Paul Weller – A Kind Revolution

Au fur et à mesure que son identité propre disparaît, il devient difficile de décrire ce qu'est le rock "dandy" à l'anglaise, celui qui leur confère ce charme fou. Là où dans les années 90, on se plaisait à dire qu'Oasis en étaient les représentants (et ce n'est malheureusement pas le manque d'implication et d'inspiration flagrant des deux duellistes Gallagher qui fera perdurer cette réputation forcée), ce réel cachet est planqué dans l'ombre, dans les âmes de musiciens que l'on a tendance à ignorer mais qui pourtant en recèlent tout l'ADN que l'on recherche. Paul Weller est l'exacte incarnation de cette description.

Lorsque son Saturn Patterns sortait en 2015, la claque fut telle qu'il était quasi-impossible d'imaginer qu'une telle pertinence de compositions pouvait sortir d'un quinquagénaire avec une longue carrière derrière lui. Pourtant, celui qui déjà en 72 s'illustrait dans un punk rock tapageur au sein de The Jam n'a clairement pas fini de s'exprimer.

C'est même assez fou d'ailleurs. A Kind Revolution, s'il sera moins surprenant et plus sage que son prédécesseur, s'inscrit dans la directe lignée de Saturn Patterns. Un rock classieux et espiègle, qui se distingue surtout par ses arrangements très riches, de nombreuses envolées, qu'elles soient instrumentales ou par le biais de choeurs toujours justes et renforçant l'aspect fédérateur (exemple flagrant sur "Satellite Kid").

Paul Weller puise dans son héritage anglo-saxon avec passion, il en connait les rouages, et sa voix fera souvent penser, malgré une capacité à aborder des tons différents selon les morceaux, à celle de Damon Albarn (que l'on préférera d'ailleurs s'amuser avec Gorillaz, dans de nouveaux horizons qui l'inspirent, plutôt que de rester dans un rock au sens propre du terme, et où il n'a plus grand chose à dire, preuve en était avec le Magic Whip bien pataud de Blur). Mais c'est précisément dans sa capacité à varier ses thèmes que Paul Weller se démarquera de ces ressemblances.

Paul Weller, A kind Revolution, Album 2017, Review

Malgré une ossature rock, tant dans la composition instrumentale que dans les structures des morceaux, Paul Weller s'adonne aux exercices de style, et offre une étonnante vitalité à l'ensemble de l'album. Qu'il s'essaie à de la world ou à quelques relents soul, chaque morceau est poussé, arrangé à l'idéal, sans jamais en faire trop.

Paul Weller ne réinvente rien, il sent bien que là n'est pas sa place. Au delà de ça, il sublime ce qu'il connaît, nous en offre une vision plus honnête, moins fouillis. Il serait grand temps de lui offrir en retour le succès qu'il mérite, surtout lorsque l'on voit la notoriété acquise à juste une mer de nos côtes.

Sortie le 12 mai chez Warner
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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