Dying Fetus (+ Goatwhore, Malevolence et Fallujah) au Divan du Monde, Paris (24.11.2014)

Avortement au Divan


Certains groupes ont du mal à rester en place, et clairement, Dying Fetus fait partie de ceux-là. Ils étaient déjà passés par la capitale l’année dernière avec nos compatriotes de Kronos, et à peine un an plus tard, rebelote avec une affiche pour le moins variée. L’éclectisme allait-il porter ses fruits ?

 

Fallujah
 


En ouverture, on retrouvait les jeunots de Fallujah, groupe de death technique qui a eu bonne presse cette année avec son dernier album The Flesh Prevails. Devant une telle débauche de technique en studio, la crainte est en général de se retrouver face à une formation en carton pâte sur scène… Mais ce n’est clairement pas le cas de Fallujah, qui maîtrise parfaitement son sujet malgré un son franchement brouillon en début de set. Les musiciens sont d’une précision impressionnante, et abattent avec une facilité déconcertante.
 

Fallujah, live, paris, 2014,


En plus du déluge de riffs alambiqués et de tapping supersoniques, le groupe développe des ambiances aériennes et planantes dans ses compositions, qui apportent clairement un coup de frais au tout. Il n’y a rien de nouveau là-dedans par rapport  à ce qu’on trouve dans la scène post-rock, mais ça a le mérite d’être bien fait et interprété. Par chance, le son va s’améliorer sensiblement après la deuxième chanson, permettant d’apprécier la musique de Fallujah comme il se doit. Au micro, Alex Hofmann se révèle honorable, mais avec un growl qui manque un peu de personnalité et d’agressivité. Il n’est pas très actif sur scène, mais quelque part, on n’est pas vraiment gêné, comme si la musique compensait ce manque.
 

Fallujah, live report, Paris, 2014,

En plus des extraits de The Flesh Prevails, quelques titres de The Harvest Wombs et l’EP Nomadic seront joués, et qui nous rappellent que dès le départ, Fallujah était synonyme de qualité. Malheureusement, après cinq titres, c’est rideau. Dommage, on en aurait repris volontiers. Voilà un groupe à aller voir au Hellfest 2015 !

 

Malevolence

 

En fouinant sur Metal Archives, vous pourrez voir qu’il y a un certain nombre de groupes qui s’appellent Malevolence. D’ailleurs, celui que nous voyons ce soir n’est pas répertorié, puisqu’il est du côté « ‘core » de la force. On passe donc du death technique au gros deathcore bien huilé  sans espèce de transition. Et force est de constater que ces Anglais savent envoyer la purée comme il le faut. Dotée d’un son massif, la musique ne met pas longtemps à former un trou dans la fosse, permettant aux intéressés de partir dans une séance de karaté, pas forcément agréable quand elle se passe à côté de vous, mais sympathique à regarder du haut du balcon !
 

Malevolence, Paris, live report, 2014,


Musicalement, c’est du vu et revu, mais encore une fois, quand la musique est efficace et bien jouée, avec un bon son, on aurait du mal à cracher dans la soupe. Les musiciens sont parfaits dans leur rôle, à commencer par le chanteur Alex qui a un growl impeccable en plus d’être un sosie du chanteur de Hatebreed. Apparemment, le groupe a quelques fans en France, si on en juge par l’agitation des premiers rangs, qui en plus de cela connaissant les paroles !
 

Malevolence, live report, Paris, 2014,


En plus de leurs riffs qui donnent envie de s’échauffer les cervicales, les guitaristes ne dépareillent pas en solo, qui sont joué avec maîtrise et vélocité. On a trop tendance à partir du principe que le hardcore n’est pas conciliable avec des solos, et Malevolence corrige le tir dès ce soir ! Avec une performance de cette qualité, on peut juste être déçu pour Alex qui aura demandé un circle pit sans l’obtenir à deux reprises ! En tout cas, ce premier passage parisien aura été un succès.

Goatwhore
 


Malgré leur accoutrement qui pourrait les faire passer pour un groupe de black metal, Goatwhore est nettement plus proche du thrash metal, avec des touches de black et de death mais surtout une bonne dose de groove rock n’ roll. Et oui, il ne faut pas oublier que ces Américains viennent de la Nouvelle-Orléans ! Encore une fois, on est soufflé par le professionnalisme des musiciens. Ca ne fait pas un pli, c’est net et précis avec un son tranchant !
 

Goatwhore, live report, Paris, 2014,


Mention spéciale au guitariste qui a une attaque impressionnante à la main droite. Couplés avec la grosse caisse, ses riffs sont comme une mitraillette pointée vers le public, effet garanti ! Le chanteur Ben Falgoust maîtrise parfaitement les arts de la scène, en plus d’avoir une voix rauque qui convient parfaitement à la musique jouée. Ce dernier sait comment exciter les premiers rangs, et n’hésite pas à frapper ou serrer les mains qui se tendent vers lui. D’ailleurs, ça s’agite bien dans la fosse, il semblerait que le public apprécie franchement la performance de Goatwhore.
 

Goatwhore, 2014, live report, Paris,


A la guitare, Sammy Duet se révèle être un fin artilleur, avec un style qui évoque Kerry King, mais avec précision beaucoup plus marquée. La chanson « FBS » (comprenez « Fucked by Satan » ) prends tout son sens en live, avec un groupe déchaîné qui malmène son public. En fait, il n’y a pas beaucoup plus de choses à rapporter, car le concert se passe tellement bien que le temps se dilate. On arrive déjà à la fin de leur concert, les cervicales en compote… En sachant qu’après, il y a Dying Fetus, on peut y voir le signe que c’est une bonne soirée !
 

Goatwhore, 2014, Paris, live report,

Dying Fetus

 

Le fétus mourant. Ou des rares groupes sont parvenus au parfait hold-up : allier la brutalité extrême à des compositions très techniques, tout en restant accrocheur et groovy comme un vieux groupe de rock n’ roll. Avec une carrière exemplaire, confirmée une nouvelle fois en 2012 avec le dernier album Reign Supreme et une réputation de performer live imparable, on avait tout pour attendre beaucoup de ce concert. Et dès l’arrivée du trio sur scène, on sent déjà que l’on va obtenir ce que l’on attendait.
 

Dying Fetus, live report, Paris, 2014, live

Ne pas bouger son corps sur une chanson de Dying Fetus est une gageure. En cherchant une comparaison, on pourrait dire que c’est aussi difficile que de protéger une bière fraîche d’un métalleux assoiffé. John Gallagher porte fièrement un t-shirt Mob Rules de Black Sabbath, rappelant le lien de filiation entre ses riffs et ceux de Tony Iommi. Le bonhomme est tout simplement monstrueux, distribuant les riffs destructeurs à la chaîne tout en imposant sa présence avec un growl puissant et très guttural. Clairement, notre chauve ne fait pas dans la dentelle, et enchaîne ses parties rythmiques et solistes avec un air appliqué et déterminé. Jouer de la guitare paraît tellement simple en le regardant et il en va de même pour son compère Sean Beasley.
 

Dying Fetus, live report, Paris, 2014,


Avec un son aussi surpuissant et précis que l’exige leur musique, Dying Fetus retourne le Divan du Monde en un tournemain, rendant le public complètement hystérique. La fosse est devenue un trou à lions, avec quelques gladiateur(e)s qui enchaînent les plongeons dans le public depuis la scène, pendant toute la durée du concert ! C’est vraiment intéressant, parce qu’à chaque fois qu’on pense que ça va se calmer, un nouveau riff de bûcheron sort de derrière les fagots. Il n’y a donc que peu de temps morts, et John Gallagher le constate lui-même en disant « Vous êtes cinglés, les gars ! Ce concert est honnêtement le meilleur de la tournée, de très loin ! »

Dying Fetus, live report, 2014, Paris,


Bref, la conclusion qu’on pourrait donner à ce concert, c’est que Dying Fetus reste une référence en terme de performance metal, à la fois en présence scénique comme en intensité musicale. La formation américaine est définitivement à classer parmi celles à voir « au moins une fois dans sa vie », pour peu que vous appréciez les expériences musicales extrêmes. La setlist est toujours plus ou moins la même, la grosse caisse avait un son bien trafiqué, mais on en redemande encore malgré tout ! Vivement un nouvel album, et d'autres tournées avec des affiches variées et d'aussi bons groupes ! En attendant, on pourra reprendre une tartine au Hellfest.
 

Dying Fetus, live report, 2014, Paris,

Reportage par Tfaaon

Photos : Arnaud Dionisio / © 2014 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 

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