Motocultor 2015 : jour 2 (15.08.2015)

Deuxième fournée de groupes pour cette nouvelle édition du Motocultor. Cette fois-ci plus orientée thrash, mais toujours aussi extrême, cette journée ensoleillée a permis aux festivaliers de se dégourdir comme il faut en enchaînant circle pits et autres pogos sans défaillir, malgré les éventueilles gueules de bois. L'ambiance fêtarde est toujours de mise.


Arcania

Dave Mustage - 12h45

La journée commence sous le signe du thrash dans ton froc. Pas étonnant vu le nombre de groupes du genre qui sont prêts à déferler sur les scènes du Motocultor. On attaque donc avec Arcania, groupe français qui avait remplacé Six Feet Under au pied levé lors de l'édition 2014. Toutes guitares dehors, les metalleux sont prêts à tailler dans le vif.

Pour cela, ils disposent d'un son assez massif et puissant, qui montre qu'ils maîtrisent bien leurs instruments. L'ensemble est propre, notamment lors des solos de Niko le Bellec, bien maîtrisés dans leur ensemble. Le chanteur, Cyril Peglion, n'est pas en reste et se montre bien en voix et assure tout le long du set.

Arcania

Si Arcania est irréprochable sur le papier, sa musique un peu trop proprette manque de mordant. L'interprétation est là, l'envie aussi, mais il manque ce petit grain de folie qui rend le public dingue. Les curieux sont amassés, mais pas encore prêts à pogotter. Cependant, Arcania continue d'avancer et de progresser, ce qui laisse de beaux espoirs pour la suite.

Crisix

Supositor Stage – 13h35

On enchaîne avec un autre groupe de thrash, cette fois venu tout droit d'Espagne. Il s'agit de Crisix, sur le circuit depuis 2008. Dès que les cinq musiciens montent sur scène, la température augmente. Mouvements frénétiques et mimiques endiablées sont de mise et l'ordre perd tout son sens dès que les premières notes sont jouées.

Conquis par cette attitude délirante, le public rentre immédiatement dans le jeu et met en place un moshpit sans pitié. Tout le monde bouge et s'éclate dans une bonne humeur générale pendant que les riffs supersoniques sont interprétés. La communion entre le groupe et le public est totale, si bien que le chanteur Juli Bazooka vient slammer avec la foule et même balancer des ballons de baudruche dans un wall of death, le renommant ainsi « football of death ».

Crisix

Les musiciens ne sont pas en reste et interprêtent comme il se doit leurs morceaux destructeurs. Ils s'offrent même quelques fantaisies, comme échanger leurs instruments pendant un medley de reprises composé de "Hit the Lights" (Metallica), "Black Magic" (Slayer) et "A New Level" (Pantera). Après avoir repris ses esprits, le groupe finit sur un "Ultra Fucking Thrash" grandiose.

La tension est montée d'un cran avec Crisix, qui a su offrir une performance thrash de haute volée et à se mettre immédiatement le public dans la poche.


Abysse

Massey Ferguscène - 13h35

Après la performance bien lourde de Machete, on enchaînait dans un registre proche avec les français de Abysse. Le groupe originaire de Cholet joue du sludge forgé avec des éléments progressifs. Et ces deux genres qu'on aurait pu croire opposés par nature se mélangent en fait très bien. Il n'y a pas de chanteur, mais la richesse de leur musique compense complètement ce manque.

On peut noter une belle dynamique dans les compositions du combo, qui passe aisément de gros riffs bien gras à des passages en guitare claire de toute beauté. En plus de la structure progressive des morceaux, Abysse se fend de quelques solos bien exécutés, qui ne dépareillent pas avec le reste. Le son est en plus de cela très bon, rendant le concert vraiment appréciable.

Abysse

Vous l'aurez compris, c'est un sans-fautes pour Abysse. Un excellent moyen de profiter de son apero en musique, surtout lorsque le combo tisse quelques ambiances à la Cult of Luna. Un set plus long n’aura pas été de refus !

Bliss of Flesh

Dave Mustage – 14H20

Une grosse intro orchestral et mélodique sort de la sono alors que les musiciens commencent à arriver sur scène. Ça sent la poudre. Les panneaux latéraux nous montrent les pieds du Christ sur la fin de sa carrière : ambiance Golgotha. Le décor est planté.

Necurat déboule sur scène avec un long manteau (il doit avoir chaud car le soleil est présent en ce samedi), pose la botte sur le pied de micro sculpté dans de l’acier rouillé dans sa position favorite : agressive, arcbouté vers le public ; le son tient la route au début et c’est parti pour la prestation des nordistes.

Necurat harangue la foule et ça fonctionne, ce dernier régit. Le chanteur se retourne et ingurgite un liquide puis crache un nuage humide au dessus de lui (j’espère que ce n’est pas de la vodka, ce serait un gâchis).

Entre les morceaux les musiciens se retournent vers la batterie, s’accordent des petites pauses ; breaks musicaux ambiants pour planter le décor ne laissant aucun temps mort. « Motocultor ? Es-tu là ? J’espère que vous allez foutre un putain de bordel !!! »

Bliss of Flesh

Ce qui est bien avec Bliss of Flesh c’est que les musiciens ne restent jamais statiques, échangeant leur place et savant utiliser les planches à bonne escient ; il est vrai qu’ils ont l’expérience d’avoir tourné avec des pointures comme Satyricon, Marduk et autres sur les scènes européennes…

Toujours les bras en l’air « horn-upés ». La température ambiante se faisant ressentir, Necurat tombe le manteau. Dommage que parfois la voix nous arrive en fond sonore cachée par les autres instruments. Le vent renverse les panneaux pas suffisamment lestés mais on en a que faire, la musique nous suffit à elle-même. Malheureusement de nouveau ne sont audibles cette fois ci, qu’une guitare et la batterie ainsi que la voix qui est revenue. L’ingé son doit faire ses gammes.
Sur le dernier titre « Pariah » Necurat crache du feu tel un Abbath qui est lui aussi sur le site en ce samedi. « Putain de public » comme il dit!

Lionel / Born 666

Avulsed

Supositor Stage – 15h10

On reste en Espagne sur la Supositor Stage avec Avulsed, qui présente une musique brutale à travers son gros death metal qui tache. Actif depuis presque 25 ans, le groupe profite de sa longévité, mais reste en forme et ne se débine pas tout le long de son set à la forte odeur de souffre.

Les guitaristes Cabra et Juancar déversent des riffs sales, couverts de bile, quelque part entre le death et le grind. Le propos n'est pas à la finesse et la section rythmique est bien là pour appuyer la brutalité des compos, grâce à Tana et Erik, bien carrés et droits dans leurs bottes.

Côté chant, Dave Rotten assure avec une voix guturale bien en accord avec le reste, avec ce qu'il faut de glaires pour faire tourner à plein régime une usine à mouchoirs. Bien à l'aise avec le public, il fait fi de son anglais approximatif et arrive à communiquer avec les fans sans se dégonfler. Les festivaliers répondent ainsi présent en faisant de bons gros circle pits.

Avulsed

En bon groupe de death, Avulsed a su représenter le metal extrême sans faire de concession, avec sincérité et envie, sous le soleil breton bienveillant. Un concert à la hauteur de ce que le public était en droit d'attendre.

Drakwald

Massey Ferguscène – Samedi – 15H10

Ils sont jeunes et viennent de Tours. Flutes et cornemuse sont bien accueillies par les festivaliers gourmands de cette musique païenne toujours bien représentée au Motocultor.

Ça commence fort avec un gros Wall of Death bien violent. Il doit y a voir de gros bleus dans le pit.
« Je veux voir tout le monde headbanguer » nous lance un Thibaud Destouches avant de lancer un nouveau titre. Les slams sont perpétuels et c’est à un véritable travail à la chaîne auquel sont soumis les gars de la sécurité pour récupérer les corps qui leur sont tendus dans le pit. Ils doivent souffrir et avoir pris 5 centimètres de tour de biceps en plus.

La musique quand à elle manque parfois de précision, surtout au niveau du chant qui parfois se fait faux, surtout celui du guitariste Marc quand il épaule Thibaud sur certaines lignes. Mais cela ne nous empêche pas de faire la fête.

Darkwald

Pendant ce temps des nanas épilent avec leurs ongles le dos velu de leur copain : c’est aussi cela le Motocultor : des scènes surréalistes pendant des sets énergiques.

Le circle pit fonctionne bien aussi, la foule fait son derviche tourneur, l’ambiance y est. Avant d’en terminer ils n’oublient pas de remercier les ingés son et lumière ainsi que le public.
Merci!

Lionel / Born 666


Angelus Apatrida

Supositor Stage – 16h50

Il est temps pour les thrashers espagnols de revenir sur scène, deux ans après leur prestation remarquée au Motocultor. Avec un son massif et puissant, ils peuvent jouer à loisir leurs compos de thrash moderne, tout en maintenant la tension à son comble.

Guillermo Izquierdo, en fier leader, se montre toujours aussi enragé derrière son micro et ne lésine pas sur les cris, tout en enchaînant les riffs carrés et efficaces. Son compère David Alvarez n'est pas en reste et mélange rage et mélodie avec des leads bien amenés. Côté rythmique, José Izquierdo et Victor Valera font le boulot comme il se doit.

Angelus Apatrida

Mais les thrashers ne sont pas seuls. En effet, soutenus par leurs compatriotes de Crisix, ils jouent tous ensemble "Domination" (la reprise de Pantera) pour clore un set haut en couleurs et à la hauteur du souvenir que le groupe avait laissé en 2013.

Toujours aussi à l'aise sur scène, Angelus Apatrida a su une nouvelle fois remuer son public à grands coups de riffs accrocheurs et de rythmiques brutales. De quoi donner envie de les revoir bientôt au Motocultor.

Setlist :

Immortal
Blast Off
Give'Em War
You Are Next
Domination [reprise de Pantera]

Glorior Belli

Massey Ferguscène – 16H50

Une jolie couleur gastro post-turista coule sur les bars et les T-shirt des musiciens lorsqu’ils arrivent sur scène du plus bel effet : Miam !

Le chanteur Billy Bayou est remonté à bloc, penché au dessus des retours il gueule dans le micro, les autres musiciens sont un peu plus statiques mais les riffs de Glorior Belli demandent de la précision. Rapidement Billy prend la guitare, belle mélodie sur des accélérations des plus percutantes.

La différence de taille entre Weddir (Moonreich) à la guitare et Billy est impressionnante quand ce dernier approche le micro afin qu’ils puissent gueuler ensemble dedans. Billy est communicatif, il nous demande « Give me the sign » ! Chose que le public comprend vite en tendant leurs bras vers un ciel ensoleillé !

Glorior Belli

Aries, imperturbable lance un mid-tempo où la voix bien à l’arrach’ du chanteur va en découdre. La température monte mais le groupe parait tout de même sur la retenue.

Lionel / Born 666

One Last Shot

Dave Mustage - 17h40

Encore une formation francilienne à l’affiche. Sauf que cette fois, c’est pour des raisons particulières, puisque One Last Shot était vainqueur ex-aequo du Headbang Contest avec Heart Attack. Après l’excellent performance de ces derniers, on pouvait légitimement se demander si l’autre groupe vainqueur allait autant assurer…

Et franchement, la réponse ne se fait pas attendre. Le groupe envoie un metal moderne avec des clins d’œil appuyés à Pantera autant qu’à Down. Les riffs sont massifs, le son aussi, et les compositions tiennent vraiment bien la route. On peut apprécier la performance des musiciens, qui sont vraiment bien affûtés. On croirait vraiment faire face à un groupe qui a enchaîné les dates sur une tournée !

One Last Shot

A la voix, le chanteur déploie une voix rocailleuse qui ne flanche pas, et l’association avec la très bonne section rythmique fait des ravages dans la fosse. Le set de quarante minutes passe à toute allure, et c’est le moment que One Last Shot choisit pour se faire plaisir, et faire de même avec l’audience : une reprise. Et le groupe fait le pari audacieux de s’attaquer à une institution,  à savoir « Ace of Spades » de Motörhead. Et ça sonne ! Le groove implacable de la chanson est très bien restitué, et le chanteur arrive à interpréter le chant de Lemmy avec brio. Là, c’est très honnêtement le chaos dans la fosse. Hymnique à souhait, cette chanson permet de terminer le set de One Last Shot avec une très bonne impression. Un  sacré groupe de scène, qui visiblement méritait aussi sa victoire au Headbang Contest.

Tankard

Dave Mustage – 18h30

On reste dans le thrash sur la Dave Mustage avec les icônes du thrash allemand Tankard. Pour la première fois au Motocultor, les quatre gaillards sont prêts à alcooliser le fest, déjà bien entammé en cette fin d'après-midi.

Le mot d'ordre est le fun. Si certaines chansons, comme "Rapid Fire (A Tyrant's Elegy)", traitent de sujets sérieux, Gerre et sa bande sont là pour s'éclater et pour faire en sorte que le public fasse de même. Pour ça, les sourires sont de sortie, tout comme la bedaine du chanteur, qui multiplie les pitreries, allant même danser la valse avec une photographe venue les shooter depuis la scène.

Tankard

Les musiciens sont bien en place, y compris Gerd Lücking, batteur d'Holy Moses qui fêtait son anniversaire ce 15 août, venu remplacer Olaf, victime d'un AVC. Toujours dans une optique positive, Gerre a rassuré le public en disant que son compère allait bien.

Côté public, c'est toujours la folie furieuse. Les circle pits se multiplient et les fans n'en finissent plus de slammer, notamment sur la joyeuse "A Girl Called Cerveza", qui précède le classique "(Empty) Tankard", morceau qui met tout le festival d'accord.

« Thrash metal will never die », tel est le crédo de Gerre, et avec un concert pareil, on a très envie d'être de son avis.

Setlist :

Zombie Attack
The Morning After
Rapid Fire (A Tyrant's Elegy)
MetaltoMetal
R.I.B. (Rest In Beer)
Chemical Invasion
Rules for Fools
A Girl Called Cerveza
(Empty) Tankard

Klone

Massey Ferguscène - 18h30

En prenant place pour regarder Klone, nous apercevons Max Phelps chanteur/guitariste de Exist, mais plus connu pour avoir endossé le difficile rôle de remplaçant de Chuck Schuldiner dans Death DTA. En engageant la discussion, cet humble et sympathique jeune homme nous dit être fan de Klone. Il va même plus loin en avouant énormément apprécier la scène française, qui dégage selon lui une certaine fraîcheur avec des groupes comme Hacride ou Gorod. La Grosse Radio ne peut qu’être d’accord avec cette déclaration, surtout du fait qu’elle nomme ceux qui font partie des meilleurs groupes nationaux ! Mais passons cette minute business et concentrons-nous sur la performance des Poitevins. Après un concert remarquable à Paris il y a quelques mois, on pouvait légitimement être très exigeant. Et Klone, encore une fois, n’a pas déçu, bien au contraire.

Ils ouvrent le concert sur « Immersion », la première piste de leur excellent dernier album Here Comes The Sun. Et il ne faut pas longtemps pour être emporté dans l’univers très personnel du groupe, mêlant finement leur propre touche à des inspirations Opeth et Meshuggah.  On aurait pu craindre que cet album non metal soit ennuyeux en concert… Que nenni, le groupe sait insuffler toute l’énergie nécessaire pour que tous soient captivés.

Ils n’oublient pas pour autant leurs titres metal, avec une sélection du meilleur de The Dreamer’s Hideaway, qui était lui aussi très bon. Avec « Rocket Smoke » et la chanson-titre, il y a de quoi faire pour s’échauffer la nuque, surtout avec les riffs envoyés avec maestria par les deux guitaristes. A la voix, Yann Ligner est toujours aussi surprenant de maîtrise, en chant clair comme en hurlé. Pas de doute, Klone ne serait pas le même groupe sans lui.

En fait le groupe démontre lors de ce cet qu’ils maîtrisent parfaitement les deux aspects qui sont maintenant mis en avant en concert : l’agressivité des anciennes chansons et les douces mélodies de Here Comes The Sun. Le son est excellent, laissant bien entendre chaque musicien, en particulier le batteur Morgan Berthet, qui est un monstre de groove et de puissance, sachant parfaitement s’adapter aux multiples registres de la musique de Klone. Bref, nous sommes face à un groupe mature, parfaitement au point pour ses concerts, et qui a trouvé sa voie musicale en absorbant ses influences. Des influences divers qui ressurgissent d’ailleurs sur la chanson finale du concert, leur dantesque reprise de « Army of Me » de Björk. Sacrée conclusion !


Sodom

Dave Mustage – 19h25

Peu de groupes peuvent se targuer de donner un bon concert avec une guitare inaudible. Après leur concert au Motocultor, on peut dire que Sodom en fait partie. Servis par un son saturé et avec un Bernemann qui semble avoir perdu au jeu de la courte paille, les Allemands ont tout de même réussi à faire péter le thrash brutal comme il se doit.

La preuve que quand l'envie est là, tout va. Et Tom Angelripper avait envie de défourailler le Motocultor. En tant que dernier groupe de thrash de la journée, Sodom a ouvert de nombreux orifices pendant une heure, porte arrière ou non. Avec des titres destructeurs comme "Sodomy and Lust" et "Christ Passion", difficile d'affirmer le contraire.

Sodom

Malgré le son de piètre qualité, le public se met aussi dans l'ambiance, multiplie les headbangs tout en se calmant un peu sur le mosh. Côté slam, ça s'éclate aussi, mention spéciale au festivalier qui fait son affaire sur sa chaise pliante pendant "Stigmatized".

Bon son ou pas, Sodom reste Sodom et continue de dévisser des têtes ou de dilater des popotins, selon les préférences de chacun. Quoi qu'il en soit, en finissant par Ausgebombt, tout le monde ne peut que se retrouver à terre.

Setlist :

Agent Orange
The Vice of Killing
Outbreak of Evil
Surfin' Bird / The Saw is the Law
Sacred Warpath
Sodomy and Lust
Christ Passion
Stigmatized
Blasphemer
City of God
Remember the Fallen
Ausgebombt

Der Weg Einer Freiheit
 

2015 aura été une année charnière pour Der Weh Einer Freiheit. Un très bon album sous le bras, un tournée sillonnant l'Europe dans tous les sens et des concerts à la fois épiques et brutaux : que demander de plus ?  Le début du concert révèle un groupe toujours aussi affûté d'un point de vue technique. Le quatuor bavarois ne laisse rien au hasard, que ce soit à la guitare,  à la basse ou à la batterie. Dommage que le son ne leur rende pas complètement hommage : il n’est pas assez fort. Malgré cela, leur black metal pétri de mélodie, inspiré d'Emperor commme de Dissection, fait toujours mouche.

Entre deux moments de furie bourrée de blast beat, Der Weg Einer Freiheit continue de distiller des passages en guitare claire qui créent un climat très mélancolique sur le Motocultor, alors que le soleil est en train de se coucher. Ces passages, au demeurant très bien écrits, se révèlent tout aussi importants que les riffs black metal dans la définition de l'identité musicale du groupe.  

Der Weg Einer Freihet

Dans la fosse, le public adhère complètement au discours des allemands : beaucoup ont les yeux fermés, alors que d'autres se contentent de headbanguer comme des possédés, quand ce n'est pas les deux en même temps ! Non vraiment, on aurait beaucoup de mal à faire des reproches à Der Weg Einer Freiheit pour ce set. Certains pourraient les critiquer pour leur manque de communication, se contentant d'un simple "merci" entre les chansons, alors que d'autres considéreront au contraire que cela contribue à l'immersion dans la musique.

Nous vous laissons juge. Ah si, Der Weg Einer Freiheit ne semble pas être le genre de groupes à changer sa setlist en tournée. Et quand c'est la troisième fois qu'on va les voir en quelques mois, l'effet de déjà-vu est bien là. Dommage pour le problème de capteur sur la grosse caisse sur le final avec "Zeichen"… Der Weg Einer Freiheit reste néanmoins un groupe qui se confirme comme une valeur sûre de la nouvelle scène black metal.

Bömbers

Massey Ferguscène – Samedi – 20H25

Abbath monte sur scène sans lunettes et est aveuglé par le soleil qui n’est pas encore caché par la cime des arbres. Etant dans le pit photo il me demande mes lunettes. J’acquiesce de suite et c’est avec les imitations d’une marque connue que le bassiste-chanteur entame son set avec bien sûr un « Bomber » assez attendu.

« We are not Motörhead, but we play Rock n’ Roll… » lance Abbath avec son air malicieux en sosie d’un Lemmy plus costaud que celui que l’on croise actuellement sur les scènes.
Pour le public la prestation se déroule merveilleusement, prenant de grosses baffes en écoutant un répertoire du groupe anglais beaucoup plus ancien comme « Back at the Funny Farm », « I'm So Bad (Baby I Don't Care) » ou « Shoot You in the Back » disparus depuis bien longtemps des setlist de la bande à Lemmy. Quand aux musiciens ils paraissent très embarrassés par des retours inexistants.

Bömbers

Abbath n’en perd pas sa personnalité en nous effectuant à sa manière son « crak walk » avec humour tout en ayant l’attitude du leader de Motörhead. Tore est toujours aussi heureux sur scène tout souriant sur des « Killed by Death », « Iron fist », « Stoned Dead Forever » tout en respectant ses géniteurs…

Lemmy chantait « No Class », du public nous crions « la classe » !

Lionel / Born 666

Setlist:

Bomber
Back at the Funny Farm
I'm So Bad (Baby I Don't Care)
No Class
Killed by Death
Orgasmatron
Iron Fist
Metropolis
Stone Dead Forever
Shoot You in the Back
Overkill
Stay Clean
Over the Top
Ace of Spades

Carcass

Dave Mustage – 21h20

Les magnifiques représentants du death british sont de retour ! Toujours avides de festivals français, les chirurgiens répondent une fois de plus présent et ne lésinent pas sur la qualité. Si les écrans vidéo agrémentés d'images peu orthodoxes ne sont plus de la partie, la performance musicale n'est pas revue à la baisse.

On le constate dès le début du concert, avec un duo Bill Steer/Ben Ash qui n'en finit pas de faire des merveilles aussi bien avec les riffs cliniques qu'avec les solos mélodiques. Côté rythmique, ça tabasse sec avec un Daniel Wilding toujours en pleine forme. Au chant, Jeff Walker est toujours aussi à l'aise avec son timbre arraché à en faire palir une armée de morts-vivants.

Carcass

Le frontman n'a pas non plus perdu son sens de l'humour. S'il avait agrémenté le concert du Fall of Summer de quelques piques envers Dave Mustaine, le brun se fait plus sage et s'amuse juste à parler d'entracte pour justifier l'interruption de "Captive Bolt Pistol" et proclame que la musique de Carcass est un moyen de communication international. Étant donné l'engouement du public, on peut penser que cette théorie s'applique au Motocultor.

Après avoir fait languir ses fans des années durant, Carcass multiplie les apparitions en Europe, mais arrive tout de même à maintenir l'intérêt en donnant des concerts irréprochables. Une belle réussite.

Setlist :

1985 [sur bande]

Unfit for Human Consumption
Buried Dreams
Incarnated Solvent Abuse
The Granulating Dark Satanic Mills
A Congealed Clot of Blood / Cadaver Pouch Conveyor System
Captive Bolt Pistol
Edge of Darkness / This Mortal Coil
Exhume to Consume
Black Star / Keep On Rotting in the Free World
Corporal Jigsore Quandary
Carneous Cacoffiny / Heartwork / A Congealed Clot of Blood


Ultra Vomit

Supositor Stage – 22h20

Après le death metal carré et clinique de Carcass, place aux joyeux lurons d'Ultra Vomit venus présenter leur tournée de malades au public du Motocultor. Pas question pour le public de s'endormir, les Nantais maintiennent l'ambiance fêtarde avec leur show comique et leurs chansons aux paroles saugrenues.

Ainsi, le public se tort de rire avec des titres loufoques comme "Je ne t'es jamait autans aimer" ou "Je Possède un cousin". Le groupe en profite pour multiplier les pitreries, avec un Fetus qui fait semblant d'hypnotiser le public pour le faire aller au merch ou en ridiculisant malicieusement un jeune garçon qu'ils ont invité sur scène en guise d'intro de "Pauv' Connard". La pitrerie ultime reste la dernière, au cours de laquelle le frontman divise le public en deux camps, pipi et caca, pour finir sur un wall of chiasse classe et distingué.

Ultra Vomit

Le set est solide et bien servi. Le choix des chansons est cohérent, la part belle est offerte à Objectif : Thunes, album qui a remporté un franc succès, mais Mr. Patate n'est pas oublié et fait même l'objet d'un medley qui contient notamment "Judas Prost". Tout ce joyeux petit monde fonctionne bien et l'heure de set passe comme une lettre à la poste.

Maîtrisant toujours sa veine comique, Ultra Vomit a donné un concert qui collait parfaitement à l'ambiance du Motocultor. Le public n'a pu que s'en ravir.

Setlist :

Darry Cowl Chamber
Mechanical Chiwawa
Les bonnes manières
Une souris verte
Gremlins at the Gates
Je ne t'es jamait autans aimer
Boulangerie pâtisserie
Mountains of Maths
Au feu
Pauv' connard
Croûte de pus
Welcome to the Jingle
Je possède un cousin
Mr. Patate Medley
Quand j'étais petit
Je collectionne des canards (vivants)

The Ocean

Massey Ferguscène – Samedi – 22H20

Les musiciens comme à l’accoutumé arrivent sur scène remontés à bloc, déchaînés. Leurs potes les filment. Peut-être pour l’avenir, afin de donner une suite au monstrueux DVD Collective Oblivion qui retraçait le début de leur carrière.

Le collectif joue sur les ambiances et les lumières, passant du noir le plus total à de flash des plus aveuglants. Les musiciens nous apparaissent souvent en ombre chinoise. D’emblée Loïc Rossetti n’hésite pas à se jeter dans le public au risque d’en perdre son micro et d’abimer son HF.
Robin Staps se convulse à chaque accélération musicale. Les titres s’enchaînent parfaitement dans ce délire complexe d’un post-hardcore sludge des plus brillants mettant en avant uniquement (et dans l’ordre) ceux tirés du dernier album en date, Pelagial !

La construction des morceaux nous fait passer par différentes étapes, passages calmes, accélérations fulgurantes, déchainements non contrôlés, nous retournant dans nos sentiments les plus enfouis.

Surement l’une des plus belles prestations de cette édition…

Lionel / Born 666

Setlist:

Epipelagic
Mesopelagic: Into the Uncanny
Bathyalpelagic I: Impasses
Bathyalpelagic II: The Wish in Dreams
Bathyalpelagic III: Disequilibrated
Abyssopelagic I: Boundless Vasts
Hadopelagic I: Omen of the Deep
Hadopelagic II: Let Them Believe
Demersal: Cognitive Dissonance
Benthic: The Origin of Our Wishes


My Sleeping Karma
 

Massey Ferguscène – Samedi – 00H20

Les boucles musicales se mettent en place. Les vagues de notes nous atteignent comme des vagues de LSD éparpillées dans les airs par des embruns de la mer qui ne se trouve pas très loin du site du Motocultor.

Pendant que les corps des musiciens se tordent dans tous les sens jusqu’à la rupture dans une chorégraphie que seul eux connaissent les pas de danse, le public vibre comme des roseaux traversés par une brise de particules, hypnotisés par des images psychédéliques défilant sur le fond de la scène.

Entre chaque titre les musiciens prennent soin d’ajuster et de régler leurs différentes pédales d’effets, n’hésitant pas à se saluer d’une bonne frappe dans la main. La musique s’imbrique par couches dans une logique maîtrisée teintée entre autre par un hindouisme stroboscopique.
L’ajout des effets de Norman avec ses synthés et autres instruments de « torture auditives » distordant les notes dans tous les sens apportent toute sa légitimité aux titres donnant à l’ensemble un cachet des plus cinglants.

Lionel / Born 666


God Seed

Dave Mustage – Samedi – 01H25

Le responsable de la Dave Mustage monte sur scène pour nous annoncer que ce soir nous allons assister au dernier concert de God Seed (plus tard nous apprendrons que Gaahl était venu le voir avant de monter sur scène et lui avait demandé de faire l’annonce avant que le concert ne commence…)

Un grand froid traverse l’échine des spectateurs encore debout devant la scène. Il faut dire que chez les norvégiens et leur différents parcours musicaux au sein des très nombreuses formations échangeant leur place tout au long de leur carrière, on ne devrait pas être étonné ! D’autant qu’Abbath est sur le site le même jour et que dans sa nouvelle formation portant son nom (bientôt au Fall of Summer) on retrouve le même King ov Hell et le batteur Baard Kolstad (Abbath, Borknagar, God Seed, ICS Vortex, Leprous...) qui s’apprêtent à monter sur scène avec Gaahl ce soir… Le chanteur et le bassiste auront le soin d’ailleurs d’éviter de se croiser sur les planches tout au long du set ne s’échangeant pas même un regard si ce n’est de haine lorsque Gaahl tentera de démêler leur câbles respectifs entremêlés à force de se croiser.

Les musiciens arrivent sur scène avant le chanteur, on remarque Sir, bassiste de Nidingr (voir notre dossier Hellfest) qui occupe ici le poste de guitariste, pas de Frode comme au Ragnard Rock Fest ici puisque King a repris sa place. Bon c’est bon ? Vous suivez toujours ? Ensuite Gaahl arrive à la vitesse d’un sénateur après un lourd repas bien arrosé avant d’aller dormir lors de la séance plénière à venir.

God Seed

Les titres passent bien, le mid-tempo ne nous écrase pas de blast beasts inutiles alternant des titres de Gorgoroth principalement tités de "Ad Majorem Sathanas Gloriam" avec ceux de God Seed.
Gaahl nous fixe comme un T-rex cherchant à nous hypnotiser avant de nous dévorer…Satan !!!
Ses mouvements sont calculés, pas de déplacement inutile, le bras souvent tendu vers l’avant, l’index et l’auriculaire bien raide. L’autre main bouge lentement pour porter le micro à sa bouche afin de hurler sa haine ponctuée de cris.

A la fin les musiciens quittent la scène comme si il y avait eu une alerte à la bombe, Sir balance sa guitare par terre, le batteur Baard Kolstad repasse par là pour rien…
Rideau…

Lionel / Born 666

Setlist :

Sign of an Open Eye (Gorgoroth)
Awake
Aldrande Tre
Carving a Giant (Gorgoroth)
From the Running of Blood
Lit
Exit - Through Carved Stones (Gorgoroth)
Wound Upon Wound (Gorgoroth)
Alt Liv
Prosperity and Beauty (Gorgoroth)
This From the Past

Photos :
© 2015 Thomas Orlanth
© 2015 Lionel / Born 666
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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