No Brain Cell – Eponyme

Après avoir ouvert pour Porcupine Tree, les grecs de No Brain Cell ont mis le temps (il faut dire que les difficultés économiques rencontrées par leur pays n'ont pas dû aider) mais sortent finalement leur premier EP. EP, c'est eux qui le disent, mais le bouzin dure quand même autour des 46 minutes, en comptant deux reprises de Porcupine Tree. Décidément, il n'y a pas besoin de chercher midi à quatorze heures pour deviner quelle est la plus grosse influence du combo hellénique. Ce qui va d'ailleurs s'avérer un poil gênant, mais commençons par le commencement. Le long des six titres originaux qui composent ce premier essai studio, No Brain Cell propose un prog plastiquement séduisant : ambiances éthérées magnifiées par un enregistrement de grande tenue, maîtrise instrumentale au service de la mélodie, diversité d'influences qui permet à la musique de partir dans plusieurs directions tout en gardant une forte unité... Tout auditeur de prog' qui se respecte devrait immédiatement tendre l'oreille.

D'ailleurs, l'EP est globalement bien écrit : il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître les qualités d'exécution du combo ou le charme qui se dégage de leur musique. Là où le bât blesse, c'est sur deux points : tout d'abord, ne nous mentons pas, tout cela sonne très Porcupine Tree, sans doute un peu trop. Que la bande à Wilson soit l'influence numéro 1 saute aux oreilles. On est d'accord, y a pire comme modèle. Mais il est tout aussi évident que No Brain Cell n'a pas encore réussi à pleinement digérer ses influences. Sans être un clone pur et dur, sa musique fait bien trop penser à celle de Steven Wilson pour parvenir à s'en émanciper. Cela n'enlève rien à sa qualité formelle, mais forcément, l'intérêt purement artistique en est un peu diminué.  

Ensuite, autre marque d'inexpérience, les compositions de cet EP, aussi belles soient-elles ("le break de "Endless Game", la magnifique ambiance dans laquelle baigne "Memories"), restent globalement un peu trop sages. Après tout on est en prog', donc sans forcément réclamer des solos interminables ou du clavier vintage partout, on pourrait espérer avoir davantage de surprises. En l'état, le groupe reste un peu timoré et n'ose pas trop s'éloigner du manuel du parfait petit groupe de prog. Un manque d'expérience qui ne doit pas faire oublier les qualités d'écriture, comme ce très beau refrain sur "Memories". Reste que l'arrivée de "Illusions", de son rythme plus entraînant et de son break jazzy font du bien par où ils passent.

Au final, No Brain Cell est l'exemple typique du groupe dont on adorerait pouvoir dire beaucoup de bien, mais dont les ambitions se heurtent encore à un manque d'expérience certain. Influences mal digérées (la présence des deux reprises de PT en fin d'album, bien que très proches des originaux, tirent d'ailleurs l'intérêt de cet EP vers le haut), manque d'audace, autant de points faibles qui viennent contrebalancer de belles ambiances, mélodies, et surtout un son d'une très grande qualité. Les aficionados de Porcupine Tree peuvent néanmoins leur accorder une chance, surtout que Wilson n'a pas l'air trop pressé de ressuciter son groupe historique. Quant à ceux qui ne connaissent pas PT, on leur conseillera clairement de découvrir en priorité les maîtres à penser du combo grec, qui a encore du boulot pour sortir du panier "espoir". Mais après tout, il faut bien commencer quelque part, et Wilson lui-même a mis du temps avant de sortir des albums marquants. Alors pourquoi pas ?

6,5/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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