The Old Dead Tree (+ Liturgy of Decay) au Nouveau Casino (20.10.2007)

The Old Dead Tree / Liturgy Of Decay

Live report du concert au Nouveau Casino du 20 octobre 2007

Samedi dernier, j'ai bravé les embouteillages parisiens pour me rendre au nouveau casino, où se produisaient Liturgy Of Decay et The Old Dead Tree. Les balances n'étaient pas finies et l'après-midi ne touchait pas encore à sa fin, mais déjà un groupe important de personnes s'était rassemblé devant l'entrée de la salle. Au fur et à mesure que le temps passait, et tandis que je patientais avec des amis dans le bar situé juste à coté, nous avons vu la file de métalleux s'allonger le long du trottoir. Malgré les grèves et la finale de la coupe du monde de rugby, le publique s'était donné rendez-vous en masse pour assister à ce premier concert de la tournée des TODT.

Liturgy Of Decay :

De fait, c'est dans une salle comble que Liturgy Of Decay a fait résonner les premières notes de musique, plongeant le nouveau casino dans la noirceur et le chaos de leur musique post-apocalyptique. Le groupe est atypique pour plusieurs raisons. Le batteur Xavier BERNARD, installé en bordure de scène sur la gauche, joue en effet sur batterie électronique. Autre spécificité, le groupe compte en son sein trois guitaristes, Guillaume FIAT, Laurent LUNOIR, et Olivier LUTHEREAU qui assure également le lead vocal au centre de la scène. Juste derrière lui, la lueur de trois écrans d'ordinateur posés sur une série de racks pour les samples et les nappes de synthé, et sur la droite enfin, Kawthar DAOUDA à la basse.

Mis à part Kawthar, les quatre zicos jouaient torse nu et tous avaient le visage maquillé de croix finement ouvragées, ce qui donnait à l'ensemble une très bonne cohérence visuelle. Musicalement, nous avons eu affaire à un mélange de metal lourd et pesant fortement teinté de sonorités gothiques. Une messe sombre et glaciale, une introspection torturée et sans espoir, une chute sans retour vers les bas fonds de l'âme humaine, voilà ce que m'a inspiré la musique de Liturgy Of Decay. Malheureusement, le son n'était pas au rendez-vous. La batterie résonnait dans un magma où il était très dur de distinguer les instruments. L'ensemble donnait l'impression d'une nappe de basse d'où émergeaient quand même les programmations électroniques et la voix sous mixé d'Olivier, le tout rehaussé par moment du son aigu des mélodies de guitare. Dommage parce que les harmonies qui ressortaient de ce brouillard sonore étaient jolies, et le chant vibrant et plaintif d'Olivier le frontman, exprimait à merveille le profond désespoir de ce groupe d'anges déchus.

Juste avant d'entamer leur titre Tristiana, Olivier a pris le temps de lire d'une voix neutre un long texte de plusieurs pages. Il s'est attaqué au gouvernement français et a dénoncé la politique internationale de l'équipe de Georges W. Bush. Un plaidoyer poignant et sincère contre la prise de pouvoir des instances médiatiques, une mise en garde et une invitation à ne pas se laisser prendre au piège par la politique concerté et vénale des puissants de ce monde. J'ai trouvé cette intervention courageuse et intéressante, inhabituelle, mais pour ma part, je préfère ne pas éveiller en moi la peur du lendemain, en me désintéressant complètement de ce cirque grotesque. Le jeu des manipulateurs ne peut se faire que si nous lui prêtons l'énergie si précieuse de notre attention. Le pouvoir de fascination de ceux qui orientent nos préoccupations conscientes à leur grès, ne peut atteindre que celui qui accepte de ce prêter volontairement à ce jeu obscène et machiavélique. En le dénonçant et en jouant ainsi sur notre affectivité, Olivier n'a donc fait malheureusement que donner plus de force à ce qu'il déplore au point de s'en rendre malade et de s'en assombrir l'existence. Je le remercie cependant d'avoir ouvert son show musical aux débats d'idées, ce qui me permet au passage de glisser subrepticement quelques-unes des miennes.

The Old Dead Tree :

J'avais assisté au tout dernier concert parisien des TODT avec Nicolas CHEVROLLIER à la guitare. Entre temps, la bande à Manu (Manuel MUNOZ) a auditionné de possibles remplaçants, a composé et enregistré son nouvel album "The Water Fields", mais le groupe n'avait quasiment plus donné de concert depuis près d'un an. Ce que je ne savais pas en revanche, c'est qu'après trois ans de bons et loyaux services, Foued MOUKID a très récemment décidé lui aussi de quitter le groupe pour se concentrer sur Arkan, le combo de death metal oriental qui est avant tout resté son projet principal. Nicolas et Foued étaient tout deux présents ce soir là au nouveau casino, émus d'assister à la prestation de leurs potes, mais de l'autre coté du rideau cette fois-ci.

A leur arrivée sur scène, c'est une véritable ovation qui a accueilli les quatre musiciens. Ils ont alors entamé leur show avec "Dive" un titre de leur tout dernier album, et Manu a démontré une fois de plus qu'il était parfaitement capable d'alterner une voix claire et sensuelle avec un chant death des plus hargneux. Lors de mon dernier live report, je ne m'étais pas privé de faire l'éloge de ce groupe attachant et unique. Loin des grosses machines anglo-saxonnes froides et sans âme, de tout ces groupes trop professionnels qui s'exécutent sans vraiment donner d'eux même, c'est à des musiciens sensibles et chaleureux que nous avons eu affaire tout au long de leur set qui a duré plus d'une heure et demi. En effet, les TODT ne sont pas des musiciens virtuoses et ils ne s'en cachent pas. Mais ils ont cette science de la mélodie qui vous touche, cette spontanéité intuitive qui est souvent le propre des autodidactes et qu'ont perdu la majorité des musiciens formés dans les écoles de musique.

Renonçant à me frayer un passage jusqu'à la scène tant il y avait de monde, je m'étais placé au balcon à l'arrière de la salle en compagnie de Philoxera des Acteurs de l'ombre et de sa Dulcinée. Ainsi nous étions bien placé en hauteur et pratiquement derrière la table de mixage. Dans l'ensemble ce fut une bonne prestation, mais malgré le talent de Julien Pagnon aux manettes, le son n'était pas vraiment au top. Déstabilisé par le départ de Foued, le set manquait de rodage et il reste encore du boulot à accomplir pour régler le niveaux des deux guitares et le bon enchainement des différents sons. Manuel MUNOZ, guitare chant, et Vincent DANHIER à la basse, les deux anciens du groupes, ont assuré le spectacle, mais on sentait qu'ils manquaient encore de repères. En effet, si Raphaël ANTHEAUME a assuré brillamment et au pied levé les sessions batterie en attendant que le groupe trouve un remplaçant à Foued, on sentait bien que la cohésion n'était pas encore au rendez-vous. Pourtant, ce fut un régal de voir évoluer ce gars là. Un jeu fluide et impeccable, des roulements parfaitement bien exécutés et un jeu de cymbale d'une grande finesse ont fait le bonheur des mélomanes avertis. Je dirais même que c'était to much pour le groupe, car le bonhomme tendait à éclipser les autres et aurait donné des complexes à bon nombre de musiciens tant il fut brillant et survola son sujet.

Gilles MOINET, le nouveau guitariste fut quand à lui beaucoup plus discret. Trop même peut-être, et là encore il faudra un peu de temps pour qu'il trouve complètement sa place au sein du groupe. Il a cependant assuré ses parties et parfaitement soutenu Manu aux choeurs, et si on sent qu'il n'a pas l'aisance scénique de ses deux compères, la tournée qui commence lui permettra à n'en pas douter de trouver ses marques.

Pour le reste, le publique survolté s'est régalé à l'écoute de "Out of Breath", "My Friends" ou encore "This is no farewell" et "The Knock Out Song", mais aussi de plus vieux titres comme "It Can't Be", "We Cry As One", "How Could You ?" et "It's the Same For Everyone", et il a pu découvrir en live les compos du nouvel album comme "Is your soul for sale ", "Regarding Kate", "Hey" ou encore "This is now farewell" et "Start the fire". Après deux rappels et une entame de tournée bien négociée malgré les chamboulements qu'a connu le groupe cette année, Manu a rappelé que même les bonnes choses ont une fin et les Old ont regagné les loges sous les applaudissements.

Ce ne fut certainement pas là un des meilleurs concerts du groupe, mais le nouveau casino a fait sold out ce soir là, et j'ai assurément passé un agréable moment de musique.

Essem

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