Adam & The Madams – Almost !

Un an seulement après le savoureux A & TM, Adam & The Madams reviennent mettre des épices dans nos plats devenus somme toute, plutôt fades. Fort d’un EP de 6 chansons mais d’une durée de plus de 50 minutes ce qui envoi valser la définition même de l’EP, les Madams aiment jouer selon leurs règles. Tantôt impressionnants, tantôt dure de compréhension, le trio nous livre un disque épineux qu’il faudra éviter de trop frotter pour ne pas s’y piquer. Retour sur les devants de la scène d’un groupe qui clame sa violence modérée et son amour des kebabs.

Presque ! C’est presque par hasard déjà que le trio strasbourgeois est né selon nos informations. Mais est-ce vraiment par pur hasard qu’il soit toujours en activité ? Portés par une avalanche de prix pour leur premier album Death by a Million Splinters et un précédent album faisant référence à leurs initiales et non aux distributeurs automatiques anglo-saxons, le groupe n’a cessé depuis de présenter leur univers singulier teinté ici et là de pop, de garage, de rock et de blues. C’est d’ailleurs un vrai défi de les placer dans une case. Ils se définissent eux même comme du wild garage pop noise ce qui, vous le concéderez, n’est pas donné à tout le monde. C’est comme essayer de trouver un style précis (pas rock alternatif, trop facile) à ce diable de groupe ovni hyperactif-dieu-oiseau-serpent qu’est Mr.Bungle*. Juste impossible tellement les styles brassés sont nombreux.

Bon, trêve de plaisanteries, entrons dans le sujet. Et de quelle manière. Dès les premières notes, son de gratte étouffé et saccadé, on sent que ça va faire plaisir par là où ça passe. ‘’I, I will be king …’’ démarre Adam en chuchotant presque. ‘’And you, you will be queen …”, une petite minute ! Ça ne serait pas … !? Et là, révélation. Coup de théâtre, au moins aussi puissant que ‘’Luke, je suis ton père’’. Ils ont eu le culot de reprendre l’hymne "Heroes" de feu David Bowie et de le rendre plus intimiste dans un premier temps, de le secouer dans tous les sens et de nous le rendre plus ébouriffé et plus rugueux que jamais. C’est de loin la reprise la plus intéressante, la plus aboutie et la plus joyeusement dissonante qu’il nous ait été donné d’écouter (bien loin devant l’auto-reprise en français de l’artiste aux yeux hétérochromes). ‘’’We could steal time, just for one day’’ mais pour ce coup-ci, ils l’ont clairement volé, le temps de la chanson. Merci.

Comme pour nous ramener les pieds sur terre et nous rappeler quand même de quel bois ils se chauffent, "Cardboard Love" fait sortir les crocs mais avec une certaine désinvolture qui n’est pas sans rappeler la bonne époque de Blur. Le groupe montre toute l’étendue de son talent et l’art de se réinventer à chaque morceau avec "Half Life", petite ballade nocturne dans les bois entouré de nos craintes et peurs. On pourrait croire qu’il est tout droit sorti de l’univers de Radiohead période Kid A. Une construction compliquée mais intelligente et un jeu de voix à justement en rester sans. C’est l’occasion aussi de pouvoir admirer la polyvalence du chanteur Adam Lanfrey qui tantôt hurle comme savait si bien le faire Johnny Rotten mais qui sait aussi faire preuve de sincérité et de douceur à en faire se dresser le cheveu de la tête à Matthieu.

On sort des bois et on commence à se prendre au trip. "Spiral" est une sorte de course à 200 à l’heure sous acide, colorée et dont le refrain entêtant fait preuve une fois de plus de la facilité avec laquelle le groupe booste les mélodies pop à la testostérone. Comme pour essayer d’éviter une redescente trop rapide, Adam & The Madams nous gratifie avec "Meia Vida", d’une petite musique d’ascenseur qui pourrait aussi faire office de générique d’une éventuelle saison 3 de Narcos, avant de repartir dans ses déboires avec la reprise de "Sister Ray" des Velvet Underground. Déjà assez difficile d’écoute à la base, les Madams ont poussé le trip psyché aux limites de l’overdose. C’est un challenge en soi d’arriver à la fin des 16 minutes de la chanson sans commencer à tailler une bavette à son frigo tout en nourrissant sa licorne de compagnie.

Presque ! C’est presque dans la cour des grands que cet EP est arrivé en proposant un univers singulier, jamais ennuyeux mais parfois un rien inégal. Malgré une fin chaotique et dissonante qui ne sera pas au goût de tous, le groupe a réussi le pari de proposer en très peu de morceaux, des styles très différents et presque à chaque fois maîtrisés. On ne peut qu’attendre et espérer un troisième disque bien roulé après cet amuse-gueule de qualité. Longue vie aux Madams. 

* Pour ceux qui seraient dans le doute quant à ce qu'est un dieu oiseau-serpent, je vous laisse découvrir la cultissime interview du christ cosmique Sylvain Durif

TRACKLIST

01. Heroes (D. Bowie)
02. Cardboard Love
03. Half Life
04. Spiral
05. Meia Vida
06. Sister Ray (Velvet Underground)

Sortie numérique le 19 mai 2017 chez Bloody Mary Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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