Tequilasavate y su Hijo Bastardo – Dale! Dale! Dale!

Alors que les symptômes de la gueule de bois relative à l'EP  du mois d'octobre dernier commençaient tout juste à s'estomper, Tequilasavate, toujours flanqué de son morveux illégitime – su Hijo Bastardo, comme le dirait Cervantès s'il n'était pas mort il y a quatre siècles – débarque de nouveau, une bouteille de liqueur d'agave dans une main, un compact-disc aux couleurs chamarrées dans l'autre, portant l'inscription Dale ! Dale ! Dale !.

Il s'agit là du premier long format commis sous cette organisation. La surprise vient principalement du fait qu'il n'y a pas de surprise particulière :  le registre n'a pas bougé, on boit dans les mêmes verres à shooter, on mord dans les mêmes tranches de citron que pour l'EP précédent. Une volonté de continuité est mise au jour, avec notamment "Chupacadabra III", et "Chupacadabra II" (dans cet ordre) faisant suite au "Chupacadabra" de Tequilasavate y su Hijo Bastardo. D'autres titres que l'on connaisait déjà réapparaissent carrément, pratiquement tels quels : "La Vida Loca", ou "Estupido", lui amputé d'une bonne minute par rapport à sa version précédente, et évidemment, l'inévitable tube "Burrito", qui avait fait l'objet, il y a quelques mois, de quelques exercices de style, étude rigoureuse et délirante visant à tordre le morceau dans tous les sens (en écoute ici).

Les nouveautés vont dans la même direction, dans un style tape-dur énergique, développant peut-être un peu mieux l'aspect folklorique des ressorts utilisés lors de la composition : c'est le cas du riff hyper-efficace de "La Justicia", soutenu par de petites guitares rythmiques pétées, ou de "A La Playa", lorsque le groupe est rejoint par une voix féminine pour conclure l'album comme une fête de village de bord de mer. C'est ce qu'ils font de mieux : on note que le niveau baisse légèrement lorsque des registres plus conventionnels sont abordés, comme "Mamasita", dont la ligne de chant évoque un blues-rock mainstream de type Black Keys ou Royal Blood. Un coup de mou sans gravité, qui fait figure d'exception.

Esthétiquement, chacun de ces titres qui suivent pourrait être issu de la psychanalyse ratée d'un mariachi cocaïnomane en burn-out. Le son est sale à souhait, lo-fi qu'il en peut plus : c'est sans doute ici que se fera d'ailleurs l'épuration du public du groupe, le buzz quasi-constant ayant le pouvoir de faire fuir de grandes quantités de population ; de notre côté, bien qu'il ait, hélas, tendance à uniformiser un peu excessivement l'album, il distille une fascination macabre, une passion pour les cadavres dévorés par les mouches, et tant pis si la grosse caisse a moins le son d'une grosse caisse que celui d'un coup de tête contre le mur. Et puis, lorsque l'ambiance oppressante que véhiculent les riffs à l'épique tout mexicain, et les claviers horrifiques, le joli a tout de même l'occasion d'émerger de la crasse, comme la guitare mélodique planquée au fond de "Queen of Limbs", oasis de douceur au cœur du désert, de la furie très sèche dégagée tout au long de Dale! Dale! Dale!.

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Ainsi, le duo explore avec brio les différentes facettes d'un rock garage brutal et cradingue, à grands renforts de hurlements hispanophones et de distos bourdonnantes. L'univers proposé est particulièrement bien construit, avait d'ailleurs été intelligemment introduit, autant par les splendides visuels de l'album, que par "Chupacadabra III", un instrumental suffisamment typé pour évoquer mille images déjà connues par l'auditeur, et l'embarquer aussi sec dans un trip frénétique en mobylette, slalomant cheveux au vent entre les cactus pour échapper à un gang de mecs tatoués, pas jouasses qu'on ait pécho leurs gonzesses – quelques chose de cet acabit. Tequilasavte y su Hijo Bastardo balancent avec enthousiasme des titres simplistes, dépouillés de fioritures, efficace, droit au but. La joie furieuse qui en émane  est contagieuse, et nous aiderait presque à appréhender la mort plus sereinement.

En concert le 26 août au Cabaret Vert
Disponible en écoute intégrale sur le bandcamp du groupe
25 mai 2017 chez Les Disques de la Face Cachée/Bang Bang Records
Crédits photo : Photo officielle de Tequilasavate y su Hijo Bastardo pour le Cabaret Vert

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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