Anneke Van Giersbergen (+ Arkan) à  la Scène Bastille (13.12.2012)

Courant octobre l’on recevait une nouvelle pour le moins sympathique : la chanteuse Anneke Van Giersbergen se rendrait en décembre dans l’autre pays du fromage (le nôtre !), pour trois dates uniques en leur genre. Intrigués, appâtés et enjoués, nous décidions de faire notre petit pèlerinage de Noël, et nous rendre le jeudi 13 décembre dernier à la Scène Bastille, pour assister à la joliment intitulée « An Acoustic Evening In Paris ». Toute la magie des jours précédant l’arrivée du Père Noël condensée dans une soirée intimiste, en compagnie de notre Hollandaise préférée, qui nous passerait un peu de baume au cœur et nous prouverait que le metal, et bien ce n’est pas qu’une musique de brutes !

 

ARKAN

La musique est une langue internationale, et le show de ce soir s’annonce déjà riche culturellement : c’est aux Algérois – Français du groupe Arkan d’ouvrir le programme en beauté, avec ni plus ni moins qu’une adaptation en acoustique de leur metal aux influences orientales. Le groupe arrive dans une salle comble et religieusement concentrée autour de la scène. Prennent place Sarah (chant), Mus (guitare) et Samir (basse) ; en guests : Adel aux percussions, Andrei au violon alto, et Yazid à la mandole (instrument algérien proche du luth). D’emblée, l’arrangement des chansons surprend et la dimension orientale de la musique du groupe prend toute son ampleur.

 

On est enchantés et transportés par celle-ci, savamment exécutée et portée en acoustique. Le quintette & sa chanteuse se prennent au jeu, relèvent brillamment le challenge de ce soir, et l’on salue l’effort de transposition de leur répertoire. Et ce, même si le début manque un peu d’intensité, et que l’on aurait volontiers imaginé plus de chœurs (ou peut-être une harmonisation sur le chant de la part du violon alto) ; car les instruments sont nombreux sur scène et cette densité aurait appelé un impact plus étoffé de la part des voix. En outre, malgré les élocutions cordiales (et ne manquant pas d’humour) de Sarah, on regrette que les thèmes des chansons ne soient pas évoqués. En effet, il aurait été très intéressant qu’un ou deux titres soient explicités, le contenu de leurs paroles, leur histoire par exemple. Le contact direct avec le public et le confinement de la salle y appelaient pourtant.

Mais ce ne sont que menus détails face à la performance délivrée par le groupe, et par le travail d’adaptation effectué ce soir. La prestation de nos amis est impeccable, et ne manque pas de générer la magie. Certains fans seront d’ailleurs étonnés d’écouter les titres sous cet angle si différent. Le retour aux racines, en bonne et due forme, ne pouvait se faire sans une reprise intelligente et dynamique : le groupe choisit la chanson "Ya Rayah" (de Dahmane El Harrachi, popularisée en France par 1, 2, 3 Soleils) qui provoquera une adhésion immédiate du public et clôturera le programme d’Arkan avec grâce.

 

Setlist :

Lords Decline
Inner Slave
Deus Vult
Jerusalem
Beyond Sacred Rules
Lightened Heart
Ya Rayah

ANNEKE VAN GIERSBERGEN

C’est avec simplicité et naturel qu’Anneke investit à son tour la scène, toute seule, munie de sa guitare. Certains s’interrogent de suite : « mais, elle est toute seule ce soir ? », « comment va-t-elle faire pour rendre le programme intéressant ? ». Le premier morceau, "Beautiful One" extrait de son premier album solo, sur lequel elle teste sa toute nouvelle pédale loop pour la première fois en live apparemment, lève toute interrogation. Une mélodie aux accents celtiques, ce  sourire polisson et cette voix planante toujours aussi magique : pas de doute le charme d’Anneke opère instantanément, et il faut avouer qu’elle gère bien la bougresse ! Elle s’en sort remarquablement dans son rôle simultané d’instrumentiste et de vocaliste. Elle pioche dans le même disque le titre "Yalin", où transparaît toute la fragilité de sa voix. Une fragilité toujours maîtrisée, puisqu’on sent notre belle Hollandaise sereine, confiante. On est impressionné même par sa technique vocale parfaite, son aisance, son sourire rayonnant, et de constater à quel point elle emplit l’atmosphère de son aura seule.

 

"Locked Away", emprunté à son ancien groupe The Gathering, ravit ses fans de la première heure. On est bercé par ses chansons aux allures de cantiques, et l’assistance l’écoute pieusement. Ce qui ne n’empêche cependant pas cette dernière de répondre et participer activement aux sollicitations de la chanteuse, qui fait totalement corps avec un public déjà acquis à sa cause. Fragilité on vous le disait, et il est drôle d’entendre la chanteuse scander « I’m not the most pretty girl… » puis d'entendre dans le public un fan hurler : « oh yes you are ! », car les moments d’interaction complice comme celui-ci seront nombreux. "Circles", extrait de son dernier album, Everything Is Changing, ajoute à la magie des ballades d’Anneke. Le titre "I Want" (spécialement "for the ladies!") extrait de son troisième album solo, casse le rythme, avec sa satire sociale pleine d’humour et de légèreté : « I want to hold your hand, but you – you are too dumb to understand… nor money nor power will save your ass ». "Hey Okay !" poursuit dans cette veine enlevée et fun.

"4 Years", chanson écrite pour le groupe internet Lorrainville, prouve le talent de composition d’Anneke. Puis vient le moment de la première reprise dans le programme : le classique de Cyndi Lauper, "Time After Time", pour lequel la chanteuse nous avoue avoir un trac énorme. Ce qui ne l’empêchera pas de l’exécuter à merveille par ailleurs. Mais ce qui surprend est son naturel et sa simplicité encore une fois. « Je ne suis pas guitariste, juste chanteuse », une humilité qui fait  apprécier d’autant plus sa prestation.

 

Les chansons "My Electricity" et "You Are Nice !" seront les derniers titres du répertoire d’Anneke, qui choisira essentiellement des reprises pour la deuxième partie de son programme. Hommages rendus à des chansons et artistes qui lui tiennent à cœur, ils sont d’un réel intérêt dans la mesure où ces derniers sont interprétés à sa manière, avec sa griffe si caractéristique. Pas moins de deux reprises de U2, dont l’excellent et culte "All I Want Is You" : « You say you want diamonds on a ring of gold, your story to remain untold, your love not to grow cold – when all I want is you”. A l’interprétation déchirante et l’approche très rock & roots de Bono, Anneke préfère la sensibilité et le charme tout en retenue qu’inspirent plutôt sa voix et sa personnalité. "Drowning Man" est une pioche gagnante dans le U2 teigneux de l’époque War.

Avec "Jolene" et le récit émouvant de cette femme qui soupçonnait son mari de succomber au charme d’une employée de banque rouquine, et à qui Dolly Parton suppliait de le lui laisser (« I’m begging of you please don’t take my man, please don’t take him just because you can »), Anneke revisite un classique de la country US et lui confère un charme bien européen.

 

Dernière reprise, et dernier morceau pour ce soir, "The Power Of Love" du groupe Frankie Goes To Hollywood : avec des arrangements savants, qui distordent la chanson de telle manière qu’elle en devient méconnaissable. « I’ll protect you from the hooded claw, keep the vampires from your door… with my undying, death-defying love for you… The power of love, a force from above, cleaning my soul” qui capture l’esprit de notre Hollandaise préférée et assure de faire passer une dernière fois le message qui lui tient tant à coeur, un message auquel elle s’évertue à donner corps à travers son art, mais aussi à travers sa personne : un message d’amour et de paix, que l’harmonie de sa musique, la grâce de sa physionomie et sa générosité en tant qu’individu rendent tout à fait cohérent. Chacun repartira bercé à l’issu de son one woman show, mêmes les quelques growlers présents dans la salle, et l’on aura une dernière manifestation du caractère exceptionnel de l’artiste, lorsque cette dernière viendra nous rejoindre au bar du coin pour boire un verre et s’entretenir avec ses fans, dispensant généreusement de son temps et de son énergie pendant plus de deux heures, et prouvant si besoin en était encore, qu’elle est résolument une grande.

Setlist :

Beautiful One (Air – Agua de Annique)
Yalin (Air - Agua de Annique)
Locked Away (How To Measure A Planet? - The Gathering)
Not The Most Pretty Girl (Agua De Annique)
Circles (Everything Is Changing)
I Want (In Your Room  - Agua de Annique)
Hey Okay ! (In Your Room - Agua de Annique)
4 Years (écrite pour le groupe Lorrainville)
Time After Time (reprise de Cyndi Lauper)
My Electricity (How To Measure A Planet ? - The Gathering)
All I Want Is You (reprise de U2)
Songbird (reprise de Fleetwood Mac)
You Are Nice! (Air – Agua de Annique)
Drowning Man (reprise de U2)
Jolene (reprise de Dolly Parton)
The Power Of Love (reprise de Frankie Goes To Hollywood)

 

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