Ghost Brigade (+ Agrimonia et Talbot) au Glazart (12.02.2015)

La Brigade du Paresseux

 

Avec son IV - One With The Storm très réussi, on avait de bonnes raisons d'aller voir Ghost Brigade lors de leur passage parisien. D'autant plus que les finlandais étaient accompagnés de l'excellent groupe suédois Agrimonia et de leurs amis Talbot. C'était un plateau varié, avec trois groupes très différents mais prometteur.

 

Talbot
 


Une fois n’est pas coutume, c’est un groupe estonien qui ouvre le bal ce soir. En résumé, Talbot fait dans le son gras, très gras : du bon gros doom psychédélique dans la veine d’Electric Wizard. C’est en fait un duo basse/batterie. Une guitare ? Ils n’en ont clairement pas besoin !
 

Talbot


Oh joie et délices, la sono’ du Glazart a été refaite et optimisée pour privilégier les musiques qui… Disons, sont riches en basses ! Et la musique de Talbot en est bourrée ! On se fait donc secouer les tympans avec un son fort, mais bien équilibré, chose qui était à présent loin d’être acquise au Glazart !

Les deux comparses assurent le chant par intermittence, avec le micro du bassiste qui est bourré d’effets, et le batteur qui hurle comme un loup garou ! Tudieu, ça sonne sacrément bien, et complètement différemment que sur album ! On a clairement affaire à un groupe de scène.
 

Talbot


Evgeny Mikhailov est très groovy à la batterie, avec un jeu de caisse claire qui claque les fesses ! La basse est tenue par Magnus Andre, et il utilise une multitude de pédales posées sur une table devant lui pour épicer ses sonorités comme il l’entend. En effet, nul besoin de guitare ici, puisque le son dopé de la basse se suffit à lui-même pour jouer le rôle de machine à riffs qui puent le souffre. Petit bémol, le public ne semble pas emballé par leur performance, qui est pourtant admirable ! On voit quelques personnes headbanguer ça et là, mais rien de plus. Au bout de 45 minutes, les Estoniens laissent la place à Agrimonia, après un concert exempt de tout reproche : lourd, fort, précis, le genre de claque surprise qu’on aime toujours se prendre. Juste manquait une petite odeur de Marie Jeanne, pour l’ambiance !

 


Agrimonia
 


Agrimonia est un groupe estampillé Southern Lords, le fameux label administré par Stephen O’Malley  de Sunn O))). L’homme avisé avait donc intérêt à ouvrir grand ses oreilles plutôt que de s’affaler sur les canapés (au demeurant très confortables) du Glazart. Le groupe entame son set avec « Talion », chanson d’ouverture de leur dernier album. D’emblée, on est saisi par le charisme de la chanteuse Christina, qui se plonge corps et âme dans son art. De plus, elle est plutôt en forme vocalement, avec des growls black du meilleur effet.
 

Agrimonia

Le son est tout de même moins bon que pour Talbot, dommage. En effet, les guitares manquent de définition, ce qui fait un peu mal pour un groupe dont la musique est basée sur les riffs.  Qu’importe, Christina arrive à compenser ce handicap avec sa présence scénique, et les autres musiciens sont bien rodés, ils assurent comme il se doit. Agrimonia nous tisse une multitude d’ambiances, avec beaucoup de dynamique, comme le permettent leurs longues chansons. De fait, le groupe sonne beaucoup plus black metal en live.
 

Agrimonia


Avec les minutes qui passent, le son s’améliore, on peut donc apprécier la richesse des compositions de Pontus, et les variations dans les morceaux. A la vitesse de l’éclair, le concert passe, et on en aurait volontiers repris. Une performance très bonne, mais pas aussi imposante que celle de Talbot. C’est en tout cas une première en France très convaincante, qui aura bientôt une suite, on l’espère. En tout logique, Ghost Brigade aurait du faire mieux. Hélas, ce ne fut pas le cas.

 


Ghost Brigade
 


C’est avec l’excellent « Wretched Blues » de son très bon dernier album que Ghost Brigade entame son set. En début de concert, le son est un peu baveux. Par contre, il y a pas mal de monde et une grosse ambiance dans le Glazart. Tout supposait qu’on allait passer un bon moment, avec une setlist privilégiant des morceaux directs et catchy. Au premier rang, les jeunes sautent dans tous les sens !

Vocalement, il n’y a rien à dire : Manne Ikonnen connaît son affaire, et maîtrise parfaitement sa voix, avec un chant clair à la Layne Staley, comme en growl, ce dernier étant vraiment efficace.  De plus, le claviériste Joni Vanhanen arrive à bien assurer les chœurs, ce qui donne un côté plus abouti au tout. D’ailleurs, le concert est sans samples, ce qui est à souligner à une époque où les musiciens y ont de plus en plus recours en live. Avec des titres comme « Minus Side » ou « Into The Black Light », Ghost Brigade peine à convaincre, avec une interprétation et un son beaucoup trop policé. C’est mou, bon sang, c’est mou ! L’interprétation est très bonne mais il manque clairement quelque chose.
 

Ghost Brigade

Le groupe arrive à redresser la barre avec le sludgy « Stones and Pillars », et c’est clairement dans ce registre de sludge aux angles arrondis que Ghost Brigade est le plus convaincant. Avec son rythme hypnotique, nous voilà repartis sur de très bons rails ! Les quelques solos joués sont franchement quelconques, et nous rappellent d’ailleurs que c’est dans le riff que Ghost Brigade réussit le mieux.  Puis le concert retombe comme un soufflet avec « Electra Complex », qui passait très bien sur album, mais en concert, on s’ennuie ferme. Et malheureusement, la setlist ne va pas permettre de changer cette impression.

Péniblement, on atteint le rappel. Le moment où jamais pour le groupe de se ressaisir et finir sur une bonne note. Ca commençait très mal « Deliberately », qui encore une fois, est beaucoup trop sage pour convaincre. Heureusement, les Finlandais arrivent à sauver les meubles avec le tube « Suffocated », toujours aussi efficace avec son riff rouleau compresseur.
 

Ghost Brigade

Quel a été le problème de Ghost Grigade ce soir ? Manque de professionnalisme ? Non. Clairement, on a affaire à un groupe avec une mise en place irréprochable, et qui arrive à avoir un bon son.  Son chanteur n’est pas très impliqué sur scène, mais il compense avec une voix au top. Non ce soir, c’est clairement la setlist qui a plombé le concert. Beaucoup trop axée sur des titres sages, elle a abouti à un concert maîtrisé, mais aseptisé. Dommage, le potentiel était clairement là, et on l’a vu sur les quelques titres efficaces de la soirée. A revoir avec un set plus énergique donc. Peut être sur la Mainstage du Hellfest ?

Reportage par Tfaaon

Photos : © 2015 Sylvain Chéreau / Das Silverfoto
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe

 

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