Polanski – Between This and hate

Si le virus du metal a déjà fait son oeuvre en Finlande, au travers de groupes à succès comme Nightwish, Children of Bodom, ou les excellents Apocalyptica, on n'aurait pas forcément imaginé y trouver un groupe travaillant le grunge au corps pour ressusciter la scène de Seattle des années 90.

Polanski est né à Helsinki en 2011, piloté par Anttoni Pikkarainen au chant et à la guitare, auquel se sont adjoints Kalle Loimula (guitare), Miika Kyyrö (basse), et Tyko Haapala (batterie). Trois ans plus tard, le groupe a pris son temps pour bichonner et offrir son premier disque, Between this and hate, sorti début octobre 2014.

Polanski est donc un groupe pour lequel le terme "grunge" n'est ni un gros mot, ni une entité intouchable, même s'il s'étiquette lui-même avant tout comme un groupe de rock alternatif. Certaines influences sont facilement audibles, et si l'on se moque d'être exhaustif, on reconnaitra tout de même la griffe de Soundgarden et Alice ou chains (pour faire semblant de ne pas citer Nirvana), ou encore de ces bons Stone Temple Pilots de l'époque Core ou Purple. Le stoner n'est pas non plus absent de ces compositions à la production tout de même franchement 2.0, on peut aussi y sentir planer l'esprit de Faith No More ; bref, Polanski a écouté du bon, et ça s'entend aussi sur leur album.
 

Polanski


Between this and hate est visiblement un album travaillé avec beaucoup de soin. Le groupe explique sur Facebook, à la sortie du disque : "Damn, this album took an unbelievable trip and many bags of peanuts to complete. And now that it's finally coming together I have to say that this experience is easily the most painstaking and delirious process we've ever taken part in, and probably ever will. Still got to love and cherish every single drop of sweat that was put into this record."

Les Polanski ne cachent pas qu'il leur aura fallu beaucoup de temps et de travail pour trouver leur son et réussir à faire un disque à la hauteur de leurs exigences. Après un an de préparation et de studio avec un premier producteur, le groupe a interrompu ses enregistrements pour de multiples raisons, pour finalement reprendre avec un nouveau producteur, et enfin être satisfait du résultat obtenu. On ne peut que saluer l'effort et la franchise du groupe, car au-delà des habituelles fanfaronnades marketing ("on est en studio et on s'éclate", "c'est tellement fun les gars, si seulement vous pouviez être avec nous"), les séances studio ne sont pas toujours une partie de plaisir, et l'enregistrement d'un album est un exercice bien plus périlleux qu'il n'y parait. Le résultat est un album qui sonne très pro, avec un mix charnu très adapté au style, mais qui ne détonne pas non plus dans le paysage de la production rock professionnelle actuelle.
 


"Wasted mind" ouvre les réjouissances tout en énergie brute, mais avec un sens mélodique très intéressant ; le choix de ce morceau en première place est facilement compréhensible. "Give yourself" remet une couche de gros son sans parvenir à la même pertinence. "Buried" est plus intéressant en ce sens, et explore de bons changements de rythmiques, ainsi qu'une ambiance plus sombre. "A fine line" ralentit le temps, mais c'est véritablement sur "Hazel" que le combo lent + lourd prend du sens, avec un bel interlude de guitare claire, et un final particulièrement réussi. "Modern child", à l'opposé, devrait prendre plus de sens en live que sur l'album, avec 2 minutes 22 pied au plancher. "The Lid" est un interlude instrumental plutôt bien fichu, combinant des guitares claires et un mix saturé très judicieux avant la reprise sur "Lidless Sky", puis "Recoil" et son sympathique riff de guitare. L'album se termine sur "Wasted mind", un morceau doté d'un certain caractère et particulièrement plaisant.

Au final, Between this and hate est un album d'excellente facture, porté par un groupe qui veut visiblement voir plus le loin que le bout de son nez en matière de musique. Pour un premier disque, il est appréciable de noter le fait que le groupe n'épargne pas sa peine pour donner de l'énergie à l'ensemble, mais est conscient que cela ne suffit pas pour rendre leur rock intéressant : Polanski a aussi des outils importants dans sa mallette, comme un bon sens mélodique, et la capacité d'aménager judicieusement les ponts et interludes. L'ensemble de l'album reste de qualité très élevée, mais on peut déplorer un manque d'originalité sur certains morceaux, en particulier au milieu du disque ; la recette fonctionne et est déclinée à l'envie, il reste maintenant à Polanski à aller chercher plus loin. Nul doute qu'un groupe capable de se donner tant de mal pour un premier album est aussi capable de se donner du mal pour creuser encore davantage son identité musicale.
 

Live


Photos issues de la page Facebook de Polanski.

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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