiste de Mayhem

Interview réalisée avec la précieuse aide de Hierønymus Thetruefacial pour la pertinence de ses questions…

C’est un Necrobutcher à l’aise et avenant qui nous accueille. On commence l’interview à l’étage du Divan du Monde devant de jolies images pieuses. Originale. Alex Colin-Tocquaine d’Agressor est avec nous puisqu’il est ami de Necrobutcher depuis presque 30 ans. Le Tour Manager nous apporte des bières, certaines questions le troublent, puis Merrimack fait son soundcheck. On ne s’entend plus, il faut agir. On parle de la « Kro », il veut savoir si c’est une bonne bière… No comment ! Necrobutcher est un peu sur la défensive et nous dit que nos questions sont complètement dingues…

Lionel / Born 666 : Depuis 7 ans et le départ de Blasphemer, Mayhem n'avait plus fait parler la poudre en studio. Y a t-il eu des moments de doute quant à la suite à donner ?

Necrobutcher : Non ! (silence)…on a toujours eu des breaks au sein de Mayhem depuis nos débuts en 1984. On a toujours été content d’enregistrer des albums et de tourner dans le monde entier. Bien sûr le but est d’aller de l’avant…
 

Necrobutcher de Mayhem

Lionel : Après avoir utilisé d'autres guitaristes en live, Teloch intègre Mayhem en 2011, le connaissiez vous avant et n'est pas trop difficile de gérer sa présence avec ses autres groupes?

Necrobutcher : Il avait déjà joué dans le groupe quelques mois en 2008. On avait parlé ensemble de son intégration au sein de Mayhem, mais à cette époque il était occupé avec Gorgoroth. Alors on a travaillé avec d’autres guitaristes : Silmaeth et Morfeus avant qu’il nous rejoigne avec Charles Hedger qui est sur scène désormais avec Teloch. Ainsi quand ses obligations ont été terminées envers Gorgoroth, il nous a appelés, on a discuté et il a rejoint le groupe. Donc il a pris deux ans avant qu’il ne commence à enregistrer de la musique pour Mayhem et dès qu’on a eu suffisamment de titres on est rentré en studio pour enregistrer Esoteric Warfare. On était supposé faire une tournée mondiale pour promouvoir Esoteric Warfare mais la sortie de l’album est légèrement retardée. Il devait sortir en Mai…

Lionel : La date prévue initialement n’était-elle pas le 23 Mai, c'est-à-dire demain ?

Necrobutcher : Oui peut-être, mais maintenant c’est reporté au 6 juin… (À ce moment le soudcheck de Merrimack commence avec la basse…) … mais tu sais si l’interview est pour une radio cela peut être intéressant pour toi d’enregistrer le soundcheck (rire)

Lionel : Non ça va …

Necrobutcher : Sûr ?

Lionel : Jusqu’à là, ça va, après on avisera… bon on coupera et on ira ailleurs (rire)…

(Il discute avec le manager qui nous apporte des bières)

« Skåle ! Général » (tintement des bouteilles !)
 

Necrobutcher de Mayhem


Lionel : Ordo ad Chao présentait un coté chaotique et rampant assez différent du reste de votre carrière, avez vous voulu consciemment changer à nouveau de voie ?

Necrobutcher : Non, absolument pas… on fait de la musique quand on décide de faire de la musique. Ça dépend de l’endroit où l’on est, ce que l’on fait dans nos vies, ce qui se passe dans le monde. Parfois on met 6 ans entre chaque album, parfois 7… tout peut se passer entre deux, notre inspiration, de nouvelles situations dans nos vies respectives. Donc c’est normal que l’album soit différent, surtout pour celui qui doit pondre les textes, donc bien sûr ça change et ça a toujours été le cas. Et on a toujours eu suffisamment de succès depuis 30 ans. C’est pour cela que j’essaye de dire que c’est notre 30ème anniversaire qu’on a envie de célébrer avec nos fans durant cette tournée.

Lionel : Teloch a travers ses autres groupes (Nidingr, NunFuckRitual,…) utilise des structures assez avant-gardiste. A-t-il eu une influence sur le nouvel album lui même semblant être tourné vers le futur ?

Necrobutcher : Non, j’en ai aucune idée (maintenant c’est au tour des guitares de continuer le soundcheck, on entend plus rien du tout)(Rire général)
Je pense que c’est terminé… « Pause » !

Il s’avise et propose que l’on continue en face. Necrobutcher met ses lunettes et la capuche de son sweat-shirt sur la tête pour passer inaperçu afin de traverser la rue. Incognito, il rentre dans le bar ; hommage à Gainsbourg : on commande des 102 (2 x Pastis 51 !)… Alex Colin-Tocquaine d’Agressor est toujours avec nous.
 

Necrobutcher de Mayhem & Alex Colin-Tocquaine d’Agressor

Necrobutcher : Tu sais pour en revenir à Teloch, c’est lui qui a écrit l’album, il faudrait plutôt lui demander directement. Il a eu surement différentes influences au cours de sa carrière et ainsi il a écrit l’album (rire)

(Maintenant c’est la musique du bar qui monte d’un cran)

Cet album est basé sur ce qui se passe dans la tête de Teloch, par ce qui se passe dans sa vie. Ses principaux intérêts sont des choses inexpliquées, les anciennes technologies qui permettaient de déplacer d’énormes objets, le contrôle de la pensée, les secrets d’Etat, les programmes secrets pour contrôler l’esprit des gens, les conspirations, les corruptions gouvernementales, ainsi que les sciences, beaucoup de secrets qui entourent certaines sciences. Sans oublier les OVNI, les vies extra-terrestres, toutes ces choses remplissent les paroles de notre nouvel album.

Lionel : L’artwork réalisé par l’artiste polonais Zbigniew M. Bielak est inspiré d’une illustration d’Etienne Louis Bouillée, architecte français du XVIIIème siècle. C’était un architecte néoclassique, inspiré du gigantisme. Il imaginait d’immenses bâtiments, marqués par l’amour de la géométrie, sans ornement superficiel, brut. Est-ce que vous vouliez faire passer ce message musicalement au travers d’Esoteric Warfare ?

Necrobutcher : (silence) En ce qui concerne cet artiste polonais et la pochette qu’il a conçu, il est excellent, il a même conçu la pochette du dernier Ghost par exemple. Je pense qu’il fait un travail ahurissant, mais je ne connaissais pas l’histoire de cet architecte français, donc il serait difficile pour moi de me prononcer sur ce que Zbigniew a voulu exprimer en s’inspirant de cette illustration.

Lionel : Il semble qu'il y ai deux Mayhem, un mort avec Euronymous et Dead et un autre plus moderne plus alambiqué, d’autant plus que pour la promotion de votre nouvel album Esoteric Warfare, vous avez réalisé des photos du groupe dans le même arrêt de bus que celle connu où l’on voit Dead et Euronymous allongé sur le banc avec Mayhem écrit juste au dessus d’eux.

Necrobutcher : Tu sais, on habite dans la même région depuis toujours. Et puis on avait cette photographe espagnole qui venait d’Angleterre qui s’appelle Ester (Segarra). Elle a passé pas mal de temps avec nous. On a pas mal circulé dans la région. On lui a montré où on a vécu et où on a grandi. Et on s’est arrêté à cette fameuse station de train, car ce n’est pas un arrêt de bus, là même où la fameuse photo a été prise avec le graffiti Mayhem sous l’abri de la station.
 

Mayhem

 

Mayhem

Lionel : Là où i y a un graffiti de Sodom gravé maintenant ?

Necrobutcher : Non, celui là est encore un autre endroit et c’est Dead qui l’avait gravé dans le bois à l’époque.  Ensuite on est allé dans ma ferme, et voilà on a fait le tour de nos endroits…

Lionel : Ne vous sentez vous pas prisonnier du premier Mayhem ?

Necrobutcher : Quand on a commencé à jouer dans Mayhem, on a d’abord appris à jouer des instruments, même un peu avant quand on avait 14 ans. Car on a créé Mayhem quand on avait 16 ans. Bien sûr, et c’est logique à cette époque la musique était primitive. On était des musiciens primitifs et ainsi la musique était primitive !

Donc tout ça a commencé avec la démo Pure Fucking Armageddon et ensuite on est allé en studio pour Deathcrush et encore un meilleur studio pour De Mysteriis… donc on est devenu plus exigeant, une meilleure production, un label, on est ainsi devenu plus perfectionniste pour continuer dans des studios de plus en plus chers en Norvège pour arriver à enregistrer Grand Declaration of War qui est sorti chez Seasons of Mist. C’était nos débuts avec le label français et c’est pour cela qu’on est là aujourd’hui pour parler avec toi. On est sur un label français, on est en France et on va jouer juste ici au Divan du Monde et on fait une interview dans ce bruyant bar rock (rire)

Lionel : Beaucoup de pionniers du Black Metal ont arrêté et peu comme vous ont évolué vers des structures plus modernes, vous sentez vous redynamiser par l'arrivée de nouveaux groupes ou l'émergence de nouvelles scènes ?

Necrobutcher : Je ne pense jamais aux autres groupes de Black Metal. Je tombe parfois sur des choses mais je ne peux faire attention tout le temps sur ce qu’il se passe sur la scène. Je suis satisfait de ma propre expression et puis on manage cette maison de dingue qui est Mayhem depuis maintenant 30 ans. On est aussi nos propres pires ennemis aussi. C’est un miracle que l’on soit encore là et j’en suis très fier et heureux.
 

Necrobutcher de Mayhem


Lionel : Il y a 20 ans de nombreux groupes de Norvège sortaient des albums qui allaient marquer le Black Metal, comme Emperor, Gorogoroth, vous bien sûr mais aussi Burzum et Darkthrone…

Necrobutcher : Oui mais nous on n’est pas là pour « ressortir » notre album pour fêter ses 20 ans d’existence le revitaliser pour lui donner un nouveau gros son avec une grosse production; ou d’organiser une tournée pour jouer De Mysterris. Cela ne nous intéresse pas. On préfère se concentrer sur notre nouvelle production.

Lionel : Ma question était que tout le monde se mélangeait, Samoth sur le Gorgoroth, Varg sur le Darkthrone ainsi que sur votre album…

Necrobutcher : Attends une minute. C’était tous des fumiers et ils aimaient suc** des bites. Ils jouaient tous dans au moins 5 groupes différents. C’est le signe de personne qui n’était pas vraiment enthousiaste par rapport au projet quand tu dois t’investir dans 5 groupes différents.

Lionel : C’est peut-être parce que vous étiez plus jeunes ?

Necrobutcher : Non je parle de tout le monde. Moi j’ai toujours été dans le même groupe, je respecte mes fans. Et pour le mot de la fin, parce que tu avais des questions tordues, pour les gens qui vivent Mayhem, qui se font des tatouages au nom du groupe qui sont avec nous : je ne les laisserai jamais tomber. On reste ensemble comme dans un petit village par respect pour ces mecs qui portent notre nom Mayhem en tatouage avec fierté, en badge ou en patch sur leur veste et je tiens à dire que ce soir on va faire un très bon show !

Il se penche vers le micro et se met à crier : « Merci à vous et vous écoutez Necrobutcher de Mayhem sur La Grosse Radio Metoooool !! »

Photo : Lionel / Born 666 / © 2014
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 

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