Vendredi 7 Juillet 18h.
La rue Voltaire était encore déserte. Quelques musiciens s'installaient faisant fi de la moiteur....The High Reeds se mettaient gentiment en place.
C'est sur la terrasse du Bacchus & Pool où nous retrouvons la formation. Assis sur une banquette confortable la discussion s'engage et c'est avec plaisir et une grande simplicité que les trois compères acceptèrent de répondre à quelques questions.
Entretien ruelle.
Bonjour The High Reeds. Merci de répondre à quelques questions pour La Grosse Radio. Pouvez-vous nous faire un retour sur la sortie de votre EP Brother Jones?
Christophe Rigaud: "Merci à vous de nous proposer ce petit moment d'échange. On a fait le choix d'une sortie exclusivement en digital. Le temps passe vite et les gens voulaient entendre des nouveaux morceaux.
On est content car on a eu des bons retours sur le clip, de bons échos des radios aussi à La Réunion, en Suisse, Belgique, jusqu'en Angleterre, ce qui nous fait d'autant plus plaisir".
Cet EP est dans la continuité du premier auquel vous mêlez diverses influences.
Joe: "C'est une évolution vers d'autres sphères tout en restant ancré dans le reggae. Je pense qu'il est intéressant que des couleurs apparaissent dans la musique avec des sons qui ouvrent à l'écoute et touchent le plus grand nombre. On essaie de teinter notre reggae aux couleurs de nos racines comme le blues ou le gospel".
On sait que vous faites des sessions acoustiques dans le métro. Parlez-nous de cette aventure.
Christophe: "A Paris, cela se fait depuis les années 70 mais à Lyon c'est nouveau. Les TCL ont lancé un appel et on trouvait l'idée plutôt bonne. Si tu veux être cohérent devant cinquante personnes, il faut l'être devant cinq, sinon tu as loupé une étape.
On a répondu à l'appel et passé des auditions suite auxquelles nous avons été sélectionnés et nous avons carte blanche pour y aller. On y retourne demain et ce depuis Octobre.Des fois la formule change, tantôt à quatre et tantôt en trio claviers, percussions, voix. Une super expérience".
Vous avez joué au complet à Lyon pour la Fête de la Musique. Quelles sont vos prochaines dates?
Christophe: "Sur Lyon non si ce n'est dans le métro. Derrière cet EP, il y a un album qui arrive. On va juste continuer nos dates en acoustique afin de nous laisser du temps pour préparer ce nouvel album. Au niveau des dates proprement dites, il faudra plus tabler sur la rentrée 2017 voir 2018".
Merci encore The High Reeds pour cet entretien ruelle. Un dernier mot pour tous les lecteurs de La Grosse Radio Reggae?
The High Reeds: "Un gros Big Up à La Grosse Radio, longue vie à vous. Merci à vous d'être venus ce soir. Merci beaucoup car depuis le début vous nous soutenez et on apprécie çà".
Après un rapide changement de tenue très sobre en noir et blanc, Christophe Rigaud vint rejoindre ses deux acolytes que sont Franck sereinement installé sur sa chaise derrière son clavier, et le non moins serein Joe aux percussions et chant, solidement ancré sur son cajon.
Le gaucher attrapa sa guitare. Il faisait encore jour quand les premières notes résonnèrent. Comment vous détaillez un concert acoustique? Certains pourraient trouver cela lancinant voir monotone, une récurrence qui pousseraient les curieux à passer leurs chemins. Mais c'est tout le contraire qui se produisit, les passants guettant d'une oreille attentive, appréciant à sa juste valeur ce doux soir d'été.
Nous eûmes droit à une déclinaison acoustique de leur premier album Sounds Of Life. La complicité est évidente entre les musiciens, chacun apportant sa touche personnelle au gré des influences. Des titres comme "Gaia" ou "Sounds Of Life" prennent vraiment une saveur particulière.
Joe possédait quand même une baguette avec laquelle il effleurait le cajon, et ce petit oeuf que l'on secoue faisait aussi partie de son attirail. "All Day" se faisait plus rocksteady encore plus entré dans les traditions en acoustique, quant "On This Way" empruntait un chemin clairement orienté jazzy avec le clavier omniprésent de Franck, y allant de son passage avec l'aisance qui est la sienne.
La voix est un organe essentiel et tellement belle quand elle susurre des mots doux à vos oreilles, et le maniement de la langue est un art. Franck et Joe sont originaires de Guadeloupe et ils ne pouvaient apporter qu'un peu de cette chaleur créole quand ce dernier entonne "Mouvman La Vi".
Comme si l'ambiance feutrée ajoutée au côté acoustique de la soirée ne suffisaient pas, le trio nous chanta l'amour avec le sublime "So Many Roses" avant qu'entre chien et loup ne tombe un petit "Winding Road".
Après une courte pause d'une vingtaine de minutes le temps de se rafraîchir, le concert reprit par le titre "In The Subway" présent sur leur dernier EP, et directement inspiré de leur histoire commune à jouer dans le métro.
L'assemblée était réceptive et avait pris d'assaut la terrasse. C'est à ce moment là qu'ils demandèrent au public de participer davantage en tapant dans les mains sur "Brother Jones".
Après s'être mis en mouvement en claquant des mains suivant le tempo, ils durent faire admirer leurs timbres vocaux, les Lyonnais invectivant leurs voisins Viennois à reprendre le superbe "Alright".
En fin de concert, on assiste souvent à des "gros boeufs" qui sont, par le biais d'une simple guitare sèche, souvent propice à des reprises.
The High Reeds nous gratifièrent donc d'une reprise très douce de Bob "Turn Your Light Down Low" réinstrumentalisée par leurs soins façon un peu soul, et un "Richman Poorman" de leur ami Clinton Fearon.
Le temps était venu de clôre cette soirée mais pas avant un dernier morceau, encore un petit nouveau. Là où certains artistes se seraient contentés d'un simple morceau de fin trop calme en nous souhaitant une bonne nuit, eux ont opté pour quelque chose de différent, un titre chantant et entraînant "Be Ruff", histoire de nous emmener une dernière fois dans leur univers.
On fredonne encore ce dernier air sur le chemin du retour.
C'était une très bonne soirée, un bonheur intimiste où la magie de l'acoustique a une nouvelle fois opéré.
Merci au High Reeds pour cette claque acoustique qu'on a pris de plein fouet comme un vent de fraîcheur après cette chaude journée estivale, et leur gentillesse.
Merci à Amandine Lefebvre organisatrice de cette soirée et qui se bouge pour la culture.
Merci au Bacchus & Pool pour l'accueil une nouvelle fois. On reviendra.
Merci enfin à ma Sev Irie pour avoir immortaliser ce moment.
