Shaka Ponk – The Black Pixel Ape

Ah, les faux double albums... C'est marrant de constater que c'est souvent quand un groupe est au sommet de sa popularité qu'il se lâche complètement, qu'il se laisser aller à écrire un énorme paquet de titres, et qu'au lieu de faire le tri, ils sortent tout ou à peu près. Leur succès est tel que de toutes façons ils peuvent à peu près tout se permettre. Les plus connus sont bien sûr Load et ReLoad de Metallica et Use your Illusions I & II des Guns'n Roses (on pourrait aussi citer Mezmerize et Hypnothise de System of a Down, mais le groupe s'étant imposé une pause depuis, l'exemple est moins parlant). Des albums dont on s'est souvenus longtemps, tant les deux groupes monopolisaient l'espace médiatique vu leur énorme succès. Des albums qui ont marqué, mais qui s'avéraient également assez inégaux, chacun contenant des titres dispensables. Si on peut reprocher à Metallica d'avoir délaissé le métal, il y avait de quoi faire un super album de rock... Mais pas deux. Si pour les Guns, le constat est un peu moins grave, reste qu'il y a un certain nombre de titres dont on aurait pu se passer.


frah, samsahah, sam, goz, morir cantando


Et pour Shaka Ponk ? Eh ben en gros, c'est la même ! On se souviendra assurément de ce dyptique comme de l'époque où le groupe était au top absolu, le groupe numéro 1 en France, présent sur toutes les radios, télés, remplissant des salles de ouf un peu partout. Et musicalement ? Avant de répondre, je me dois de préciser 2-3 trucs. J'ai adoré le premier album, aimé le second, moins le troisième. En gros, si je comprenais parfaitement que le groupe ne souhaitait pas s'enfermer dans un certain créneau, je trouvais tout de même que The Geeks and the Jerkin' Socks partait trop dans tous les sens. The White Pixel Ape avait beau ne pas renouer avec l'esprit des débuts, l'album restait solide, fun, accrocheur, et a ravi les fans, comme notre collègue et amie Freehugs, qui s'était chargée de disséquer ce premier volet. Attention, cette fois-ci c'est donc au pisse-vinaigre de service que vous avez affaire.

Quid de cette deuxième partie ? assurément, il ravira les fans aussi, l'effet de surprise en moins. En effet, les deux disques sont tout de même très proches (en même temps, ils sont issus des mêmes sessions d'écriture). Donc si vous avez apprécié le volume 1, pas de raisons que ce ne soit pas le cas ici. Pour les autres, minoritaires, qui regrettent le Shaka des débuts, il faut bien reconnaître que le groupe s'est une fois de plus largement concentré sur son esprit festif pas prise de tête, pour le meilleur et pour le pire. Les titres sont simples, les riffs de guitare aussi, avec des refrains répétés parfois jusqu'à l'écoeurement ("Come on Cama", on l'aura compris), des mélodies qui tâchent ("The Shell maid freak", le "Penny Lane" version Shaka ?), mais aussi quelques bons riffs bien foutus qui tranchent un peu avec le reste ("One the ro' ", yeah !). Là où les titres de Shaka fourmillaient de détails, ils se concentrent désormais clairement sur l'efficacité ("Frag Dog").

Du coup, quand Shaka sort un peu de sa zone de confort pour pondre des titres comme "Mocks the Party" ou "Morir Cantando", et retrouve un peu de sa créativité passée, c'est un plaisir. Mais un plaisir trop court hélas, puisque le reste du temps, le groupe se contente de remplir (avec talent et savoir-faire, certes) ce qui tend à devenir un certain cahier des charges : des titres efficaces taillés pour la scène, une petite clownerie ici et là ("Time has come"), emballé c'est pesé. Shaka Ponk est allé au bout de quelque chose avec ces deux albums, et le besoin de renouvellement se fait sentir, car la folie du groupe se fait mons présente, notamment du fait qu'on commence à bien connaître nos loustics ! D'un autre côté, peut-on leur reprocher de s'être fait plaisir et de profiter à fond de ce succès qu'ils n'ont pas volé ? L'époque de la remise en question viendra bien assez tôt. D'ici là, Shaka Ponk peut continuer à torpiller les salles d'un peu partout. Mais gare, car comme l'ont montré l'exemple des deux géants cités au début de cette chronique, les lendemains de domination absolue peuvent s'avérer difficiles.

8 / 10 pour les fans, 6,5 /10 pour les autres.

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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