Fuzeta – Pavilhão Chinês (+ nouveau clip)

Ça peut-être le ressac, le vent changeant ou des nuages légers fuyant à l’horizon…. L’impression première qui se dégage de Pavilhão Chinês de Fuzeta c’est cette chaleur sensible et l’impression de se trouver au milieu d’un souvenir d’enfance (bienheureux mais qui déclencherait du coup une certaine nostalgie).

Au départ de l'histoire de Fuzeta, il y a l'histoire de trois frères Morbihannais qui partaient souvent en vacances dans un village au Portugal...
Il y avait Charles et Pierre-Antoine Sims, les 2 plus âgés qui avaient commencé à faire de la musique quand le cadet de la fratrie, Dorian Sims eut envie de s’y mettre aussi. Après quelques péripéties musicales, ils se sont finalement retrouvés pendant l'été 2013, avec un pote de longue date en quatrième larron à la batterie : Jérémy Hervé, pour faire de la musique ensemble. Tout naturellement, ils ont extrait de leur histoire commune les moments bienheureux et insouciants vécus à Fuzeta, le petit village Portugais de leur souvenirs… Fuzeta, le groupe, était né.

Vainqueurs du concours Ricard SA live en 2015, ils ont sorti un premier E.P, Dive (que je vous conseille vivement et particulièrement le titre "plage"), avec lequel, portés par leur victoire au tremplin, ils ont tourné un peu partout.

Back home, ils se sont vite remis au boulot et grâce à une souscription au succés rapide et dépassant leur espérance, ils ont pu sortir cet E.P de 5 titres : Pavilhão Chinês.
L’osmose fraternelle naturelle, donne une complicité inaltérable au trio des frères Sims et à leur accolyte Jérémy. Ils travaillent d’ailleurs disent-ils avec force : "collectivement jusque dans l’écriture des textes". Cela se ressent effectivement, dans la puissance des compositions. Chacun a une place  décisive, s’y retrouve et l’auditeur adhère.

 

nouvel album, 2016, Morbihan, Portugal, Sims, fuzetas

Lequel n'est pas un Sims ? Un indice chez vous, il a peut-être une barbe... ou pas !


L’E.P ouvre sur "Across" : ce titre porte bien son nom : il nous fait littéralement traverser émotionnellement des époques, des lieux, des styles… L’intro directement chantée comme une requête hurlée du haut d’une falaise ventée d’un Morbihan, d’un Portugal ou d’un ailleurs d’ailleurs. Entre le chant médiéval et une supplique à la "Stay" du regretté David Bowie qui nous accroche dès les premières notes. L’arrivée de la guitare et de son petit riff enchanteur l’apaise comme par enchantement.
La rythmique arrivée en sourdine et en notes tenues se fait alors plus présente et embraye sur un drôle de tempo qui parait de guingois, comme une hésitation ternaire pour ce qui pourrait devenir une valse endiablée. Des chœurs éthérés nous tiennent en haleine pendant qu’une voix qu’aurait pu nous susurrer un Brian Molko au mieux de sa forme nous conte la suite de l’histoire avant un dénouement certainement prometteur…
C’est l’attente, haletante, en passant par le pont où chaque instrument met en place son crescendo et prépare le final qui n’en finit pas d’arriver jusqu’à l’explosion libératrice de nos neurones en une multitude de petits soleils chauds et d’aiguilles sous la peau. Le chant à 3 voix mais à l’unisson, le son de la guitare qui se distord, la batterie qui roule et tangue pour un rendu simple et diablement efficace qui se bonifie à chaque écoute. Un bonheur.

"Pavilhão Chinês" est donc le titre éponyme de l’E.P, c’est aussi le nom d’un bar à cocktail très étrange situé à Lisbonne. Le morceau est d’une facture presque pop dans l’ambiance, presque rock dans les sons, presque new wave des années 80 (la bonne) dans le traitement minimaliste, presque à la sauce anglaise façon Wire mélangé à des Bronski beat, le mélange est très actuel et original. La guitare au son clair scande une seule note hypnotique et c’est la basse qui mouline nonchalamment, rejointe par l'autre guitare plus grave et sombre. Le rythme est carré et binaire, le tempo est soutenu jusque dans les silences. C’est un morceau à marcher, un morceau à chanter à tue-tête « These sounds in your head, how can you stop them ? … living in your soul ! » ; C’est un morceau qui fait tourner la pompe à souvenir autant que celle du cœur qui draine le sang chaud et qui te fait te retrouver à 3 kilomêtres de là où tu voulais aller parce que dans tes oreilles et dans ta tête Fuzeta t’a emmené très loin…
Tiens, c'est le premier clip extrait de l'E.P !

"On the road we came back" : Le tempo est plus lent et le voyage plus intérieur. On pense à Half moon run et son "Full circle" pour l’ambiance. Toujours ces chœurs et ces silences qui en disent long et nous entrainent dans des émotions intenses.
On pense à l’homme qui retrouve le chemin de sa maison après 10 ans de voyage et des milliers de kilomètres parcourus... Qu’il soit spirituel ou non, son voyage et ses questions sont les nôtres… Les harmonies douces des instruments et des voix sont juste parfaites. Il n’y en a pas trop, voire presque pas assez, mais tant mieux, on y reviendra plus souvent.
Un vieux rockeur d’antan me disait souvent : « la frustration est l’arme ultime des musiciens, mais peu savent la manier ». Fuzeta sait !

"Fall’s playground" est une ode à la joie nostalgique (si ça existe !) et c'est aussi le 2ème clip extrait de cet E.P. On y retrouve le thème de l'enfance qui s'enfuit. mais qu'on peut retrouver au chaud dans sa mémoire.
A la première écoute de ce morceau, Il m'a semblé entendre Régine Chassagne qui serait venue faire les chœurs et quelques lead au chant. Mais non c’était bien la voix devenue angélique de Dorian Sims qui, dans les aigüs, ressemble à s'y m'éprendre à celle de la co-fondatrice d'Arcade fire. D’ailleurs, le traitement des moments intenses et des retenues, la batterie qui tape bien droit et dont la grosse caisse marque bien tous les temps avant de s’affoler pour donner l’impression de décollage a quelque chose de commun avec les créations léchées mais brutes et jubilatoires des merveilleux canadiens.
 

"Canopy" clôture cet E.P. Une histoire racontée à plusieurs voix. Les voix du chœur, comme une tragédie grecque répondent au chanteur. De la difficulté de grandir, de faire ses choix et d’être libre de devenir un homme... Ou pas… Les mots sont parfois inutiles, Fuzeta l’a compris : Ce sont les instruments seuls et les émotions libérées par ces derniers qui finissent l’histoire. C’est fort car chacun y mettra son propre ressenti, sa propre dimension émotionnelle. C'est fort oui... et intelligent aussi.

C’est étrange que le kit-presse ait lié si fortement Fuzeta à Bon Iver car cela ne m'a pas sauté aux oreilles… Peut-être l’utilisation de certains sons de guitares ou la précision des mixages... D'ailleurs, il faut saluer le travail d'orfèvre d'Amaury Sauvé, l'ingé son de Laval qui a travaillé sur les deux productions du groupe leur donnant un son et un mix d'une qualité exemplaire.

Il parait aussi que le son de Fuzeta sur scène est très travaillé et ciselé pour apprécier d'autant plus la minutie des compos. Et ça tombe bien, ils sont en tournée un peu partout. Allons vérifier de concert !

En attendant de les voir, qu'on se le dise encore et encore : Fuzeta a sorti le 5 février dernier ce Pavilhão Chinês et c’est une très agréable claque.
 

tournée, fuzetas

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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