Architects (+Stray From The Path & Black Peaks) à  la Laiterie de Strasbourg (04.06.2017)

Juste avant d’entamer sa tournée marathon des festivals européens, Architects posait ses valises à La Laiterie de Strasbourg pour un show en tête d’affiche en cette veille de lundi de Pentecôte. Pour l’occasion Stray From The Path et Black Peaks se joignaient à la fête et formaient l’un des plateaux les plus alléchants de l’été. Alors on ne rechigne pas à faire de la route pour se rendre dans la capitale Alsacienne et festoyer avec les Français, les Allemands et les autres.

Black Peaks

Après avoir pu admirer leur prestation à Jarny la veille, on est content de retrouver Black Peaks en ouverture d’Architects. Eux-mêmes ne semblent pas fâchés de se retrouver là comme l’explique le chanteur Will Gardner : « On vient aussi de Brighton, et j’étais au lycée avec les gars d’Architects, c’est fou ! »

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Black Peaks, c’est surtout une musique alambiquée et unique en son genre, à sa place aussi bien en première partie d’Architects que de Mastodon. Le mathcore des Anglais est fascinant à écouter, empruntant à The Dillinger Escape Plan ou encore Converge pour créer un son progressif et unique. S’il est évident que Joe Gosney à la guitare s’inspire beaucoup de Kurt Ballou pour sortir ses mélodies dissonnantes, le jeu de Liam Kearley à la batterie et surtout le frontman Will font sortir le groupe du lot de façon évidente.

Un chanteur unique en son genre capable de passer du scream au chant clair grave puis monter dans les aigus quelques secondes plus tard, c’est ce que nous offre Will. Avec un grain qui rappelle parfois celui de Jim Grey de Caligula’s Horse, le garçon ne s’économise pas en sautant d’un bout à l’autre de la scène tout en gardant un contrôle impressionnant sur sa voix.

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Devant cette curiosité, le public strasbourgeois écoute poliment et se laisse charmer par le groupe, bien aidé par un son pas mauvais du tout (sauf pour la basse d’Andrew Gosden qui passe aux oubliettes en début de set). On oubliera rapidement le refus catégorique du public de lancer le moshpit lorsque Will le demande vigoureusement et on préfèrera retenir l’ovation de la fin de concert ainsi que les nombreuses personnes s’arrêtant au stand de merch, preuve que le combo a réussi son coup pour gagner de nouveaux fans. Pour finir le concert, « Glass Built Castles » fait son petit effet et les quelques spectateurs connaisseurs scandent le refrain dans une ambiance qui aura dû faire plaisir au groupe sur scène.

Notre petit doigt nous dit que vous n’avez pas fini d’entendre parler de Black Peaks dans les semaines et les mois à venir alors autant se mettre au courant et aller écouter leur très bon premier album Statues, sorti l’an dernier.


Stray From The Path

Chaque set de Stray From The Path finit inéluctablement par se transformer en joyeux bazar et on est toujours aussi ravi que les New-Yorkais viennent si souvent nous voir, enchaînant les tournées en première partie. Devant un public pas tout à fait chaud, Tom Williams balance les premiers riffs de « The New Gods » et le groove imposé d’entrée par le groupe et son sautillant frontman Drew York va avoir vite fait de lancer les hostilités dans le moshpit.

Aidé par un son massif et un temps de jeu généreux de 45 minutes, toutes les conditions sont réunies pour recevoir une mandale comme seul le groupe sait les donner. Pour faire simple, prenez Rage Against The Machine, en plus violent et plus engagé. Bien mieux en somme ! L’ambiance se réchauffe rapidement avec « Black Friday » qui fait déjà office de classique et les premiers slammeurs forcent la sécurité à se mettre à l’action.

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Lorsqu’il ne court pas d’un bout à l’autre de la scène, Drew York prend son temps entre les titres pour faire passer le message du groupe, parlant lentement et avec des signes pour être compris du plus grand nombre. Avec des titres comme « D.I.E.P.I.G » sur le comportement odieux de certains membres de la scène envers des jeunes filles mineures ou « Eavesdropper » sur les écoutes gouvernementales illégales, on ne peut pas dire que la musique jouée soit vide de sens. « Je suis citoyen américain et je me présente devant vous loin d’être fier d’avoir Donald Trump pour président ». On veut bien te croire Drew.

Forcément, une partie du public venu pour Architects se demande un peu ce qui se passe et l’ambiance n’est sûrement pas aussi bonne que sur d’autres dates, mais elle est suffisante pour passer un bon moment. Habitué à venir chatouiller le public, Drew se contentera des barrières pour laisser les connaisseurs hurler le « You are not above the law » de « Badge & A Bullet ». On regrette un peu que la setlist soit exclusivement consacrée au dernier album avec quelques incursions dans Anonymous mais sans rien de plus vieux. Pas de « Negative & Violent » pour les quelques anciens fans mais un « The House Always Win » bien meilleur en live qu’en studio.

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Ce soir, Tom Williams fête ses trente ans, cela valait bien une petite célébration. Ce sont les membres d’Architects au grand complet qui débarquent sur scène pour offrir un jersey de hockey au couleur de Stray au guitariste, avant d’immortaliser le tout par une photo. Lorsque l’on sait la forte amitié qui lie les deux groupes, on ne peut qu’apprécier le geste et se joindre à la foule qui chante la traditionnelle chanson en l’honneur de Tom.

On le voyait venir de loin avec les deux groupes sur la même affiche, Sam Carter débarque de nouveau sur scène pour chanter son complet sur « First World Problem Child » qui clôt le set de Stray From The Path, qui aura livré comme à son habitude un concert monstrueux. Même avec des barrières empêchant les stage dives et une proximité maximale, les New-Yorkais savent créer l’énergie nécessaire au hardcore et on a déjà hâte de les retrouver en octobre dans des salles plus intimistes pour leur tournée en tête d’affiche.

Setlist:
The New Gods
Outbreak
Badge & A Bullet Pt. II
Black Friday
Eavesdropper
Snap
D.I.E.P.I.G.
The House Always Wins
Badge & a Bullet
First World Problem Child

Architects
 

Toujours en plein deuil de son fondateur Tom Searle, Architects continue de tourner de façon acharnée, avec en ligne de mire les festivals d’été que le groupe avait dû annuler l’an dernier à cause des problèmes de santé de Tom. Comme le dit rapidement Sam Carter, « au milieu des festivals, on a toujours ces petits shows en salle en France, et on ne sait jamais à l’avance ce qu’ils vont donner ». Force est de constater que vu la notoriété acquise par les quatre Anglais depuis un an ou deux, il y a très peu de chance qu’un show se passe mal désormais.

On commence sur "Nihilist" et on est tout de suite emporté par la rage et l’énergie qui se dégagent de la composition, taillée pour ouvrir un concert. Malheureusement, le son est brouillon et le restera tout le set, empêchant d’apprécier pleinement l’expérience mais qu’à cela ne tienne, le public strasbourgeois moshe, connait les paroles sur le bout des doigts et fait honneur au combo de Brighton ce soir.

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Très tôt dans le set arrive « These Colours Don’t Run » et son break toujours aussi dévastateur lorsque Sam s’écrie « You fucking pigs ! ». Seule rescapée des quatre premiers albums du groupe, on peut légitimement être déçu de ne plus du tout avoir de titre d’Hollow Crown à se mettre sous la dent, tant cet album a marqué toute une génération de fans. Au moins, on peut toujours apprécier les tueries de Lost Forever // Lost Together comme « Gravedigger » ou la plus calme « Colony Collapse » qui fait du bien en milieu de setlist.

Le grain de Sam Carter est totalement différent en live, plus organique et viscéral que sur les versions studios. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il chante mal, mais le concert ne semble pas être son exercice préféré, avec quelques paroles loupées ou tronquées. Derrière lui, les musiciens sont très sobres et concentrés sur leur jeu, chose plutôt rare pour du metalcore mais loin d’être gênante ici. Les lights épileptiques amènent une atmosphère visuelle unique et cette atmosphère seule suffit à faire du concert une réussite.

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Ce soir, Sam a décidé de parler beaucoup, à propos des récents attentats qui ont touchés Londres et Manchester mais aussi en adressant un beau tacle à ceux qui pensent que la politique devrait rester éloignée des textes musicaux. On a vu le leader d’Architects interviewer le candidat travailliste Jeremy Corbyn il y a quelques jours pour le magazine Kerrang ce qui lui a valu les critiques de quelques fans. Fans qui n’avaient visiblement jamais pris la peine de s’intéresser aux paroles du groupe, depuis longtemps engagé à la manière d’un Enter Shikari ou d’un Stray From The Path.

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Du nouvel album, « Gravity » tire son épingle du jeu avec sa rythmique presque dansante mais le reste finit par devenir un peu linéaire lorsque l’on connaît un peu les concerts des Anglais. Un passage par LF//LT, un titre d’AOGHAU puis vice-versa… Tout cela finit par un peu tourner en rond et c’est bien dommage tant des titres comme « Dead Man Talking » ou « The Devil Is Near » sont exceptionnels pris individuellement.

Bien évidemment, « C.A.N.C.E.R » sort du lot au vu du contexte qu’on lui connait et le fantôme de Tom Searle est dans toutes les têtes sur ce titre que le guitariste a écrit alors qu’il se savait malade, il y a plus de trois ans. Une épreuve pour le groupe comme pour le public.

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C’est désormais un rituel pour clore le concert, le discours de Sam en hommage à Tom Searle déclenche quelques larmes dans l’assemblée avant que « Gone With The Wind » n’achève le tout. Au-delà de l’immense respect dû à Architects pour continuer de tourner et de perpétuer chaque soir l’héritage de ce génie de la musique moderne qu’était Tom, on ne peut s’empêcher de remarquer que les cinq Anglais sont définitivement devenus l’autre mastodonte de la scène metalcore avec Parkway Drive. Même sans son fondateur et bien que l’on souhaiterait quelques vieilleries dans la setlist, le groupe continue de grossir et bien malin qui pourra prédire la décision que prendront les Anglais lorsqu’il s’agira de choisir leur avenir.

Setlist:
Nihilist
Deathwish
These Colours Don't Run
Dead Man Talking
C.A.N.C.E.R
Phantom Fear
The Devil Is Near
Broken Cross
Downfall
Gravedigger
Colony Collapse
Gravity
Naysayer
A Match Made in Heaven
Gone With the Wind

Photos: Tiffany Edighoffer - 2017
Tiffany Edighoffer Photography

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