Chris Cohen – As If Apart

"Au fond, Cohen aura parfaitement articulé sa démarche avec le titre de sa dernière piste, "Yesterdays On My Mind". A quand le présent ?"

 

Ancien membre/collaborateur de formations telles que The Curtains, Deerhoof ou bien encore Ariel Pink's Hanunted Graffiti; Chris Cohen est un habitué de la scène indie et continue en solo depuis 2012 via le label Captured Tracks. Autodidacte et multi-instrumentiste, le garçon s'est entièrement chargé de la réalisation de son deuxième album, As If Apart. Sans s'être éloigné de ses racines, Cohen est un enfant des seventies, et ça s'entend. De Pink Floyd à King Crimson en passant par Caravan, le tout mixé à la sauce pop/folk, voilà le mélange indie en diable que propose la musique de ce disque à la saveur si nostalgique qu'on peut retrouver chez d'autres artistes comme Devandra Banhart. Une nostalgie rehaussée par la composition des chansons ("Memory") tout comme par le mix qui en général compte sur ses pianos électriques baveux, ses guitares squelettiques et ses basses étouffées pour nous faire voyager dans le temps.

 

Un voyage dans le temps qui pourtant ne semble pas n'être qu'un simple exercice de style, mais plutôt une patte musicale prononcée; certes utilisée et usée jusqu'à la moelle par l'indie, mais que Cohen incarne sans mal. Car comme tout bon neo-folkeux qui se respecte, on joue clairement plus sur le registre de l'émotion que celui de la maestria technique. Pas de grand chamboulement dans les structures des chansons (même s'il s'en inspire, on peut pas dire que ça suinte le rock prog) si ce n'est par quelques touches psychés (encore une marque des 70's). Ce qui marque au fond, c'est la profonde sincérité fragile qui semble habiter le chanteur/compositeur. La voix, toujours comme en retrait, un peu boudeuse, contemple le monde et nous dit du bout des lèvres ce qu'elle observe. Le ressenti, on le trouve dans le ton, un brin mélancolique sans être mélodramatique pour autant. Un bon équilibre qui fait plaisir à entendre, bien qu'il ne soit en rien révolutionnaire. Ce manque d'audace finit d'ailleurs par être quelque peu dommageable tant l'album manque de chamboulement et ne sort jamais du cadre qu'il s'est fabriqué à son propre insu.

 

indie, folk, pop, 70's, Captured Tracks, 2016

Si l'album est plaisant d'un bout à l'autre, il ne fascine pas pour autant; pas plus qu'il n'arrive réellement à attirer toute notre attention. Mais peut-être était-ce le choix de Chris Cohen, celui de ne pas chercher à s'imposer en prenant le risque de faire tapisserie. Tiens, d'ailleurs c'est à ça que me fait penser ce disque, c'est ce vieux rideau hindou hippie qu'on retrouve accroché à la fenêtre chez quelqu'un, quelque part. Il a quelque chose de familier, comme une image du passé; nous parait au final assez sympathique, avant que l'on oublie totalement qu'il se trouve dans la pièce. Au fond, Cohen aura parfaitement articulé sa démarche avec le titre de sa dernière piste, "Yesterdays On My Mind". A quand le présent ?

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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