Zalem – Stigma

Il y a des disques qui vous tombent dans les oreilles avec une facilité pantouflarde : vous vous y sentez comme un poisson dans l'eau, jamais véritablement bousculé, mais totalement comblé. Il y en a d'autres qui vous tombent des oreilles aussi facilement, parce vous sentez tout venir, que ça vous semble tapageur, surjoué, enquiquinant. Enfin il y a des ces étrangetés que vous n'arrivez pas à saisir dès le premier abord, de ces étrangetés qui vous demandent un réel effort pour que la sanction tombe comme un couperet sur la gorge d'un innocent.

Le premier album de Zalem, double album excusez du peu, m'a fait cet effet-là. J'ai quelques notions qui me permettent de naviguer tranquillement dans les univers troubles du post-rock. Non pas que ce style nourrissent l'essentiel de ma discographie, mais j'y ai mes marques et je suis régulièrement ses avancées depuis le mythique Hex de Bark Psychosis (1994). Dans les années 90, ce style a cherché ses marques, déviant énergiquement des standards du rock. Il suffit d'écouter le magnifique album éponyme de Mark Hollis (1998) pour se rendre compte du potentiel du style.
A bien y réfléchir, ce style a su piocher autant dans l'hypnotique salvatrice d'un Neu! que dans les ambiences brumeuses de Brian Eno.

Bref, nous n'en sommes plus là, de l'eau a passé sous les ponts, et les vagues du metal atmosphérique (Neurosis, Isis) et d'un rock instrumental ascendant (God Speed You Black Emperor, Mogwaï) ont posé plus ou moins les piliers du genre.
Zalem, groupe angevin, est dans l'ère du temps. Ses compositions sont carrées, construites comme des blocs, implacables et patientes. Empreintes d'un certain classicisme aussi, sans que ce mot soit péjoratif. Ce que j'entends par là, c'est que la dissonance n'est pas de mise, rien de dépasse vous dis-je !

ZALEM - Stigma, 1er album

A la première écoute de plus d'une heure et demi de musique proposée, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a là un boulot respectable et impeccable.
Ces gars-là ne se foutent pas de notre gueule, ils ont bossé. Les morceaux sont construits comme des cathédrales (on dépasse quatre fois les dix minutes) et les montées en puissance sont parfaitement maîtrisées.
Il suffit d'écouter "Missing" pour s'en rendre compte : des strates cohérentes, une énergie sous jacente qui explose puis implose, une intention menée à bout.
Cette appellation de prog-rock que l'on retrouve sur leur présentation est à prendre en ce sens :

"on navigue entre le post rock et le post metal ( parties ambiantes légères et parties plus brutes avec les distos des guitares et le son d'ensemble). Non pas qu'on soit rock-prog à 100%, disons plutôt que les structures et la longueur des titres rappellent le rock-prog des 70's..."

Comme souvent avec ce genre de musique qui pousse à l'introspection, la voix est presque absente. Deux interludes où les textes de Denis Péan, chanteur de Lo'Jo, donnent du verbe à la structure.
Il y a bien quelques murmures sur la complexe "Paranorma Ephemera" mais les amateurs de voix devront s'y faire : Zalem est aphone.
Mais Zalem n'est pas sans émotion, loin s'en faut. Construit pour être accompagnée de vidéos, Stigma se suffit à lui-même tant il propose des sensations diverses.
Du coriace "Hypnotic Oblivion" qui n'est pas sans rappeler les heures bruyantes d'un Hint, au sublime "Valley of hearts delight" qui semble contempler un monde dévasté avec une fatalité attachante, Stigma s'épanouit comme rarement.

Les deux parties proposent deux ambiances différentes :

" La 1ère est axée sur la rêverie, les morceaux sont planant et plutôt rassurant ( le choix des titres vont dans ce sens: un départ, l'oubli, un voyage dans la galaxie,etc ) tandis que la 2ème est beaucoup plus sombre et justifie la 1ère, c'est le retour aux réalités jusqu'à se perdre dans le néant ( l'enfer, le rêve éphémère,etc). Les titres y sont plus sombres, les mélodies plus tristes et les riffs metal sont plus dark. L'idée globale étant la blessure qui ne peut disparaître..."

Nous avons là un grand album, d'un grand groupe. Tout simplement.
Pour vous procurer Stigma, au packaging magnifique, allez sur ce site.

bandcamp de Zalem

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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