Sylak Open Air #4 (8, 9 et 10 août 2014)


Loin des grosses machines que sont le Hellfest ou son petit frère le Motocultor, le Sylak Open Air est un petit festival métal qui en est déjà à sa quatrième édition. La programmation avait de quoi attirer les regards, avec Phil Campbell's All Star Band, Gojira, Coroner et Turbonegro comme têtes d'affiche, et une bonne poignée de bons voire excellents groupes français et internationaux. Direction Saint Maurice de Gourdans, alors que la pluie se déchaîne avec une rare intensité juste avant le festival !

Vendredi 8 août


Hardcore Anal Hydrogen
 


Groupe issu de l’excellente écurie Apathia Records, Hardcore Anal Hydrogen nous avait laissé une forte impression en mai dernier, alors qu’ils ouvraient pour Pryapisme au Klub. Pourtant, sur cette date, le chanteur n’était pas présent, le groupe avait donc du faire sans, et jouer en instru’ ! Cette fois, Sacha est là, et sans surprises, c’est encore mieux ! Ce dernier ajoute sa touche expérimentale au tout, avec une voix bourrée d’effets, qui lui servent de filtre pour modeler sa voix comme il l’entend.
 

Sylak Open Air, 2014, Hardcore Anal Hydrogen, live report,


Il est assez impressionnant de voir le chemin que Hardcore Anal Hydrogen a parcouru en si peu de temps. C’est bien simple, on croirait voir un autre groupe par rapport à la tournée printanière. Leur métal expérimental, sorte de Mister Bungle sous stéroïdes, est orchestré avec une précision diabolique. De plus, le son est vraiment bon, permettant d’apprécier le concert dans des conditions optimales. Les titres de leur nouvel album, The Talas of Satan, passent parfaitement le cap du concert, qui devient presque psychédélique lorsque Sacha empoigne sa flûte traversière ! Les pauses entre les chansons sont autant d’occasions pour le groupe pour rappeler son amour pour l’humour scatologique, qui a le mérite de faire sourire et semble avoir un certain succès auprès du public.
 

Hardcore Anal Hydrogen, 2014, Sylak Open Air, live report,


Malheureusement, trente minutes, ça passe vite, et il est déjà temps pour Hardcore Anal Hydrogen de nous quitter. Ils auront en tout cas confirmé leur statut de groupe à suivre avec attention.

Leur succède Sleekstain, groupe de hard  rock façon Guns N’ Roses qui aura réussi à bien chauffer le public, à grand coup de mousse qui est envoyée par intermittence dans le public. Eh oui, les célèbres soirées « mousse » du Sylak Open Air ont été maintenues pour cette quatrième édition, et vu l’ambiance générées par quelques bulles et du savon, il y a de fortes chances qu’elles soient encore là l’année prochaine.
 

Sleekstain, Sylak Open Air, 2014, live report,


Ce sera l’occasion de faire des mosh pits au savon pendant que Bounty Hunter délivre son grindcore à deux voix très bien huilé. Leur concert est d’ailleurs l’occasion pour un des organisateurs du Sylak de monter sur scène pour saluer les festivaliers, et remercier tous les membres de l’organisation ainsi que les bénévoles, sans lesquels cette édition a bien failli être annulée à cause des éléments qui se déchaînaient encore quelques heures avant le début du festival. Heureusement pour tous, il n’y aura plus de pluie pendant le festival jusqu’à sa conclusion !
 

Bounty Hunter, 2014, Sylak Open Air, live report,

 

Dancefloor Disaster

C’est maintenant au dernier groupe de cette journée d’échauffement de monter sur les planches. Après presque trente minutes de retard, Dancefloor Disaster arrive enfin sur scène, et semble bien prêt à en découdre. Le concept : reprendre des grands tubes de musique dance et les métalliser. Facile, me direz-vous ! Eh bien, après quelques minutes d’écoute, il faut bien constater que c’est extrêmement efficace. Les chansons qui font habituellement grincer les dents de tout bon amateur de métal qui se respecte sont réarrangées façon métal moderne avec une touche de djent pas déplaisante. C’est typiquement le genre de démarche qui divise, on est soit conquis, soit exaspéré.
De LMFAO à Britney Spears, en passant par PSY ou encore The Prodigy, chaque chanson a été choisie avec soin pour transformer un pit de concert en dancefloor métal.
 

Dancefloor Disaster, 2014, live report, Sylak Open Air,


Rendons à César ce qui appartient à… La mousse ! Clairement, le concert n’aurait pas été perçu de la même manière sans les bulles. Celles-ci nous arrivent maintenant presque jusqu’à la taille, et elles sont utilisées avec beaucoup d’imagination par les festivaliers, du simple lancer aux nombreux slams effectués juste sous le canon à mousse pour tout se prendre dans la tronche lorsque la régie envoie la sauce ! Avec  ses deux chanteurs  surexcités et ses musiciens très pro, Dancefloor Disaster aura mis le feu au Sylak Open Air. Une très bonne surprise !

Samedi 9 août

 

Sekt
 


Ce deuxième jour du Sylak commence bien fort, avec du son bien gras ! En effet, Sekt ne fait pas dans la dentelle et balance du doom/sluge de premier choix, avec parfois quelques incursions de black metal du meilleur effet ! Le groupe a la chance d’être doté d’un très bon son pour une ouverture festival, et chaque riff est comme un coup de massue reçu sur la tête. Le chanteur une voix bien puissante, maîtrisée, et paraît complètement absorbé dans sa performance. Bien vite, à la manière de Phil Anselmo, il s’administre des coups sur le front avec son micro, laissant ainsi un filet de sang s’écouler sur son visage. Mise en scène ou non, il faut bien avouer que ça a de la gueule.

Les autre musiciens ne sont pas en reste, et abattent le boulot avec le parfait équilibre entre précision et crasse. Les deux guitaristes au son lourd et puissant sont soutenus par une section rythmique imposante et sans bavures. Bref, sur un set d’une demi-heure, c’est un sans fautes.

Suivront Hypnos, évoluant dans un registre plus planant et hypnotique, mais malheureusement un peu trop décousu pour complètement convaincre. Recueil Morbide quant à eux feront les premiers mosh pits de la journée, avec un brutal death plutôt bien exécuté. Malheureusement, le son n’était vraiment pas à la hauteur de ce que ce genre de groupe a besoin pour être efficace. Ils ne seront d’ailleurs pas les seuls à avoir un son un peu décevants.

 

Mononc’ Serge

Judicieusement, le Sylak a prévu des pauses entre deux concerts fortement concentrés en décibels. On a donc le plaisir de se détendre les tympans avec Mononc’ Serge, qui joue seul sur scène avec sa guitare électroacoustique. Ce sympathique québécois à la voix rocailleuse distille des chansons pleines  d’humour mais également de vérités. Tout le monde en prend pour son grade : punks, hippies, hommes politiques… Et métalleux, bien sûr !
 

Mononc' Serge, live report, 2014, Sylak Open Air,

Avec Mononc’, les transitions entre les chansons ne sont pas des temps morts, loin de là ! C’est l’occasion pour lui pour nous raconter moult anecdotes avec son irrésistible accent québécois, qui fera toujours mouche sur nous autres français. Il nous promet d’ailleurs de revenir en France avec une version de 50 minutes de « l’âge de bière », chanson qu’il suppose être la favorite d’un public amateur de métal… Quand sa guitare ne lui suffit plus, il utilise des pédales pour faire des bruitages ou se programmer une batterie. Mais la substantifique moelle de ce set se situe dans les textes et dans les accords plaqués avec conviction à la guitare. D’ailleurs, on en reprendrait volontiers !

Evergreen Terrace

On passe encore du coq à l’âne sur la scène du Sylak, avec Evergreen Terrace. Ces américains mêlent punk, hardcore et métal, résultant en un cocktail détonnant et bourré d’énergie. Les gros riffs qui tâchent sont accompagnés de très bons chorus, qui apportent une touche mélodique bienvenue au tout. Ces chœurs sont d’ailleurs ce qu’on pourrait appeler la signature du groupe, avec les riffs influencés punk, mais joué avec les us et coutumes du métal. (double pédale, grosse distorsion…)

Evergreen Terrace, live report, 2014, Sylak Open Air,

Le chanteur Andrew Carey, en plus d’assurer au chant, est un excellent meneur, et sait y faire pour tirer le meilleur du public, qui est très agité dans fosse. Difficile de ne pas être secoué dans les premiers rangs ! Nous avons également droit aux ruptures de rythme symptomatiques du metalcore, et ont le mérite d’être bien amenées, ce qui n’est pas toujours le cas dans les groupes du genre. Sans être complètement irrésistible, on aura tout de même passé un bon moment avec Evergreen Terrace !
 

Benighted

Le soleil commence à se cacher, c’est l’heure pour les têtes d’affiches de sortir des loges ! Les premiers à passer ne sont autre que Benighted, groupe qui a confirmé son statut de référence de brutal death technique avec son dernier album Carnivore Sublime. Le groupe était attendu au tournant, et on pouvait légitimement se demander ce que ça allait donner alors que la formation venait de changer l’un de ses guitaristes et son bassiste. La tension est déjà bien présente lorsque les musiciens montent sur scène, et le début du concert  n’est autre que le coup de départ pour la plus belle furie du Sylak 2014 dans la fosse. La sécurité n’a pas eu le temps de s’ennuyer, à en juger par le nombre de slammers.
 

Benighted, 2014, live report, Sylak Open Air,

Cette soirée a tout de l’évènement, puisque Benighted enregistre le concert en vue d’une sortie en DVD. A la voix, Julien est toujours aussi impressionnant de maîtrise, que ça soit pour les cris de goret égorgé comme pour le growl caverneux. A la batterie, ça blaste sévère, pendant que les deux guitaristes abattent des riffs tranchants à souhait. Si la rythmique est implacable, on ne peut pas en dire autant des solos d’Olivier Gabriel, qui, en plus de ne pas être brillants, comportent quelques beaux pains. Son confrère s’en sortira mieux, pour les quelques leads qu’il jouera.
 

Benighted, 2014, live report, Sylak Open Air,


Au niveau de la setlist, c’est Carnivore Sublime qui est mis à l’honneur, et on constate que les nouveaux titres sont parfaitement taillés pour les concerts, au même titre que des classiques de la formation comme « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth ».  Cependant, avec les minutes qui passe, et malgré l’ambiance de folie qui règne pendant ce concert on ne peut plus extrême, la lassitude commence à pointer le bout de son nez. Concert est trop long ? Dans leur générosité, les musiciens ont dépassé le temps qui leur était imparti pour pallier l’annulation de Moonspell qui devait jouer après eux. On aurait du mal à en vouloir au groupe, mais peut être que plus d’une heure de ce genre de musique lui fait perdre son impact. Ajoutons à cela le manque de précision du son et on a un début de réponse, alors que le concert au Hellfest 2014 avait été une boucherie sans nom. En tout cas, le public a pris son pied, de la sueur, des ecchymoses et headbangs qui seront immortalisés sur un nouveau dvd.

 

Phil Campbell’s All Star Band
 


C’était clairement une des raretés de ce festival. Le public allait assister à un concert de Phil Campbell, mais pas avec Motörhead ! Et oui, les problèmes de santé de Lemmy n’ont pas arrêté Wizzö, et son amour de la scène l’a poussé à former un groupe comprenant ses trois fils, qui ont tous leur propre groupe. Eh oui, les chiens ne font pas des chats ! Au programme, de la pop ! Haha, non. Du rock, du roll et des fuck you à gogo. Le groupe ouvre avec « Children of The Grave » de Black Sabbath, et ça envoie bien comme il faut. Le chanteur, bien que très jeune, a une bonne voix, et arrive à rendre un bel hommage à l’organe d’Ozzy. Après une autre belle reprise de Ted Nugent, Phil prend la parole et nous annonce qu’ils vont jouer quelques chansons de Motörhead qui pourraient nous surprendre !
 

Phil Campbell's All Star Band, live report, 2014, Sylak Open Air,


Dont acte, après un «Damage Case » ultra classique, on a droit à « Dog-Face Boy » et « Over Your Shoulder », qui n’avaient pas été jouées depuis très longtemps ! A la gratte, il faut bien reconnaître que Phil pète la classe, même s’il a la désagréable habitude de se tourner vers quelqu’un qui regarde le show sur le côté de la scène. Est-ce que Phil aurait oublié où est situé son public ? Heureusement, ça ne durera pas trop longtemps. De leur côté, les fils Campbell (pardon) assurent bien, et même s’il est assez étrange d’entendre du Motorhead sans la voix de Lemmy, on s’y fait vite.  D’ailleurs, ce n’est pas la seule différence à être entendue ce soir, puisque Motörhead joue normalement avec Phil seul à la guitare, alors qu’il y a deux guitaristes sur scène ce soir. Ces reprisent sonnent donc plus rentre-dedans, compensant ainsi la voix moins agressive du chanteur.
 


Phil Campbell's All Star band, live report, 2014, Sylak Open Air,

Puis, c’est la série de tubes : « Born to Raise Hell », « Iron Fist », « Killed by Death » et l’institutionnel «Ace of Spades ». Le groupe quitte la scène sous les vivats… Mais ce n’est pas fini !! Ils retournent bien vite sur scène pour nous jouer une interprétation Motörisée de « Jumpin’ Jack Flash ». L’écoute nous rappelle d’ailleurs la parenté évidente entre les deux groupes anglais. Et c’est sur un medley de Led Zeppelin que se termine ce concert. Phil aura montré qu’il sait botter des fesses sans son groupe, avec un set qui a mis tout le monde d’accord.
 


Gojira

Ah ces chers Godzilla… Qu’est-ce qui n’a pas été dit sur eux ? C’est aujourd’hui sans conteste le groupe le plus populaire du métal français. Ils font aujourd’hui partie des quelques groupes à faire l’unanimité, que ça soit sur album, et a fortiori en concert. Et ce soir, tout porte à croire que le groupe va confirmer que sa notoriété est méritée. C’est avec un son plutôt bien équilibré que Gojira arrive sur scène. Sans surprise, le set commence avec le diptyque « Explosia » / « The Axe », et est enchaîné avec « Backbone » et « The Heaviest Matter of The Universe », qui sont aujourd’hui des classiques de la formation française. Très vite, la musique de Gojira fait effet, et fait bouillir la fosse avec ses riffs dantesques et la batterie virtuose de Mario Duplantier.
 


Gojira, live report, 2014, Sylak Open Air,


C’est avec  « Love », tiré du trop méconnu Terra Incognita, que le concert commence vraiment. Ce morceau nous rappelle que Gojira en imposait déjà à l’époque de ce premier album. On remarque tout de même que Joe a un peu de mal en growl. Peut être est-il fatigué des tournées incessantes qu’effectue son groupe depuis la sortie de l’Enfant Sauvage. En tout cas, instrumentalement, ça tien toujours autant la route, avec une mise en place irréprochable, et des compositions racées et rageuses, à mi-chemin entre Morbid Angel et Meshuggah.
 


Gojira, live report, 2014, Sylak Open Air,

C’est toujours un plaisir de regarder Mario martyriser ses fûts, que ça soit sur les mesures torturées de « Toxic Garbage Island » comme sur le groove à la Textures de « L’Enfant Sauvage ». On peut tout de même regretter un certain polissage de leur son qui se manifeste depuis quelques années. Le concert aurait d’ailleurs gagné à avoir un son plus précis, mais passons. Le monumental mur de la mort commandé par Joe sur « Flying Whales » nous aura fait oublier ces détails. C’est avec grand plaisir qu’on accueille le tubesque « Vacuity » de retour dans la setlist. Il marque hélas le début de la fin de ce beau concert. Mais le groupe n’en a pas terminé avec nous, et après un court rappel, retourne sur scène pour conclure pour administrer un « Where Dragons Dwell » étendu, peut être un peu trop pour le coup. C’est en tout cas une fin digne de ce nom pour  ce deuxième jour du Sylak Open Air.
 

Gojira, live report, 2014, Sylak Open Air,

Dimanche 10 août

Et voilà, c’est déjà le dernier jour de ce beau festival ! Et la mise en bouche est bonne, avec un groupe dont le nom aura énormément fait jaser les festivaliers : Space Fisters. Une fois la bonne rigolage passée, il faut bien admettre que ces gars assurent. Sous forme d’un trio, ils envoient un stoner psyché de bon aloyau, avec moult effets dans la voix du chanteur/bassiste, et des sons bien hendrixiens de la part du guitariste, qui était peut être un peu sous mixé par rapport à son camarade bassiste. Décidément, les groupes d’ouverture du Sylak envoient du lourd !

 

General Cluster

Encore du stoner avec General Cluster, mais ces derniers vont plus lorgner vers le côté Down de la force, à la fois dans les riffs comme dans la voix. Clairement, les compositions ne sont pas d’une originalité folle, mais il faut reconnaître qu’elles sont bien faites, et que ça passe très bien en live. On peut d’ailleurs le voir aux réactions du public, qui est complètement accroché par la performance des français.

On peut remarquer que l’un des guitaristes à la particularité de jouer quasiment en permanence avec un bottleneck à la main, lui permettant d’ajouter une dose de blues du bayou à leur son, ce qui convient parfaitement à la musique jouée. De son côté, le chanteur est très agité sur scène, et se révèle être un bon meneur. Entre les chansons, il encourage et remercie chaleureusement le public, avec des mots qui sonnent moins clichés et convenus que ce qu’on entend habituellement en festival, détail qui paraît anodin, mais qui reste plaisant. Les trente minutes de ce set seront passées bien vite !

 

Church Of Misery

Il n’est pas commun que des groupes originaires du pays du soleil viennent jouer dans nos contrées, à cause de la distance. Pourtant, le Japon regorge de groupes de qualité, et très vite, on s’aperçoit que la présence de Church of Misery sur l’affiche de ce festival est tout sauf de la discrimination positive. Ces nippons délivrent un doom brut, classe et extrêmement bien exécuté, fortement inspiré par Black Sabbath, jusque dans leur logo reproduit sur le back-drop.
 

Chuch of Misery, live report, 2014, Sylak Open Air,

La voix du chanteur est étonnamment puissante, en dépit de sa carrure chétive. Soyons clairs, il n’y a aucune réelle relation entre ces deux facteurs, mais ça surprend, malgré tout. Son timbre guttural et rocailleux rappelle encore plus Phil Anselmo, mais celui des meilleurs jours de Pantera et Down, cette fois. On peut également remarque que la position de jeu du bassiste est inédite, avec la basse qui est placée anormalement bas, et les attaques qui sont administrées au niveau du manche, ce qui doit clairement contribuer au son massif et particulier du groupe.
 

Church of Misery, 2014, live report, Sylak Open Air,

Entre les chansons, pas de parlotes, mais c’est probablement du au fait que la plupart des japonais parle très mal anglais qu’autre chose. Mais en un sens, cela donne un côté très pur au set, composé exclusivement de musique. On aurait aimé entendre plus de riffs d’outre-tombe, soutenus par une batterie puissante, mais le temps de jeu de Church of Misery est déjà écoulé ! Assurément un groupe à suivre.

 

Misery Index

Encore un groupe qui aime la misère. Mais dans un registre tout autre que Church of Misery. En effet, Misery Index joue une sorte de thrash/death sans concessions. Là, on est dans l’agression non-stop, sans aucun temps mort ou baisse de tempo, ça va toujours très vite. On peut regretter, ou adorer cette absence de dynamique, qui rend le tout vraiment très direct.
 

Misery Index, 2014, Sylak Open Air, live report,

A la voix, on retrouve deux hurleurs, mais il est quasiment impossible de faire la différence entre les deux, tant leurs deux voix se ressemblent. L’intérêt d’avoir deux chanteurs est donc significativement réduit, à part peut être pour éviter de fatiguer un unique chanteur. Encore une fois, concert aurait gagné à avoir un meilleur son. Ainsi, les solos seront quasiment inaudibles pendant la totalité du concert, et pour un groupe jouant ce genre de métal, c’est un peu dommage. En tout étant de cause le public est conquis, et valide ce concert de Misery Index avec une belle quantité de mosh-pits.


Misery Index, live report, 2014, Sylak Open Air,

 

The Real Mc Kenzies
 


Nouveau grand écart de style avec ces écossais, qui distillent pour nous du bon vieux punk avec des influences celtiques. (comprendre : une cornemuse)  Allez, tous en kilt ! Les musiciens sont d’ailleurs assez bons, notamment le guitariste soliste, qui reprend régulièrement les lignes jouées par la cornemuse. C’est un fait assez rare de voir un guitariste si véloce dans le genre pour être noté. On peut cependant exclure de ces bons musiciens le chanteur, qui visiblement, se donne beaucoup de mal pour ne pas chanter juste. On sait que c’est du punk, c’est tout de même dommage !
 

The Real Mc Kenzies, live report, 2014, Sylak Open Air,


Il est en tout cas intéressant de voir comme la musique celtique se marie bien avec le style, alors qu’ils n’ont a priori pas grand-chose à voir. En tout cas, ces punks là ont de vraies convictions, et sont visiblement très remontés contre la couronne d’Angleterre. C’est d’ailleurs l’occasion pour le chanteur de dire « La seule Queen que j’aime, c’est Freddie ! ». Exhibitions et harangue politique complètent le tableau. Un bon moment festif malgré tout.
 

the Real Mc Kenzies, 2014, live report,

C’est maintenant à Dew-Scented d’affronter le public du Sylak. C’est le groupe qui avait été désigné pour remplacer l’annulation de la tournée européenne de Death Angel, et il faut croire que nous avons beaucoup perdu au change. Non pas que ce que leur thrash metal moderne soit foncièrement mauvais, ou mal exécuté, mais le tout reste trop convenu ou pas assez original pour vraiment marquer les esprits.

 

Red Fang

Ils n’ont cessé de grimper les échelons depuis quelques années, ils sont aujourd’hui synonyme de fête et de concert réussi : tout semble réussir à Red Fang, à commencer par leur dernier album Whales and Leeches. Ce dernier d’ailleurs se taille une belle place dans la setlist, même si Murder The Mountains garde la part du lion. Dès les premières secondes du set, le Sylak est retourné, emporté par l’énergie de leurs compositions.
 

Red Fang, live report, 2014, Sylak Open Air,


Le son est un peu baveux, mais qu’importe il est difficile de ne pas hocher la tête ou taper du pied. Les musiciens sont en bonne forme, et on est toujours soufflé par la voix haut perchée mais toujours juste du chanteur/bassiste Aaron Beam, comme par le jeu ultra puissant et vitaminé du batteur John Sherman, qui éclate nos tympans avec sa caisse claire.
 

Red Fang, live report, 2014, Sylak Open Air,

Si les titres qui ont presque déjà le rang de classiques des deux premiers albums, on a par contre du mal à être aussi convaincu par certains titres du nouvel album, intéressants mais moins accrocheurs que ce à quoi Red Fang nous avait habitué. Il y a très peu, voire aucune communication avec le public, mais la musique jouée est tellement efficace et bien abattue que ce n’est pas nécessaire. Et bim, ça y est, le chien préhistorique est lâché, et visiblement, il a rendu fou plus d’un festivalier. Les américains peuvent partir avec le sentiment du devoir accompli.
 

Sylak Open Air, 2014, live report,

 

Coroner
 


Hélas, mille fois hélas, l’arrivée des légendes thrash suisses sur scène prend du retard ! C’est donc avec un gros quart d’heure de retard que le trio arrive sur scène. En conséquence, ils ne vont pas perdre leur temps en pourparlers et vont plutôt faire parler la poudre. Il y a des retours sur la scène qui sont de monumentaux fours. Mais Coroner n’est clairement pas à classer parmi ceux-là. Avec une précision chirurgicale, les trois musiciens vont jouer des compositions techniques et racées, qui n’ont pas pris une ride aujourd’hui.
 

Coroner, live report, 2014, Sylak Open Air,

On aurait pu craindre que le départ de Marky ait des conséquences néfastes sur la puissance du groupe en concert, mais cela serait sans compter sur le talent de Diego Rapacchietti, qu’il a déjà pleinement montré dans Venturia. De son côté, Tommy n’a rien perdu de sa verve à la guitare, et nous gratifie d’un jeu toujours aussi ciselé, que ça soit en rythmique comme en solo d’ailleurs. Enfin, Ron se maintient comme un excellent artilleur à la basse, et a toujours la rage dans la voix.
 

Coroner, live report, 2014, Sylak Open Air,

Comme d’habitude depuis la reformation du groupe, le set est axé sur les deux derniers albums de Coroner, ce qui fera autant d’heureux que de mécontents, tant la musique du groupe a changé avec les années. En tout état de cause, il est difficile de résister à la puissance de monuments de métal comem « Semtex Revolution » ou « Masked Jackal ».
 

Coroner, live report, 2014, Sylak Open Air,

Malheureusement, le concert passe vite, trop vite, et on a presque la larme à l’œil lorsque Ron annonce que c’est le dernier morceau. Coroner finit son set écourté en beauté avec « Grin », tout en puissance et en lourdeur. Ainsi, le trio helvète aura été à la hauteur de sa réputation, en délivrant une performance tellurique et maîtrisée. Magnifique !

 

Turbonegro

C’est maintenant au dernier groupe de cette quatrième édition du Sylak de fouler et les planches. Et ce ne sont pas moins que les punks à paillette Turbonegro ! On voit donc la troupe conséquente de Turbojugend, qui a beaucoup fait parler d’elle pendant le week-end, se diriger vers la scène. Après une arrivée tambour battant, les norvégiens se lancent pour une heure et quart de punk survitaminé, et oscillant parfois entre métal et rock. Tony Sylvester est en bonne forme vocale, et se révèle être parfait dans son rôle de meneur déjanté et décadent. Le son est excellent, et bien puissant, permettant de profiter pleinement de cette overdose d’énergie débridée.
 

Turbonegro, 2014, live report, Sylak Open Air,


On a beau avoir affaire à des punks, aucun détail n’est laissé au hasard, et c’est un show millimétré qui est mené par la formation norvégienne. Le set nous fait cadeau du meilleur du répertoire de Turbonegro, très bien interprété par un groupe qui semble être en très bonne forme. L’humour salace et irrévérencieux qui a rendu le groupe célèbre n’est jamais loin, avec des titres comme Blow Me (Like The Wind) ou Wasted Again. Aux choeurs, Tony est parfaitement secondé par Thomas Seltzer, toujours affublé de son béret de marin.
 

Turbonegro, live report, 2014,


Visiblement, le public est conquis par la performance pleine de bonne humeur de Turbonegro, notamment si on regarde les premiers rangs qui sont très agités. Clairement, le charme de leur musique réside dans les nombreuses fioritures qu’on trouve dans leur musique, à commencer par les excellents solos deKnut Schreiner, dont chaque intervention est une pure réussite. C’est ainsi qu’on ne voit pas le temps passer, et on arrive bien vite à l’heure du rappel. Mais le combo nous réserve encore quelques surprises, la plus belle étant la reprise sous stéroïdes de « Money For Nothing » de Dire Straits, qui passe comme une lettre à la poste sur scène ! Et c’est sur le séminal « I Got Erection » que les punks à casquette nous adressent un ultime et sulfureux au revoir. C’est un sans-fautes pour les Norvégiens.
 

Turbonegro, 2014, live report, Sylak Open Air,


Et voilà, nous touchons déjà la fin de ces trois jours intenses en décibels, mais détendus, même si le stress de voir les pluies torrentielles de retour nous sera resté dans un coin de la tête après le déluge juste avant le début du festival. Ayant accueilli 6000 personnes sur les trois jours, le Sylak Open Air est un festival de taille modérée, qui est vivement conseillé aux amateurs de métal qui aiment nettement moins les grosses foules et les longes attentes aux stands comme aux toilettes. Avec une petite optimisation sur le son des concerts, ce sympathique festival aura toutes les cartes en main pour rejoindre le club des incontournables en France. 

Reportage par Tfaaon

Photos : © 2014 LR Photographie
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 

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