Björn Gelotte, guitariste de In Flames


"Siren Charms est froid, sombre, mélancolique. Mais nous nous en sommes rendu compte après l'avoir écouté"

De retour avec Siren Charms, les Suédois d'In Flames ont changé pas mal de choses ces dernières années. Plus de 20 ans après la naissance de ce groupe et quelques changements musicaux, le groupe est toujours présent et défend son blason de représentant du Death Mélodique. A l'occasion d'une journée promo, le Guitariste Björn Gelotte, membre depuis 1996 (où il officiait d'abord en tant que batteur) est revenu sur sa carrière, le nouvel album, le death mélodique ou encore At The Gates. Le tout avec une franchise et une décontraction assez rare.

Comment se sent In Flames avant la sortie de Siren Charms ?

Evidemment nous sommes très impatients, peut-être un peu plus que pour les autres albums. Celui-ci a été un challenge pour nous. Mais nous sommes vraiment fiers de ce qui s’est passé entre nous avec cet album, les choses que nous avons changées à un certain point. Oui je pense que nous sommes vraiment impatients.

C’est un peu pour ça cette question, 2013 a été synonyme de changement pour In Flames. Peux-tu nous en parler ?

Disons que cela n’a pas été une année ordinaire en effet, mais nous n’avons pas été inactifs. J’ai beaucoup composé et écrit, nous avons enregistré l’album en décembre,  nous avons fait quelques shows en Suède pour nous faire plaisir. Et il y a eu quelques changements oui. Mais le plus dur pour moi, c’est que nous n’avons pas fait de live depuis septembre 2013.

Cela te manque à ce point ?

Chaque jour, chaque heure. Pour être honnête, je ne fais pas un album pour faire un album, je fais un album pour sortir et aller sur scène. Le live c’est la chose la plus géniale, aller rencontrer les gens, aller de pays en pays et de ville en plus. C’est ça le plus fun.


Deuxième album avec le producteur Roberto Laghi, ça se passe toujours bien ?

Oui, c’est un mec fantastique dont le boulot est meilleur à chaque collaboration. Avec ce genre de type tu as juste besoin de savoir ce que tu veux et jouer ta musique. Le reste il s’en occupe, c’est quelqu’un de méticuleux, il prend soin de tout. Il est très exigeant et il ne vaut mieux pas être flémard avec lui. Il a été particulièrement bon avec la batterie de Daniel, il a eu de très bonnes idées pour enregistrer le son de son instrument. J’adore ce type et je pense qu’on va le garder. (rires)

Vous avez donc vendu votre studio pour aller enregistrer au Hansa Studio de Berlin. Un lieu où ont enregistré bien des légendes. Pourquoi ce choix ?

D’abord je te dirais que l’on peut enregistrer n’importe où. Ca n’a pas vraiment importance . Nous avons effectivement vendu notre studio parce que nous étions partout sauf là-bas. Depuis notre dernier album, nous n’y sommes plus retournés. C’était gâché un bon studio. Et puis nous commencions à nous dire « on peut être aussi bien ailleurs ». Je crois aussi que quand tu enregistres à la maison, tu as tendance à voir les choses de façon trop confortable. Nous avions besoin d’une deadline, un peu de pression t’aide toujours à être plus productif. Bon bien sûr nous ne sommes pas restés sans nous distraire à Berlin : les bars, les potes, les concerts… Nous ne sommes plus aussi jeunes qu’avant. J’ai une famille et elle passe avant l’enregistrement de l’album. Donc, on a cherché un studio en février 2013. On a voulu celui-là parce qu’effectivement AC DC, David Bowie et toutes ces légendes sont passées là-bas. Anders y est allé, il nous a dit « ok », on a vendu notre studio et lorsque nous sommes rentrés dans le Hansa Studio, nous n’avions aucuns regrets.

D’ailleurs à propos de la deadline, seulement six semaines, c’était peut-être un peu court ?

Hahaha, mec, seulement six semaines c’est quand même long. Tu veux savoir combien de temps a duré la session ? Onze putains de jours. Onze jours mec. Le reste c’était la prod. Le temps en studio tu t’en fous, c’est ce que ça va donner en live qui compte. Bon, six semaines c’est court si tu compares à ce que nous faisions avant.  Bien sûr, j’avais un paquet de riffs et bien sûr on a pas tout gardé. Les vrais problèmes quand c’est court c’est parfois la logistique. Oui,  Daniel a dû adapter son jeu et trouver des trucs rapidement. Pareil pour le chant, Anders n’avait pas le temps de réenregistrer souvent. Mais nous avons travaillé très, très dur pour cet album.

Tu as des moments préférés pour composer et écrire ?

Je ne suis pas ce genre d’artiste qui a besoin de films, de livres ou je ne sais quoi pour composer. La musique c’est ce qui fait battre mon cœur. Si je ne pense pas à un rythme, je pense à une mélodie, et j’essaye de l’attraper et la jouer.  Après je jam. Le plus dur c’est au moment de l’arrangement, quand tu as plein d’idée, c’est juste horrible de trouver le son que tu veux et parfois tu dois prendre par défaut.

Que vouliez apporter avec Siren Charms ? Il est très loin de la « renaissance » que vous aviez connue avec  Sounds of A Playgrounds Fading.  Plus « sombre » peut-être.

Qu’est ce qui est important dans la musique ? A quel moment, lorsqu’on est cinq, va-t-on tous être d’accords ? Est-ce que c’est important de trouver 15 riffs de guitare pour faire un nouvel album ? Non, bien sûr que non. L’important ce n’est pas de trouver ta façon de travailler puisque qu’après tout ce temps tu sais comment faire. C’est une question d’écriture, une question de feeling. Et c’est vrai, tu as raison, Siren Charms est froid, sombre, mélancolique. Mais nous nous en sommes rendu compte après l'avoir écouté. Nous ne l’avons pas fait consciemment, ce qui veut dire, je pense, que nous sommes honnêtes.

Parlons de "When The World Explodes", qui est cette « sirène » qui accompagne Anders au chant?

(rires) Voilà une bonne question. Elle s’appelle Emilia Feldt, une chanteuse soprano qui vient du nord de Stockholm. Et pour être honnête je ne sais absolument pas ce qu’elle a fait par le passé (rires). Elle nous a envoyé son book et quand on s’est pris son chant dans la figure, on s’est dit « whoa ! » et Anders a commencé à crier dessus, c’était génial. Cette fille a été un très bonne surprise pour moi.

Puis-je te demander quelques nouvelles de Jesper (Strömblad) ?

Bien sûr. Nous nous sommes vus la semaine dernière, il est train de travailler sur de nouvelles compos pour The Resistance, j’ai d’ailleurs été invité à jouer sur leur EP. Il va très bien maintenant et est devenu « stable ». Il accorde aussi beaucoup de temps à sa famille. Et nous serons toujours là pour lui qu’importe ce dont il a besoin.

C’est d’ailleurs votre premier album avec Niklas Engelin. Aucun regret ?

Absolument aucun, et je suis content que tu me poses cette question.  Ce mec est une injection létale de fun, il aime tellement la musique, il aime tellement être sur scène,  il aime tellement jouer de la guitare. J’ai vraiment le sentiment qu’avant de jouer avec lui, il me manquait quelque chose. Ce n’est pas qu’un guitariste, c’est une plume qui participe activement à l’écriture de nos morceaux. Il a fait de moi un meilleur guitariste. A son arrivée il m’a imposé de nous poser deux heures avant chaque show et de jouer, juste tous les deux. Il m’a motivé au maximum. Il était avec nous sur scène pour  Sounds of A Playgrounds Fading mais n’avait pas participé à la composition. Là il a pu se faire plaisir et nous montrer sa façon de travailler très précise et très sérieuse. Il est là pour un bout de temps ! (rires).

A propos de la scène, votre dernière tournée était un peu à l’image de Sounds of A Playgrounds Fading : explosive. Allez-vous continuer vers des lives spectaculaires ou bien allez- vous vous diriger vers quelque chose de plus intimiste, un peu comme Siren Charms ?

Et bien cela va dépendre de plusieurs choses, d’abord de l’endroit, toutes les salles ne sont pas équipées pour de la pyrotechnie et des choses comme ça. Cela dépend aussi de la setlist. Comme nous en avons parlé toi et moi, cette album comporte des morceaux plus intimes, qui, je pense, iront bien dans des lieux intimes. On a fait beaucoup de grands concerts. Pour cette tournée nous allons chercher plus de proximité avec nos fans.

D’ailleurs quel est votre rapport avec le public ?

C’est une chose fantastique. Tu me parlais du Wacken 2012, quand on a fait sauter ces milliers de personnes sur Only For The Weak, c’était incroyable. Quand le public joue le jeu, c’est la plus belle chose qui puisse t’arriver et ce que tu ressens à ce moment est la chose la plus dure à décrire. Tu ne peux pas mettre de mot sur ce sentiment. Tu sais je suis originaire d’une toute petite ville située à l’est de Göteborg, et presque 20 ans après avoir rejoins In Flames, je ne réalise pas. Je ne réalise pas que je suis allé faire des shows aux USA et que j’ai vu le public crier mon nom, chanter nos textes. Non vraiment il n’y a pas de mots qui décrivent ce que je ressens avec le public. Je peux juste dire qu’avec eux, je suis un homme heureux.
 
Vous avez continué à travailler avec Patrick Ulleaus et produit un nouveau clip avec lui, celui de "Rusted Nail". Peux-tu nous parler de votre collaboration qui dure depuis 2006 ?

C’est un très grand ami à qui l’on doit beaucoup, il nous a beaucoup aidé pour la promotion de nos albums. Il travaille vite et bien. C’est surtout un grand être humain. Avant de travailler avec lui, tourner un clip était une chose très inconfortable. Ce mec a le don pour te mettre à l’aise et surtout, encore, il travaille vraiment très vite. Même dans un environnement rock’n’roll et compliqué, ce gars te fait une vidéo géniale. Lui aussi on ne va pas le lâcher! (rires)

Cette nouvelle tournée sera peut-être l’occasion de faire un nouveau DVD live ?

Tu sais chaque occasion est bonne pour faire un DVD. On aimerait, mais à chaque fois tu rencontres le même problème, trouver le temps de le faire et surtout assez de moyens pour le réaliser. Maintenant je peux te dire que ça fait partie de nos plans.

J’aimerais terminer avec ton avis personnel sur le mouvement du death-mélodique. En 1993 naissaient In Flames et Dark Tranquillity, vous êtes considérés comme les pionniers du genre. Plus de vingt ans après, quel regard portes-tu sur ce mouvement ?

Revenons aux racines et écoutons ce qui se faisait à l’époque et écoutons ce que se fait aujourd’hui. A l’époque c’était évidemment quelque chose de nouveau et beaucoup de groupes étaient toujours en train d’essayer d’en faire. Au début ce mouvement n’avait pas de nom, certains disaient que c’était juste du death, certains disaient le metal de Göteborg, blablabla. Et à cette période, le plus dur était de trouver un label parce qu’ils étaient vraiment paresseux, ils ne faisaient pas la différence entre In Flames, Dark Tranquillity, At The Gates ou Arch Enemy. Pour eux c’était le « son de Göteborg » et rien d’autre. Mais pour moi et pour n’importe quelle personne qui aimaient cette musique, il y avait vraiment une différence entre tous les groupes. Et ce n’était pas facile de percer quand tu faisais du « metal de Göteborg ». Et aujourd’hui ça n’a plus rien à voir, 20 ans plus tard les choses ont changé. Nous n’y étions peut-être pas forcés, mais nous avons vraiment travaillé très, très dur pendant toutes ces années. Je pense que nous avons su prendre des risques, peut-être plus que d’autres groupes, nous n’avons pas eu peur de franchir certaines frontières tout en gardant un fond de death metal, notre base. Ça me rappelle des putains de bons souvenirs. Quand je suis arrivé il y a 18 ans dans In Flames, nous avions déjà décidé que nous fonctionnerons comme ça, faire le putain de truc dont on avait envie.

Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que je ne compose plus seulement que pour moi, ni que pour In Flames. Je compose pour toi et pour tous les gens qui attendent quelque chose d’In Flames et nous pouvons vraiment faire tout ce que nous voulons, c’est ça qui a changé. Ce que je te dis là c’est aussi arrivé à tous les groupes dont nous parlions. At The Gates, qui sont pour moi les meilleurs, vont sortir un nouvel album. La dernière fois qu’ils ont sorti un album ils étaient presque encore des ados. Mais c’est At The Gates putain ! Aujourd’hui ils sont plus âgés, plus matures, ont une putain d’expérience  et vont forcément livrer un truc lourd, 18 ans plus tard. Et c’est que je retiens du death mélodique, une évolution qui fait que 20 ans après nous sommes toujours là, nous avons tous réussi, nous avons partagé les mêmes scènes, les mêmes studios et nous sommes tous amis. Je ne crois pas qu’il y ait de secret ou de magie, je ne sais pas comment ça va se passer, mais mes oreilles sont encore capables d’êtres surprises.

Peut-être peux-tu nous en dire plus sur le nouveau At The Gates ?

Ça va être énorme et incroyable. Ceux qui garde une grande tendresse pour Slaughter of The Soul pourraient bien être très, très surpris. Même 20 ans plus tard.

Je te laisse les derniers mots.

Merci beaucoup (en français)! Mon français est vraiment mauvais. Juste vous dire que nous sommes impatient de revenir vous voir et de nous éclater avec vous pendant nos trois ou quatre dates en France. Le Bataclan est ma salle préférée. Vraiment je suis impatient de vous retrouver!

Photos : Nouria Yanaouri
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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