Ulver – ATGCLVLSSCAP

"ATGCLVLSSCAP n'aura pas le même impact selon les attentes de chacun, mais devrait être apprécié par beaucoup"

Revoilà Ulver, comme d'habitude là où on ne l'attendait pas. Le groupe avait besoin de changement (pour changer), besoin de bousculer ses habitudes, après un album de reprises récréatif et une collaboration avec Sunn O))). Pour ce faire, le groupe a entrepris une tournée de 12 dates en février 2014, durant laquelle ils ont beaucoup improvisé autour de thèmes de titres issus de leur répertoire. Tous les shows étaient enregistrés, et servirent de base à la composition de cet album, qui a été réalisé essentiellement à base de sessions d'editing : les parties improvisées ont été reprises en un patient travail d'assemblage, pour aboutir à ce nouvel album au titre imprononçable (constitué des premières lettres des signes du zodiaque en latin), qui est double avec plus de 80 minutes, et qui est sorti il y a quelques jours, le 22 janvier.

Les musiciens insistent sur le fait qu'ils ont trouvé très libérateur de sortir du contexte du studio et des projets largement pensés en amont pour retrouver de la spontanéité, qui leur fait défaut la plupart du temps. Intentions louables, mais dit comme ça, un album constitué de copier /coller issus de sessions d'impros, ça n'a pas l'air bien engageant. Reste à écouter et à digérer un album long et consistant.


perdition city, nowhere, sunn o))), norvège


Premier constat, toutes celles et ceux qui avaient été décontenancés / déçus par Wars of the Roses et Messe I.X - VI.X peuvent avoir des raisons d'espérer, puisque c'est davantage vers l'électro type Perdition City qu'Ulver se dirige cette fois-ci. Encore que c'est vite dit : pas d'influences trip-hop particulières, le chant n'apparaît que sur deux titres, et encore, l'un des deux étant une nouvelle version de "Nowhere/Catastrophe" (l'original est issu de Perdition City), retitrée ici "Nowhere (Sweet Sixteen)". On pourrait éventuellement rapprocher ATGCLVLSSCAP de la deuxième partie de Perdition City, qui s'avérait plus expérimentale. Reste que depuis, de l'eau a coulé sous les ponts.

Forcément, 15 ans se sont écoulés, et le groupe, qui sortait de sa période Metal / Folk à l'époque, est aujourd'hui davantage connu comme une formation inclassable qu'autre chose. On retrouve également une toute autre maîtrise au niveau du son : alors que certains passages de Perdition City ont un peu vieilli dans le sens où ils sonnent désormais datés (la technologie a évolué, la maîtrise de cette technologie par les membres d'Ulver également), on sent ici une maturité de tous les instants.

Après une longue intro purement ambiante, le rythme monte et l'album démarre véritablement sur "Glammer Hammer" et son ambiance mystérieuse qui laisse la place à des guitares et percussions belliqueuses. Comme souvent avec Ulver, il faut accepter de se laisser embarquer dans un voyage ésotérique dont l'accès n'a rien d'évident, à plus forte raison quand les pistes les plus "musicales" sont entrecoupées par des passages purement ambiants parfois très longs (outre les 8 minutes de l'intro, l'autre longue pièce, "D-dat Drone", dépasse les 9). Néanmoins, l'ensemble reste plus accessible que les précédentes réalisations des Norvégiens.

Toujours riche et aventureuse, la musique d'Ulver, si elle se permet une fois de plus de pencher vers des univers très variés (comme l'oriental sur "Om Hanumate Namah", tandis que Vangelis n'est pas loin sur "Desert / Dawn"), n'en reste pas moins plus terre à terre qu'elle ne l'a été depuis longtemps. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, notamment pour les personnes qui avaient décroché depuis un moment et qui seront certainement ravies d'entendre un album électro / ambiant riche et réalisé avec soin. Pour les autres, qui avaient apprécié se perdre dans les méandres de Wars of the roses et Messe I.X - VI.X, si ATGCLVLSSCAP reste un opus de qualité, ils pourraient regretter une ambition moindre, tout comme le fait qu'on fasse le tour de l'album finalement assez vite. 

On retrouve tout cela dans la nouvelle version de "Nowhere", d'une grande beauté, mais finalement plus "normale" que l'originale. Héritier spirituel de Perdition city, léger retour aux fondamentaux après une longue période marquée par des expérimentations dans tous les sens, ATGCLVLSSCAP n'aura pas le même impact selon les attentes de chacun, mais devrait être apprécié par beaucoup. 

7,5/10

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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