Robi – La Cavale

Au milieu d'un noir obscur, visage pâle et lèvres rouges, deux yeux couleur de jais viennent hanter la toile en laissant l'éternité de côté pour préférer l'éphémère, l'instant. Ces deux pierres luisantes appartiennent à Robi, chanteuse parisienne d'adoption qui nous emmène dans sa course folle, dans sa Cavale contre le temps.

Son 2ème opus vient de voir le jour, dans le froid hivernal de la Métropole, dans cette saison que l'artiste qualifie de longue nuit après avoir passé son enfance en Afrique et sur l'île de la Réunion qui ne connaissent pas cette variante climatique pouvant passer dans le négatif des degrés Celsius.

On découvrait déjà cette angoisse sur son précédent album où L'hiver et la Joie faisaient un balancier. Mais les démons de la belle brune n'ont pas fini de dialoguer malgré le ciel dégagé, les « Nuits de Fête » et les étoiles à attraper.

Le premier extrait mis en avant a beau s'intituler « L'Éternité », c'est derrière elle que la chanteuse la place avec conviction. Sans foi, Chloé Robineau (de son vrai nom) avance à grands pas vers un chemin qu'elle refuse de croire écrit à l'avance. Et c'est cette conscience de chaque seconde qui est la seule vraie influence et inspiration de l'artiste qui se prête entièrement au jeu d'écriture et de composition pour un deuxième album à la fois nu et pudique.

Son œuvre aurait mérité une pochette à la Placebo, dévoilant chair fine presque transparente, os en dessous, visage aux multiples facettes, on pense à Meds bien sûr... Cf. clip du précédent album de Robi qui séduisait déjà le métier et le public averti :

La Cavale l'emporte sur le passé et le futur. « Pas de destination, juste des corps en marche »... 2ème titre, « Être là (juste le temps d'être là) » est une de belles révélations de ce disque. Démarrant avec pour seule musique quelques notes graves au clavier et le timbre suave de Robi. Les ponctuations de petites notes aigües à la guitare s'ajoutent au moment de prononcer le titre comme pour nous faire comprendre que rien n'est triste dans cette constatation et qu'il faut savoir profiter de chacune de ces notes dans la vie.

« Devenir Fou » nous emporte dans cette tourmente, dans ces questionnements ancrés : « je suis qui tu veux bien », avec les premières répétitions marquées du disque, comme le supplice de la goutte qui pose ce titre en boucle sur notre crâne prêt à adopter cet état. Et ce n'est que le début. Ce besoin de répéter, de marteler, s'étale sur le reste de l'album comme pour dénoncer le comportement obsessionnel.

Chloé Robineau

Dans la musique de Robi, les mots sont particulièrement bien articulés. La prononciation joue un rôle primordial, c'est lui qui guide la mélodie, la rythmique, la danse. Les instruments sont quant à eux secondaires. Ils ne servent que de ponctuation et conservent un style minimaliste voire primaire, comme des tam-tam venus d'ailleurs, de joueurs africains qui se mettraient à l'électro (« Le Vent »).

La philosophie de Robi c'est « je suis donc je fuis » ou bien « je fuis donc je suis ». Sans doute les deux à la fois.

Un petit mois après la sortie de l'album, elle repart déjà sur les routes (à partir du 24 février) alors foncez pour découvrir sa musique et sa spirale infernale en live.

Flora Doin

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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