Scorpions (+ Europe) à  l’AccorHotels Arena (24.11.2015)

 

Premier retour à Bercy, ou plutôt l’AccorHotels Arena, comme on s’emploiera résolument à ne pas l’appeler. Premier concert pour ma part depuis les tristes et rémanentes actualités qui nous ont tous secoués il y a peu. Une légère appréhension difficile à réfréner également, mais surtout une irrépréssible envie de continuer à vibrer aux sons distordus de musiciens de tous horizons. Ce soir, ce sont les Allemands de Scorpions qui vont faire trembler les murs, et ce sont les non moins fameux Europe qui les épaulent dans cette tâche.
 

Europe


19h50 : plus qu’une dizaine de minutes avant le coup d’envoi, et c’est un Bercy timidement rempli au tiers qui nous fait face. En cause, les nécessaires mesures de sécurité à l’entrée. Le Français ne se refait pas, et on l’entend râler ici ou là contre ces lenteurs. Mais le sentiment général est résigné et rassuré : les précautions d’abord, le sentiment de sécurité qui en découle valant bien de manquer quelques titres de la première partie.

Le dernier album en date des Suédois, War Of Kings, est à l’honneur sur trois titres, dont deux lancent le set. Il s’agit du titre éponyme “War Of Kings”, ainsi que de “Hole In My Pocket”. Si le deuxième est assez insipide et tourne vite en rond, le premier fait figure de bon opener, et jouit dores et déjà d’un excellent son, qui sera maintenu toute la soirée. Le rendu de la guitare de John Norum est optimal sur les solos, et seuls quelques sons clairs sont un peu trop synthétiques, mais ça ne durera pas.

Joey Tempest enchaîne les poses pour les photographes, un peu trop il est vrai, faisant tournoyer son pied de micro entre deux grands écarts. Il est par ailleurs très en voix, malgré les années. Si son timbre semble quelque peu voilé sur “Superstitious”, comme après une soirée d’excès, il ne se démonte pas et grimpe sur les tours d’enceintes pour mieux haranguer la foule. Foule qui se montre assez peu réactive et démonstrative depuis le début du concert, malheureusement. Certains se permettent même de chanter l’introduction de “Final Countdown” dès la fin du premier titre, pour le réclamer en faisant preuve d’un manque de respect déplorable.

Le groupe ignore ces trouble-fêtes, et fait monter la pression d’un cran en lançant “Last Look At Eden”, qui voit le public se laisser embarquer, et chanter le refrain a capella. On remarque simplement un léger retard des lumières qui est assez dérangeant, et pourrait en partie expliquer les réactions mesurées du public.

Après un “Days Of Rock’n’Roll” qui ne pourrait être mieux nommé, arrive le titre que tous attendent, et qui soufflera bientôt ses 30 ans : “The Final Countdown”. La moitié de la fosse saute en rythme, sous les “yeah yeah” à contre temps de Tempest, qui semblent sortis d’un clip de RnB (!). La voix commence un peu à fatiguer, mais Bercy est aux anges. Europe a vraiment remonté la pente ces dernières années, et le meilleur pourrait être à venir.
 

Setlist :
War of Kings
Hole in My Pocket
Superstitious
Ready or Not
Carrie
Last Look at Eden
Rock the Night
Days of Rock 'n' Roll

The Final Countdown


 

Scorpions


Cinquante ans que Klaus Meine et ses accolytes sont sur les routes… Enième tournée d’adieux diront les mauvaises langues, mais on ne se lasse pas de ces concerts grandioses, d’autant plus que le frontman a retrouvé tout son éclat ces dernières années.

Si le set s’ouvre par le discutable et peu idéal "Going Out With A Bang”, la mayonnaise prend mieux dès “Make It Real”, sur fond d’un large drapeau français projeté derrière les musiciens. Rudolf Schenker et Matthias Jabs multiplient les allées et venues sur l’avancée de scène, engendrant la clameur parmi les fans.

Avant le pachydermique et jouissif "The Zoo", Klaus Meine entame un court discours prônant l’amour, la vie et la paix, honnête et bel écho aux attentats de novembre, tout en retenue. Puis pendant le morceau, il procède à l’habituelle distribution de dizaines de baguettes, tandis que James Kottak jongle littéralement avec les siennes. Lorsque le stock colossal de baguettes s’épuise enfin, Klaus se saisit d’une guitare pour rejoindre ses comparses cordistes sur l’avancée, pour offrir de jolis plans aux photographes qui se pressent encore dans le pit.

Le dernier album en date Return To Forever est représenté par seulement trois morceaux, dont le single "We Built This House", qui semble déjà bien connu du public. Les paroles sur les écrans géants aidant, les refrains sont repris par tous avec force, et le groupe prouve ainsi que sa machine à tubes est toujours fonctionnelle après toutes ces années.

Les medleys sont aussi de la partie pour ce huitième concert des Scorpions à Bercy, salle que le groupe avait inaugurée en 1984, comme le rappelle le frontman avec un large sourire. Ainsi le combo "Top Of The Bill"/"Steamrock Fever"/"Speedy’s Coming"/"Catch Your Train" revisite quatre albums différents de la discographie des Teutons, tandis qu’un medley acoustique pointe le bout de son nez quelques minutes plus tard. Sur celui-ci, Schenker arbore fièrement sa Flying V acoustique, et déroule "Send Me An Angel" à la suite de "Always Somewhere" et "Eye Of The Storm". Ces trois morceaux font monter la température d’un cran : les refrains résonnent dans toutes les gorges, et le public se convertit en un océan de bras oscillant au rythme des cordes du guitariste peroxydé. Le tout est encore renforcé par la présence du tristement célèbre logo Peace & Love/Tour Eiffel sur les écrans géants, qui accentue le côté spécial de ce moment.

Conscient que l’osmose est à son comble, Scorpions ne laisse rien retomber, et envoie l’hymne "Wind Of Change" sans prévenir, pour quelques minutes hors du temps : le morceau s’achève sur un Bercy tout entier qui poursuit le refrain a capella, face à un Klaus Meine médusé, drapeau français récupéré dans la foule sur l’épaule.

Les hommages à la France et aux circonstances difficiles qu’elle traverse sont nombreux, mais le plus beau d’entre eux ne passe pas par les mots. James Kottak se lance en effet à la mi-show dans son habituel "Kotta Attack", longue séquence de solo entrecoupée de gimmicks le voyant avaler une bière cul-sec, ou encore, comble de la rock attitude, retirer son T-shirt "Rock’n’roll Forever" pour révéler cette même phrase encrée sur son dos. Ce solo est l’occasion pour le batteur d’entamer la Marseillaise sur ses toms : le public ne se fait pas prier et ce sont près de 20 000 personnes qui reprennent leur hymne national, main sur le cœur. L’espace de quelques instants, les rôles s’inversent, et c’est Kottak, suspendu sur sa plateforme à plusieurs mètres du sol, qui contemple un spectacle fascinant dont il est le seul spectateur.

Difficile de redémarrer après une telle communion, mais Rudolf a la parade : sa Flying V à pot d’échappement (!) met les gaz et crache de la fumée pour mieux relancer la machine avec "Blackout". Vient ensuite la belle surprise de "No One Like You", qui n’est jouée que ponctuellement ces dernières années : Jabs y déroule un excellent solo, et seul Klaus Meine semble un peu fatigué par sa prestation. S’il reste très en voix, il évite juste de délivrer toute sa puissance sur les refrains tout en conservant justesse et timbre, pour mieux se préserver.

Et que serait ce final aux allures de best-of sans "Big City Nights", puis le rappel composé de l’inénarrable "Still Loving You" et du tube "Rock You Like A Hurricane" ? Tout Bercy est emporté dans un tourbillon de riffs, de cris, et le spectacle arrive encore à gagner en intensité malgré les sommets tutoyés quelques minutes auparavant. Quelques petits pains à signaler sur les solos de Rudolf Schenker pendant "Still Loving You", mais rien qui ne saurait entâcher la belle soirée qu’ont vécue tous les présents ce soir.

Un énorme show et carré, maîtrisé à la perfection, avec simplement un ou deux instants où le groupe a semblé se mettre en pilotage automatique : c’est ce qu’a offert Scorpions à un public français demandeur de musique et d’émotions. Tournée anniversaire ? Ça sonne bien mieux que tournée d’adieux, car Scorpions est un groupe qu’on ne veut pas voir s’arrêter, tant l’âge n’impacte pas leur énergie. Longue vie à Scorpions !

Setlist :
Going Out With a Bang
Make It Real
The Zoo
Coast to Coast
Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy's Coming / Catch Your Train
We Built This House
Delicate Dance
Always Somewhere / Eye of the Storm / Send Me an Angel
Wind of Change
Rock 'n' Roll Band
Dynamite
In the Line of Fire
Kottak Attack (solo de batterie)
Blackout
No One Like You
Big City Nights

Rappel :
Still Loving You
Rock You Like a Hurricane

Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com
Toute reproduction interdite sans l'autorisation écrite du photographe.

 

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