Thomas Gurrath, leader de Debauchery, au Fall of Summer 2014

La première édition du Fall of Summer bat son plein, mais je parviens à trouver un moment pour m'entretenir longuement avec Thomas Gurrath, le chanteur et guitariste de Debauchery, qui vient de jouer un peu plus tôt dans l'après-midi. 

J'aurais pu nommer cet interview "quand Thomas rencontre Thomas", et j'espère que vous n'allez pas vous perdre entre les questions et les réponses. 

Et que les lecteurs qui ne seraient pas en plus fan de jeux de simulation m'excusent par avance, comme ils le verront à travers la discussion intense qui s'est engagée..
 

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Thomas: Je vais commencer avec votre show qui a eu lieu il y a à peine une heure ici. C'était le premier concert de l'après-midi où tous les gens qui sont déjà arrivés étaient présents devant la scène. Il y avait des gens issus de plusieurs styles musicaux, mais tout le monde semblait avoir trouvé ça bon !
Comment expliques-tu que ta musique, qui au fond s'appuie sur trois mots: blood, kill, war, passe si bien sur scène ? Quel est ton secret ?

Thomas Gurrath: Je pense que ça vient du fait qu'on fait de bonnes chansons. J'ai déjà fait beaucoup de trucs à jeter à la poubelle, mais sur scène, l'avantage c'est qu'on joue que les bonnes choses. (rires)
J'ai parfois l'impression que le rock'n'roll s'est un peu perdu. Je vois plein de groupes, et je me dis pourquoi ça ne rock pas ? Ils n'ont tous plus de jus. C'est soit un truc technique, soit je sais pas ce qu'ils veulent dire avec ça, mais moi j'ai besoin du côté rock'n'roll ! Regarde par exemple AC/DC ou Judas Priest. Imagine toi qu'un nouveau groupe jouerait quelque chose dans le genre de Judas Priest, ils souffleraient tout. Ca serait super excitant !

Thomas: Qu'est-ce que tu pensé du public ? Comment tu vois les choses de la scène ?

Thomas Gurrath: J'ai toujours peur avant de monter sur scène, je suis toujours nerveux. J'ai joué la semaine dernière au Beach Rock à Francfort-Oder. C'était un festival metalcore. Il n'y avait que des groupes de metalcore. Enfin, il y avait deux groupes orientés black metal, Behemoth et encore un autre [NDLR: Minas Morgul], et sinon uniquement du metalcore, ou du hardcore, je ne sais pas trop. Par exemple, Born From Pain, Unearth. J'étais très nerveux. Ici, il y a surtout du black metal.

Thomas: Oui, et du thrash aussi.

Thomas Gurrath: Je suis toujours très nerveux, parce qu'on joue toujours autre chose, et je sais jamais comment ça va être accueilli. Et pendant les groupes qui jouaient avant, il se passait pas grand chose devant la scène. Et puis les gens sont venus, tout le monde était là.

Thomas: Oui, et tout le monde s'est avancé. Parce qu'avec ces belles collines juste devant la scène, c'est très confortable, mais du coup, les premiers groupes ont dus se sentir un peu seuls. Mais tout le monde est descendu. C'est un bon signe ! Pour moi, la journée du samedi a vraiment commencé avec Debauchery.
Revenons un peu sur votre dernier album...

Thomas Gurrath: Debauchery ou Blood God ?
[Le dernier album de Debauchery est Kings of Carnage, mais entre temps, Thomas a sorti un album sous le nom de Blood God, qui est son nouveau projet]

Thomas: Le Kings of Carnage, qui est assez récent.

Thomas G.: Un an déjà...

Thomas: Si on compare aux autres albums, on sent que le son est juste. Comment ressens tu l'évolution du groupe ces dix dernières années ? A mon avis, qui n'engage que moi, avec Kings of Carnage, tu as atteins un sommet.

Thomas G.: Je voulais toujours faire le même truc, à savoir jouer du Judas Priest. (rires) J'ai commencé à jouer de la guitare à cause d'AC/DC, et j'ai continué à cause de Judas Priest. Pour moi, c'est ça un groupe de metal. Ils ont fait toutes sortes de choses, mais c'est toujours putain de génial. Ca a beaucoup changé, Rocka Rolla est totalement différent de Painkiller. Ils ont tout fait, c'était pas toujours super. Quand j'ai commencé, j'arrivais pas à jouer tout ça, c'était tout simplement beaucoup trop difficile pour moi. Alors, j'ai fais ce que je pouvais, c'est à dire Kill Main Burn. Dix ans, ça fait beaucoup d'entraînement. J'ai sorti un CD tous les ans. Là, en août dernier, il y a trois semaine, j'ai sorti un nouvel album de Blood God, qui est vraiment heavy metal. Donc au bout de dix ans, on joue mieux, et on arrive à mieux traduire ce qu'on veut faire. je trouve que je me suis toujours amélioré. Les gens sont pas toujours d'accord avec ça. Il y a beaucoup de personnes qui trouvent que les premiers CDs sont les meilleurs et aiment moins les choses plus récentes. Ils sont nostalgiques. Envers quoi, je ne sais pas.

Thomas: Peut-être avaient-ils simplement vingt ans, et ont des souvenirs liés. En tout cas, je pense que l'amélioration est réelle.

Thomas G.: Pour moi, Blood God est encore meilleur que Kings of Carnage. C'est plus heavy metal !
 


Thomas: Je me suis toujours demandé d'où venait cette obsession du sang que tu sembles avoir...

Thomas G.: A l'origine, ce n'était rien du tout. On s'était dit qu'est-ce qu'on allait faire de différent que les dix autres groupes avec qui ont allait joué le soir. Comment pouvait-on faire pour sortir du lot. Par exemple, les groupes de black metal ont leur corpse paint, Kiss ont l'air déjantés, Judas Priest ont leur attirail tout de cuir. Qu'est-ce qu'on allait faire ? Alors on a fait du sang. Ce n'était rien de nouveau. Dismember a fait du sang. Il y a eu beaucoup de groupes qui ont fait du sang. Mais personne n'a fait du sang tout le temps. On l'a fait depuis le début et on n'a jamais arrêté. Ca me fait vomir à chaque de devoir m'étaler ça (dit-il en montrant le sang qui a maculé ses vêtements). Mais on continue. Les gens nous reconnaissent comme ça, ah oui, c'est le mec avec le sang.

Thomas: C'était donc une solution simple à un problème simple !
J'ai lu que tu étais autrefois prof de philo ?

Thomas G.: J'ai autrefois fais des études de philo et j'étais à (l'équivalent de l'Ecole Normale ou des IUFM), en tant que professeur en formation. Je devais me décider sur ce que je voulais faire.

Thomas: Et ils t'ont vraiment sommer de choisir entre ta musique ou ton métier ?
C'est vraiment incroyable. Chacun peut faire ce qu'il veut dans sa vie privée non ?

Thomas G.: Quelqu'un a fait des recherches sur internet. Ils ont tout téléchargé ce qu'ils ont pu trouver et m'ont montré les images en disant que ça, c'était pas possible.
Pour moi, c'était même pas une décision à prendre. C'est comme si quelqu'un me disait qu'à partir de maintenant, je n'aimais plus les femmes.
- Ok. Si tu le demandes, je laisse tomber. Je m'intéresse plus aux femmes.
C'est de la connerie. Pour moi, il n'y avait pas d'autre choix possible que la musique.

Thomas: Ok. Passons à un autre sujet. J'ai moi-même appris cela qu'il y a quelques jours. J'étais un peu voir votre page internet et je suis tombé sur World of Bloodgod. C'est tout de même quelque chose de très particulier sur un site d'un groupe. C'est un véritable jeu [que vous pouvez télécharger gratuitement ici]. Cela m'a immédiatement fait penser à Warhammer.

Thomas G.: Je suis un énorme fan de Warhammer.

Thomas: Mais comme il y a un copyright sur Khorne...

Thomas G.: Oui, j'ai fais ma propre version de Bloodgods...

Thomas: On sent l'influence, mais en plus extrême. Ton jeu, on peut pas le vendre en boutique, ou alors interdit aux moins de 18 ans.

Thomas G.: (rires) Oui, je suis un grand fan depuis toujours. J'ai commencé à huit ans. J'ai eu mon premier genestealer, mon premier ...

Thomas: Tu joues encore ?

Thomas G.: Je jouerais aujourd'hui si je n'étais pas là. Mes amis sont entrain de jouer à Warhammer Fantasy Battle maintenant. Moi, je peux pas. Je suis ici.

Thomas: Une autre "battle".

Thomas G.: (rires) Oui !

Thomas: J'étais vraiment très surpris, parce que pour réaliser un jeu comme le tien, il faut vraiment bien s'y connaître, et pas seulement avoir fais deux parties...

Thomas G.: Oui, quand Warhammer est sorti en anglais, je ne connaissais pas l'anglais. J'ai juste acheté les figurines et j'avais fais mes propres règles. A douze ans, j'avais déjà fais mes propres règles pour qu'on puisse jouer, puisque je ne pouvais pas le traduire.

Thomas: Tu as un plan pour le vendre en magasin ?

Thomas G.: Non, je le fais pour le plaisir. Je l'ai fais pour que je puisse y jouer avec des amis. Mon groupe de joueurs. Ils ont tous des enfants, sont un peu partout. Depuis un an, il ne se passe plus grand chose.

Thomas: Et oui, ça arrive souvent. A trente ans, les gens sont souvent déjà presque installés dans une maison de retraite.

Thomas G.: Oui, j'ai un nouveau groupe de joueurs, avec qui je joue de nouveau à Warhammer 40000. J'avais un gros groupe de joueurs, au moins une dizaine de personne, mais ils sont tous parti quelque part. Boulot, boulot, encore boulot, famille, enfant, boulot à nouveau. Ils ont tous arrêtés.

Thomas: Tu joues l'armée du Chaos ?

Thomas G.: Oui aussi, mais mon surnom c'est Tyran Thomas, parce que je joue beaucoup les genestealer/tyranides. Mais j'ai aussi des Skavens, des Hommes-Bêtes, des Démons, des Guerriers du Chaos. J'ai la vieille armée du Chaos de l'époque Realm of Chaos, mais maintenant ça a été splitté en plusieurs armées et je n'ai pas tout. Oui, j'aimerai bien de nouveau jouer les Hommes-Bêtes.

Thomas: Oui, les stratégies sont toujours simples alors ?

Thomas G.: Oui, mais il faut quand même réfléchir.

Thomas: Tu pratiques aussi un peu de jeux de rôles ?

Thomas G.: Oui, on a joué un peu à Warhammer le jeu de rôles, mais ça n'a jamais donné quelque chose.

Thomas: Dans tes règles, il y a pas mal de détails sur l'univers, un peu comme dans un jeu rôles.

Thomas G.: Oui, j'ai un bon ami qui est rôliste et je voulais en faire aussi un jeu de rôles, mais ça n'a encore rien donné.

Thomas: J'ai aussi vu sur ton site que tu vendais de la vodka. Vraiment ?

Thomas G.: Oui, elle est déchire.

Thomas: On peut l'acheter sur internet ?

Thomas G.: Oui, chez Nuclearblast. Mais c'est compliqué et cher, interdit en dessous de 18 ans. Ca marche qu'à travers Nuclearblast, mais c'est très cher pour moi. J'en ai une, je peux te l'offrir. Ca se boit bien, comme de l'eau, mais il est à 40 degrés.
 


Thomas : Je note ! Mais revenons un peu sur la musique. Est-ce que tu as un projet, que tu n'as jamais pu réaliser. Mais maintenant, après dix ans, le recul. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais faire, à part sortir de nouveaux CDs bien sûr. Quelque chose d'inhabituel, un vieux rêve ou quelque chose de ce genre...

Thomas G.: Oui, j'aimerais bien faire un film sur Bloodgods. J'ai tellement d'histoires à raconter. Mais je m'y connais pas du tout en cinéma.

Thomas: Et musicalement ?

Thomas G.: Un CD de black metal (rires). J'ai jamais fais de CD de black.

Thomas: Sérieusement ?

Thomas G.: Oui, j'ai toujours envie de faire des CDs. J'ai aussi envie de faire un CD de blues rock. En fait, j'aimerais TOUT faire. Mais je fais ce que je peux faire, et ce que j'aime faire. J'ai déjà essayer des tas de trucs avec Debauchery. J'ai déjà fais des titres de black metal, un ou deux. Mais je n'ai pas encore pu faire un album. C'est aussi parce que je suis un gros fan de heavy metal et de hard rock, c'est ça mon vrai truc. C'est pas que je n'aime pas le black metal, mais je trouve que quelques groupes sont vraiment bons, comme Immortal parce que le mec il a plein de voix. Mais j'aimerais bien faire un truc dans le genre, pourquoi pas.

Thomas: Tu as encore plein de temps !
Terminons avec une question sur le groupe actuel. Pour toi, Debauchery, qu'est-ce que c'est maintenant. En un seul mot.

Thomas G.: Oui, facile. "Rock'n'roll" !

Thomas: Ah oui, facile !
Est-ce que tu as quelque chose à rajouter pour tes fans français ?

Thomas G.: Oui, je vais citer Lemmy. Il dit toujours des trucs très cools. "Never forget to rock'n'roll" !

 

Thomas Orlanth
 

Photos:
© 2014 Lionel / Born 666
© 2014 Thomas Orlanth  - site internet: www.thomasorlanth.com
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite des photographes.

 

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